AIR : Mes bons amis, pourriez-vous m'enseigner, etc.
Nota. Les premiers élèves, qu'on peut appeler les fils ainés de l'École Polytechnique, instituèrent, dés 1798, et continuèrent depuis, par les soins de MM. Rohault et Rendu, leurs anciens condisciples, une réunion amicale qui a toujours lieu. Ce fut à l'un des joyeux repas dont celle réunion est l'objet, que cette chanson fut chantée , pour la première fois, eu 1798. L'impression en ayant été demandée par les convives, on a pensé qu'il convenait d'y joindre quelques notes.
Qui le croirait, trois cents jeunes rivaux,
A l'École Polytechnique,
Vivaient heureux, vivaient libres, égaux ,
En l'an trois de la République !
Règne sur nous, aimable souvenir
De l'École Polytechnique !
Nos premiers jeux, d'un heureux avenir
Sont pour nous le gage authentique ;
Oui, ces noeuds fraternels
Sont sacrés, éternels
Comme les lois de la physique ;
Et si jamais les passions
Veulent les rompre , amis, pensons
A l'École Polytechnique.
Tous les objets, tous nous rappelleront
Notre École Polytechnique;
Vaisseau, Canon, Fort, Carte, Mine, Pont,
Et toi Lebrun, et toi, digne soutien
De l'Ecole Polytechnique,
AIR : Malgré la bataille.
A cinq heures sonnées
On entend les tambours
Faire leurs tournées
Dans les alentours :
Le maudit réveil
Vient d'un doux sommeil
Tirer nos esprits
Et nous fait fuir nos lits.
AIR:
Rostan, quand l'ordre commande,
Ne connaît plus de repos ;
Il arrive, nous gourmande
En nous adressant ces mots :
Bonjour, Messieurs,
Allons donc , que vos lits soient bien
Rangez sans tapage
La planche à bagage :
L'officier pourrait bien passer
Et consignerait
Pour chaque lit mal fait.
Lavez-vous à la fontaine
Afin de mieux vous porter ;
L'eau toute fraîche est fort saine ,
Je puis vous le protester
Levez-vous dès les premiers coups
Qu'on bat sur la caisse,
Et Messieurs sans cesse,
Vous verrez que vous en serez
Beaucoup mieux portants,
Et surtout plus contents.
AIR : Pégase est un cheval qui porte
Au roulement on se rassemble
Et réunis à ce signal,
Nous descendons tous ensemble
Dans la chambre du caporal :
Celui-ci d'une voix bien haute
Fait l'appel très-distinctement,
Et le sergent-major sans faute
Consigne chaque élève absent. (bis.)
AIR : Je suis envoyé de Cythère.
Aux trois coups, chacun travaille ;
L'étude est libre au malin :
L'un encore endormi bâille,
L'autre feuillette un bouquin.
On repasse sa chimie ,
On achève son dessin ,
On lit sa géométrie ,
Plus souvent on ne fait rien.
AIR : Aussitot que la lumiere
Sur la différentielle
On ne peut toujours pâlir ;
Le déjeuner nous appelle,
Au pain vite il faut courir.
Un flacon plein d'eau bien claire
Avec un croûton de pain
Composent notre ordinaire
Et suspendent notre faim.
AIR : Du pas redoublé
Mais aussitôt à nos exploits
S'ouvre un vaste théâtre ;
Nous voulons entrer à la fois,
Dans notre amphithéâtre ;
Oxydant, fondant les métaux,
Dans un creuset cherchant la gloire
Tôt, tôt, tôt, battez chaud,
Bon courage !
Il faut avoir coeur à l'ouvrage.
AIR : Bouton de rose.
C'est la saucisse,
Ce mot divin pour un gourmet,
Par un innocent artifice
Qui prend la place du creuset,
C'est la saucisse. (bis.)
AIR :De la Trénis.
Le creuset renversé
Est soudain remplacé
Par un boudin placé
Sur un gril bien serré ,
Le foyer embrasé
Du fourneau rallumé
A petit feu,
Rôtit ce mets des dieux.
Voyez le chimiste
Abjurant son air triste
Sourire en apprêtant
Ce déjeuner friand:
Son front si rêveur
Est maintenant sans un nuage ,
Et de son visage
A disparu tout air boudeur.
AIR : A boire, à boire.
Alerte, alerte, alerte !
Vite et tôt qu'on déserte !
