Né à Paris, le 19 décembre 1946, dans une famille d'origine tunisienne.
Décédé dans un palace du sultanat d'Oman, le 27 décembre 1994, dans des circonstances dramatiques, alors qu'il prenait des vacances en famille et qu'il essayait de sauver l'un de ses enfants de la noyade dans une piscine.
Son épouse était, avant son mariage, assistante de Garcimore. Elle décéda quelques années après Jacques, d'un cancer du sein. Ne pouvant pas avoir d'enfants, le couple adopta deux garçons orphelins d'origine colombienne : (Thomas ?). Après la mort de leurs deux parents adoptifs, le groupe pétrolier TOTAL subvint aux besoins de ces doubles orphelins.
Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1966). Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1969). Corps des mines.
Président (non exécutif) du conseil d'administration de l'Ecole des mines d'Albi en 1993-1994.
Jacques Halfon, directeur exploration-production d'Elf Aquitaine, a parallèlement été nommé président d'Elf Aquitaine Production en remplacement d'Yves Lesage qui devient conseiller en charge du parapétrolier auprès du président Philippe Jaffré.
Jacques Halfon, quarante-sept ans, diplômé de l'Ecole polytechnique et ingénieur en chef des Mines, est titulaire d'un DEA de géologie appliquée. Il a débuté en 1972 au BRGM, puis fut conseiller scientifique chargé du secteur énergie-matières premières-sciences de la terre-environnement à la délégation générale à la recherche scientifique et technique. Il est entré dans le groupe Elf en 1980, fut successivement directeur de la recherche exploration-production, directeur général d'Elf Nigeria et d'Elf marketing Nigeria, directeur de l'exploration et du domaine minier. En 1991, il fut nommé directeur exploration-production d'Elf Aquitaine. Il est également président d'Elf Petroleum Nigeria, d'Elf Neftegaz et d'Elf Hydrocarbures Syrie et de l'Ecole des mines d'Albi Carmaux.
Commentaires de R. Mahl
Jacques HALFON était très apprécié par ses patrons et collègues successifs, notamment au BRGM où il dirigea l'exploration géologique, puis au secrétariat d'Etat à la recherche (DGRST) où il fut responsable du secteur énergie et matières premières. Il avait une vraie compétence scientifique en matière de prospection géologique et en méthodes géophysiques. C'était en outre un manager efficace, qui suivait de près les projets relevant de sa compétence, et savait très bien en cerner les enjeux et les méthodes. Très intelligent, il exprimait parfois ses opinions avec une certaine brutalité, ce qui obligeait ses collaborateurs les moins compétents à des efforts importants.
Lui ayant succédé à la DGRST, j'ajoute que HALFON gérait très bien ses affaires. Il avait recruté à la DGRST quelques chargés de mission très compétents, dont Philippe GENTILHOMME (du BRGM) et une assistante de haut niveau qu'il recruta à ELF peu après son départ.
Jacques HALFON ressentit en 1984 le besoin de créer une section française de la Society of Petroleum Engineers, tâche qui paraissait difficile étant donné les clivages de l'époque entre ELF, TOTAL et l'IFP, et l'AFTP. Il convoqua Jean-Marc DUMAS et lui demanda de rédiger les statuts et de convoquer un certain nombre de participants potentiels. Michèle PLANEIX participa également à cette création. HALFON fut le premier président de cette section, mais ne termina même pas son mandat de 2 ans car il dut partir au Nigeria. C'est Jacques BOSIO, alors directeur-adjoint de la recherche à ELF qui lui succéda, et qui devint par la suite le premier président non-américain de la SPE internationale.
La tâche de HALFON au Nigéria fut compliquée par le fait que ce pays était un fief des anglais. La compétence technique de HALFON semble avoir considérablement contribué à changer la donne en faveur des français dans ce pays.
Jacques HALFON se trouva, probablement bien malgré lui, impliqué fortement dans l' "affaire ELF". D'une part, il connaissait très bien Loïk LE FLOCH-PRIGENT qui était son collègue à la DGRST. En effet, peu avant le départ de HALFON de la DGRST (décembre 1980), le directeur, Claude FREJACQUES, avait chargé LE FLOCH de la supervision des aides financières à la recherche (Fonds de la recherche), ce qui propulsait LE FLOCH au même niveau hiérarchique que HALFON, voire à un cran légèrement supérieur puisque LE FLOCH était censé surveiller les aides décidées par HALFON. Lorsque HALFON est alors recruté par Gilbert RUTMAN (fin 1980) pour devenir d'abord directeur de la recherche en exploration-production, il est loin de se douter qu'il retrouvera LE FLOCH comme patron du 28 juin 1989 au 3 août 1993.
Dans son autobiographie Loik Le Floch-Prigent, le mouton noir (Pygmalion, 2014), Le Floch explique (p. 90) que Jacques Halfon [était] le responsable des domaines nouveaux au sein de l'équipe de André Tarallo. Et, d'autre part, que André Guelfi se proposera de travailler notre projet vénézuélien avec Jacques Halfon. ... Il est clair que Elf a utilisé André Guelfi. Sous ma présidence, son "officier traitant" était Jacques Halfon. D'autre part, dans une interview de 2002 publiée dans Le Parisien, Le Floch précise que fin 1993 il souhaitait recueillir le témoignage de Jacques Halfon sur l'affaire des commissions au Nigéria. ... J'ai voulu en parler à Jacques Halfon, directeur de l'exploration. Halfon était mon ami de très longue date, mais il m'a tout de suite coupé, me disant que Jaffré lui avait interdit tout contact avec moi et surtout d'évoquer le cas du Nigeria. ... Un an plus tard, il m'a rappelé et m'a dit qu'il voulait que l'on se revoie. Il ne voulait plus appliquer les consignes de Jaffré. Je sais qu'il voulait me parler du Nigeria et j'ai bien compris que cette opération cachait quelque chose de louche. Il m'a dit : « Ecoute, Loïk, je pars en vacances à Oman, et on se voit à mon retour. » Il n'est jamais rentré. Il est mort noyé. On peut noter que c'est LE FLOCH qui nomma HALFON, encore très jeune (45 ans), directeur de l'exploration-production de ELF en 1991.
Pénible situation donc pour Halfon, d'abord coïncé entre un patron, Tarallo, et un collaborateur, Guelfi, tous deux ripoux, et plus tard entre deux patrons successifs, Le Floch et Jaffré, qui se détestaient.