Victor DESHAYES (1849-1910)

Né le 24/6/1849 à Orléans.

Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1870 ; entré aux cours préparatoires le 9/9/1868 classé 17, puis au cycle ingénieur le 18/7/1870 classé 1, puis à nouveau le 14/3/1871, sorti le 10/6/1873 classé 2). Ingénieur civil des mines. Voir le bulletin de notes


Publié dans le Bulletin de l'association des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, octobre 1910

Victor DESHAYES, le major de la promotion sortie de l'École en 1873, le premier titulaire de la médaille d'or de notre Association amicale, est mort presque subitement le 29 juin à Troinex, près Genève, où l'état de sa santé l'avait obligé à prendre un repos de plus en plus complet depuis quelques années. Travailleur infatigable, esprit essentiellement pondéré et réfléchi, Victor DESHAYES s'était classé de suite à la tête de sa promotion. La minéralogie et la géologie l'attiraient tout particulièrement et dès 1873 paraissait, sous sa signature, au Bulletin de la Société géologique, une étude sur le gisement de cuivre de la Prugne, dans l'Allier.

Après un rapide passage aux usines Létrange, DESHAYES entrait en 1874 aux usines de Terrenoire, où il prit une part active et des plus remarquées aux nombreux essais qui se poursuivirent dans cet établissement pour la fabrication des aciers sur sole, des aciers déphosphorés, des aciers spéciaux. Il fut l'un de ces ingénieurs qui ne se laissèrent point absorber tout entier par la besogne journalière, et, pendant cette période de 1875-1882, il trouva chaque année le temps de faire paraître dans le Bulletin de la Société de l'Industrie minérale ou dans les Annales des Mines des notes et mémoires dont plusieurs ont marqué et méritent encore d'attirer l'attention ; tels sont : Rapports entre la composition chimique et les propriétés mécaniques des aciers ; classement et emploi des aciers.

Après la fermeture des usines de Terrenoire, pendant cette période si difficile que traversa la métallurgie française, DESHAYES passa successivement à Trignac, puis aux Forges et aciéries d'Alais, à la Société de Longwy et à celle de Denain-Anzin, sans trouver malheureusement pour lui un milieu où il put donner sa mesure; ce ne fut pas sans regret qu'il quitta la vie active des usines en 1891 et vint s'établir à Paris pour l'instruction de ses enfants. Habitué a approfondir toute question dont il s'occupait, DESHAYES était particulièrement apte à résumer et à mettre en lumière les progrès réalisés en métallurgie. C'est ainsi qu'il collabora activement au Génie Civil, et donna pour le supplément au Dictionnaire de Würtz des articles étendus sur la métallurgie du fer et de l'acier.

Pendant une dizaine d'années, entre 1892 et 1903, DESHAYES remplit, avec cette conscience scrupuleuse qui le caractérisait, des missions très diverses en France, en Algérie, en Espagne, en Italie, en Roumanie, en Pologne, dans le Donetz, en Sibérie et jusque dans le Turkestan et le Caucase.

Partout il cherchait à bien voir et à se garder de toute illusion dangereuse pour ceux qui seraient ultérieurement appelés à apporter le fruit de leurs épargnes pour la création d'affaires nouvelles. Il était heureux quand il pouvait assister au développement et au succès d'affaires comme celles des houillères de Sosnowicz, et nous avons encore le souvenir de ses tristesses quand il voyait péricliter, du fait d'une mauvaise gestion, des affaires sur lesquelles il avait cru pouvoir faire prévoir des résultats très différents.

Nous n'aurions point voulu laisser disparaître le camarade Victor DESHAYES sans rendre un hommage respectueux à son caractère si droit qui se joignait à une science toujours tenue, par un travail incessant, au courant des progrès nouveaux. De tels hommes sont un honneur pour notre École et pour notre profession.

E. GRUNER.