Polytechnique (promotion 1809, sorti en 1811 classé 3), Ecole des mines de Paris (entré en 1811, sorti en 1816). Corps des mines (titularisé le 1er avril 1817). Orphelin de père.
Marié avec Anne Laurette Blanche GOUPIL. Père de Albert JUNCKER (1845-1932 ; X 1865, qui devint inspecteur général des ponts et chaussées) et de Paul JUNCKER (né le 20/1/1834 à Poullaouen ; X 1854 ; admis comme externe à l'Ecole des mines le 8/11/1856, classé 6, il passe en 2ème année le 2/6/1857 classé 5 mais démissionne peu après sans diplôme ; voir son bulletin de notes).
Publié dans le LIVRE DU CENTENAIRE (Ecole Polytechnique), 1897, Gauthier-Villars et fils, TOME III, page 184
JUNCKER (Chrétien-Auguste) (promotion de 1809) né le 5 mars 1791 à Obenheim (Bas-Rhin), mort le 4 janvier 1865, Inspecteur général de deuxième classe en retraite. Il avait été de la dernière promotion d'élèves qui, avec Dufrénoy, ait passé par Moutiers. Dès sa sortie de l'École, en 1816, il quitta le service de l'État pour entrer comme sous-directeur et, presque immédiatement après, pour être directeur des mines de Poullaouen et Huelgoat, qui étaient et restèrent, pendant toute sa direction, l'établissement de cette sorte le plus considérable qu'eut la France. Il le dirigea vingt-cinq ans, jusqu'en 1841, date à laquelle il rentra dans l'Administration par le service des carrières du département de la Seine, qu'il géra jusqu'en 1851 et qu'il réorganisa avec le concours de Lefébure de Fourcy, son Ingénieur ordinaire. Ce fut pendant cette période qu'a été constitué l'Atlas souterrain des carrières de Paris.
Les plus grosses difficultés que Juncker avait à vaincre pour assurer la continuation des exploitations de Poullaouen et d'Huelgoat provenaient de l'affluence des eaux, surtout à Huelgoat. L'épuisement y était effectué au moyen de trois roues hydrauliques commandant des jeux de pompes par un long développement de tirants en bois établis au jour. L'ensemble du mécanisme était si compliqué et si rudimentaire que les rendements n'étaient que de 18 à 23 pour 100. Vers 1820, il devenait impossible de continuer l'exploitation en profondeur. A cette date, on ne pouvait songer à établir à Carhaix une machine à vapeur ayant la puissance nécessaire. Juncker, qui pouvait disposer d'une force hydraulique suffisante, se décida pour des machines à colonne d'eau à simple effet, du type de celles que Reichenbach avait établies à Illsang et Rosenheim, en Bavière. Les machines de Juncker, qui sont restées classiques, devaient être deux fois plus puissantes, et elles furent munies d'agencements nouveaux ou complètement remaniés, fort ingénieux, tels que celui de la régulation graduée du petit piston formant tiroir. Juncker devait, en outre, vaincre des sujétions spéciales dues aux circonstances de l'installation à faire dans un puits de mine encombré, sans pouvoir arrêter le service de l'épuisement. Il fut par là conduit à établir côte à côte deux machines identiques de 1 m de diamètre et 2,30 m de course, actionnées par une force motrice de 21 mc par minute, avec hauteur de chute de 61 m. Elles devaient élever 3,58 mc par minute de 230 m de profondeur, en donnant un rendement de 65 pour 100. Ce n'était pas seulement le mécanisme qui était remarquable, au point d'avoir passé dans l'enseignement ; c'étaient, pour l'époque, - la mise en marche eut lieu le 17 juillet 1825 - la puissance de la machine et l'importance des pièces comme celle constituée par le piston. A cette date, il y a soixante-cinq ans, la plus forte machine à vapeur fonctionnant en France était une machine de 100 chevaux.
Au reste, Juncker s'était acquis dans sa direction de Huelgoat et Poullaouen une réputation qui faisait rechercher un peu partout ses conseils avant qu'il rentrât au service de l'Etat.