François de WENDEL (1874-1949)

Photo Ass. Nat.


Né le 5/5/1874 à PARIS ; décédé le 12/9/1949 à PARIS.
Fils de Henri de WENDEL (1844-1906), industriel (ancien élève de l'Ecole Centrale), et de son épouse née Berthe CORBEL-CORBEAU de VAULSERRE (famille de Savoie anoblie en 1667), décédée en 1918 (le président et le sec. général de l'association des anciens élèves de l'Ecole des mines assistaient aux obsèques le 10/10/1918 à l'Eglise de la Trinité).
Arrière-petit-fils de François de WENDEL (1778-1825) qui acheta les biens familiaux confisqués sous la Révolution.
Descendant de Jean-Martin Wendel qui avait acheté en 1704 les forges de Hayange et fut anobli par le duc Léopold de Lorraine.
Frère de Humbert de WENDEL (1876-1954) ET DE Maurice de WENDEL (1879-1961).

Marié à Odette HUMANN en 1905 (c'est la fille de l'amiral HUMANN dont le nom est lié à la conquête du Tonkin ; elle fera de nombreux pélerinages à Lourdes). La mère de Odette, née BOUTILHIER-CHAVIGNY, meurt début 1925.

Enfants :

Une nièce de François de WENDEL, fille de Maurice, France-Victoire, épousera le comte Pierre CELIER (1917-2010), inspecteur des finances, qui dirige l'entreprise après la 2ème guerre mondiale.


François de Wendel, élève de l'Ecole des Mines de Paris
(C) Photo collections ENSMP


 

Ingénieur civil des mines (promotion 1896 de l'Ecole des Mines de Paris), sorti 11ème sur 33 de sa promotion.

Député (Meurthe et Moselle) de 1914 à 1933. Sénateur (Meurthe et Moselle) de 1933 à 1941.

Il émigre en 1891 pour éviter le service militaire allemand et termine ses études à Paris dans un lycée jésuite. Après sa sortie des Mines en 1899, il fait un voyage aux U.S.A. jusqu'en 1901, consacré à l'étude de la sidérurgie.

Après la mort de Charles de Wendel (1870), les affaires familiales sont dirigées pas Henri et avec Robert de Wendel, et le baron de Gargan (un descendant de Théodore-Charles-Joseph de Gargan). C'est donc avec eux que François de Wendel travailla d'abord.

Au cours de sa jeunesse, entre Paris et Hayange, il baigne dans un milieu durement touché par l'annexion à l'Allemagne, et qui croit à un retour prochain de l'Alsace et de la Lorraine à la France. Il obtient à 18 ans le permis d'émigration qui lui permet de poursuivre ses études en France, mais lui interdit le retour en zone lorraine allemande. Il fait son service militaire à Chartres en 1896, juste après sa sortie de l'Ecole des Mines de Paris.

En 1903, suite à la mort de Robert de Wendel, il est nommé gérant de la société "les petits-fils de François de Wendel et Cie" (la partie allemande des établissements de Wendel, autour de Hayange, société créée sous cette forme par Mme François de Wendel née de Fischer, grand-mère de Henri et Robert) et de la société "de Wendel et Cie" (partie française, autour de Joeuf). Il dirigea ces sociétés jusqu'à sa mort, poursuivant ainsi la tradition de ses ancêtres qui exploitaient les forges de Hayange depuis 1704.

Il fut également président du comité des forges de France de 1918 jusqu'à sa dissolution par le gouvernement de Vichy en 1940, et régent de la Banque de France (où son influence est négligeable). Il put prendre le contrôle de différentes mines, notamment en Rhénanie et Westphalie et dans le Limbourg hollandais, et d'entreprises métallurgiques, après la première guerre mondiale.

Contre l'avis de la famille de Wendel (et notamment de son frère cadet Humbert), très discrète en politique, François se lance très tôt en politique. Il prenait ainsi certainement un risque considérable à une époque où les biens familiaux étaient répartis entre la Lorraine française et la Lorraine allemande. En 1892, François de Wendel avait choisi de se faire naturaliser français, suivi par ses frères mais le père est resté allemand. Le cousin Charles a pris la nationalité allemande en 1905 et se fit élire au Reichstag (il reprit la nationalité française vers 1912).

Dès 1900, François de Wendel était conseiller général de Briey. Il n'arrive pas à se faire élire député en 1906 face à Albert Lebrun. En 1914, il se présenta à Briey aux élections de l'Assemblée nationale, et fut élu contre Grandjean par 4420 voix sur 8154 votants. Il se fait ensuite réélire sur la liste d'entente républicaine et d'action sociale, avec Albert Lebrun. Il est constamment réélu.

A l'Assemblée Nationale, il appartient à plusieurs commissions : mines, assurance et prévoyance sociale, affaires étrangères. A partir de 1919, il est membre du comité consultatif des mines.

En 1933, il se fait élire au Sénat (premier tour) en remplacement d'Albert Lebrun qui était devenu président de la République. Il y fait partie des commissions des mines, des travaux publics, des armées, des finances, des affaires étrangères.

Il refuse de se rendre à l'Assemblée (à Vichy) le 10 juillet 1940 pour voter les pleins pouvoirs à Pétain.

