Pedro-Victor da COSTA SEQUEIRA (1845-1905)

Ecole des Mines de Paris (promotion 1864). Ancien élève étranger (diplôme équivalent à celui d'Ingénieur civil des Mines). Voir le bulletin de notes de Costa

Bulletin de l'Association des Anciens Elèves de l'Ecole des Mines de Paris, 1906 :

Pedro-Victor da Costa Sequeira (1845-1905)
Inspecteur général au Corps des Mines de Portugal,
Pair du Royaume, Administrateur de la Maison royale,
Ancien Ministre des Travaux publics, du Commerce et de l'Industrie,
Membre du Conseil supérieur des Travaux publics et des Mines,
et du Conseil de Sa Majesté Très Fidèle,
Ancien député, Grand-croix de l'ordre de Léopold de Belgique.

Le 4 décembre 1905, à dix heures et demie du matin, s'éteignait à Lisbonne, dans sa soixantième année, l'ingénieur général des Mines, pair du royaume, ancien ministre, Pedro-Victor da Costa Sequeira, élève de la promotion de 1864 de l'École des Mines de Paris.

La nouvelle de ce triste événement se répandait rapidement, et à midi on la connaissait déjà avec tous ses détails au Ministère des Travaux publics. Quiconque s'y rendait ce jour-là ne pouvait s'empêcher de remarquer que quelque chose d'anormal venait d'arriver. Les bureaux de l'administration des Mines surtout présentaient une physionomie tout à fait particulière ; à tout instant on y voyait entrer des ingénieurs, et surtout ceux du corps des Mines, qui en sortaient avec l'air désolé, quelques instants après, ayant appris qu'il n'y avait malheureusement pas à douter de la triste réalité.

Quiconque n'aurait pas connu la vie et le caractère de celui dont l'existence venait de s'effondrer si brusquement sous l'atteinte terrible et implacable d'une congestion pulmonaire, ne saurait, certes, pas comprendre la douleur profonde que les physionomies et les paroles de ceux qui l'avaient connu de près, reflétaient si bien. Ses subordonnés, surtout, manifestaient un regret qui était trop profond pour n'exprimer que le regret causé par la perte d'un chef ; en réalité, en le perdant, ils perdaient plus que leur chef; ils perdaient leur meilleur ami, leur protecteur le plus dévoué. Et en effet, il était un chef tellement paternel, il était tellement aimé qu'on ne le désignait que par son prénom : pour tous il était le conseiller Pedro-Victor.

Né le 6 avril 1845, il passait à l'âge de dix-neuf ans son doctorat es mathématiques à l'Université de Coïmbra. Ayant pendant ses études remporté toujours des nominations et presque toujours les premiers prix, il fut naturellement choisi par l'État portugais, désireux alors d'organiser son corps des Mines, pour aller à Paris comme élève-ingénieur, suivre les cours de l'École des Mines. Il y arriva donc en 1864 et en sortit en 1867, « ayant suivi les cours avec beaucoup de régularité et en ayant bien profité », d'après le texte des communications faites par le directeur de l'Ecole au ministre plénipotentiaire de Portugal à Paris.

En quittant l'École, il termina son instruction à l'étranger par un an de voyage pendant lequel il visita les principaux centres miniers et métallurgiques de la France, de la Belgique et de la Saxe Son journal de voyage, qu'il présente tout de suite après sa rentrée au Portugal (octobre 1868), est absolument remarquable sous tous les rapports, est toujours précieusement conservé aux bureaux de l'administration des Mines ; toujours il sera pieusement gardé tellement il fait honneur, à son auteur d'abord, au corps des Mines de Portugal ensuite, à notre chère École.

Il obtint un congé après sa rentrée en Portugal et en profita pour prendre la direction générale des mines de cuivre de Béja ; c'est pendant les quatre années de sa direction que l'exploitation de ces mines a atteint son plus beau développement, et c'est là aussi qu'il commença à montrer, en dehors de sa baute compétence technique, un sens administratif absolument remarquable, ce qui fait encore beaucoup d'honneur à notre École.

