Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1949). Ingénieur civil des mines.
Publié dans MINES Revue des Ingénieurs, Mars/avril 2011 N° 452.
C'est toujours avec une grande émotion que «ceux qui restent» de la promo 49 apprennent la disparition de l'un d'entre eux, et celle de notre camarade Jean Goossen ne fait pas exception. J'ai rédigé cette notice avec le concours de divers camarades, notamment Cyril Havard et Bernard Desjardins.
Jean Goossen avait reçu la nationalité française en 1951, mais ne cachait ni n'exhibait son origine d'Outre Quiévrain, Si ce n'est en divertissant ses camarades avec d'étonnantes histoires belges.
Sa très vive intelligence était servie par une élocution tout à fait remarquable, lui permettant au cours d'une réunion languissante, de ramener au sujet ceux qui, subrepticement, s'étaient perdus dans leurs rêves. J'ajoute qu'il gardait dans les circonstances les plus variées un humour indéracinable. Son analyse des gens, dans leurs attitudes et leurs actions, était pénétrante. Il m'arrive, en parcourant mes archives personnelles, de retrouver certains numéros de «La Mine Noire», la feuille de chou que nous nous amusions à publier à l'École. J'y retrouve les contributions de Jean, toujours lucides et élégantes, mais surtout jamais acides ou méchantes. L'une était d'avoir contribué, avec l'aide de tel ou tel, à associer à chacun de nos camarades une maxime ou le titre d'un ouvrage romanesque. Avec plus d'un demi siècle de recul, la justesse de ces associations et les souvenirs qu'elles évoquent me donnent encore aujourd'hui beaucoup à penser. Il était un de ces anciens «taupins», dont la culture littéraire et historique laissait peu à envier aux meilleurs élèves des classes de lettres.
Jean fut un vrai Mineur, un des patrons de cette industrie minière dont le déclin dans notre pays est si marqué qu'il ne reste pratiquement des «Mines» que le nom de nos Écoles !
Son père présidait aux destinées de la Société Minière et Industrielle de Rougé, qui exploitait une mine de fer dans l'ouest de la France, et Jean avait vocation à lui succéder. Il le fit, en élargissant l'activité en France et à l'étranger, s'intéressant à d'autres mines de fer dans l'est algérien, mais aussi à d'autres substances comme le spath fluor dans le Massif Central. L'indépendance de l'Algérie ruina ses efforts de développement dans ce pays.
La mine de Rougé avait aussi des difficultés auxquelles Jean fit face avec beaucoup d'énergie, considérant de son devoir de protéger jusqu'au bout l'emploi de ses ouvriers, parfois même aux dépens de ses propres intérêts. Il s'intéressa aussi aux sablières ainsi qu'aux granulats destinés au bâtiment et aux ponts et chaussées. Par ailleurs, il fut amené à devenir administrateur de Morillon Corvol et à présider un syndicat professionnel, l'Union Nationale des Producteurs de Granulats.
À sa retraite, il partagea harmonieusement sa vie entre Paris et Bayonne, dans la demeure familiale de son épouse Marie-France. En cette période douloureuse pour elle, nous lui renouvelons, ainsi qu'à sa famille, toute notre amitié.
Pierre Moussel (P49)