Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1919 S ; sorti classé 4ème) et de l'Ecole des Mines de Paris (de 1921 à 1923 ; sorti classé 4ème). Corps des mines.
Publié dans les Annales des Mines, juillet-août 1957 :
Les Annales des Mines ont appris avec regret le décès, survenu le 15 juin 1957, de M. René DUGAS, ingénieur des Mines, directeur des Études générales à la S.N.C.F.
René DUGAS était entré à l'École Polytechnique en 1919, après avoir fait brillamment la guerre 1914-1918, qu'il termina avec le grade de lieutenant d'artillerie, la croix de chevalier de la Légion d'honneur, la croix de guerre (trois citations). Il avait été gravement blessé au Chemin-des-Dames.
Il passa quelques années dans le service ordinaire, fit une mission dans la Ruhr, puis, en 1930, entra au chemin de fer d'Orléans. Il était chef de la traction à l'exploitation commune du P. O.-Midi quand fut créée la S. N. C. F.
Dès cette époque, la profondeur de ses vues, la sagacité et l'indépendance de ses jugements, ainsi que la publication de ses premiers travaux scientifiques, avaient attiré l'attention sur lui. Il fallait, aux créateurs de la S. N. C. F., des hommes de premier plan pour mettre sur pied le fonctionnement de cette immense entreprise. René DUGAS se vit confier la Division des études du Service de l'Organisation technique, et c'était là sa vraie place. Dès le 1er février 1939, il était nommé à la tête de ce service, devenu depuis la Direction des Études générales. Il en était promu directeur le 1er janvier 1947.
Pendant les quelque vingt années qu'il a passées à ce poste où furent « pensés » les grands problèmes de la S. N. C, F., René DUGAS en a fait un organisme d'études efficace auquel la S. N. C. F. est redevable de nombreux progrès, notamment dans l'élaboration de ses programmes, la mise au point de ses méthodes de calcul de prix de revient les recherches sur l'amélioration de la productivité, etc.
Il fut l'un des apôtres de l'électrification et de la traction Diesel dont ses études sur les problèmes d'énergie lui avaient révélé l'intérêt essentiel. Plus récemment, il s'était attaqué aux grands problèmes d'organisation administrative et en cherchait la solution, à la tête d'un groupe d'études, dans les équipements électroniques modernes. Peu avant d'interrompre ses activités, il venait de mettre sur pied, à la S. N. C. F., un groupe de recherche opérationnelle.
Auxiliaire précieux du Directeur général, il en était le conseiller averti et écouté. Il est peu de grandes questions intéressant la S. N. C. F. qui, depuis vingt ans, n'aient été soumises au crible de son examen.
René DUGAS était membre du Comité consultatif de la C. E. C. A., de l'Office régional des Transports parisiens, de plusieurs commissions de l'Union internationale des Chemins de fer et de bien d'autres organismes. Partout il sut s'imposer par sa haute compétence, la rectitude de sa pensée et, quand il le fallait, un rare talent de « debater ». Sans jamais se départir de la plus stricte objectivité, il fut toujours un ardent défenseur du rail : un grand cheminot.
Mais à ces hautes fonctions, René DUGAS ajoutait une grande activité scientifique. Il était, de 1940 à 1944, chargé du cours de mécanique à l'École des Mines de Paris, et maître de conférences à l'École Polytechnique, de 1942 à 1955, date à laquelle il fut nommé examinateur de mécanique. Il était lauréat de l'Académie des Sciences (prix Général Mateau, 1950) et membre correspondant de nombreux instituts étrangers.
Son oeuvre a apporté, entre autres, une contribution importante à l'histoire de l'évolution de l'esprit scientifique, particulièrement dans le domaine de la mécanique. On lui doit, notamment, deux ouvrages magistraux sur la Mécanique au XVIIe siècle, et sur l'Histoire de la Mécanique. Sa fin prématurée ne lui permit pas d'achever une étude à laquelle il se consacrait depuis plusieurs années, sur l'oeuvre scientifique de Bolzmann.
D'une culture et d'une érudition exceptionnelles, on trouvait en lui, comme l'écrivait le Prince de Broglie, dans la préface de l'Histoire de la Mécanique, « des qualités d'esprit et des méthodes de travail rarement réunies chez un seul homme ».
René DUGAS était officier de la Légion d'honneur depuis 1938.
Pour le Corps des Mines, pour la S. N. C. F. et pour la science, sa disparition prématurée est une perte irréparable.
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