Né le 24 novembre 1836 à Grasse (Var). Fils de François Joseph Larroque et de Adélaïde Jeanne Mellon. Mort le 6 avril 1883 dans l'Ariège.
Un ancien géologue de la société SUMITOMO, Nobuo Ogura (né en 1932) se lança dans une enquête très approfondie sur Louis Larroque et publia Recherche de la Sépulture de Louis Larroque (2006, complété en 2008). Au terme d'une recherche épique, il découvrit que Larroque était décédé le 6 avril 1883 à Baratou, commune de Rieux de Pelleport (Ariège). Il laissait une veuve, née Marie Emilie Bourg (avec laquelle il s'était marié en septembre 1873, juste avant son départ au Japon), un fils mineur, Louis Victor, un patrimoine immobilier en Ariège, et une collection de minéraux. De nombreux mystères subsistent, notamment sur ses activités avant et après le séjour au Japon, sur sa maladie finale et sa mort prématurée, et sur le devenir de son fils.
Plusieurs chercheurs japonais, appartenant à au moins 2 universités différentes, se sont intéressés récemment à Larroque.
Larroque a fait un voyage d'étude en Corse en 1859, dont l'Ecole des mines possède le compte-rendu manuscrit, sur lequel a travaillé le chercheur français Alain Gauthier : Le voyage d'étude en Corse de Louis Larroque, elève ingénieur en 1859, extr. de Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de la Corse, 2011, fasc 734-735.
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Louis Larroque a été élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1857, classé 2ème sur 17 élèves).
Ingénieur civil des mines.
Voir le bulletin de notes de Larroque à l'Ecole des mines.
D'après le site web www.sumitomo.gr.jp et d'autres sources :
Louis Larroque arriva le 15 novembre 1873 au Japon, après un voyage de un mois et demi en provenance de Paris. Saihei Hirose (1828-1914), gérant de la mine de Besshi, l'avait engagé pour moderniser cette mine ; le propriétaire de la mine, Tomochika Sumitomo (1843-1890), 12ème patriarche Sumitomo, avait chargé Hirose en septembre 1871 de cette modernisation.
A l'époque, il était très difficile d'obtenir du gouvernement japonais l'autorisation d'engager un étranger. Hirose dut aller à Tokyo implorer le gouvernement pour cette autorisation, et dut ouvrir des négociations avec une Compagnie française. Le gouvernement avait toutefois décidé d'ouvrir le Japon aux technologies occidentales, et environ 600 conseillers étrangers furent appelés au Japon en 1874-75, provenant de France, d'Angleterre, d'Allemagne et des Etats-Unis, dont 520 engagés par le seul gouvernement central. Hirose s'adressa à la maison Hecht Lilienthal, un soyeux lyonnais qui commerçait avec le Japon, qui trouva Larroque et signa avec lui un contrat de travail.
La veille mine de cuivre de Besshi, qui était en exploitation depuis 1691, souffrait de nombreux problèmes tels que l'approvisionnement en carburant et matériels, la séparation des minerais de basse teneur, et l'inondation des étages les plus profonds de la mine.
Larroque resta 22 mois sur place. Il inspecta 165.000 m² d'exploitation, et prépara un rapport sur les changements à réaliser. Il reçut une rémunération très élevée incluant une prime, de 500 $ (5 fois le salaire de Hirose lui-même). Alors que la mine était considérée comme presque épuisée à son arrivée, il dévouvrit de nouveaux gisements de pyrite cuprifère qui assurèrent 100 années supplémentaires d'exploitation. Il souhaita rester plus longtemps pour assurer lui-même la direction des travaux, mais Hirose, qui travaillait lui-même depuis l'âge de 11 ans dans la mine de Besshi, souhaita poursuivre tout seul la direction. Hirose envoya alors des employés de Sumitomo en France, et introduisit rapidement des machines à vapeur et autres appareils. C'est ainsi qu'en 1888 la mine a atteint la plus forte production de son histoire. La mine continua à produire jusqu'en 1973.
Rentré à Paris, Larroque n'a jamais eu connaissance des progrès réalisés grâce à son intervention. Toutefois, SUMITOMO lui envoya en 1876 deux stagiaires japonais qui devaient recevoir ses conseils pour la poursuite des travaux. Larroque partit faire un voyage de 6 mois en Espagne et ne s'occupa plus suffisamment de ses stagiaires. Un seul des deux resta en France, Mon-nosuke Shiono ; il entra comme élève à l'Ecole des mines de Saint-Etienne en octobre 1877 (contre l'avis de Larroque, ce qui provoqua une brouille et une rupture des relations entre Larroque et les japonais dès 1877) et rentra au Japon en août 1880.
Il semble que Larroque se soit bien enrichi pendant son séjour au Japon, et il chargea pendant son absence son frère d'acheter à sa place un domaine de 26 hectares avec maison et dépendances dans l'Ariège, où il résida à son retour avec son épouse de basse extraction et son fils, tout en conservant une résidence secondaire à Paris. A la fin de sa vie, il ne retournait plus guère à Paris, et il semble avoir enseigné dans un lycée de Toulouse. A sa mort, sa fortune personnelle était très correcte. Sa veuve a vendu le domaine de l'Ariège une dizaine d'années plus tard. On perd la trace de son fils vers l'âge de 25 ans, lorsqu'il habitait avec sa grand-mère après avoir fait un service militaire comme simple soldat.
D'autres ingénieurs des mines français sont allés aider le Japon à se moderniser à cette époque :
Un autre ingénieur français, François Coignet (1835-1902), ingénieur diplômé de l'Ecole des mines de Saint-Etienne, fit un séjour au Japon à la même époque que Larroque, et modernisa pendant 10 ans les mines d'or et d'argent d'Ikuno. Un buste de François Coignet a été installé à Ikuno. Les ingénieurs Emile Mouchet et Charles Boudou ont succédé à François Coignet à Ikuno, le dernier étant parti en 1882. Les échanges d'élèves entre l'Ecole des mines de Saint-Etienne et Ikuno ont perduré jusqu'au 21ème siècle.
Paul Ozier (1838-1904), un autre ingénieur diplômé de l'Ecole des mines de Saint-Etienne, fut appelé au Japon par François Coignet, et y résida de 1878 à 1882, où il fut chargé par le prince Satsuma de moderniser les mines d'or de Yamagano, préfecture de Kagoshima.
Les informations suivantes nous ont été fournies par Christophe Pollet, chercheur au sein de l'Institut d'Archéologie Nautique et Subaquatique de Santiago, au Chili :
En janvier 1863, apparaît un français, ingénieur des mines, Louis Larroque, qui va jouer un rôle fondamental dans la mainmise chilienne sur le guano de Mejillones (un territoire disputé entre le Chili et la Bolivie), puisque, commissionné par le ministere des Finances, il se rendra a Mejillones pour inspecter les gisements et, surtout, pour évaluer leur importance et déterminer le meilleur moyen de les mettre en valeur. Il y séjournera de février à juin 1863, au terme duquel il publiera un rapport sur les guanos de Mejillones. Les archives de Santiago nous complètent de maniere tres instructive les détails de l'expédition, à travers sa correspondance, en français, avec le ministère.
Nous pensons que ses travaux sont à l'origine de la loi de décembre de 1863 sur le guano national chilien, qui actualise la loi de 1842, et qui, d'une certaine manière, influencera la mise en place du célèbre Traité des frontières de 1866 entre le Chili et la Bolivie, dont le guano était le principal objet de discorde, et qui en fixera les termes d'exploitation.