Jules AGARD (1916-2003)

Ancien élève de l'Ecole des mines de Saint-Etienne. Ingénieur civil des mines.

Jules AGARD est né le 21 novembre 1916 à Grenoble, et décédé en février 2003. Son père était Jules AGARD, et sa mère Hortense THIERVOZ. Il a épousé Yvette AGARD et a eu 2 filles.


Jules AGARD (E36)
par Edouard Fauvelet (P 40)

Publié dans MINES Revue des Ingénieurs, Juillet/septembre 2003 N° 405 p.64.

Avec Agard qui vient de nous quitter en février dernier, disparaît un des derniers géologues et gîtologue de quelque renom que nos Ecoles ont formés dans un passé maintenant révolu.

A sa sortie de l'Ecole des Mines de St-Etienne, en 1939, il est mobilisé et participe à la guerre. Démobilisé en 1940, il se retrouve Chef de travaux à cette même école tandis qu'il obtient à Lyon une licence de géologie et minéralogie. En 1941, il est recruté au service géologique du Maroc à Rabat, où il est rejoint par François Permingeat, un de ses camarades de promotion.

Lors du débarquement des Américains en 1942, il est de nouveau mobilisé et se retrouve en campagne jusqu'en 1945. Ses brillants états de service militaire lui vaudront la croix de guerre.

Agard est de retour à Rabat en janvier 1946. Il y prend la tête d'un service, dont la création, à la Direction des Mines et de la Géologie du Protectorat, est justifiée par le potentiel minier et géologique considérable du Protectorat : le Service d'Etudes de Gîtes Minéraux (SEGM). C'est dans ce cadre que, pendant une vingtaine d'années, il animera une équipe de gîtologues, minéralogistes, chimistes qui se consacreront à l'étude scientifique des gîtes miniers marocains. Longtemps ce service n'aura aucun équivalent dans les pays de mouvance française, y compris la "métropole", et sera considéré comme un modèle. Ce succès est en grande partie dû aux qualités humaines d'Agard et à son talent d'organisateur. Les tâches administratives ne l'empêchèrent pas, loin de là, d'effectuer lui-même, sur le terrain, des études de gisements, lesquelles, ainsi que celles de ses collaborateurs, ont fait l'objet de nombreuses publications et cartes : en particulier une monographie, la "géologie des Gîtes Minéraux Marocains", sortie à 6 000 exemplaires lors du Congrès Géologique d'Alger en 1952, et qui a longtemps fait autorité.


L'espce minérale agardite a été définie initialement par Jacques Emile DIETRICH (1926-2009) qui l'avait trouvée à Bou Skour (Anti-Atlas marocain) et l'a dédicacée à Jules AGARD.
Le Cahier des Micromonteurs, n. 106, avril 2009.

Comme beaucoup de ses compatriotes qui n'envisagèrent jamais de quitter volontairement le Maroc à la fin du Protectorat, Agard est resté à son poste après l'indépendance, en 1956, et cela jusqu'en 1966 où il fut obligé de regagner la France pour des raisons familiales.

Il rejoint aussitôt le Bureau de Recherche Géologiques et Minières à Orléans. Il y met à profit son expérience et sa culture scientifique pour promouvoir l'activité du département chargé des études métallogéniques. Il s'occupe en particulier de la publication de carte métallogéniques. Il reste conseiller du Service Géologique du Maroc, où il se rend chaque année, pendant deux mois.

Il prend sa retraite en 1981 mais il continue, pendant quelques années, à mener à bien certaines études géologiques, tout en conseillant de jeunes géologues marocains qui lui rendent visite.

On ne saurait mieux évoquer notre camarade que l'a fait le Professeur Eugène RAGUIN lorsqu'il écrivit : "L'oeuvre scientifique de Jules AGARD est considérable, et brillante en dépit de la modestie qu'il a toujours pratiquée. Je pense qu'elle a une valeur d'éternité, comme un acte de foi ou une prière".

E. Fauvelet (P 40)


Moulay Ahmed Alaoui, ministre de l'industrie et des mines, a remis en juillet 1966 les insignes de commandeur du Ouissam Alaouite à M. Jules Agard, chef du service des études, des gîtes et des minéraux, au moment de son départ définitif vers la France après plus de 25 ans d'activité au Maroc. Entre les deux, Mohamed DIOURI, qui fut chef de la division de la géologie au ministère, puis fut secrétaire général du BRPM puis président de COMABAR.

Photo aimablement transmise par son épouse, Yvette AGARD.
Merci aussi à Karine MULLER-MARIN, petite-fille de Jules Agard.
Merci à El Mouloudi ARSALANE, ingénieur en chef des mines et chef de la division du développement minier à Rabat, qui a contribué à la légende de cette image.
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Extrait d'une lettre que M. Eugène RAGUIN a adressé à Yvette AGARD en 1993 (il avait 93 ans)
C'est en 1952 qu'avec son équipe du S.E.G.M. ils ont publié
"La géologie des Gîtes Minéraux Marocains" (prix Joseph Labbé).