Ancien élève de l'Ecole des mines de Saint-Etienne (promotion 1942). Ingénieur civil des mines.
Publié dans MINES Revue des Ingénieurs, novembre-décembre 2011, n° 457
Mon cher Jean, tu nous as quittés le 20 juillet dernier, discrètement, dans ton sommeil, comme si tu voulais, par ce dernier voyage, faire preuve d'une ultime gentillesse et d'une marque d'amour en évitant à ta famille, à tes proches et tes amis de te voir des semaines et des mois te battre contre d'insupportables souffrances.
Quelques jours avant tu t'occupais encore avec ta famille de l'organisation de ton 90ème anniversaire et avant de partir pour ce long sommeil, conscient et naturel tu avais eu un long entretien avec l'un de tes petits-fils. N'est-ce pas la meilleure façon de partir pour celui qui s'en va ?
Tu es né le 1er novembre 1921 près de Lyon. Tu as poursuivi tes études secondaires au lycée Ampère où nous nous sommes retrouvés dans la même classe de 3ème en 1936 pour ne plus nous quitter pendant plus de 25 ans.
Comme tous les jeunes que nous étions, tu as subi les conditions difficiles et dangereuses de la guerre, rationnement, insécurité, inquiétude de l'avenir, etc. Tu as satisfait aux obligations des Chantiers de jeunesse en 42/43 mais aussi plus durement en 43/44 à celles du STO (service du travail obligatoire) imposé par les nazis et que tu as effectué comme ouvrier au fond de la mine tout en poursuivant tes études.
En été 46 ton diplôme de l'École obtenu dans un excellent rang en poche tu pouvais démarrer ton rêve de toujours d'ingénieur dans une entreprise de travaux publics.
Avant d'évoquer ton parcours il faut rappeler ton mariage dès ta sortie de l'École avec Renée, une charmante jeune fille, qui t'attendait depuis longtemps ; il me souvient qu'un soir à la sortie du lycée elle était venue te chercher ce qui m'a permis de faire sa connaissance, début d'une profonde amitié.
Tu as eu le malheur de perdre Renée décédée prématurément en 1985. Vos trois enfants t'ont accompagné jusqu'à ton dernier jour avec leurs huit enfants et douze petits enfants. La famille était tout pour toi et elle te le rendait bien.
Tu es rentré dès l'automne 1946 dans l'entreprise Bachy, maintenant connue sous le nom Soletanche Bachy rattachée au groupe Vinci. Tu y as débuté à l'agence de Saint-Étienne où tu avais été embauché par son directeur, un de nos anciens Henri André de la promo 36.Ton travail était une véritable passion. Tu nous en as appris sur les forages, l'étanchéité, la résistance des sols, les injections, les fondations, les ancrages, les barrages.
En 1960 on te confie la direction de l'importante agence de Marseille, mais cela ne te suffit pas : tu crées et développes l'activité de ta société en Italie.
La retraite te laissera plus de disponibilités pour ta famille que tu adores et pour tes passe-temps favoris : tes pipes, la chasse, le foot avec les verts de Saint-Étienne, l'aide précieuse à tes amis en difficulté, sans oublier tes voyages touristiques dans les plus beaux sites de toute l'Europe, les croisières en Méditerranée. De tout cela tes enfants et tes proches pourront en parler encore longtemps en se souvenant de toi.
Mon cher Jean tu as été pendant 75 ans l'un des deux meilleurs amis dont j'ai le plus apprécié dans nos relations la présence, la sincérité, la fidélité et l'amitié.
Ce sont les sentiments de tous tes camarades de l'École au nom desquels je te dis «au revoir Jean».
Maurice Berger (E43)