Né le 2 juillet 1946 à Clichy-la-Garenne (92). Décédé dans la nuit du 16 au 17 mars 2016.
Fils de Marcel LEBEAUX, employé d'EDF, et de Madeleine PEUCKERT. Marié puis divorcé de Mireille FUMOLEAU. Père de Aurélie LEBEAUX et de Jean-Christophe (décédé).
Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1965, diplômé en 1968). Ingénieur civil des mines. Diplômé de l'IAE de Paris (MBA/DESS CAAE 1969-70) et de l'Institut Auguste Comte (où il participe au cycle 1980-81).
Publié dans MINES Revue des Ingénieurs, Mars/Avril 2016, N° 484, page 5.
Lucien Lebeaux (P65) nous a quittés.
Délégué Général d'Intermines, Lucien Lebeaux s'est éteint le 17 mars 2016 après une longue maladie.
Lucien a intégré MINES ParisTech, alors École Nationale Supérieure des Mines de Paris, en 1965, après être passé par Louis Le Grand. À ce sujet une anecdote amusante : passant devant le lycée Louis le Grand avec un ami l'année de son bac, Lucien a monté les marches de l'entrée principale et demandé à voir le Proviseur. Ce dernier l'a reçu immédiatement et c'est ainsi que Lucien a fait sa prépa à Louis le Grand ! Il intégrait en 3/2 les Mines de Paris. Ce fut pendant son séjour à l'École qu'il acquit cette passion pour les «cailloux» comme il les appelait, qui l'amenèrent à devenir un expert reconnu dans ce domaine à la fin de sa vie. Il fut diplômé en 1968.
Lucien commença sa carrière par un bref séjour en Nouvelle Calédonie pour la Lyonnaise des Eaux [1970-71], qu'il quitta pour se plonger dans l'informatique chez Bull [1971-78], suivi par Thomson/Thalès [1978-1982] et Thomson/Brandt [février 1982 - mars 1983], avant de rentrer comme ingénieur à l'Air Liquide [mars 1983 - octobre 1985]. Après avoir commencé dans l'eau il terminait dans le gaz...
C'est en 1985, après avoir suivi les enseignements de l'Institut Auguste Comte, Institut pour les Sciences de l'Action, qu'il décida de devenir son propre patron. Il sauta donc la barrière et devint entrepreneur en créant sa société de Conseil en carrières et recrutement, AJC (d'après les prénoms de ses enfants, Aurélie et Jean-Christophe), qui devint AJC Ariane après un rapprochement avec un autre cabinet. Il faut noter que la création de sa propre entreprise par un ingénieur de (très) grande école n'était pas courante à cette époque où l'enseignement prodigué dans les murs du boulevard Saint-Michel était plus destiné à former des cadres de direction, en général de grands groupes, ou des «consultants», que des entrepreneurs. Ce n'est plus le cas aujourd'hui.
Lucien était donc en quelque sorte un précurseur. Dans cette entreprise il a su utiliser conjointement son carnet d'adresses, ses réseaux, dont celui des Mines, et sa capacité à entrer facilement en contact et convaincre. Il a poursuivi cette activité jusqu'à sa disparition.
Lucien était également le Délégué (auto-proclamé faute de volontaire) de la promotion 1965, fonction qu'il avait reprise après que le délégué «officiel» eut disparu dans la nature. Il réussit à organiser des réunions de promotion, qui n'avaient jamais existé auparavant. La première eut lieu pour les quarante ans en 2005 sur un bateau, suivie par plusieurs déjeuners et visites, dont une à Courson chez un camarade de promotion. La dernière réunion de sa promotion qu'il organisa eut lieu en septembre 2015 , à l'occasion de son jubilé. Il était déjà affaibli par la maladie, mais, malgré les conseils de son environnement qui essaya de l'en dissuader, il organisa avec l'aide de Jean-Marie Dubois, major de la promotion entré dans les ordres après sa sortie de l'École, une visite "sur-mesure" de Notre-Dame. Ceux qui l'avaient rencontré à cette occasion et ne connaissaient pas son état, car il n'en parlait jamais, furent totalement surpris par l'annonce de sa disparition quelques mois plus tard.
Sans pratiquement le soutien de personne il organisa également en 2014 la célébration du cent cinquantenaire de l'association des Anciens Elèves, recourant là encore à son carnet d'adresses, ses relations et ses capacités de persuasion pour rassembler un impressionnant panel d'anciens autour d'une table ronde et la confection d'un Livre d'Or.
