COMITÉ FRANÇAIS D'HISTOIRE DE LA GÉOLOGIE (COFRHIGEO) (séance du 12 mars 2003)
Pourquoi une nouvelle biographie après le Voyage en Alcidie publié en 1977 ?
Cet ouvrage avait son charme, comme un coup de cœur. Les réactions des élèves du collège de la ville où est inhumé le savant donnaient une note de fraîcheur et d’émotion. Une lecture facile, tous publics, mais très peu de références sur les sources et aucune note infra-paginale, ce qui n’est plus possible aujourd’hui.
Un livre plus sérieux, plus documenté, pour un public scientifique plus exigeant s’imposait à l’horizon d’un bicentenaire de la naissance du naturaliste qui fut effectivement inscrit dans la liste des célébrations nationales, avec Victor Hugo, Alexandre Dumas et la création de la Légion d’honneur.
Un copieux dossier de correspondances fut disponible à la médiathèque de La Rochelle. S’il concernait Alcide d’Orbigny, il donnait également des renseignements sur son père, Charles-Marie et son frère, Charles-Henry, coordinateur d’une série de dictionnaires d’histoire naturelle. Parallèlement, des recherches faites aux archives municipales de La Rochelle et aux Archives nationales par Gilles Béraud (descendant des d’Orbigny par Edouard, frère puîné d’Alcide) et publiées dans le Bulletin de la Société des sciences naturelles de la Charente-Maritime, en 1999 et 2000, apportaient des éléments non négligeables.
Par ailleurs, d’autres recherches faites par Didier Béraud, oncle de Gilles, et par Véronique Mathot, historienne du pays de Retz, ont permis de ne plus ajouter foi à la belle généalogie publiée en 1952 par la Compagnie de navigation d’Orbigny. Rien ne confirme un lien avec Saint-Domingue et on ne sait pas quelle fut l’éducation de Charles-Marie, déclaré de parents inconnus, en 1770, à Saint-Malo, et qui s’engagea dans la marine, à Brest, en 1785. En ce domaine, les investigations se poursuivent mais on ne peut qu’admirer les connaissances, le rayonnement intellectuel dans les pays de l’Ouest de celui qui signa Dorbigni puis, en 1794, Dessalines d’Orbigny et devint correspondant du Muséum présidé par Cuvier. Le nouvel ouvrage reste volontairement très discret en ce domaine.
Le travail d’Henri Gautier, dans la salle de la collection d’Orbigny, d’Agnès Rage et de Sylvie Barta-Calmus au département de paléontologie du Muséum furent pris en compte, également …
En plus de la correspondance plus abondante que dans la première version, une place légèrement plus importante est donnée aux péripéties du voyage en Amérique méridionale mais surtout, au retour, aux recherches obstinées dans les carrières, à la détermination des fossiles, non seulement les foraminifères qui restent sa création première, et au travail précis, argumenté de stratigraphe, la formulation des « étages géologiques ».
Quelques éléments fournis par Antoine Levent, descendant de Albert Gaudry étoffent certains aspects de la vie privée d’Alcide Dessalines d’Orbigny et de son fils, brillant entomologiste.
Une nouvelle biographie qui n’est pas sans lacunes ni défauts, et qui n’a pas bénéficié d’une reproduction soignée pour les gravures, photos ou dessins de d’Orbigny lui-même.
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