Le 27 janvier 1872, son congé terminé, il rentre au service ordinaire du corps des Mines et c'est là surtout qu'il va montrer qu'il a bien profité des leçons des maîtres d'élite qui ont fait son instruction. En effet, il s'y fait si bien remarquer, qu'en 1880, son rapport officiel sur les gisements de fer de Moncorvo est jugé digne de paraître au Bulletin de la Société des ingénieurs civils portugais (Revista de Obras Publicas e Minas, tome XI); en 1883, son rapport sur les mines de San Domingos y parait aussi (Revista de Obras Publicas e Minas, tomes XIV et XV) ; enfin, après 1883, il est, à plusieurs reprises, élu président de la Société des ingénieurs civils portugais, par ses camarades désireux de lui rendre hommage.

Nommé ingénieur en chef des Mines, par décret du 29 janvier 1885, il est, en cette qualité, chargé de la direction des bureaux de l'administration des Mines. Ses remarquables facultés administratives, qu'il avait déjà mises à l'épreuve, d'abord pendant la direction des mines de Béja (1868-1872) et ensuite comme préfet du département de Béja (1881), ont alors l'occasion de se mettre si bien en évidence, que le 21 mars 1892 il reçoit le grade d'inspecteur des Mines et est attaché au Conseil général des Travaux publics et des Mines.

Enfin, le 27 mai 1892, il devient ministre des Travaux publics, du Commerce et de l'Industrie.

Pour bien apprécier la difficulté de la tâche dont il allait se charger et les sacrifices qu'il s'imposait en l'acceptant, il faut ne pas oublier que la situation politique du Portugal était, en ce moment là, des plus difficiles. En effet, en ce qui concerne les affaires étrangères, nos relations amicales avec l'Angleterre s'étaient singulièrement refroidies à cause d'une politique par trop égoïste de la part de celle qui depuis trois siècles était notre plus fidèle amie. Notre situation politique intérieure n'était pas d'ailleurs moins difficile ; un petit mouvement républicain s'était fait sentir à Porto le 3l janvier 1891 ; notre commerce et notre industrie se mouraient en même temps que la dette publique allait en s'accroissant sans cesse. Nous avions donc devant nous un abîme dans lequel nous nous serions irrémédiablement précipités, si une main puissante ne nous avait retenus. En acceptant donc la lourde tâche de gérer les affaires des Travaux publics, du Commerce et de l'Industrie, pendant les si mauvais jours que nous traversions alors, Pedro-Victor se dévouait jusqu'au sacrifice et ne consultait que son patriotisme.

Voici comment il a rempli sa tâche :

Le 2 juin 1892 il réorganise le marché central des produits agricoles ; le 4 juin il détermine l'étude du plan de l'organisation générale de la statistique du Portugal ; le 14, il signe le contrat pour rétablissement d'un câble sous-marin reliant Lisbonne aux Açores : ses arrêtés des 18, 2l et 30 juillet regardent les travaux du port de Lisbonne. Enfin, il réorganise complètement les services du ministère des Travaux publics, et le 30 septembre 1892, paraissent ses dix-sept décrets connus depuis lors sous le nom de « Décrets pour le développement agricole et industriel du Portugal ».

A) En ce qui concerne l'industrie : Ceux qui regardent les eaux minérales, les mines, les redevances minières, la métallurgie et enfin ceux qui concernent la pisciculture (élevage et multiplication des poissons, mollusques et crustacés) et ceux qui regardent les minoteries et l'importation des blés.

B) En ce qui concerne l'agriculture : Les plus importants sont ceux qui protègent les sociétés pour l'établissement des canaux d'irrigation et colmatage des terrains et ceux qui protègent la culture de la vigne et le commerce des vins.

c) Enfin, en ce qui concerne les travaux publics ; ceux qui regardent la classification des routes.