En 2011 le Délégué Général d'Intermines souhaita se retirer. C'était au tour de Paris de trouver en son sein un successeur. Le nom de Lucien est très rapidement remonté à la surface. Bien que sans responsabilité officielle, Lucien a toujours été très présent dans l'Ecole et son environnement. Il a longtemps occupé des fonctions au service Carrière d'Intermines. L'École était sa famille. Après un déjeuner et un court temps de réflexion Lucien a accepté de reprendre cette fonction bénévole fondamentale pour le bon fonctionnement de nos Associations d'Anciens. C'est en effet Intermines qui gère, pour le compte des associations de Paris, Saint-Étienne et Nancy, la plupart des services proposés par les trois associations : les instruments du réseau (annuaire, site, publications), le service Carrières commun, les divers groupes professionnels et régionaux. Chaque année il réussissait à passer avec succès l'épreuve de l'organisation du cocktail annuel Intermines, trouvant un lieu, souvent prestigieux, et un sponsor. Il fut un Délégué Général d'Intermines sur lequel les Présidents pouvaient se reposer en toute confiance. Ses relations avec son entourage n'étaient pas toujours empreintes de la plus parfaite harmonie, mais cela arrive à tous les patrons.
Dès la fin 2014 il fut mis au courant de la maladie qui allait l'emporter. Il continua à assumer ses fonctions et jusque dans les derniers jours, où la maladie se faisait de plus en plus présente, Intermines a occupé son esprit et été son principal souci.
La promotion 1965 et Intermines s'associent au deuil de sa famille et lui présentent toutes leurs condoléances.
Le lien ne peut plus voyager
Il a perdu son messager
Il est parti dans le ciel bleu
Comme un oiseau enfin libre et heureux
Et quand son âme l'a quitté
Un rossignol quelque part a chanté
Roland HECHT (P65)
Réussir à entrer dans cette école était à la fois un aboutissement, une satisfaction et une source d'inquiétude.
Un aboutissement, car la réalisation d'une injonction d'un directeur d'école primaire qui avait dû détecter des possibilités et une volonté de sortir du lot, une satisfaction, le goût des sciences de la Terre étant fermement ancré, mais néanmoins une source d'inquiétude, car quel avenir m'attendait ?.
Ayant confirmé mon intérêt pour la géologie, je pouvais assouvir ma curiosité et découvrir tous les domaines couverts par cette science riche en potentialité. Je trouvai matière à mettre en pratique certains dons d'observation alliés à la recherche du sens caché des phénomènes naturels au-delà des apparences. En Ardèche, ayant trouvé une dent de mammouth fossile là où toute la promotion (ainsi que nos professeurs) était passée sans rien voir, je confirmai mon inclination pour la détection de raretés (signe précurseur de mon choix ultérieur du métier de chasseur de têtes ?!).
Néanmoins, un engagement personnel précoce me conduisit à rechercher une voie professionnelle compatible avec une vie de famille relativement sédentaire.
Après un service militaire au sein du service géographique de l'armée (une certaine suite logique), je trouvai un premier poste dans une société dont les finalités me convenaient philosophiquement, la Société Lyonnaise des eaux et de l'Eclairage. J'y passai les deux premières années de ma carrière et la quittai, après un court séjour en Nouvelle-Calédonie, pour un domaine en vogue à l'époque, l'informatique, en rejoignant la société créée dans le cadre du Plan Calcul, la CII, Compagnie Internationale pour l'Informatique. J'y croisai plusieurs camarades des promotions voisines.
J'avais été recruté grâce au service Placement-Promotion de l'association (j'y reviendrai) qui m'avait permis de rencontrer un Directeur, Ralph Setton, camarade de la promotion 55, chargé du Département des affaires spéciales. Tout un programme, dans un domaine en plein développement, toutes les grandes administrations et entreprises cherchant à se doter de systèmes puissants. Je vécus des années passionnantes, participant à des projets très variés.
Mais l'évolution de la société (fusion avec Honeywell-Bull) et une certaine envie de voir autre chose me conduisit vers le groupe Thomson (CSF, puis Brandt). Je découvris d'autres métiers, d'autres branches d'activité.
Puis, j'eus l'opportunité, grâce aux bons soins d'un Directeur des ressources humaines, de passer une période sabbatique dans un Institut nouvellement créé et situé dans les anciens bâtiments, rénovés pour l'occasion, de l'Ecole Polytechnique, l'Institut Auguste Comte pour l'étude des Sciences de l'action. Une occasion unique de rencontrer des personnalités remarquables (Jacques Lesourne, Gérard Worms, Jacques Maisonrouge, Michel Crozier et bien d'autres), d'enrichir mes connaissances en matière de direction des affaires, de nouer des relations amicales et durables avec des condisciples d'horizons très divers (polytechniciens, mais aussi médecins, architectes, avocats, banquiers, patrons de Pme).