Voilà Moineau qui suit nos pas,
Et vous savez qu'il ne rit pas :
Il a vu la rubrique ,
La cuisine chimique
De nos boudins n'a pas l'odeur ,
Amis, amis, gare au mangeur !
Exempt de toute crainte ,
Moineau fera sa plainte ;
La prison
Lui fera raison.
Voyez où conduit
L'appétit.
AIR : Bouton de rose.
De l'hydrogène
On peut parfois bien se lasser ,
Aussi nos chimistes sans peine,
Font le projet de renoncer
A l'hydrogène.
AIR : De Calpigi
Pour obtenir de l'hydrogène
Prenez un tube en porcelaine ;
Mettez-y du fer et de l'eau,
Placez le tout sur un fourneau (bis.)
L'eau par le feu décomposée
Est par là même analysée :
L'oxygène s'unit au fer.
L'hydrogène s'en va dans l'air (bis.)
AIR : Ma foi, c'est un triste soldat.
Nous ne sommes pas de ces gens
Qui ne vivent que pour la gloire ,
Et qui, pour devenir savants ,
Perdent le manger et le boire :
Courons donc, mes amis, courons.
On nous appelle au réfectoire ;
Courons donc, mes amis , courons,
En dépit des jaloux, dînons.
Nous connaissons le prix du temps ,
Aussi l'on mange en diligence ;
Notre refrain depuis longtemps
Est promptitude et tempérance.
Courons donc, etc.
Jadis à la frugalité
La Grèce avait bâti des temples ;
Mieux que par ce culte vanté
Nous la prêchons par nos exemples.
Courons donc, etc.
AIR : Mèche allumée et Rantanplan.
Messieurs, gardez-vous bien de croire
Que bons aux d-x- seulement
Nous ne recherchions d'autre gloire
Que celle qui suit le savant.
Quand il le faut dans une armée
Nous nous distinguons vaillamment ;
Rli, rlan, à main armée,
Mèche allumée,
Et ran tan plan, tambour battant.
C'est pour nous former à la guerre
Que dans la cour nous manoeuvrons :
Une ardeur noble et militaire
Vient animer nos pelotons,
En attendant qu'en Angleterre
Nous fassions ronfler nos canons.
Pi pan, à main armée ,
Mèche allumée,
Et ran tan plan , tambour battant.
AIR : Fidèle époux, franc militaire.
En attendant le jour propice
Où nous pourrons nous distinguer ;
Aussitôt après l'exercice,
Nous piochons sans nous fatiguer ;
Pour utiliser notre vie ,
Nous ne négligeons jamais rien :
Sciences, beaux-arts, gloire et patrie,
Voilà notre plus cher refrain.
AIR : De la Veillée.
L'horloge à la fin nous rappelle
Le terme des travaux du jour ;
Rassemblés au son du tambour
Nous retournons à la gamelle
Joyeus, exempts de tous chagrins
Nous remontans à la chambrée ;
Et chacun s'efforce de bien
Égayer (bis) la soirée.
AIR : De M. Vautour.
L'un, s'armant de son violon,
Nous racle une sonate :
Un autre à la procession
Fait résonner une cantate :
D'autres en femmes travestis
Du bal vont faire les délices ;
Momus anime les esprits
Dans ces instants aux jeux propices.
AIR : Du haut en bas.
Enfin la paix
De chez nous bannit la discorde ;
Enfin la paix
Vient ici régner à jamais.
Maintenant les querelles cessent
Et les jeux innocents renaissent
Avec la paix.
AIR : Lurette, ah! ma tante Lurette.
Jadis pour amusette
Dans la cour on chantait
Certaine chansonnette,
Dont le refrain était
Lurette ! ah ! ma tante Lurette.
Sensible à l'harmonie,
C'était à qui dirait
Ces vers, fruits du génie ,
Et chacun répétait : Lurette ! ah! etc.
Par des ordres sévères
Ces jeux sont défendus ;
Las ! réduits à nous taire,
Nous ne chanterons plus Lurette ! ah ! etc.
AIR :
On a battu le roulement ;
Dans nos lits nous cherchons gaiement
Remède à l'insomnie ;
On bavarde encore un moment;
Puis l'on s'assoupit promptement
Et l'on répète en s'endormant :
Bonsoir la compagnie.
Voilà tout le monde endormi ;
Allons, chansonnier mon ami,
Silence , je te prie :
Si tu ne le fais promptement,
Tes auditeurs déjà bâillant
Pourraient bien dire en s'endormant :
Bonsoir la compagnie.
Mis en html et sur le web par R. Mahl en 2005