Maurice MONTHIERS (1853-1925)


Monthiers, élève de l'Ecole des Mines de Paris
(C) Photo collections ENSMP

Né le 23/9/1853 à Paris. Décédé le 2/5/1925 à Paris.
Sa fille Jeanne (1890-1995) a épousé en 1914 Fernand SAINT-RAYMOND (1887-1971), qui fut président de plusieurs chambres de la Cour des comptes et commandeur de la Légion d'honneur. Jeanne et Fernand SAINT-RAYMOND sont les grand-parents de Philippe SAINT-RAYMOND

Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1874 : admis en cours préparatoire le 25/8/1873 classé 8, puis comme externe le 24/10/1874 classé 11, il sort le 12/6/1877 classé 8). Ingénieur civil des mines.


Publié dans le Bulletin de l'association des anciens élèves de l'Ecole des Mines (1925)

On ne saurait laisser partir ce galant homme, ce bon camarade, cet excellent ami. sans retracer la vie heureuse qui lui fut impartie. Né dans l'aisance, Maurice Monthiers eût pu, comme tant d'autres se contenter d'une oisiveté active ; mais son tempérament nerveux avait besoin de se dépenser en travaux utiles, et la conscience qu'il apportait à tout ce qu'il entreprenait transformait vite en devoirs les moindres obligations de ces entreprises.

Au sortir de l'école et du volontariat, il cherchait sa voie lorsqu'en 1880 on lui proposa de devenir l'adjoint d'Antoine Bréguet pour la préparation et l'organisation de l'Exposition d'Electricité de 1881, sous la haute direction de M. Georges Berger. Les générations actuelles ont presque perdu le souvenir de cette manifestation si originale et si réussie, due presque tout entière à l'initiative privée, et dont l'industrie électrique moderne est née. Aux côtés de l'homme éminent qu'était Antoine Bréguet, Monthiers se fit apprécier et s'initia aux détails multiples et complexes de l'organisation d'une Exposition internationale.

Aussi, dès 1883, lui confia-t-on la direction de la section française à l'Exposition d'Amsterdam, à la suite de laquelle il fut fait chevalier de la Légion d'honneur.

A peine l'Exposition d'Amsterdam se terminait-elle qu'il était nommé, en 1885, commissaire de la section française à l'Exposition d'Anvers.

Il était donc rompu à la technique des organisations d'Expositions, lorsqu'en 1887, son ancien chef de 1881, qui était resté son ami, M. Georges Berger, lui confia les hautes fonctions de directeur de la section française à l'Exposition universelle de 1889. C'est là que Monthiers donna toute sa mesure ; j'ai dit plus haut sa conscience au travail, qui tourmentait son repos tant qu'il sentait sa tache inachevée. Pendant deux ans, son activité, son affabilité, son souci d'aplanir les difficultés que l'intrensigeance des uns, les susceptibilités des autres, suscitent journellement dans toute Exposition, aux commissaires généraux, lui gagnèrent les suffrages unanimes et justifièrent sa promotion au grade d'officier.

Il s'était marié pendant cette période, et, rentré dans la vie civile, il bornait ses vœux aux joies familiales, lorsque le Gouvernement le désigna, en 1893, comme Commissaire général de la France à l'Exposition de Chicago ; puis, en 1898, à l'Exposition de Bruxelles. Ce furent ces dernières fonctions, qu'il accomplit avec une distinction particulière, qui le firent élever au grade de Commandeur de la Légion d'honneur en 1898. Il avait quarante-cinq ans à peine, il avait affirmé son expérience et sa maîtrise dans l'organisation et la direction des Expositions universelles ; il pouvait très légitimement espérer qu'on ferait appel à son concours pour la préparation de l'Exposition de 1900. Mais d'autres idées prévalurent, un autre personnel s'imposa, et tous les collaborateurs de 1889 furent délibérément mis à l'écart.

Monthiers en prit très philosophiquement son parti, et, avec la même activité et la même conscience qu'il avait apportées à ses anciennes fonctions, il se consacra désormais à la gestion de sa propriété de Coupigny dans la Marne, et surtout à la haute direction des Papeteries de la Risle, où sa famille avait de gros intérêts, et dont il présidait le Conseil d'administration. Pendant près de vingt ans il en a fait sa principale occupation et son constant souci. Il a eu la joie d'y voir son fils aîné, ancien élève de l'Ecole Centrale, assumer peu à peu, avec un plein succès, la direction générale des usines.

Malgré ses 72 ans sa verdeur était telle que la nouvelle de sa fin a doulouresement stupéfait ses amis, — qui garderont le souvenir de ses belles qualités de cœur et d'esprit —, et ses contemporains qui songent mélancoliquement, en écrivant ces lignes, aux cinquante longues années écoulées depuis l'heureux temps où Maurice Monthiers, gai, expansif et affectueux, remplissait de son entrain les couloirs de notre vieille Ecole.

G. Sciama (Ancien élève de l'Ecole des mines, promotion 1874).