Thomson avait fait un investissement sur ma tête que je devais honorer dans la foulée en retournant dans le groupe à une période chahutée, mi-81. Après la nationalisation, je rejoignis le Directeur du plan et des études stratégiques du groupe (Jean-Daniel Le Franc, X53). Je vécus un an dans les hautes sphères, y retrouvant la solitude du sommet du Mont Blanc que j'avais gravi le 30 août 1965.
Un coup plus loin et je me retrouvai dans un autre contexte en entrant dans le sein des seins d'un groupe privé discret autant qu'efficace, L'Air Liquide. J'exerçais mes talents auprès du Directeur Europe-Afrique, en découvrant les charmes d'une entreprise restée très familiale, bien que le capital en soit très réparti dans le public. Pépite de la cote boursière, cette société centenaire puisait sa force dans un attachement puissant de ses actionnaires et de son personnel et dans une ferme volonté de lutter à armes égales avec beaucoup plus gros qu'elle. Leader mondial des gaz, le groupe poursuit sa marche à travers vents et marées. Mais sans moi, car décidément, le besoin d'indépendance devenait primordial.
J'avais développé un certain intérêt pour les relations humaines (confirmé par mon investissement dans les activités de conseils en carrière de notre association). Je démarrai donc mon activité de conseil en recherche de dirigeants, de cadres et de spécialistes.
Je connus les affres des créateurs de start-up, après avoir découvert l'envers du décor chez deux cabinets établis, qui m'avaient déconseillés de poursuivre dans cette voie, n'étant pas fait pour ce métier, selon l'amical conseil de l'un d'entre eux.. ! Obstiné, je poursuivis et créai mon fonds de commerce.
Finalement, m'appuyant sur la connaissance des organisations acquises pendant seize ans dans des domaines variés, je pouvais enfin explorer le monde et assouvir ma curiosité pour les ressorts cachés de l'âme humaine et pour le dessous des cartes. Car il faut accoucher les esprits pour aider à résoudre les problèmes de recrutement. Cela ne vient pas toujours naturellement de la part des décideurs qui ont souvent tendance à cacher une partie de leur jeu, soumettant leur environnement à forte épreuve et les consultants à un jeu voisin de la roulette russe. Et pourtant, recruter, qui devrait être la tâche essentielle, est souvent confiée à des personnes dont la sensibilité et le jugement n'apparaissent pas évidentes. L'engouement actuel pour le tout numérique ne risque pas d'améliorer les choses.
En trente ans, j'ai connu une grande diversité de situations, jouant tous les rôles, du commercial essuyant les rebuffades mais aussi connaissant les satisfactions du client et du candidat reconnaissants, au conseil avisé débusquant les incohérences, détectant les blocages et permettant aux vrais talents de trouver leur point d'application. Maintenir le cap est aussi un exercice délicat qui nécessite un minimum de compétences de gestion, particulièrement dans les périodes difficiles, le conseil étant une activité très sensible aux fluctuations économiques.
D'où le choix de diversifier les secteurs d'activité. J'ai connu aussi bien la fonderie que les biotechnologies ou la presse. Une certaine souplesse et une capacité à convaincre était nécessaire mais m'a permis de développer une certaine faculté d'adaptation. Un DRH doté d'un humour assez rare avait ainsi résumé ma carrière initiale dans une formule ramassée, me disant qu'en définitive j'étais passé de l'eau à l'air en passant par la bulle. J'avais apprécié cette note humoristique bien que ce brave homme ne m'ait jamais confié la moindre mission..
En définitive, me penchant sur mon passé (cf. Maurice Constantin-Weyer), je ne regrette pas d'avoir choisi la liberté (relative bien entendu, mais tout de même) et d'avoir été un praticien des relations humaines. J'ai souvent pensé qu'un bon médecin de famille devrait développer les qualités d'écoute et d'observation indispensables pour poser un diagnostic pertinent. J'ai la faiblesse de croire que mon métier m'a permis de jouer ce rôle de praticien.
A présent, je continue à faire du conseil en recherche de dirigeants, tout en animant Intermines, association commune aux trois associations des mines de Paris, Saint-Etienne et Nancy.
J'ai été marié et ai eu deux enfants, un fils et une fille, (mon fils étant décédé dans des circonstances tragiques), quatre petits-enfants et je vis depuis près de trente ans avec Elisabeth.