Alfred GOUNOT (1855-1906)


Gounot, élève de l'Ecole des Mines de Paris
(C) Photo collections ENSMP

D'après le registre des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, Alfred GOUNOT nait le 19/10/1855 à Semur (Côte d'Or).

Il est ancien élève de l'Ecole des Mines de Paris (promotion 1877) : cours préparatoire où il entre le 23/8/1875, classé 8 ; admis comme externe le 21/10/1876, classé 15 ; militaire volontaire en 1876-1877 ; breveté le 7/7/1880, classé 19. Ingénieur civil des Mines.


Bulletin de l'Association des Anciens Elèves de l'Ecole des Mines de Paris, 1906 :

Nous avons eu le grand regret d'apprendre la mort accidentelle de notre camarade Alfred Gounot.

Cette mort est survenue à la suite de la plus effroyable des fatalités, au moment même où notre camarade se disposait à rentrer à Paris, après une villégiature au cours de laquelle la chasse avait été son plaisir favori. Gounot nettoyait ses armes, lorsqu'une balle, oubliée dans l'une d'elles, partit si malheureusement qu'elle le tua net, mettant ainsi sa famille dans la plus cruelle douleur, en lui enlevant notre ami, en pleine santé, et dans toute la force de l'âge. Nous témoignons ici, à notre cher camarade, notre affectueux souvenir et nous rendons un dernier hommage à sa mémoire, en même temps que notre sympathie à sa veuve et à son jeune fils si douloureusement et si spontanément frappés.

Alfred Gounot naquit à Semur, le 19 août 1854, mais il vint à Paris dès son plus jeune âge ; il fit ses études au Lycée Condorcet et il se présenta en 1876 à l'École des Mines en même temps qu'à l'École des Ponts et Chaussées. Admis à la fois dans ces deux Écoles, il opta pour la première.

Après son volontariat militaire, et à sa sortie de l'École, en 1880, il fut d'abord secrétaire de la Direction des Forges de Saint-Nazaire.

En 1882, il était ingénieur des Hauts-Fourneaux de Marnaval, mais la nostalgie de Paris le reprit, et il accepta le poste d'ingénieur de la Compagnie générale des Allumettes. A ce titre il fut chargé des usines et fabriques de France, jusqu'en 1890, c'est-à-dire, jusqu'à la reprise, par l'Etat, du monopole des Allumettes.

De 1890 à 1893, il accomplit diverses missions industrielles en France, en Russie, en Angleterre, en Hollande, en Turquie, etc...

En 1894, il se maria et emmena sa jeune femme à Sélénitza, en Albanie, où il avait pris la direction d'une mine de bitume. En même temps, il remplit les fonctions de Consul de France, pendant la guerre gréco-turque et pendant le blocus de Vallona par les Grecs, blocus qui dura un mois. Atteint par des fièvres paludéennes, il rentra en France en 1897.

De 1898 à 1902, il fut nommé successivement directeur de la Société des hauts-fourneaux, forges et mines de Moreda et Gijon, puis ingénieur-conseil de la Compagnie des Asturias, dont il fit l'installation des hauts-fourneaux.

La cession de ces deux entreprises à d'autres sociétés l'obligea à rentrer en France.

Laborieux, actif, précis, méthodique, il était doué pour être administrateur et chef d'industrie.

Très strict lorsqu'il s'agissait d'un service, il savait cependant s'attirer la sympathie de tout son personnel, comme celle de tous ses amis.

Au point de vue technique, il laissa dans ses diverses fonctions la marque d'un esprit ingénieux et inventif. Sa dernière invention fut un appareil calorimétrique à gaz pauvre, dont la construction n'a pu être achevée et dont il s'occupait peu avant sa mort. Il venait justement de faire, à ce sujet, une conférence à la Société des Sciences historiques et naturelles de Semur, dont il était membre.

Il laisse de nombreux travaux dont les principaux ont paru sous les titres suivants :

1° Aux Annales des Mines : « Métallurgie du fer dans les Asturies ».

2° Au Bulletin de la Société de l'industrie minérale : « Note sur les Mines de bitume exploitées en Albanie ».

3° A la Revue scientifique :

« Étude statistique sur la métallurgie du fer en France ». « Utilisation des laitiers dans les hauts-fourneaux.

4° Au Journal des Mines :

« Quelques éléments relatifs au commerce maritime » ; « Les panacées métallurgiques » ; « La valeur du mercure » ; « Le chauffage des voitures à voyageurs » ; « École géologique » ; « Le canal de Panama » ; « Le grisou et les explosions dans les mines » ; « Le pyrogranit » ; « Les tunnels des Alpes » ; « Les mare-moteurs » ; « Le monopole des allumettes » ; « Le générateur Serpollet » ; « Le chemin de fer hydraulique à glissement » ; « La laveuse perforatrice Stanley ».

5° Dans le Dictionnaire de l'industrie et des arts industriels : L'article concernant le mot « allumette ».

Enfin, il laisse encore inédit un volume intitulé « Cinq ans d'Albanie ». C'est une étude sur les moeurs, les choses et les gens de ce pays et dans laquelle, à côté des anecdotes vécues de l'observateur, se retrouve l'ingénieur avec ses chiffres et ses statistiques

A son arrivée à Sélénitza, il avait trouvé le désordre et une véritable anarchie dans le pays. Il sut se faire craindre, aimer et regretter des Albanais. Ses successeurs n'eurent qu'à continuer son oeuvre.

Comme on le voit, bien que trop tôt terminée, la carrière de notre excellent ami, Gounot, fut bien remplie.

A l'ingénieur, toujours avide de grossir son bagage technique, se joignait l'homme doué des goûts les plus variés, et tous ceux qui l'ont connu ont pu l'apprécier. Rien ne lui était étranger : musique, dessins, lettres, sports. C'était un lecteur charmant, un bibliophile, un latiniste, un géographe passionné, le meilleur des maris et des pères, d'une amitié sûre ; son souvenir restera gravé dans les coeurs de tous ceux qu'ils l'ont connu.

Aussi les regrets qu'il laisse sont-ils sincères et nombreux. Comme les Albanais, nous déplorons le départ de notre pauvre camarade, parti cette fois dans un monde, hélas !... d'où l'on ne revient pas.

J.-M. BEL.