Gilbert RUTMAN (1928-2001)

Beau-frère de Jean-Claude SORE (né en 1927, X 1947 corps des mines). Père de 2 enfants dont Jacques RUTMAN, ingénieur civil des mines (Saint-Etienne).

Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1947) et de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1949). Corps des mines. Voir le bulletin de notes de RUTMAN à l'Ecole des mines

Gilbert RUTMAN fut vice-président et directeur général exécutif du groupe Elf Aquitaine de 1980 à 1989, donc pendant la période où le président était Albin Chalendon puis Michel Pecqueur. Pecqueur laissa Rutman diriger le groupe à sa guise. Loïk Le Floch Prigent fut nommé président de Elf en juin 1989, et décida immédiatement que Rutman serait vice-président non exécutif. Cela amena Rutman à démissionner de Elf en juillet 1990 "pour convenance personnelle".


Biographie par Pierre MOUSSEL, publiée dans MINES Revue des Ingénieurs, mai/juin 2001.

Gilbert RUTMAN nous a quittés le 22 mars 2001. Il a succombé après une opération cardiaque, dont il avait décidé de prendre le risque.

Né près de Paris, il entre à l'Ecole Polytechnique en 1947 ; il en sort dans le Corps des Mines et passe deux ans dans notre Ecole. Il est alors nommé à l'Arrondissement Minéralogique de Strasbourg. Il y reste de 1952 à 1957, s'y marie et a deux enfants, l'un d'entre eux étant notre camarade Jacques RUTMAN (E76), et cinq petits-enfants.

C'est en 1957 que l'orientation fondamentale de sa carrière se dessine. Il rejoint la Société Nationale des Pétroles d'Aquitaine (SNPA) et devient le pétrolier qu'il restera jusqu'à sa disparition. Il s'attache aussi à cette Aquitaine qu'il découvre, en acquérant à Sare au pied des Pyrénées une résidence, secondaire par l'appellation, mais très proche de son coeur.

La destinée de pétrolier de Gilbert RUTMAN se confond avec celle des sociétés filiales du Bureau des Recherches de Pétrole (BRP) et de la Régie Autonome des Pétroles (RAP), qui ont par leurs fusions successives constitué le Groupe ELF AQUITAINE. Il joue d'abord un rôle fondamental dans la branche Exploration - Production, puis s'intéresse également à la chimie et à la santé. A partir de 1980 et pendant 10 années, on peut dire que Gilbert RUTMAN " maintient le cap " du Groupe, qu'il en est le pivot. Il gardait de ces années un souvenir très vivant. Des pans entiers de l'industrie pétrolière française s'édifiaient, et comme il le disait très simplement, mais très fortement, presque tout était possible, et il fallait inventer et oser ce qui n'avait pas encore chez nous de précédent.

Cela ne pouvait être qu'un travail d'équipe et ceux qui ont travaillé avec lui ont infiniment apprécié les qualités de l'homme et du chef. Gilbert RUTMAN était courtois, pudique, secret même, mais plein de chaleur et de générosité, fidèle à ses amis et loyal avec les autres même quand ils ne le méritaient pas. Il était par nature assez sceptique sur les hommes et les choses, mais sans que cela affaiblisse sa volonté d'agir et de réaliser.

Aussi fut-il très actif au sein d'associations ou de groupements destinés à promouvoir ses condisciples ou plus généralement ses compatriotes. Déjà plus lié que la moyenne de ses camarades de corps avec les " Titus " lors de ses deux années d'Ecole, il reste aussi fidèle que ses charges le lui permettent, aux réunions de la Promo 49, alors que son horizon est naturellement bien plus large que notre modeste groupe. Après avoir présidé l'Association Française des Techniciens du Pétrole (AFTP) en 1981-82, il préside de 1987 à 1990 notre Association. Il est très attentif aux problèmes d'emploi et, à cet égard, stimule l'action du Service Promotion-Emplois-Carrières d'INTERMINES constituée en juin 1983. Dans la perspective inéluctable de la mondialisation, il mesure les défis que pose à notre culture technique l'omniprésence anglo-saxonne et l'exiguïté de nos promotions annuelles face aux gros bataillons étrangers. Il y voit la nécessité que nos Ecoles des Mines, sans nécessairement fusionner, se constituent en un réseau solide et reconnu.

Le choix unanime de Gilbert RUTMAN pour présider le Conseil National des Ingénieurs et Scientifiques de France (CNISF), lors de sa constitution en 1992, est donc d'une grande logique. Il allait montrer dans l'affaire une patience infinie et inaltérable et laisser à son successeur une organisation structurée, respectée à l'étranger comme en France.

Contraint par sa santé de se ménager depuis quelques années, il avait peu à peu, mais avec une certaine mauvaise grâce, réduit ses activités sinon ses déplacements. La perspective de devenir inutile l'irritait ; il aimait la vie, non pour elle-même, mais pour ce que l'on peut en faire.

Pour nous, ses camarades et ses amis, il reste le souvenir de l'homme remarquable qu'il fut jusqu'au bout. Toute notre sympathie attristée va à ses proches et à tous ceux qu'il chérissait.

Pierre MOUSSEL (P49)