Son administration a donc été si féconde et si intelligente, qu'on peut dire que ce n'est qu'à lui que la patrie portugaise doit les jours de bonheur, d'aisance et de prospérité qu'elle connaît depuis quelque temps.

C'est au moment où l'on serait tenté de croire que l'ingénieur des Mines allait disparaître pour faire place à l'homme politique, qu'il travailla à la législation des eaux minérales et à la législation des Mines. La législation des eaux minérales a pour nous d'abord un intérêt historique, car c'est lui le premier et jusqu'à ce jour le seul qui ait réglementé un pareil sujet au Portugal Ce serait donc son plus beau titre de gloire s'il n'en avait pas bien d'autres. Ses travaux pour transformer la législation des Mines sont aussi bien remarquables. Pendant qu'il dirigeait les bureaux de l'administration des Mines, il avait prévu et compris que, sous l'empire de la loi de 1852, le développement minier de son pays ne serait aucunement favorisé. En effet, la loi de 1852, modifiée par les décrets de 1862 et de 1880 était plus ou moins calquée sur la loi française du 21 avril 1810, à cela près qu'elle était encore moins libérale que la loi française de 1810. S'étant assimilé les principes de liberté qui ont inspiré le Bergreich, devenu ministre, il nous donne sa belle loi de 1892, sous l'empire de laquelle nous sommes toujours.

Et maintenant que l'on voit de quelle haute valeur administrative était doué cet homme éminent, cet esprit d'élite, il n'est pas étonnant de voir le roi lui-même lui confier l'administration de la maison royale. Là, encore, son premier acte administratif est l'adoption de mesures énergiques qui allaient d'ailleurs le léser directement dans ses intérêts. En effet, aussitôt arrivé à son nouveau poste, il proposa la réduction des honoraires de certains fonctionnaires de l'administration de la maison royale, et d'abord la réduction des siens. Voilà son caractère !

Inspecteur général des Mines depuis 1901, il était toujours consulté par tous les ministres, sur les hautes questions administratives regardant les travaux publics. C'est lui qui a été l'inspirateur de la réorganisation des services techniques du ministère des Travaux publics (1901) et du corps des Mines tel qu'il est aujourd'hui. Là encore, il a montré qu'il n'oubliait pas l'École des Mines de Paris, qu'il ne cessait pas d'honorer, établissant qu'on n'admettrait au corps des Mines, pendant la période transitoire qui s'écoulerait avant la sortie de l'Ecole de Lisbonne des premiers élèves ingénieurs, que les ingénieurs diplômés par l'Ecole de Lisbonne ou par l'Ecole des Mines de Paris, après concours.

Enfin, après tant de manifestations d'une considération si universelle et si respectueuse, il ne lui restait qu'un pas à franchir pour atteindre la plus haute situation à laquelle on puisse aspirer sous une monarchie constitutionnelle. C'était la pairie. Il y arriva le 29 décembre 1900 ; il fut alors obligé d'abandonner la place que depuis 1884 il occupait à la Chambre des Députés comme député de Béja, pour s'asseoir au fauteuil qui venait de lui être réservé à la Chambre des Seigneurs.

Toujours modeste, comme un homme véritablement supérieur qu'il était, il ne tirait aucune vanité de tous ces honneurs et c'est tout juste s'il possédait le sévère costume de ministre d'Etat, que les exigences protocolaires l'obligeaient de revêtir de temps en temps, d'ailleurs. Il le préférait aux beaux habits tout chamarrés d'or, qu'il avait le droit de porter comme pair du royaume et comme membre de la maison civile du roi.

Si l'on songe que depuis le retour de son voyage d'études (1868), jusqu'à son décès (1905), il ne s'est écoulé que la courte période de trente-sept ans ; et si par l'imagination on s'élève jusqu'au sommet de cette carrière si remarquable, lequel est le sommet absolument infranchissable à tous ceux qui ne sont pas nés de sang royal, on comprend presque son mépris des honneurs de ce monde.

