COMITÉ FRANÇAIS D'HISTOIRE DE LA GÉOLOGIE (COFRHIGEO) (séance du 6 décembre 2000)
Le Centre des géosciences de l'université de Rennes a eu l'excellente idée de publier un mémoire hors série d'une centaine de pages consacré à l'histoire de la géologie dans cette ville. Une initiative que pourraient utilement reprendre à leur compte les géologues des autres universités françaises dont les racines plongent profondément dans le XIXe siècle.
Trois chapitres ont retenu tout particulièrement notre attention car ils retracent respectivement l'histoire du laboratoire de géologie de la faculté des sciences (1840-1930) (M.-A. Ollivier), celle de l'Institut de géologie (1930-1966) (J.-J. Chauvel et J. Estéoule) et enfin la trentaine d'années d'association avec le CNRS (J.-P. Brun), sans oublier cependant ceux consacrés aux recherches archéologiques (J. Briard), à la Société géologique et minéralogique de Bretagne (J.-J. Chauvel), à l'histoire des collections géologiques (Ph. Courville) et aux panneaux décoratifs peints par Mathurin Méheut pour orner l'Institut de géologie de la rue du Thabor (M.-Th. Morzadec-Kerfourn).
Ce volume, de présentation agréable, est abondamment illustré de nombreuses photographies restituant à la fois les lieux et les acteurs, mais aussi de documents (plans des laboratoires successifs, détails de cartes géologiques préparées par les géologues rennais et reproductions en couleurs des œuvres réalisées par Mathurin Méheut).
Voilà donc un ouvrage qui mérite de devenir le prototype dont pourraient s'inspirer nos collègues géologues des grandes universités françaises. La roue tourne et si notre génération n'assume pas ses responsabilités historiques, la partialisation galopante du savoir à laquelle nous assistons depuis un quart de siècle ne manquera pas de faire rapidement obstacle à une approche globale de l'histoire de la géologie et de la minéralogie françaises des dix-neuvième et vingtième siècles.
On regrettera néanmoins que l'ouvrage soit introduit par un préfacier dont la plume s'égare lorsqu'il croit pouvoir caractériser la période contemporaine par une " quête d'excellence " (à opposer probablement à une supposée médiocrité des prédécesseurs !). Quant au recrutement de soi-disant " ténors ", " en lieu et place d'affidés dévoués ", l'observation attentive du milieu universitaire et de ses méthodes conduit à une interprétation bien différente car ce qui a changé, ce ne sont pas les comportements humains, mais le développement d'une instrumentation de plus en plus poussée, rendue possible avant tout par les progrès technologiques et la prospérité économique de notre société.