Mort le 14 avril 1936.
Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1931). Ingénieur civil des mines.
Publié dans Bulletin de l'Association des Anciens élèves de l'Ecole des Mines de Paris, 1936-2.
Camarades :
Avec une grande émotion, je viens au nom de la Compagnie des Mines d'Ostricourt, dire à Jean Ducep un solennel adieu.
Le malheur que nous déplorons aujourd'hui nous a douloureusement surpris et profondément consternés.
La mort a surpris notre Camarade au premier essor d'une activité riche en promesses. Par les mérites qu'il avait acquis, par la sympathie qu'il inspirait, par la perspective de son mariage prochain, il était en droit d'attendre de l'existence toutes les joies et tous les succès.
Pourtant, nous voilà aujourd'hui réunis devant cette tombe ouverte, pleurant avec ses parents, sa fiancée, tous les siens, cette mort brutale et inattendue. Tant de promesses anéanties, tant de joies fauchées, une telle carrière interrompue sitôt que commencée, tout cela nous émeut d'une tristesse profonde. Pour supporter un tel coup, nous avons besoin de nous souvenir de ces surnaturelles espérances qui guidèrent Jean Ducep pendant sa vie et qui, à la dernière heure, lui permirent de regarder la mort en face et d'accepter vaillamment le sacrifice de tout le bonheur entrevu.
Votre mort, mon cher Ducep, après votre vie, est une leçon. Fils de soldat, vous avez toujours répondu « Présent » à l'appel du devoir. Enfant, vous avez témoigné à vos parents, à tous les vôtres, l'affection la plus tendre. Jeune homme, vous avez donné vos journées à l'étude, entrant très jeune à l'Ecole Nationale des Mines de Paris et en sortant le sixième de votre promotion. Après le service militaire qui vous valut le grade d'oflicier de réserve, vous nous êtes arrivé en novembre dernier, à Ostricourt, avide de vous lancer dans cette vie de mineur qui vous appelait d'une vocation irrésistible. Je revois votre ardeur, votre passion au travail. Rien ne vous semblait trop dur, tout vous intéressait. D'un dévouement inlassable, vous avec pris immédiatement votre métier à cœur, y consacrant votre temps sans compter. Les moindres suggestions de vos chefs provoquaient chez vous le désir de les réaliser aussitôt, et quand les difficultés se présentaient vous arriviez à les résoudre, grâce à votre ténacité et à votre intelligence des problèmes qui vous étaient posés. Pendant plus de cinq mois nous eûmes la joie de votre collaboration, et en si peu de temps vous avez su de nous tous vous faire des amis. Vos ouvriers, comme vos Camarades et vos chefs, à l'heure qu'il est, sont unis dans un même chagrin; leur peine s'unit à l'immense douleur de vos chers parents. Devant cette douleur, je m'incline bien bas, sachant qu'il n'y est pas de consolation humaine, mais priant Dieu que le souvenir de vos vertus, de l'affection, de l'estime qui vous entouraient soient pour tous les vôtres une source de réconfort et de fierté. On ne meurt pas tout à fait quand on laisse derrière soi un exemple aussi fécond que le vôtre. On ne meurt pas surtout quand une vie de fidélité au devoir, de bonté et d'attachement aux siens donne le droit de croire aux récompenses éternelles.
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