COMITÉ FRANÇAIS D'HISTOIRE DE LA GÉOLOGIE (COFRHIGEO) (séance du 6 décembre 2000)
La Fondation Enrico Monti avait prévu de célébrer le bicentenaire de la mort de Horace-Bénédict de Saussure (1740-1799) en publiant la traduction en italien de larges extraits de son Troisième Voyage, de Genève au lac Majeur, et de son Voyage autour du mont Rose. La préparation de l'ouvrage fut finalement quelque peu retardée par la volonté de confronter les textes imprimés au Journal manuscrit que tenait Saussure, si bien que le volume porte le millésime 2000. C'est un très beau livre fort bien imprimé, comme savent si bien les concevoir et les réaliser nos amis italiens.
L'ouvrage débute par un mémoire introductif de Luigi Zanzi qui a pour but de replacer dans leur contexte historique et culturel les Voyages dans les Alpes. L'auteur y met à profit la coïncidence des dates du début de la Révolution française et du départ de Saussure pour le mont Rose pour tenter d'attribuer à celui-ci une signification symbolique en le considérant comme le point de départ de l'exploration scientifique de la montagne. Puis est évoquée la dynastie familiale dont descend ce savant qui cherchait à acquérir, du haut des sommets qu'il gravissait, une vision globale de la chaîne des Alpes, dans l'espoir de faire progresser sa propre théorie de la Terre. Est également souligné le rôle de Genève comme foyer intellectuel favorable aux recherches alpines en raison de sa situation privilégiée au cœur de ces montagnes.
On regrettera que la bibliographie qui complète le mémoire introductif soit si parcimonieuse. On aurait notamment aimé y trouver les références de la douzaine d'études que, de 1976 à 1998, Albert Carozzi a publiées sur l'œuvre géologique de Saussure. Au minimum s'imposait celle de sa contribution au livre édité par J. Trembley (1987) : Les savants genevois dans l'Europe intellectuelle du XVIIe au milieu du XIXe siècle car il y consacre à l'œuvre du géologue genevois une vingtaine de pages fondamentales.
La traduction proprement dite est accompagnée de nombreuses notes (plus de 150 au total) qui, le plus souvent, apportent des précisions extraites du Journal manuscrit de Saussure. On peut s'étonner que cette traduction ne soit pas intégrale, certaines phrases et même certains paragraphes en ayant été retirés, de même que la numérotation de ces derniers, alors que l'usage, lorsqu'on cite Saussure, est d'indiquer non les pages, mais les paragraphes, un état de fait qu'aggrave encore la renumérotation des chapitres.
Le volume s'achève par un ensemble de lettres écrites par Saussure à son épouse ou reçues de divers correspondants. Il s'agit là d'une correspondance presque totalement dénuée d'intérêt scientifique et qui, de ce fait, n'éclaire nullement le lecteur sur la genèse des Voyages dans les Alpes.
Soulignons, pour terminer, un point grâce auquel ce livre apparaît comme une réussite : la remarquable qualité de son illustration qui comporte d'assez nombreux tableaux, principalement en couleurs, peints autour de 1800. En particulier, ceux dûs à Hans Conrad Escher von der Linth, qui illustrent certains des sites visités par Saussure, sont remarquables par leur réalisme géologique.