Décédé le 24 novembre 2011.
Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1949).
Ingénieur civil des mines.
Publié dans MINES Revue des Ingénieurs, Janvier/février 2012 N° 458.
C'est à la fin du mois dernier, qu'avec une émotion bien compréhensible les octogénaires de la 49 ont appris la disparition de leur camarade Marc ALBO. La nouvelle nous vint de sa sœur, sa seule parente proche. Les nombreuses dyalises auxquelles il devait se soumettre l'avaient condamné depuis de nombreux mois à une hospitalisation à domicile, qui le privait pratiquement de relations avec l'extérieur. Mon dernier contact téléphonique avec lui date de 2010 ; il avait été assez long pour m'attester que si le corps était malade, l'esprit restait aussi vif que jamais.
Marc était en apparence un solitaire, mais s'il fuyait la société en général, il gardait fidèlement le contact avec les amis, les choses et les gens qui l'intéressaient. C'est ainsi qu'il était jusqu'au début de 2010 un fidèle de nos déjeuners à Paris et de nos petits déplacements de promotion en France. Au cours de sa vie professionnelle, il avait fait la connaissance d'un géologue italien, M. Beneo. Marc s'en était fait un ami, et l'avait invité à partager certaines de nos activités. L'intéressé s'était révélé absolument charmant, au point que nous l'avions promu «Membre d'Honneur de la 49». Avec l'aide de M. Beneo, Marc avait alors organisé un voyage en Italie qui se révéla très intéressant pour ceux, malheureusement peu nombreux, qui y participèrent.
Au siècle dernier, quand nous étions à l'École, Marc, comme nombre d'entre nous, résidait à la Maison des Mines. Il était toujours prêt à prendre part et même à organiser nos diverses activités telles que les revues et les petits bals. Il fut pendant un an le Délégué de la 49, désigné si je puis dire par consensus.
Toute sa carrière professionnelle se déroula à la Compagnie Générale de Géophysique (aujourd'hui CGG-Veritas). Comme il a toujours vécu seul sans fonder de famille, il était facile à son employeur de l'expédier dans les endroits les plus divers et souvent les plus reculés de la planète. C'est ainsi qu'il travailla en Italie, mais aussi en Chine Occidentale. J'ai eu l'occasion de m'entretenir avec lui de cette expatriation dans le Bassin du Tarim et autour de la capitale Urumshi. La région est peuplée d'Ouigours, des gens tout à fait distincts des Chinois proprement dits, et qui se considéraient, au moins à l'époque, comme des indigènes soumis aux colonisateurs chinois. Entre 1984 et 1987, je m'étais moi-même intéressé à cette région pour le compte d'ELF, sans réussir à convaincre les autorités chinoises de nous autoriser à y travailler. Ce que Marc me raconta de sa vie de tous les jours chez les Ouigours, m'avait subjugué. J'admirais la précision de ses descriptions, et sa gentillesse pour des gens dont les Chinois tentaient d'empêcher tout contact avec les étrangers. Tout cela expliquait aisément mon échec.
Au pays, je ne sais si, lorsqu'il en avait l'occasion, Marc pratiquait un sport. Par contre, j'ai des preuves qu'il était un supporter enthousiaste de l'équipe de rugby de Castres.
Sous son apparence d'ironie facile, dissimulant derrière un sourire la plupart de ses secrets, Marc Albo était, j'en suis convaincu, un homme d'une grande sensibilité, prêt à donner beaucoup de choses aux autres au nom de l'amitié. Que ses proches sachent bien que son souvenir restera gravé dans nos cœurs jusqu'à ce que nous soyons appelés à le rejoindre.
Pierre Moussel (P49)