COMITÉ FRANÇAIS D'HISTOIRE DE LA GÉOLOGIE (COFRHIGEO) (séance du 7 mars 1990)
C'est délibérément que ce livre n'a pas voulu être une traduction du "De re metallica" d'Agricola. Pour de multiples raisons, Agricola est, de nos jours, devenu pratiquement illisible. La traduction d'un texte écrit en latin classique est déjà, presque toujours, d'une lecture difficile, mais lorsqu'il se trouve alourdi par de longues périphrases destinées à décrire des objets, normalement désignés aujourd'hui par des termes simples et précis ("manivelle" ou "vilebrequin" par exemple), et encombré d'une accumulation de détails ou de mesures en coudées, pieds, palmes et pouces, la lecture en devient si lassante qu'elle doit être réservée aux études de quelques rares spécialistes.
Nombreux sont pourtant ceux qui désiraient savoir à quoi correspondent les merveilleuses gravures sur bois qui ont rendu célèbre ce premier manuel d'exploitation des mines et de métallurgie, publié en 1556, et qui traite successivement des types de gisements, du droit minier, des méthodes d'arpentage, de la prospection, de l'extraction et de la concentration des minerais, de la fusion, de la distillation et de l'affinage des métaux, de la production des sels minéraux, et même de la fabrication du verre.
"Mines et fonderies au XVIème siècle" s'est donné pour tâche essentielle de reproduire et de commenter ces gravures tout en résumant le texte qui les accompagne. Une mise en page soigneuse s'est appliquée à toujours présenter le commentaire au-dessus, en dessous ou en face de l'illustration correspondante. L'ensemble a été entrecoupé de titres et de sous-titres qui permettent de s'y retrouver et facilitent la recherche. Les remarques et observations de l'auteur ont été, le plus souvent, intégrées directement dans le texte.
Le "De re metallica" est un livre de technique, ou plutôt même de technologie. La place consacrée à la géologie proprement dite y est relativement faible. Dans la partie traitant des gisements miniers figure cependant une tentative de classification faite sur des bases proprement géométriques. Détail curieux, les filons y sont non seulement affectés d'une "direction", mais également d'un "sens". C'est ainsi que l'on distingue ceux qui vont d'Est en Ouest de ceux qui vont d'Ouest en Est. Ils ont tous, bien sûr, un "pendage", un "toit" et un "mur", mais également une "tête" (affleurement) et une "queue" (enracinement), et même un "début" et une "fin", ce qui renforce l'idée qu'ils ont un "sens". Les failles et filons croiseurs sont bien décrits, le "rejet" étant expliqué par la différence de dureté entre les filons qui se croisent, la pénétration de l'un dans l'autre semblant impliquer, là encore, une notion de dynamique dans la mise en place filonienne.
Si ces détails n'ont pas été vraiment signalés dans la plupart des livres d'histoire de la géologie, c'est sans doute qu'ils étaient difficiles à mettre en évidence dans un texte plutôt hermétique ne paraissant pas, par ailleurs, présenter d'originalité particulière. Souhaitons donc que le reste de l'oeuvre géologique d'Agricola, publié dix ans plus tôt, en 1546, dans le "De ortu et causis subterraneorum" (géologie générale), dans le "De natura fossilium" (minéralogie), dans le "De natura eorum quae effluunt ex terra" (vulcanologie et hydrogéologie), fasse l'objet prochainement d'une traduction en français ou de commentaires, construits sur le modèle de "Mines et fonderies au XVIème siècle", et aussi facilement accessibles.