Né le 18 octobre 1911 à Paris (16ème).
Fils de Julien Eugène HUTTER (1874-1942 ; X 1893 né à Saint-Etienne et qui fut ing. en chef du génie maritime) et de Madeleine TROCMÉ. Petit-fils de Jules Alfred HUTTER, ingénieur civil, et de Marie SOLÉLIAC.
De son
mariage (de 1932 à 1984) avec Elisabeth MÉTIN, il a 4 enfants :
Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1930), et de l'Ecole des Mines de Paris (entré classé 4 sur 5 élèves en 1933, et sorti classé 5 en 1935). Corps des mines.
Article paru dans Mines Revue des Ingénieurs, Juillet 1998 :
Notre camarade Roger HUTTER, X-Mines, promotion 1932, vient de nous quitter le 7 Mars 1998. Doué d'une rare intelligence, d'une grande puissance de travail et d'une forte personnalité, Roger HUTTER a fait une brillante carrière en menant de front des activités de haut niveau, dans des domaines très différents. Entré à la SNCF en 1935, il fut promu successivement Directeur des Etudes Générales, Directeur de la Région Nord, et enfin Directeur Général Adjoint, poste qu'il a tenu jusqu'à sa retraite en 1976. Condisciple de Maurice ALLAIS, il s'était rapidement imposé comme le grand penseur économique de la politique des transports de la SNCF.
Il se fit rapidement remarquer par sa volonté de casser le vieil organigramme de la SNCF, à la recherche d'une dynamique nouvelle. C'est ainsi qu'il a introduit l'analyse économique dans des domaines essentiels tels que les investissements, les prévisions de trafic, les prix de revient, la tarification.
Par ailleurs, il a contribué de façon décisive à la «révolution TGV», dans la lignée tracée par Louis ARMAND. C'est un de ses proches collaborateurs, Robert GEAIS, qui avait été l'initiateur du concept TGV tel qu'il existe aujourd'hui. Roger HUTTER saisit immédiatement l'importance de ce projet pour l'avenir du transport ferroviaire, et il sut convaincre rapidement les autorités de tutelle. Entouré d'une équipe de techniciens de très haut niveau, il fit entreprendre les études nécessaires pour une réalisation rapide.
La première ligne TGV, Paris-Lyon, fut inaugurée en 1981 par le Président de la République de l'époque, François MITTERRAND. Cette réalisation est à l'origine de l'extraordinaire développement du concept TGV à travers le monde entier.
Il convient également de rappeler sa contribution personnelle pour la construction du Tunnel sous la Manche. Cette construction aurait pu être réalisée dans les années 70. Ce sont des raisons politiques qui l'ont retardée jusqu'au début des années 90. En tant que Directeur des Etudes Générales de la SNCF, Roger HUTTER avait été président de la SHEM (Société Hydro Electrique du Midi) qui fournissait l'énergie électrique à la SNCF. A ce titre il avait dû intervenir dans le différend entre la SNCF et l'EDF au sujet de la propriété des installations Hydroélectriques de l'ex-Compagnie du Midi. La SNCF était restée finalement actionnaire à 95% de la SHEM. C'est en visitant les installations hydroélectriques de cette société qu'il avait été amené à pratiquer l'alpinisme de haute montagne. Il y déployait alors une force physique extraordinaire, qui faisait l'admiration de ses collègues. Il avait continué à pratiquer ce sport jusqu'à l'âge de 70 ans.
Il avait eu l'honneur de représenter la SNCF à l'inauguration de la rue Paul de la ville de Font-Romeu, du nom du créateur de cette dernière, l'ancien Directeur du Réseau du Midi de la SNCF.
Roger HUTTER s'était également engagé dans la Résistance pendant la seconde guerre mondiale. C'est ainsi qu'il avait réussi à faire parvenir à Londres des renseignements très précis sur les transports des composants du combustible nécessaire au lancement des V1 et des V2. Sa sensibilité et ses qualités de coeur lui avaient laissé un souvenir douloureux à la pensée des cheminots qui avaient perdu leur vie dans les opérations de sabotage de ces transports.
En dehors de ses activités ferroviaires, Roger HUTTER avait occupé des fonctions très importantes sur le plan international. C'est ainsi qu'il fut successivement membre de la Commission pour l'Europe à l'Organisation des Nations Unies (1950), puis Directeur à la CECA (Haute Autorité Européenne du Charbon et de l'Acier), de 1952 à 1955.
Il a été membre du Conseil Economique et Social dans lequel il s'était intéressé particulièrement aux problèmes d'urbanisme des villes nouvelles. Il a également été titulaire de la Chaire d'Economie des Transports à l'Ecole Supérieure des Mines de Paris.
Il faut bien sûr rappeler que Roger HUTTER fut Président de notre Association d'Anciens Elèves de 1964 à 1968, faisant alors bénéficier de très nombreux camarades de ses conseils et de son appui malgré ses occupations innombrables.
Roger HUTTER laisse le souvenir d'une intelligence lumineuse et d'une prodigieuse mémoire. Il s'exprimait toujours avec beaucoup d'humour, parfois dans un langage un peu vert qui faisait partie de sa personnalité. Très handicapé par la maladie, il continuait à recevoir ses amis et à participer à certaines recherches. C'est ainsi qu'il fut amené à apporter son témoignage pour une étude sur l'histoire de la SNCF.
Il a fini ses jours admirablement soigné et soutenu par son épouse.
Roger HUTTER était Officier de la Légion d'Honneur, Commandeur de l'Ordre National du Mérite, Commandeur de l'Ordre d'Isabelle la Catholique.
Roger HUTTER assistait régulièrement aux réunions amicales de ses camarades de la promotion 1932. Il animait ces réunions avec sa verve, son humour et ses plaisanteries, parfois décapantes. Il laisse un grand vide parmi ses camarades, qui s'associent au deuil de son épouse et de toute sa famille.
Ses camarades de la promotion 1932
