Edouard LONDE (1829-1891)

Bulletin de l'Association amicale des anciens élèves de l'Ecole des Mines, Décembre 1891

Notre association vient encore de faire une perte bien douloureuse : Edouard Londe, membre de son Comité, est mort le 27 octobre 1891 à l'age de 62 ans.

Né à Paris le 11 janvier 1829, il fit de brillantes études au collège Louis-le-Grand, et, parmi ses succès universitaires il remporta un premier prix au concours général des collèges de Paris et de Versailles.

Il se préparait à l'Ecole Polytechnique lorsqu'une maladie grave, en retardant son travail l'empêcha de réussir dans ses examens au moment où il allait atteindre la limite d'âge, alors fixée à vingt ans, qui s'opposait à ce qu'il pût ensuite concourir pour les carrières civiles ; il se présenta à l'Ecole des Mines de Paris où il fut admis au mois de Novembre 1849.

Pendant qu'il y terminait sa dernière année d'études, sa place était déjà marquée à la Compagnie des Messageries Maritimes récemment fondée, et, après avoir obtenu son brevet d'Ingénieur civil des Mines, il fut autorisé à suivre, à Lorient, les cours et les exercices pratiques de l'Ecole d'application du Génie maritime, pour achever de se préparer aux fonctions qu'il devait remplir.

A sa sortie de cette dernière Ecole, au mois de mai 1855, il prit possession du poste d'ingénieur en second des ateliers des Messageries Maritimes qui lui étaient, réservé à la Ciotat.

Quelques années plus tard, il passait au service de la Société des Forges et Chantiers de la Méditerranée en qualité d'Ingénieur en second des ateliers de constructions mécaniques de Menpenti, à Marseille. Il avait épousé la fille aînée de M. François Bourdon, l'éminent ingénieur en chef de cette Société et secondait activement son beau-père : ces circonstances lui préparaient un bel avenir, mais à la mort de M. Bourdon, enlevé prématurément à ses travaux, le temps de service de Londe n'était pas jugé suffisant pour qu'il fut appelé à lui succéder. Il entra alors comme ingénieur à la Société de constructions métalliques Joret et Cie.

Pendant la durée de sa trop courte carrière active, il avait fait plusieurs voyages à l'étranger et rempli des missions importantes en Angleterre, en Belgique, en Turquie et en Italie, cette dernière pour la construction des galeries Vittorio Emmanuele à Milan.

Depuis de longues années, il avait été atteint d'une très grave maladie des yeux à la suite de laquelle sa vue s'était affaiblie progressivement au point de lui rendre impossible tout travail un peu suivi de lecture, d'écriture ou de dessin ; il devint alors commissaire et administrateur de diverses sociétés industrielles.

Il a été l'un des premiers adhérents de notre association, il a pris part à sa fondation et lui est resté toujours très dévoué ; il a fait partie de la plupart de ses Comités où ses collègues appréciaient sa droiture, ses idées pratiques et son esprit conciliant.

Edouard Londe a trouvé dans les affections d'une famille étroitement unie un soulagement à la souffrance morale qu'il éprouvait de se voir réduit à une inaction relative ; il était essentiellement bon, loyal et serviable ; ceux qu'il a obligés - et ils sont nombreux - pourraient seuls rappeler les services qu'il a rendus, car il apportait tant de réserve et de délicatesse dans ses soins obligeants ou dans ses bonnes actions que ses amis les plus intimes eux-mêmes en étaient instruits seulement en les devinant.

Il laisse à ses amis, à tous ceux qui ont pu le connaître et qui honorent sa mémoire, le souvenir impérissable d'un homme de bien.

A. PETITJEAN.