Edgard AUGUIN (1844-1902)


Auguin en 1868, élève de l'Ecole des Mines de Paris
(C) Photo collections ENSMP

Ancien élève de l'Ecole des Mines de Paris (promotion 1865). Ingénieur civil des mines.


Publié dans le Bulletin de l'association des anciens élèves de l'Ecole des Mines, juin 1902 :

Discours prononcé le 7 juin 1902
par Paul LEMONNIER, président de l'association des anciens élèves
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M. AUIGUIN (Edgard) était né à Paris le 24 février 1844.

Il entra comme élève au Petit Séminaire de la rue Notre-Dame-des-Champs, puis continua ses études au lycée Louis-le-Grand.

Ce fut là qu'il se prépara à l'École des Mines, où il entra en 1865. Il sortit de 1 École des Mines en 1868 avec son diplôme d'ingénieur.

Quand la guerre de 1870 éclata, il se montra un vrai patriote; il s'engagea dans l'artillerie où il fut rapidement nommé lieutenant. Il combattit comme un brave, mais grièvement blessé au pied il fut dans l'impossibilité de continuer.

La guerre terminée, il se maria avec Mlle Klein de Chaumont.

Il entra alors comme rédacteur au journal Le Vosgien, à Épinal, qu'il quitta pour être rédacteur en second au Journal de la Meurthe et des Vosges, sous M. Lemachois, rédacteur en chef.

Il prit plus tard la succession de ce dernier et occupa cette situation jusqu'en 1889.

C'est alors qu'il voulut se retirer loin des bruits de la politique et de la lutte des partis ; il trouva une voie nouvelle qui l'attirait tout particulièrement.

" La Lorraine agricole " s'étant transformée en " Lorraine industrielle ", il était nécessaire de créer un organe spécial et de mettre à sa tête un homme pouvant donner toutes les garanties de valeur morale et de compétence.

Or, Edgard AUGUIN était l'homme qu'il fallait.

De là est née la création de la Revue Industrielle de l'Est.

Edgard AUGUIN fut un littérateur distingué. Il a laissé plusieurs ouvrages très remarquables dans cet ordre d'idées, tels que :

La monographie de la cathédrale de Nancy ; la Lorraine illustrée ; les Plages belges, etc., où son crayon délicat excellait à retracer les plus charmants paysages et où on ne sait quoi le plus admirer ou de l'extrême précision du détail ou des aperçus d'un esprit fin qui étincelle à chaque page.

Comme critique d'art, il fut très apprécié. Sa plume, en effet, si animée et si vivante, son antipathie véhémente pour les choses de mauvais goût, sa prédilection passionnée pour ce qui est noblesse de sentiments, élévation des idées, beauté de la forme, rendaient ses causeries des plus intéressantes, et c'est précisément ce côté tout personnel de sa critique empreinte d'originalité qui en assurait la supériorité sur cette critique ondoyante, indécise, derrière laquelle il est impossible de discerner la pensée véritable de l'écrivain.

Dans l'intimité, Edgard AUGUIN fut un causeur charmant ; sa conversation était fine et spirituelle. Sa merveilleuse mémoire était remplie d'inépuisables souvenirs qu'il aimait à raconter avec une verve exquise et un tour tout à fait original.

Ses qualités morales ne le cédaient en rien à ses qualités intellectuelles. La droiture et la loyauté étaient innées en lui. Ce fut une noble vie que la sienne, vouée tout entière au travail et aux délicates joies de l'esprit.

De pareils hommes sont rares et ceux-là pourraient bien être non-seulement les sages mais les heureux qui, se dérobant aux mirages de l'action et aux contradictions de la lutte, n'ont point voulu être autre chose que des admirateurs éclairés du Beau, des chercheurs obstinés du Vrai et des serviteurs désintéressés de la pensée.