Pol DUNAIME (mort en 1915)

Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1904). Ingénieur civil des mines.


Bulletin de l'Association amicale des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, mars-avril 1916 :

Notre camarade Pol Dunaime (1904) a succombé à l'hôpital mixte de Saint-Nazaire le 29 août 1915.

Pol Dunaime était né à Braux (Ardennes), et ses parents, qui y demeuraient, se trouvent actuellement en pays envahi. Reçu à l'École, après de brillantes études au lycée de Reims, dès sa sortie il entrait à la Cie des Mines d'Anzin, où il fit toute sa carrière. Au moment de la mobilisation, à 33 ans, il se trouvait à la tête d'une des principales fosses. Il s'était vu confier des missions importantes à l'étranger, notamment aux États-Unis. Parti comme sergent au 148e d'infanterie, il fut rapidement nommé adjudant, puis sous-lieutenant, et fut ensuite envoyé aux Chantiers de l'Atlantique pour coopérer à la grande œuvre nationale de fabrication des munitions. La mort l'a surpris en plein travail; deux jours avant sa fin, il était encore au poste qu'il occupait avec tant de dévouement.

Les honneurs militaires furent rendus par un peloton du 147e de ligne. Le Directeur des Chantiers de l'Atlantique conduisait le deuil, entouré des ingénieurs chefs de service, des officiers détachés aux usines, du service des forges et de nombreux contremaîtres et ouvriers ; tous, profondément émus, pensaient aux parents absents qui ignoraient la disparition rapide de leur fils unique. Au cimetière, devant le cercueil enveloppé du drapeau national et sur lequel avaient été déposés le képi et la vareuse du sous-lieutenant, M. le capitaine d'artillerie Couade, détaché aux chantiers, exprima, en ces termes, les regrets de tous :

« En saluant ici les restes de notre camarade Dunaime. j'accomplis un devoir d'autant plus pénible que la soudaineté de sa maladie n'a pas permis d'aviser sa famille. C'est donc loin des siens qu'est mort, en pleine activité, le sous-lieutenant Dunaime ravi brusquement à l'affection de ses amis, de tous ceux qui l'ont vu s'adonner passionnément à sa tâche souvent si lourde.

« Il laissera parmi nous le souvenir d'un homme de devoir, se dévouant avec modestie sans ménager ses forces.

« Ingénieur aux Mines d'Anzin où, estimé de ses chefs, il occupait un poste important, M. Dunaime était un des meilleurs soldats de cette armée industrielle de la France, à qui incombe aujourd'hui la tâche de forger des armes pour la victoire. Un des premiers parmi ceux que la ruée allemande chassa loin des champs de bataille, il avait avec joie offert ses services à l'œuvre de préparation intensive à laquelle les chantiers de l'Atlantique ont apporté, dès le début de la guerre, un si large concours.

« En disparaissant subitement, il a du moins emporté, avec la foi dans le succès final, la vision bien nette de l'utilité de l'effort accompli.

« Que ses belles qualités de persévérance et de travail servent d'exemple à ceux qui restent !

« Si la tâche est lourde, nous trouverons tous, dans notre ardent amour pour la patrie, l'énergie qui nous permettra de l'accomplir. C'est en faisant, au nom de nous tous, ce serment, que je salue avec émotion les restes du sous-lieutenant Dunaime, mort au travail ».

E. W.