Fils de Georges Médéric LECHALAS (1851-1919 ; X 1870, corps des ponts et chaussées) et de Marie Adèle PREVOST. Petit-fils de Médéric Clément LECHALAS (1820-1905 ; X 1838 corps des ponts et chaussées) et de Céline Elisabeth SIMON. Arrière-petit-fils de Médéric LECHALAS et de Joséphine TARREAU, d'Angers.
Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1902, sorti classé 73 sur 189 élèves). Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1905). Ingénieur civil des mines.
Publié dans Bulletin de l'Association des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, Mars-Avril 1918 :
Le capitaine Lechalas est tombé près de Verdun le 27 septembre 1917.
Henri Lechalas naquit, en 1883, à Rouen, où son père, ancien ingénieur en cbef des Ponts et Chaussées, habite encore aujourd'hui. Des trente-quatre années de sa vie, la plupart s'écoulèrent dans les maisons d'études où il lui longtemps élève, à la fin seulement professeur.
L'institution Join-Lambert, en sa ville natale, le garda pour la durée des cours classiques : le collège Stanislas, à Paris, le prépara ensuite à l'Ecole Polytechnique où il entra agé de dix-neuf ans. A la sortie, Lechalas prit le temps de se pourvoir du diplôme de licencié es-sciences mathématiques, puis, sous l'uniforme de sous-lieutenant du génie, il passa un an au Mont-Valérien, s'initiant à la technique du service télégraphique. Ses loisirs étaient en outre consacrés à l'étude du droit où il se munit d'une seconde licence. Après tous ces stages, le travailleur n'est pas encore satisfait ; il revient, pour trois ans, comme élève externe, à l'Ecole des Mines, d'où il sort en 1908.
C'est alors que se produisit dans sa vie un changement d'orientation qui, sans en briser l'harmonie, l'éloigna des régions où d'abord elle avait paru s'engager : il résolut de consacrer au service des autres toute son action, multipliée par la valeur acquise, sans en réserver même la part légitime de son bénéfice ou de son agrément personnel. Et de nouveau, pour cinq années cette fois, il se remet sur les bancs. afin de parfaire l'éducation scientifique et morale qui le mènera jusqu'au sacerdoce.
Il était ordonné prêtre depuis un an et enseignait, dans cette même Ecole Join-Lambert où il avait passé son enfance, lorsque la guerre éclata. La soutane est rapidement échangée pour le dolman et le lieutenant Lechalas rejoint le 8e génie. C'est à ce régiment qu'il sera nommé capitaine quelques mois plus tard. Sa compétence, son courage, et aussi sa « modestie », dans ce service télégraphique de suprême importance et de difficulté extrême en campagne, furent officiellement reconnus par deux citations : l'une à l'ordre de la 10e division d'infanterie, l'autre à celui du 32e corps. Une troisième citation ne devait malheureusement apporter qu'une palme sur sa tombe.
Le 27 septembre 1917, au moment de quitter le secteur à la suite d'une relève, le capitaine Lechalas parcourait, une dernière fois, les environs de Verdun. Il s'arrêta aux carrières d'Haudromont. Ces carrières ont eu leur heure de célébrité ; voisines de Douaumont, elles ont été reprises aux Allemands, en même temps que le fort célèbre, dans la contre-offensive rapidement menée par nos troupes. Elles comptent parmi ces « captifs délivrés « dont M. Henri Bordeaux s'est fait l'historien. Mais la délivrance n'est point telle que les hôtes délogés ne puissent bombarder leur ancienne demeure. Un obus vint s'abattre à l'entrée des grottes, au milieu d'un groupe où se trouvait le capitaine Lechalas. Il tomba, frappé à mort, avec plusieurs autres : auprès de lui gisait, tué sur le coup. M. l'abbé Fichot, secrétaire de l'Archevêché de Paris et aumônier de la 10e division coloniale.
L'éclat d'obus qui avait touché Henri Lechalas atteignit le cerveau. Le moribond eut le temps de recevoir les secours de cette religion qu'il avait voulu servir par toute sa vie et qui le bénissait à sa mort. Verdun inscrivait, sur ses listes nécrologiques, quelques victimes de plus. Verdun est pour la famille d'Henri Lechalas un nom doublement glorieux et funèbre : le commandant Desboves, beau-frère de notre camarade, est mort aux mêmes contrées que lui, pour la même cause.
Comme son frère et comme tant de ses camarades, le capitaine Lechalas tombait pour son pays ; comme eux, il avait accepté d'avance son sacrifice avec tout son loyalisme. Et le prêtre qui était en lui, descendu de l'autel une heure avant de succomber, avait voulu donner à ce sacrifice tout le sens et toute la portée qu'exigeait sa foi religieuse. Dans sa pensée comme dans son intention, — il s'en expliquait encore, un mois plus tôt, en une conversation, — le sacrifice présenté à qui peut soutenir la cause pour laquelle on meurt, restait dans la rigueur du terme, et, comme le mot le demande, une offrande sacrée.
Henri du Passage [EMP promotion 1897].