Jean Paul Alphonse CHENEVIER (1918-1998)

Epoux de Andrée DONTOT, soeur de Jacques DONTOT (1915-2001, X 1935 corps des mines). 9 enfants dont François Claude Marie CHENEVIER (né en 1944 ; X 1964, corps des mines, président d'Entrepose depuis 1999, DGA de GTM, PDG de Delattre-Levivier), Philippe Paul Marie CHENEVIER (né en 1947 ; X 1967), Étienne Michel Roland Marie CHENEVIER (né en 1957 ; X 1976). Un de ses petits-fils, Thomas François Claude CHENEVIER (né en 1974 ; X 1993) appartient au corps des mines.

Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1937), et de l'Ecole des mines de Paris. Corps des mines.


L'article qui suit a été publié dans Revue des Ingénieurs MINES, janvier 1999.

Jean CHENEVIER 1918-1998

par
Jean-Arthur VAROQUAUX [né en 1918 ; X 1937 corps des mines]

Un des membres prestigieux de l'Association des Anciens Elèves de l'Ecole des Mines de Paris vient de nous quitter.

Jean CHENEVIER est décédé le 20 juillet 1998, après deux décennies d'une lutte acharnée contre une maladie sans espoir, entraînant progressivement une paralysie générale.

Ce fut pour Jean et pour sa femme Andrée, soeur de notre camarade Jacques DONTOT (X 1935, Mines de Paris 1937, corps des mines) un combat de chaque instant contre la douleur et le déclin physique. Tous leurs amis ont admiré le courage extraordinaire de l'un et de l'autre dans cette épreuve.

La carrière de Jean CHENEVIER a été toute droite et n'a pas connu les changements d'activité professionnelle si fréquents aujourd'hui.

Après avoir participé comme sous-lieutenant d'Artillerie aux hostilités de 1939-40, il a rejoint l'Ecole des Mines de Paris en septembre 1940 pour les deux années de formation d'Ingénieur au Corps des Mines.

En automne 1942, il a été affecté à l'arrondissement minéralogique de Douai où il a suivi l'exploitation des Charbonnages non encore nationalisés. Il y a aidé nombre de jeunes frappés par le STO (Service du Travail Obligatoire en Allemagne) en les affectant à des travaux du fond.

[Il convient d'insérer ici un passage important de l'après-guerre qui est relaté par Paul GARDENT dans ses mémoires professionnels, à savoir celui où CHENEVIER fut à l'Arrondissement minéralogique de Douai et dirigea l'Ecole de Mines de Douai après le départ de P. Baseilhac aux HBNPC].

Après la Libération, il a vécu la nationalisation des Mines de Charbon, regroupées dans les Houillères du Bassin du Nord-Pas de Calais. Mais très rapidement en 1949, il a quitté l'Administration, pour entrer à la S.G.H.P. (Société Générale des Huiles de Pétrole), devenue rapidement la Société des Pétroles BP, puis BP France, filiale française du grand groupe pétrolier British Petroleum.

Il y a fait toute sa carrière, en montant les échelons hiérarchiques. Devenu Directeur Général adjoint en 1954, puis Vice-Président Directeur Général en 1964, il fut nommé Président Directeur Général en 1969, poste qu'il a occupé jusqu'à sa retraite en 1979.

Ses qualités exceptionnelles d'industriel et de gestionnaire ont été appréciées par tous ses collaborateurs et ses confrères.

Elles ont amené les dirigeants du Patronat français à demander à Jean CHENEVIER son concours pour des tâches d'intérêt interprofessionnel.

Il a été ainsi désigné en 1967 comme Président du CRC (Centre de Recherches des Chefs d'Entreprises) où il succédait au Président HUVELIN.

Cet organisme, créé en 1953 par le Président VILLIERS, comprenait deux volets :

  • un centre de formation supérieure pour les dirigeants d'entreprises à Jouy-en-Josas

  • et un organe de réflexion où les chefs d'entreprise groupés en quatre cercles d'études échangeaient des idées sur les grands problèmes auxquels était confrontée l'économie française et cherchaient à dégager des positions communes.

    Jean s'y est en particulier attaché aux problèmes de formation et de recherche.

    C'est ainsi que le CNPF lui a demandé de préparer et d'animer ses assises de Strasbourg en 1980, consacrées à la distinction entre recherche fondamentale et recherche appliquée et aux liaisons souhaitables entre les entreprises et les universités.

    L'évolution générale conduisit le CNPF à mettre fin en 1975 aux activités de formation du CRC et à créer pour lui succéder dans ses tâches de réflexion l'Institut de l'Entreprise qui existe toujours aujourd'hui et joue un rôle important dans l'élaboration des politiques des entreprises.

    Jean CHENEVIER en fut le Président de sa création en 1975 à 1982.

    Mais il ne se contenta pas d'un rôle de sage. Il eut aussi à régler des problèmes concrets. C'est ainsi qu'il prit à la fin des années 1960 la Présidence de l'ESSEC qui traversait une période de mutation difficile. Il appuya les efforts de Gilbert OLIVIER, le Directeur, pour définir avec les Chambres de Commerce de Versailles et de Rambouillet une nouvelle structure de financement de l'ESSEC et réaliser son implantation dans des locaux modernes à Cergy Pontoise. Il contribua ainsi grandement à faire de cette école une des plus brillantes écoles de gestion de notre pays.

    Jean CHENEVIER possédait des qualités humaines hors du commun.

    Appuyé sur des convictions morales sûres et aidé par une foi profonde, il possédait un charisme rayonnant, éveillant autour de lui confiance et désir de travailler avec lui à une oeuvre commune. C'était un animateur, un entraîneur d'hommes, comme il en est peu.

    Sa femme Andrée et lui eurent neuf enfants et trente deux petits-enfants, dont trente vivants. Il y a déjà sept arrière-petits-enfants, tous des garçons ! Cette grande famille leur apporta, c'est inévitable, quelques soucis, mais aussi beaucoup de joies et illumina les pénibles dernières années de Jean.

    Indiquons pour les membres de notre Association que deux de ses descendants sont d'anciens élèves des Mines de Paris - et un de l'Ecole des Ponts-et-Chaussées.

    Jean CHENEVIER, entre autres décorations, était Officier de la Légion d'Honneur et Officier de l'Ordre National du Mérite.

    Ceux d'entre nous qui avons connu, admiré et aimé Jean CHENEVIER garderont fidèlement son souvenir et son exemple.

    J.A. VAROQUAUX