Saluons la parution, bien que tardive, sous ce titre, des actes du 13ème symposium de l'INHIGEO qui s'était tenu à Pise et Padoue en 1987. Ne regrettons pas d'avoir su nous montrer patients car ce volume est riche d'informations concernant le rôle décisif que jouèrent Toscane et Vénétie dans le développement précoce de la géologie.
A tout seigneur tout honneur, le livre s'ouvre sur des observations de G. B. Vai sur Léonard de Vinci. L'auteur, qui s'appuie principalement sur l'observation détaillée de la partie inférieure du tableau intitulé La Vierge et l'Enfant Jésus avec Sainte-Anne, en conclut que Léonard de Vinci avait peut-être déjà compris le mode de dépôt des turbidites. Il montre en outre que l'artiste avait parfaitement observé les figures de courants qui caractérisent les rivières au cours lent qui tendent à recouper leurs méandres.
Pour sa part, Nicolas Sténon fait l'objet - au moins partiel - de deux articles par G.L. Herries Davies et G. Regnéll.
Parmi les autres contributions importantes citons encore l'article d'A. Riparbelli sur le rôle joué aux 18ème et 19ème siècles par les experts miniers italiens dans le développement de la connaissance géologique de la Toscane. Parmi ces experts figurent en première place Giovanni Arduino (1714-1795) et Giovanni Targioni Tozzetti (1712-1783).
G. Sarti ressuscite un paléontologiste bolognais méconnu, Giuseppe Monti (1682-1760), un diluvianiste convaincu, auteur d'un ouvrage intitulé De Monumento Diluviano... (1719).
Un autre temps fort est l'étude que consacre L. Cancio à Alberto Fortis (1741-1803), un naturaliste galiléen qui refusait les contraintes imposées par une lecture littérale de la Bible. Ses recherches sur les volcans éteints de Vénétie lui valurent une réputation internationale méritée que justifie pleinement la qualité des observations qu'il réalisa dans la "vallée volcanico-marine de Ronca" (1778).
On doit à K. L. Taylor une évocation du voyage que réalisa Nicolas Desmarest en Italie (1765-66), ce qui lui permit d'entrer en contact avec Targioni Tozzetti et Fortis.
On relèvera encore les articles d'A. Nazzaro sur l'observation volcanologique du Vésuve entre 1734 et 1860 de D. Pierattini et E. Schettino, consacré aux travaux du physicien Macedonio Melloni (1798-1854), qui fut un précurseur de l'étude du magnétisme rémanent des roches, et enfin celui de W. Narebski dédié au paléontologiste polonais Zygmunt de Bosniaski (1837-1921) qui vint s'établir en Toscane dont il étudia la flore et les poissons fossiles.
Le livre comporte également une série d'articles n'ayant aucun rapport direct avec l'Italie. Parmi eux, celui que notre président, F. Ellenberger a consacré à un "pionnier méconnu de l'étude des fossiles au XVIème siècle, Jan van Gorp (1518-1772)", un texte de M. Guntau sur "les débuts de la pensée lithostratigraphique et biostratigraphique en Allemagne", les considérations de H. Hölder sur la "biostratigraphie régionale et mondiale auXIXème siècle", et l'étude dans laquelle B.M. Hamilton souligne l'importance des travaux de C. Lapworth sur les graptolites siluriens qui permirent de démontrer l'inanité de la théorie des colonies chère à Joachim Barrande.
En conclusion, voilà un ouvrage fort recommandable et, de plus, d'une lecture aisée, dont on regrettera qu'à l'exception d'une communication - celle de notre président -, il soit publié intégralement en anglais, privant ainsi le lecteur du plaisir de lire en version originale les extraits des grands précurseurs de la géologie transalpine.
Quel dommage !