Né le 23/2/1860 à Strasbourg.
Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1880) : admis en classe préparatoire le 22/8/1881 classé 2, admis comme externe le 21/8/1882 classé 2, service militaire volontaire en 1882-1883, diplômé le 7/6/1886 classé 4. Ingénieur civil des mines.
Bulletin de l'Association amicale des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, Janvier à mars 1921 :
Né à Strasbourg en 1860, Henri Engelbach appartenait par toutes ses origines à d'anciennes familles alsaciennes profondément attachées à la patrie française. Son père, que l'avènement du second Empire fit sortir de l'administration où il avait débuté après 1848 comme conseiller de préfecture à Strasbourg, étant mort jeune, c'est sa mère, veuve, qui en 1871, après avoir opté pour la France, emmena à Epinal ses quatre fils et sa fille, dont fidèle aux souvenirs de famille, elle entendait faire des Français.
Cadet de la famille, Henri Engelbach, après de bonnes études au lycée Saint-Louis, se décida pour l'Ecole des Mines, alors qu'il n'avait manqué que de quelques rangs son admission à l'Ecole Polytechnique, vers laquelle l'attiraient ses aspirations militaires d'Alsacien, avide de revanche. Sorti dans les premiers rangs de l'Ecole, Engelbach put aussitôt, en raison de son classement, être admis comme ingénieur à la Compagnie d'Anzin, où il devait passer une quinzaine d'années de sa vie comme ingénieur, puis comme directeur de la Division de Denain.
A la fosse l'Enclos, il eut à conduire avec un soin minutieux, les travaux dans les surépaisseurs de la couche, où la moindre inattention provoquait des échauffements rapidement suivis de commencement de feux, si des mesures immédiates n'étaient prises. Il acquit dans la conduite de ces travaux délicats une telle maîtrise qu'à la moindre alerte, dans les autres puits de la grande Compagnie, on recourait à son expérience.
En 1904, la Compagnie des Mines de Marles lui confiait la direction de ses services techniques, et il sut donner, pendant les cinq années qu'il passa dans cette Compagnie, un développement considérable à la production. Depuis de longues années, un tiers environ de la surface de la Compagnie était rendue inexploitable par l'éboulement, au cours de son fonçage, de la fosse n° 2, et par la mise en communication qui en était résultée entre les eaux du niveau et le terrain houiller.
La présence des eaux du niveau au milieu du terrain houiller était une menace continuelle pour les exploitations avoisinantes. Personne n'avait osé envisager la reprise de ce puits, l'aveuglement de cette venue d'eau et la remise en valeur de cette vaste partie de la concession. Engelbach s'attela à ce problème : on peut le dire, malgré les appréhensions invincibles de l'administration de la Société.
Il fallut toute sa calme ténacité pour triompher de ces résistances, et ce furent en grande partie les divergences de vue sur cette question qui amenèrent son départ de la Compagnie en 1909. Mais le travail était en bonne voie de réalisation. L'axe du puits éboulé avait été retrouvé avec une précision parfaite. Ces terrains avaient été cimentés méthodiquement dans toutes les parties du vaste cône d'éboulement, et cela malgré la présence dans les déblais qui remplissaient cet entonnoir, de charpentes métalliques, de chaudières, de masses de maçonnerie effondrées. Un solide plancher de travail, suffisant pour soutenir les machines et toute l'ossature du puits en construction, avait été préparé en béton armé, et appuyé sur quatre colonnes de béton foncées et maçonnées eu dehors du cône d'éboulement.
Ce travail très nouveau et original a pu servir dans le Pas-de-Calais, de modèle pour la reprise de plusieurs des puits éboulés après dynamitage méthodique par les Allemands.
Rentré à Paris en 1909, avec sept jeunes enfants, dont quatre fils à élever, Engelbach hésita à reprendre un poste qui l'obligeât à se séparer de ses fils pendant leurs études.
Mais il ne restait pas inactif, et de nombreuses missions lui furent confiées en Russie, en Serbie, en Allemagne, en Belgique, en Amérique.
Chacune de ces études était poursuivie avec une préoccupation constante d'arriver à des conclusions solidement étayées sur la constatation de faits précis. Plus d'une fois, ces sagaces conclusions purent déplaire à ceux qui eussent désiré des jugements moins sévères. Mais Engelbach n'eût jamais voulu émettre des avis qui ne lui parussent pas absolument basés sur des preuves aussi indiscutables qu'il est possible d'en recueillir en des voyages souvent rapides.
D'un séjour prolongé aux Etats-Unis en 1912, à l'occasion du Congrès international de Navigation intérieure, Engelbach rapporta un travail considérable et des plus intéressants sur l'industrie houillère aux Etats-Unis, qui fut édité en 1913 par le Comité Central des Houillères.
Retenu en France par le commencement des hostilités, Engelbach, dont le fils aîné devait répondre à l'appel de sa classe, partir comme officier, et le second s'engager dès le jour où il atteignait ses dix-sept ans, qui devaient être blessés tous deux et dont l'un devait passer de longs mois en captivité en Allemagne, à la suite d'une dangereuse mission volontaire, offrit de suite ses services au Ministère de l'Armement, et dans des fonctions diverses, il se rendit utile pendant toute la durée de la guerre.
Dès que la fin des hostilités posa les multiples problèmes de la restauration des houillères dévastées du Nord et du Pas-de-Calais, Engelbagh fut appelé à collaborer aux travaux préparatoires de la reconstitution de tout l'outillage des mines, de la cimentation des cuvelages dynamités et de l'épuisement des travaux souterrains. Il se retrouvait en face du problème qu'il avait si brillamment résolu au puits n° 2 de Marles.
Malheureusement sa santé, son énergie avaient été atteintes par les préoccupations de la guerre, pour ses fils au front, l'une de ses filles aux ambulances, et les nombreux membres de sa famille exposés au danger, en France et en Alsace. Une chute, sur une avenue de Paris, qui parut sans gravité d'abord, avait en fait produit à la base du crâne une lésion qui devait l'emporter quelques semaines après, alors qu'il semblait encore appelé à de nombreuses années d'activité..
Caractère foncièrement droit, Engelbach eut plus d'une fois à souffrir au cours de sa carrière, du fait de situations en face desquelles il se trouvait et qu'il pouvait difficilement accepter : ces luttes et les préoccupations des années terribles ont usé prématurément cet homme de devoir, ce patriote, qui pendant cinquante années de sa vie, avait aspiré au retour à la France de sa petite patrie d'origine.