COMITÉ FRANÇAIS D'HISTOIRE DE LA GÉOLOGIE (COFRHIGEO) (séance du 12 décembre 2001)

L'auteur présente ses excuses pour le retard de cette présentation (deux ans !). Cet ouvrage relate la conquête des principaux métaux, une histoire ou plutôt une succession d'histoires s'étirant sur huit mille ans. Durant les trois ou quatre dernières décennies, des progrès considérables ont été accomplis en archéologie minière, en archéométallurgie et en chronologie, mais ces progrès sont en général consignés dans des écrits spécialisés et dispersés. J'ai voulu les mettre à la portée du grand public et surtout des amateurs en géologie, minéralogie, archéologie et histoire des techniques.

Cette ambition ne pouvait être satisfaite que par une écriture aussi vivante que possible, dans la veine de deux grands devanciers du XIXe siècle : Louis Figuier (Les merveilles de la science, 1867) et surtout Louis Simonin, ingénieur des mines (La vie souterraine ou Les mines et les mineurs, 1867). Il s'agit donc de vraie popularisation, en d'autres termes de vulgarisation, genre aujourd'hui très délaissé parce que beaucoup de scientifiques ne disposent plus de la dextérité littéraire suffisante pour y réussir.

L'ouvrage étant écrit par un géologue métallogéniste, on y trouve ce que l'on ne trouverait pas de manière aussi précise dans les textes de mineurs ou de métallurgistes, par exemple les notions simples de minéralogie et de chimie qui éclairent les étapes de la conquête du cuivre et l'apparition des premiers bronzes, alliages de cuivre et d'antimoine. Quelques histoires sont particulièrement captivantes. Ainsi celle de l'étain qui entra dans les premiers vrais bronzes fabriqués par les Sumériens de Mésopotamie ; cet étain provenait de l'ouest de l'Afghanistan. Ou encore celle de l'argent du Laurion, qui valut à la Cité-Etat d'Athènes son " siècle d'or ", surtout quant le " stratège " Périclès la dirigeait (Ve siècle avant J.-C.). Chemin faisant sont rectifiées des erreurs rémanentes : les îles Cassitérides n'ont pas existé et les Phéniciens ne sont pas allés quérir de l'étain jusqu'en Cornouailles (Cornwall).

L'histoire du fer est traitée brièvement parce que l'auteur lui a déjà consacré Du fer gaulois à l'acier sans frontières (1996, Ed. Godefroy de Bouillon, 40 rue de la Croix Nivert, 75015 Paris). Le dernier chapitre, intitulé " des westerns métalliques ", conte des ruées vers l'or, puis les péripéties, souvent dramatiques, de l'exploitation du Comstock lode, fabuleux filon du Nevada qui, de 1859 à 1881, a produit 10 000 tonnes d'argent et 260 tonnes d'or. Ce récit a été tiré d'un ouvrage de 450 pages consacré à ce gisement par le US Geological Survey en 1883, heureuse époque où l'on s'offrait le luxe de mémoires très détaillés.

Le Voyage au monde du métal a bénéficié de recensions élogieuses. L'une d'entre elles, signée par un vétéran de l'exploration minière à Elf-Aquitaine, se clôt ainsi : " De la vulgarisation ''quatre étoiles'' qui se lit comme un bon polar ! ".

En deux ans, les Editions Belin en ont vendu près de 2000 exemplaires et sont ainsi récompensées d'avoir beaucoup serré le prix : seulement 98 F. Quant à l'auteur, il est assez gratifié d'avoir gagné le pari de revivifier un peu la popularisation vraiment populaire.