Henri CHARPENTIER (mort en 1931)


Charpentier en 1891, élève de l'Ecole des Mines de Paris
(C) Photo collections ENSMP

Mort le 22/1/1931.

Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1888). Ingénieur civil des mines.


Bulletin de l'Association des Anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, 1931 :

M. Henri Charpentier, Agent général de la Société Industrielle du Nord, étant décédé le 22 janvier et devant être inhumé le 26, M. Waymel, Directeur général des Mines de Dourges, retenu par une conférence avec les Syndicats ouvriers de Douai le même jour, avait prié notre camarade Mathivet d'être son interprète auprès de la famille de M. Charpentier, auquel le rattachait d'ailleurs des liens dé parenté; M. Mathivet rédigea la notice suivante :

« Ce n'est pas tant au camarade que je veux apporter le salut de notre chère Ecole, qu'à celui qui depuis bientôt dix ans fut pour moi un ami très cher : nous ne pouvons admettre sa brutale disparition, puisqu'il y a un mois à peine, il était encore parmi nous, animant nos réunions de sa présence toujours si vivante, avec ses réparties amicales et spirituelles, marquées au coin du plus profond bon sens.

« C'est qu'au cours de ses longues randonnées de globe-trotter, H. Charpentier avait appris à connaître les hommes, et cette expérience humaine lui fut précieuse dans l'accomplissement de ses délicates fonctions d'Agent Général de la Société Industrielle.

« Après de fortes études au Lycée Louis-le-Grand, H. Charpentier entra à l'Ecole Supérieure des Mines de Paris en 1888 et dès sa sortie de l'Ecole se spécialisa dans les questions de géologie et de prospection : son premier travail important fut l'établissement de cette belle carte du bassin houiller du Nord et du Pas-de-Calais, qui, depuis quarante ans reste la charte géologique de tous les exploitants de ce bassin.

« Marié de bonne heure à celle que nous pleurons tous et qui devait rester sa compagne des bons et des mauvais jours, Charpentier pendant vingt années parcourut le monde, en y cherchant tantôt du pétrole, tantôt de l'or et quelquefois du cuivre; l'Asie et particulièrement l'Indochine, l'Améfique du Nord et du Sud, l'Espagne, l'Autriche et la Pologne le virent tour à tour, cherchant à trouver dans leurs flancs l'huile minérale ou des minerais productifs.

« Il partait souvent seul, laissant sa jeune femme à Lille, gardienne vigilante du foyer, pour soigner les trois jeunes enfants qu'elle lui avait donnés; quelquefois il pouvait l'emmener avec lui, et ce lui était une joie profonde de faire participer sa compagne à la connaissance progressive de l'univers et aussi aux trésors de sa grande érudition.

« Puis ce fut la terrible tourmente de 1914-1918, tourmente qui devait coûter la vie à leur fils aîné, et qui valut à Charpentier pour sa belle conduite comme Officier d'artillerie, la Légion d'Honneur et la Croix de Guerre. Revenus à Lille dès la fin de 1918, Charpentier et sa femme reconstituèrent leur foyer et c'est à ce moment que M. le Député Nicolle choisit notre camarade pour succéder à M. Wallon comme agent général de la Société Industrielle.

« Nous savons tous avec quel brio Charpentier s'acquitta de ses fonctions et nous, ses Camarades de l'Ecole des Mines, nous savons avec quelle affectueuse sympathie il nous accueillait à Lille, tantôt à son bureau de la Société Industrielle, tantôt à son foyer même et nous nous rappelons quel charmant sourire il avait pour souhaiter à chacun la plus sympathique des bienvenues : il fut dans nos réunions lilloises le meilleur des animateurs et son nom restera attaché au souvenir de nos trop rares réunions.

« Mais ce grand voyageur se trouva subitement fatigué il y a quelques mois et le mal qui devait l'emporter s'accusa irrémédiable malgré les soins dévoués de sa femme et de ses enfants; cependant Dieu n'a pas voulu que ce ménage uni puisse être séparé par la mort et quelques jours avant le départ de Charpentier sa femme fut enlevée la première : nous adressons donc à ses enfants si profondément accablés l'hommage de notre douloureuse sympathie, devant le double malheur qui les a frappés. »

J. Mathivet (1896).