Les funérailles de cet homme modeste, ayant appris la modestie à tout le monde, devaient avoir lieu le 5 décembre, à quatre heures de l'après-midi, l'heure officielle de la fermeture des bureaux des ministères. Celui qui pendant sa vie n'avait pas voulu du bruit autour de son nom, gardait encore la même exigence après sa mort. Mais cette fois il fut impuissant devant la sympathie et la vénération qu'il avait su conquérir et devant la douleur profonde que sa disparition causait à son pays. Le 5 décembre, le Ministère des Travaux publics n'ouvrit pas ses portes de toute la journée, le ministre (son adversaire politique d'ailleurs), ayant très justement décidé que l'on porterait ce jour-là le deuil de celui qui avait si bien mérité de la patrie.

Le roi, qui était alors à Paris, aussitôt qu'il apprit la douloureuse nouvelle, a télégraphié à Madame veuve da Costa Sequeira l'expression de ses condoléances ; de même Son altesse royale le prince régent pendant l'absence du roi. La reine envoya personnellement son chambellan présenter à Madame veuve da Costa Sequeira l'expression de la douleur qu'elle éprouvait devant la perte irréparable que la patrie venait de faire. Enfin, la Société de géographie de Lisbonne a tenu à faire preuve de ses condoléances en faisant couvrir de son drapeau d'honneur la dépouille de celui qui fut un de ses membres les plus éminents.

Tous les honneurs dus à la pairie lui ont été rendus.

Le corps fut porté sur le carrosse de deuil de la maison royale et suivi par un autre où prenaient place les membres du clergé. Le carrosse portant le cercueil était tiré par huit chevaux et escorté par huit hallebardiers de la garde royale portant leur traditionnelle tenue. Avant les carrosses, d'après le protocole portugais, venaient les voitures de ceux qui avaient tenu à accompagner à sa dernière demeure le grand Portugais qui venait de disparaître.

Le roi et toute la famille royale étaient représentés par leurs chambellans ; tous les ministres et presque tous les anciens ministres assistaient personnellement à la cérémonie ; enfin, la Maison royale, la Société de géographie, la Chambre des pairs, celle des députés, tout le corps des Mines et les amis personnels de l'ancien ministre lui rendirent leurs derniers hommages.

Au cimetière et aux abords du cimetière se trouvait une brigade mixte composée par le ler régiment d'artillerie, un régiment de lanciers, et les 2ème et 16ème régiments d'infanterie qui rendaient les honneurs militaires.

Enfin, avant de le voir disparaître pour toujours dans la paix du tombeau, le ministre des Travaux publics et son prédécesseur au Ministère, ont, en quelques paroles émues, rendu hommage aux qualités de celui qui, si jeune encore, venait de quitter la vie et rappelé les grands services qu'il avait rendus à la Patrie.

Mars 1906.

A. DE PAIVA MORAO,

Ingénieur au corps des Mines de Portugal.


Relations entre le corps des ingénieurs des mines portugais et les français, particulièrement l'Ecole des mines de Paris

Les relations entre le corps des mines portugais et la France sont restées vives après la mort de SEQUEIRA. Voici une lettre qui en témoigne (1919) :

Publié dans Bulletin de l'association des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, janvier 1919.

Lisbonne, le 8 janvier 1919.

Monsieur le Président de l'Association Amicale des Elèves de l'Ecole Nationale Supérieure des Mines, 39, rue Godot-de-Mauroy, Paris.

Monsieur le Président,

J'ai l'honneur d'être chargé par le Conseil supérieur des Mines de Portugal de vous envoyer la traduction en langue française du procès-verbal de sa séance du 12 novembre 1918, consacrée spécialement à la glorieuse victoire de la France, que vous trouverez ci-joint.

La victoire des armées françaises a été accueillie avec enthousiasme par le Conseil supérieur des Mines de Portugal dont trois sur les cinq membres y siégeant actuellement, sont des anciens élèves de notre chère Ecole : M. Ferreira-Roquette, inspecteur général des Mines, président du Conseil (de la promotion de 1865) ; M. d'Andrade (de la promotion de 1885), ancien ministre des Affaires étrangères et ancien gouverneur général de Mozambique, et moi, qui ai l'honneur d'appartenir à la promotion de 1899.

