Vincent BERGER (1925-2007)

Ancien élève de l'Ecole des mines de Saint-Etienne (promotion 1947). Ingénieur civil des mines.


Publié dans Mines, Revue des Ingénieurs, mai-juin 2007 :

Vincent BERGER nous a quittés le 10 janvier dernier après une vie professionnelle d'une richesse et d'une variété peu communes, car presque entièrement tournée vers les différents gisements d'Afrique.

Né en 1925 à Paris, ses parents et lui partent en 1940 à Casablanca où il fait ses études secondaires.

À 15 ans. il est profondément marqué par la disparition de son frère aîné tué le 19 juin 1940. Ce qui ne l'empêche pas d'être à 18 ans mobilisé dans l'armée d'Afrique. Il part à Alger où il est versé dans l'aviation qui va devenir la passion de toute sa vie.

Après la guerre, il reprend ses études et rentre à l'École des Mines de Saint-Étienne en 1947 dans la promotion spéciale militaire.

À sa sortie il fait un stage en Oubangui en Afrique Centrale, se marie en 1950 et part avec sa jeune épouse à Berberati où il doit mécaniser et moderniser l'exploitation de diamants, visiter tous les chantiers et les prospecteurs parfois lointains et donc parcourir des kilomètres de brousse. Ceci s'ajoutant au fait d'être souvent, avec sa famille, très isolé au coeur de l'Afrique, l'incite à repasser ses brevets de pilote, à louer un petit avion monomoteur, malgré des pistes très limitées et l'absence de radio, et, en plus de ses parcours professionnels "trimballer" la dite famille en Afrique, puis en Europe. Il était très fier et à juste titre de ses 10 000 heures de vol et de son brevet de pilote "aux instruments" grâce auquel il put embarquer les siens plus loin, plus haut et par tous les temps en Afrique et dans toute l'Europe dans son piper bimoteur, ce qui lui valut de la part de ses enfants une confiance et une admiration sans bornes.

Au total il traversera 34 fois le désert du Sahara.

En 1953, il dirige un groupe d'exploitation d'or au Moyen Congo à Kélé. Puis il est à N'Délé dans le Nord de l'Oubangui. Au total, il passera avec sa famille 15 ans dans l'Oubangui.

En 1965, après un bref retour à Paris avec son avion, il a une nouvelle mission dans une société d'exploitation de phosphates à Kpémé au Togo, tout près de la capitale Lomé, où il se fait avec son épouse de nombreux amis et dont ils garderont un excellent souvenir.

Retour à Paris en 1973, où il devient directeur dans un tout autre domaine du Joint Français et découvre les grèves et les rapports avec les syndicats.

En 1980, il repart au Gabon à Moumana dans l'exploitation d'uranium proche de Franceville, avec un pied à terre à Libreville, car il est souvent sollicité par le Président Bongo.

En 1983, il démissionne pour des raisons "d'éthique" et rentre à Paris.

La pente naturelle de générosité de Vincent va alors lui faire vivre une retraite particulièrement active et une vie associative dans plusieurs activités bénévoles :

Tout d'abord les trois associations d'Anciens Élèves des Mines nécessitent d'être regroupées pour des actions communes plus efficaces et c'est ainsi qu'est créé Intermines dont Vincent Berger assurera la Présidence avec une équipe compétente dans des domaines variés : participations à de nombreuses commissions, colloques, etc.. ; recherche de carrières ; organisation de nombreux voyages souvent originaux et de sorties de toute nature... Par ailleurs, Vincent Berger avait conservé beaucoup de relations professionnelles et amicales dans les différents sites d'Afrique où il avait vécu, particulièrement au Togo et se dévoua à l'Association France-Togo dont il fut longtemps le trésorier. Vincent dut interrompre ses nombreuses activités en 2002, handicapé par sa maladie d'Alzheimer qui ne permettait aucun espoir.

Que Colette, son épouse, ses quatre enfants et ses dix petits-enfants dont il était si fier, soient assurés que nous tous et ses très nombreux amis, ainsi que tous ceux qui l'ont connu dans sa vie professionnelle, conserveront de Vincent le souvenir d'un homme chaleureux, dynamique, plein d'humanité et d'humour qui, comme l'exprima si bien sa fille lors de ses obsèques, "sut mener à son terme sa vie avec ce qui lui tenait le plus à coeur, sa famille, son métier et sa passion de l'aviation".

F. PAOLlNl (E 47)