Dans les trois dernières années de sa vie, il est écarté de la vie politique et se consacre à la réorganisation de ses grandes affaires.

François de WENDEL ne doit pas être confondu avec son cousin Pierre René Guy de Wendel, fils de Robert de Wendel, qui fut député de la Moselle de 1919 à 1927, sénateur de 1927 à 1941, et qui fut également gérant à partir de 1919 de la société "les petits-fils de François de Wendel et Cie" tout en présidant le Conseil général de la Moselle de 1924 à 1936.


Au sujet de François de WENDEL, voir notamment :


Graffitis laissés par une équipe de 3 élèves de l'Ecole des mines de Paris dans les catacombes. On reconnaît le nom de Wendel.
Crédits photographiques : Ecole des mines de Paris et Aymeline Wrona. Photo réalisée sur une idée de Gilles Thomas.
Voir aussi : Les murs de l'histoire / L'histoire des murs, par Gilles Thomas


Quelques citations des Cahiers de François de Wendel, relatives à des anciens élèves des Ecoles des mines et à l'Ecole des mines elle-même

D'après un article de Philippe Mioche : "François de Wendel, un grand industriel ingénieur civil des mines", publié dans Entre Technique et Gestion, Une histoire des ingénieurs civils des mines (XIXe-XXe siècles), ouvrage publié sous la direction de Marco BERTILORENZI, Jean-Philippe PASSAQUI et Anne-Françoise GARÇON, Presses des Mines, 2016 :

Visite de M. Lodin, du Conseil général des mines, mon professeur de métallurgie. Ce n'est pas un savant mais une encyclopédie : bibelots, chasse à courre au Moyen Âge, métallurgie, mines voisinent dans la cervelle de cet homme peu remarquable mais d'une mémoire insolente. Il fait en ce moment une enquête sur l'accident de gaz d'Homécourt de décembre 1905 ! (1907)

Il sèche des cours pour assister au procès Zola où il est resté huit heures debout. Ma conviction se faisant petit à petit de l'innocence presque certaine de Dreyfus (1911)

1914, à propos d'un banquet sur la terrasse de l'Ecole des mines en présence de Raymond Poincaré : Très obscur parlementaire, j'ai naturellement été mis dans les honneurs, alors que si j'étais venu en qualité d'industriel notoire, on m'aurait mis dans un bout de table. ...
Il m'a semblé qu'après été "lebruniste", l'Ecole est devenue "wendeliste".
(Albert Lebrun avait été son adversaire aux élections législatives) ...
Il y a maintenant un beau laboratoire de chimie industrielle.

Arthur Pernollet était peut-être l'une des deux ou trois personnes qui ont eu de l'influence sur ma destinée. C'est lui qui m'a fait entrer aux Mines de préférence à Centrale. (1915)

J'avais, avant de quitter Paris, vu pour la première fois Henri dans son uniforme de sous-lieutenant. Il faisait vraiment bien et paraissait enchanté - une joie que je comprends d'autant mieux que la stupidité des directeurs de jadis de l'Ecole des mines m'en a privé ainsi que toute ma génération de mineurs et Dieu sait si j'avais rêvé comme gosse de porter l'épaulette (1936)

Lors de la nomination du directeur de l'Ecole des mines en 1936, il prend parti pour Leprince-Ringuet, "un Monsieur", contre le candidat de Ramadier, Galliot, le Directeur des mines, "un rond de cuir".

1909 : on crée l'Association des anciens élèves de l'Ecole des mines résidant dans l'Est. Guérin est élu président. En 1920, On m'a bombardé président. 1925 : il fait visiter l'usine d'Orange-Nassau à un groupe de membres de l'association, à savoir 3 de ses proches (Chavane, Defline, Nicou) et 5 autres (Lenclud, Daussy, Michal, Cadel, Saint-Pierre).

Son opinion sur les polytechniciens :
Il n'y a pas à dire, la camaraderie entre polytechniciens conduit à des abus.
A la suite d'une discussion avec des ingénieurs du réseau : Tous ces polytechniciens se perdent dans la théorie et ignorent les faits. Ils parlent tous d'essais à tenter, alors qu'il suffirait depuis le temps qu'on parle de la question d'avoir fait établir de nonnes statistiques des défauts relevés sur les rails de service.
A la suite d'une réunion du Comité des Forges : Il est déjà difficile de mettre d'accord une réunion de français, cela devient à peu près impossible lorsqu'il y a en présence une demi-douzaine de majors de l'X.
Je crois que je me heurte au parti pris du "Corps" qui n'admet pas qu'il puisse s'être trompé ... Certains ingénieurs des Compagnies de chemins de fer ajouteraient : jusqu'au jour où on peut faire retomber la responsabilité de l'erreur sur la Sainte-Chapelle.
Un polytechnicien dans l'entreprise ? Pourquoi pas ! J'ai fait comprendre qu'il ne saurait être question de réserver par contrat une place à Hayange aux gendres des 8 demoiselles de Wendel ... que si un gendre se trouvait qualifié par les études, major de l'X. En attendant, qu'ils aillent faire leurs preuves ailleurs. Ce souhait ne se réalisera pas.


Mis sur le web par R. Mahl