Avec mes félicitations personnelles, veuillez, Monsieur le Président, agréer l'expression de ma respectueuse considération.

A. de Paiva-Morao, Ingénieur en chef des Mines.

Traduction de la délibération du Conseil supérieur des mines du Portugal (12 novembre 1918).

La séance est ouverte à quatorze heures, sous la présidence de M. l'Inspecteur général des Mines Francisco Ferreira Roquette.

Présents : MM. Frederico de Albuquerque d'Orey, Inspecteur des Mines ; Correia de Mello, Directeur général du Travail, et A. de Paiva Morao, Ingénieur en chef des Mines, Secrétaire du Conseil.

Excusé : M. Freire d'Andrade, absent de Lisbonne.


Le procès-verbal de la séance du 8 novembre est lu et approuvé.

M. le Président ayant eu connaissance hier soir que la signature de l'armistice vient d'avoir lieu, tient à exprimer au Conseil la grande joie que la victoire des alliés lui cause. Ancien élève de l'Ecole nationale supérieure des Mines de Paris, il garde le meilleur souvenir des années passées à l'Ecole, ainsi que de tous ses camarades de la promotion de 1865 et de ses maîtres vénérés. Ayant appris à aimer la France depuis sa jeunesse et s'étant habitué à la regarder comme une seconde patrie, la déclaration de la guerre en 1914 a été pour lui un événement aussi douloureux que s'il était né Français. L'intervention de l'Angleterre allait certainement entraîner celle du Portugal, désireux de se tenir toujours fidèle à son amie et vieille alliée : le Portugal aurait donc à supporter lui aussi le lourd fardeau de la guerre. N'ayant cependant jamais douté de la victoire des alliés, il a vu partir pour le front un de ses fils chéris, avec une émotion bien naturelle mais sans éprouver, du tout, le déchirement de cœur qui chez lui est toujours présage de malheur. En effet, les victoires se succédèrent les unes aux autres : d'abord l'éclatante victoire de la Marne, ensuite la résistance héroïque de Verdun, enfin toute l'épopée brillante que nous tous connaissons. Voici enfin la victoire du droit sur la force, de la liberté et de la civilisation sur le militarisme. Pourquoi cacher notre joie ? Pourquoi ne pas exprimer à nos camarades du Conseil général des Mines et du Corps des Mines de France notre bonheur de voir enfin le sol sacro-saint de la France affranchi des hordes d'Attila qui, lâchement, l'avaient envahi après quarante années de préparation ? Si nos soldats se sont battus, eux aussi, pour le triomphe du droit et de la civilisation, à côté des soldats français. pourquoi ne pas dire à nos camarades de France que nous sommes heureux de constater que le sacrifice du sang généreux de notre jeunesse n'a pas été inutile, et que, ayant toujours été par la pensée avec les combattants alliés, nous les félicitons autant que nous nous félicitons nous-mêmes de l'éclatante victoire enfin obtenue ?

En deux mots M. le Président propose que le Conseil supérieur des Mines, en son nom et au nom du Corps des Mines qu'il représente, envoie ses plus chaleureuses félicitations au Conseil général des Mines et au Corps des Mines de France pour l'éclatante victoire de la France.

