Né le 21 novembre 1928 à Paris (17e). Fils de Jacques DESJARDINS, inspecteur général de l'instruction publique, et de Mme Simone Circaud. Marié avec Michèle ARHANCHIAGUE (3 enfants).
Décédé le 26 juillet 2012. Obsèques le 1er août 2012 à l'Eglise Saint-François-Xavier, Paris.
Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1949). Ingénieur civil des mines.
Publié dans Mines Revue des Ingénieurs, Septembre/octobre 2012, #463 :
Le 26 juillet, nous est parvenue la nouvelle de la disparition de Bernard Desjardins, notre camarade de la 49. Il est décédé brutalement à Porto Vecchio en Corse, alors qu'il séjournait comme chaque été dans sa propriété de vacances. Dire que sa disparition a été un choc pour le petit groupe de la 49 avec lequel il entretenait des relations suivies, est une formule bateau, mais en l'occurrence d'une exactitude absolue. Fin Juin, et selon une habitude consacrée depuis quelques années, Bernard et son épouse Michèle, nous avaient conviés, ma femme et moi, au théâtre de l'Athénée, pour un spectacle que nous avions clôturé par un petit dîner. Nous nous étions bien divertis, puis nous avions devisé au sujet de nos vacances familiales qui étaient toutes proches. L'état de nos santés d'octogénaires nous avait paru «normal».
Bernard était un homme discret. Son regard était accueillant, et sa voix douce se pimentait souvent de pointes d'humour ; à son contact, on se sentait à l'aise. Il était très avare de ses éclats de voix, sans que cette réserve affaiblisse le bon sens et la conviction raisonnée qui marquaient la plupart de ses propos. Du temps de nos études à l'École, il n'habitait pas à la Maison des Mines, car, le premier d'entre nous, il s'était marié avec Michèle pendant l'été de 1950, en fin de 1ère année. Beaucoup plus tard, il s'intéressa à la Maison des Mines, en qualité d'administrateur de la société de gestion.
Sa carrière professionnelle commença en 1954, lorsque le Crédit Lyonnais, ancêtre de LCL, l'embaucha comme jeune Ingénieur Conseil. Il y fit carrière et devint l'emblématique Directeur des Études Économiques et Financières de la banque. Il prit sa retraite en 1990.
Durant la période des «Trente Glorieuses», il participa au développement des marchés financiers, vecteurs du financement de nombre d'aventures individuelles. Au sein du Crédit Lyonnais, où il était notamment responsable du rapport d'activité, il développa l'analyse du risque pays dans le cadre de l'étude des contreparties. Il gardait le contact avec les agences de notation, déjà très puissantes en milieu anglo-saxon. Il fut appelé à présider la Société Française des Analystes Financiers (1977-1981), et à l'issue de son mandat, il en fut déclaré Président d'Honneur.
Je sais aussi qu'il était un membre assidu de la Société d'Economie Politique, une «société savante» créée au temps des Lumières et rassemblant des universitaires et des banquiers. Bernard était bien connu de ses pairs, même hors de France. Chevalier du Mérite en France, il reçut aussi une haute distinction du Royaume de Suède.
Bien que fin spécialiste, sa culture n'était pas limitée à la finance. Il avait une bonne plume qu'il utilisa notamment en étant, aux côtés de grands chartistes et historiens de l'économie, l'un des auteurs de l'ouvrage consacré à sa banque : «Le Crédit Lyonnais, 1863-1896, Études historiques». Il aimait aussi beaucoup le théâtre ; il avait, un temps, conçu une pièce et entrepris de l'écrire. Il me confia un jour qu'il était passionné du jeu d'échecs, et qu'il allait de temps à autre flâner dans l'un des coins ombragés du Luxembourg, où se rassemblent des joueurs en recherche de partenaires.
Sur un tout autre plan, sa famille l'occupait beaucoup ; il avait été très proche de ses trois enfants et l'était aussi de ses petits-enfants, dont il partageait volontiers les activités de loisirs.
Cher Bernard, ton souvenir restera ancré dans nos cours jusqu'au jour où nous te rejoindrons. Toute notre amitié à Michèle et à tes enfants ; nous ne manquerons pas de rester près d'eux par la pensée, et de tenter de soulager leur peine.