Gustave BRAURE (1861-1924)

Né à Saint Omer, le 6 septembre 1881. Marié en 1900 ; deux fils, une fille.

Ecole preparatoire Saint-Geneviève. Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1881 rattaché à la promo 1883, sorti en 1886 après une année de service militaire dans l'artillerie à Douai). Ingénieur civil des mines.

Il entre aux mines de Noeux en 1887, y reste jusqu'en 1891, trouve sa situation définitive le 1er décembre 1892 aux mines de l'Escarpelle.


Publié dans le Bulletin de l'association des anciens élèves de l'Ecole des Mines (mars 1924)

Discours prononcé par M. Dubernard aux funérailles de M. Braure, le 28 janvier 1924.

Au moment où va s'éloigner de nous pour toujours celui que nous eûmes pendant plus de vingt-cinq années comme collègue et collaborateur, qu'il me soit permis au nom des Ingénieurs et du Personnel de la Compagnie de l'Escarpelle, de venir lui rendre un suprême hommage et de retracer brièvement cette carrière qui s'est déroulée pour la plus grande part a nos côtés.

Entré au service de la Compagnie des Mines de l'Escarpelle en 1892, Gustave Braure lui consacra trente et une années du dur labeur d'ingénieur du fond, entièrement passées à cette fosse n° 6 de Leforest, dont il vit presque éclore les premiers travaux.

Ingénieur prudent et soucieux de la sécurité, il put traverser heureusement cette longue période sans mauvaises surprises, tout en développant la production dont il avait la charge. Dans nos réunions, ses avis étaient rarement écartés, et il excellait à retenir l'attention sur les points les plus délicats de la discussion.

Ponctuel et consacrant avec la plus parfaite conscience tout son temps à son service d'ingénieur, il avait toujours obtenu le respect et le dévouement de la part de ses subordonnés.

Très juste vis-à-vis de ses ouvrières, il avait toute leur estime et leur confiance.

La déclaration de guerre en 1914 ne l'appelait pas à la défense de la patrie, dégagé qu'il était, à cette époque, de ses obligations militaires; il resta à son poste et subit, comme tant d'autres, l'invasion et l'occupation ennemie.

Son épouse dévouée et ses trois enfants partagèrent avec lui ces années de joug. C'est pendant cette dure période que son affection paternelle put se manifester le mieux. Ses fils se trouvant dans l'impossibilité à peu près complète de poursuivre leurs études, il entreprit d'y suppléer lui-même, et parvint à mener à bonne fin cette tâche, reprenant parfois pour son compte personnel l'étude de certaines branches qu'il avait trop perdues de vue.

En octobre 1918, évacué avec les siens dans la région de Valenciennes, puis en Belgique, il put un instant concevoir les plus cruelles inquiétudes sur le sort de l'un de ses fils, enlevé par l'ennemi et séparé brutalement de ses parents.

Les souffrances de l'occupation et les cruelles émotions de l'évacuation avaient contribué à ébranler son excellente constitution.

Il reprit néanmoins son service dès le début de 1919 et participa avec le plus entier dévouement à la restauration des installations et à la reprise des travaux.

C'est en octobre 1923 que Gustave Braure prit sa retraite ; il était venu se fixer ici, au voisinage de Lille, afin de faciliter à ses fils l'achèvement de leurs études. Le souci de procurer à ses enfants les meilleures armes pour les dures luttes de l'existence avaient en effet toujours été au premier plan de ses préoccupations et, profondément dévoué aux siens, c'est à ses devoirs de père de famille qu'il consacrait tous ses loisirs. Mais voici que brutalement la mort l'arrache à ses plus chères affections, et précisément à l'instant où il lui était, permis de prendre un repos justement mérité. Qui nous aurait dit, lorsqu'il prit congé de nous il y a quatre mois à peine, que nous ne le reverrions plus.

Confondus par cette cruelle fatalité et cette disparition si prématurée de Gustave Braure, nous nous inclinons devant sa vénérable mère, son épouse admirable et ses chers enfants, et nous les prions de nous laisser partager leur deuil. Puissent les consolations bien amicales et bien sincères que nous leur npportons, atténuer un peu leur profonde douleur.

...

Nous n'avons rien à ajouter à ces éloges bien mérités, si ce n'est que notre camarade fut récompensé de la tâche qu'il avait assumée pour l'achèvement des études de ses fils, puisqu'il eut la joie, avant de mourir, de les voir réussir à leurs examens.

Nous, ses camarades, spécialement ceux de la promotion 1883, nous nous joignons à M. Dubernard pour adresser à Mme Braure, à ses enfants et à toute sa famille, nos condoléances les plus attristées et l'expression de notre affectueuse sympathie.

Connaissant leurs sentiments éclairés de Foi et d'Espérance, nous sommes assurés qu'ils y trouveront le meilleur soutien dans une si grande épreuve.

L. Vautier (ancien élève de l'Ecole des mines de Paris, promotion 1883).