Ce Premier Ministre de Louis-Philippe est le grand-père de Marguerite de WITT, la mère de Conrad et de Marcel SCHLUMBERGER.
Une biographie de François Guizot est parue récemment : « François Guizot », de Laurent Theis, Fayard, 553 pages, 27 euros.
Nous donnons ci-après le commentaire de Emmanuel HECHT paru dans Les Echos, 8 août 2008 :
Homme affable, François Guizot (1787-1874) était un homme à femmes. Il n'était pas libertin, il aimait leur compagnie. Sa mère et son épouse, Pauline de Meulan, morte trop jeune, comptèrent dans sa vie, mais il y eut aussi Albertine de Broglie, Dorothée de Lieven... « Le genre féminin l'attire physiquement, le touche affectivement et l'intéresse intellectuellement et moralement. » Le chapitre « Affaires de femmes » de la biographie de l'homme politique majeur de la monarchie de Juillet, ministre des Affaires étrangères, président du Conseil, résume on ne peut mieux l'originalité du travail de Laurent Theis : se libérer de la chronologie, en parcourant en une trentaine de pages une vie on ne peut plus remplie, pour cerner au plus près l'acteur phare du libéralisme français, le plus grand historien de son temps, le styliste, l'épistolier, le père attentif, l'homme privé marqué par des drames personnels, l'homme d'Etat trop souvent réduit, caricaturé, à une formule supposée résumer l'idéal bourgeois et dont on n'est pas sûr qu'il l'a prononcée : « Enrichissez-vous ! ». Cette méthode donne plus d'intensité et de nerf au portrait de cet homme né sous l'Ancien Régime et mort aux débuts de la IIIe République, et nous vaut de beaux dégagements sur la journée type de Guizot, son rapport à Dieu, sa politique scolaire, son rapport à l'amitié, etc. François Guizot est un enfant de la Révolution, un orphelin même, puisque son girondin de père fut guillotiné sous la Terreur. Né à Nîmes, il a été élevé à Genève par une mère calviniste, descendante de camisards. Professeur d'histoire sous l'Empire, empêché dans ses ambitions sous la Restauration, il put donner toute sa mesure sous la monarchie de Juillet. François Guizot est un intellectuel (le mot n'existe pas alors) engagé en politique. Conservateur libéral, il voit dans la monarchie constitutionnelle et censitaire - il a une inclination pour le système politique anglais - le moins mauvais des régimes. Lucide, avisé, sa faiblesse fut de ne pas percevoir la demande de démocratie du peuple français. Il ne sut éviter la révolution de février 1848 et il en fut la première victime. Cérébral, Guizot n'était pas un pur esprit. C'était un politique avisé, un orateur brillant, un « athlète de la tribune », qui sut séduire les électeurs de son fief normand (Honfleur), comme les directeurs de journaux. Laurent Theis, éminent médiéviste (auteur de « Dagobert, un roi pour un peuple », « L'Avènement d'Hugues Capet », d'un « Clovis, de la réalité au mythe »...) est venu à Guizot par le Moyen Age, auquel son illustre prédécesseur a consacré pas moins de trente volumes. L'empathie, l'admiration même, nourrissent l'enthousiasme de l'historien, président d'honneur de la Société d'histoire du protestantisme français, journaliste et éditeur. Elles sont sans doute l'une des clefs de la réussite de cette biographie brillante qui réhabilite une figure majeure du XIXe siècle, injustement négligée.