M. A. de Paiva Morao, ingénieur en chef des Mines, Secrétaire du Conseil, demande la parole pour s'associer entièrement au vœu émis par M. le Président du Conseil. Lui aussi il est un ancien élève de l'Ecole des Mines de Paris, élève de la promotion de 1899, si éprouvée, hélas ! par cette guerre ; lui aussi il aime la France comme s'il y était né, et il garde, comme M. le Président, un souvenir inoubliable et de ses camarades et de ses maîtres vénérés, constituant, suivant l'heureuse expression qu'il a entendue une fois à M. Haton de la Goupillière, « un personnel d'élite choisi dans un corps d'élite ». Depuis sa sortie de l'Ecole il s'est adressé plus d'une fois à ses maîtres et toujours ils ont daigné lui venir en aide ; il tient surtout à rendre hommage à M. Louis de Launay et à M. Edouard Sauvage, Inspecteur général des Mines, lesquels l'ont à plusieurs reprises aidé de leurs précieux conseils après sa sortie de l'Ecole. Il est heureux de signaler au Conseil supérieur des Mines, où il a l'honneur de siéger maintenant, tous les bienfaits qu'il a reçus de ses maîtres pour avoir le droit de témoigner ici, encore et toujours, sa profonde reconnaissance envers eux. Il est heureux de rappeler tous ces bienfaits pour avoir aussi le droit de faire remarquer que les grands savants de cette France glorieuse qui s'est toujours battue pour la cause de la justice et qui vient de se battre encore pour l'affranchissement du monde, daignent aider de leur science ceux qui désirent savoir et apprendre, se montrant enfants généreux de cette mère généreuse. Il était député au moment de la déclaration de la. guerre, et il a eu alors le grand honneur de voter la fidélité du Portugal aux engagements contractés avec l'Angleterre, sa vieille alliée. Il en est fier, il en a été, il le sera toujours.

M. le Président propose que le Conseil supérieur des Mines de Portugal envoie au Conseil général des Mines de France ses félicitations pour la victoire des alliés. Eh bien, lui, le Secrétaire, propose au Conseil d'aller plus loin : puisque troîs des membres du Conseil supérieur des Mines de Portugal sont des anciens élèves de l'Ecole des Mines de Paris, il propose que le Conseil envoie aussi ses félicitations à l'Ecole des Mines de Paris, notre alma mater, et à l'Association amicale des Elèves de cette école, dont il est membre aussi, et qui a eu dans cette guerre un rôle très important, ayant rendu à tous ses associés les services les plus inestimables.

M. Correia de Mello approuve de tout son cœur que le Conseil envoie toutes les félicitations proposées et par M. le Président et par M. le Secrétaire. Il trouve cependant que l'envoi pur et simple des félicitations par voie télégraphique ne traduirait pas assez bien et notre enthousiasme et notre amour envers la France. Or, dans tout ce qu'il vient d'entendre, notre amour pour cette France glorieuse et immortelle, mère spirituelle de nous tous, est si clairement et si purement exprimé, qu'il trouve une forme plus éloquente de manifester nos sentiments. Et c'est l'envoi pur et simple de la traduction en langue française du procès-verbal de cette séance de notre Conseil au Conseil général des Mines de France, à l'Ecole des Mines de Paris et à l'Association amicale de ses élèves. Nos félicitations arriveront beaucoup plus tard, c'est vrai, mais il suffira de lire le procès-verbal de cette séance pour mieux interpréter nos sentiments et pour que personne ne puisse se permettre de croire à un oubli de notre part.

M. d'Orey constate avec joie l'unanimité de sentiments des membres du Conseil, car lui aussi approuve l'envoi de ces félicitations, sous la forme présentée par M. Correia de Mello : l'envoi du procès-verbal de la séance. Il trouve toutefois préférable de réaliser pratiquement notre vœu de la façon suivante : l'exemplaire du procès-verbal destiné au Conseil général des Mines et au Corps des Mines de France serait remis à Son Excellence M. le Ministre de France à Lisbonne, soit par M. l'Inspecteur général des Mines, Président du Conseil, soit par M. le Directeur général des Mines. Les autres deux exemplaires destinés l'un à l'Ecole des Mines, l'autre à l'Association amicale, seraient envoyés par le Secrétaire, directement par la poste, recommandés.

Après votation, les vœux émis ont été approuvés à l'unanimité avec l'amendement proposé par M. l'Inspecteur d'Orey.

Francisco Ferreira Roquette.
Frederico de Albuquerque d'Orey.
M. Correia de Mello.
A. de Paiva Morao.