Jean-Michel LE CLÉAC'H (1954-2013)

Jean-Michel Le Cléac'h est décédé le samedi 28 décembre 2013 au matin. Il était célibataire. D'origine bretonne, il avait 4 frères et soeurs, tous mariés : Pierre, Anne (ép. Martinetti), Véronique, Fabrice ; il était le 2ème de la fratrie

Etudes : Ingénieur diplômé de l'Ecole nationale supérieure de géologie (1977), docteur de l'Ecole des mines de Paris (1982).

Chercheur-enseignant du centre de géosciences à l'Ecole des mines de Paris, il participe aussi activement aux projets du Musée de minéralogie de l'Ecole et de l'association ABC Mines. Il collabore à la rédaction de la revue "Minéraux et fossiles" (devenue "Fossiles" en 2010).

Il avait 2 hobbys scientifiques : la minéralogie (à partir de l'âge de 8 ans) et l'amplification acoustique (à partir de 14 ans).

Le site web des Annales des mines lui doit notamment d'excellentes biographies de François-Ernest Mallard, de Georges Painvin et de Armand Lévy.

Cérémonie du 22 janvier 2014 en l'honneur de Jean-Michel LE CLEAC'H

au Musée de minéralogie de MINES ParisTech, 60 boulevard Saint-Michel, Paris 6ème

Cette cérémonie a eu lieu le 22 janvier 2014, de 10 h à 11 h 30. Elle était organisée par Didier NECTOUX, conservateur du musée de minéralogie. Elle a été suivie d'une messe à 12h en l'église Saint Jacques du Haut Pas à coté de l'Ecole des Mines.

Certaines allocutions prononcées à cette occasion sont reproduites ci-dessous, illustrées par les photos des intervenants.

Allocution de Romain SOUBEYRAN, directeur de MINES ParisTech :

Vous connaissez la raison de cet événement : la disparition tout-à-fait inattendue de Jean-Michel Le Cléac'h entre Noël et le Jour de l'An. C'est un événement qui a tristement clôturé l'année 2013, et qui a durement affecté tout le monde, tous ceux qui le connaissaient à l'Ecole des mines. Ils étaient nombreux, parce que Jean-Michel était quelqu'un de discret, mais il était tellement serviable, c'était un tel puits de science que nombreux étaient ceux qui avaient eu affaire à lui de près ou de loin. C'est même un paradoxe que quelqu'un qui se mettait aussi peu en avant, qui était tellement difficile à faire mettre en valeur, ait acquis une telle aura au sein de l'Ecole et bien au-delà.

Il était très connu dans les milieux de la minéralogie. Il était également extraordinairement apprécié par tous les visiteurs non spécialistes de la minéralogie, à qui il était capable de faire passer sa passion pour les minéraux, et j'en avais usé un certain nombre de fois, et sa disparition est une perte majeure pour le musée, on en est tous conscients. Il fait partie de ces personnes, de ces piliers, qui ne sont pas remplaçables. Alors, on peut toujours trouver d'autres personnes, on va chercher un successeur, mais certainement pas un remplaçant. Nous avons évidemment tous été pris de court par cette nouvelle dramatique. Merci aux organisateurs, merci à Didier [Nectoux] d'avoir organisé cette journée, et maintenant place aux témoignages.

Allocution de Didier NECTOUX, conservateur du Musée de minéralogie de MINES ParisTech

C'est au nom de ses collègues du musée que je vais m 'adresser à vous : il y a Farida Maouche, il y a Michel Lechartier, donc c'est au nom de tous les trois que je vais m'exprimer. C'est Farida qui me faisait remarquer qu'on passe avec ses collègues plus de temps qu'avec sa famille proche, et donc Jean-Michel était un proche. Nous avons vraiment ressenti cette perte comme ça, et je n'ose pas vous décrire le sentiment dans lequel on était quand on est arrivés le lundi d'après les vacances de Noël et qu'on a pénétrés dans ce musée. Jean-Michel nous manque terriblement, il nous manque à titre personnel.

Le matin, quand on arrivait, puisque c'est celui qui arrivait le premier au bureau, c'est lui qui nous accueillait, et cet accueil manque terriblement au Musée. Personnellement j'ai beaucoup d'émotion puisque nous avons partagé le bureau il y a une trentaine d'années ensemble ; il y avait Pascal Bouniol aussi, je me souviens aussi de Pierre Gaudon qui est un collègue à l'Ecole des mines d'Alès.

Au niveau de la connaissance de la collection de minéralogie, il avait quelque chose qui n'est pas remplaçable, et sa perte est donc pour nous très, très importante. Il y a un dicton qui dit qu'en Afrique, lorsque quelqu'un disparaît, c'est une bibliothèque qui brûle. Là on est vraiment dans cette image-là. Alors, il y a un livre qui a été sauve l'année dernière [Curiosités minérales], je sais que les éditeurs d'OMNISCIENCE sont ici, Dominique Decobecq et Cyrille Benhamou (photographe), merci, je les remercie pour ça, car ce livre va permettre au nom de Jean-Michel de perdurer à travers toutes ces photos, et de propager sa connaissance.

Je suis vraiment très content qu'il y ait tant de monde ici !




Allocution de Jean-Marc MATHARAN, secrétaire général de l'association ABC MINES :

Inutile de vous dire que je suis ému. Depuis une vingtaine d'années, depuis 1994, aucune réunion aussi fournie n'a pu avoir lieu ici, ni même dans le Musée, encore moins dans la salle Raymond Fischesser, sans la présence de Jean-Michel Le Cléac'h. Il se tenait là, et je le revois encore. Bien sûr, il est parmi nous maintenant, au moins par son esprit. Alors pourquoi 20 ans ? C'est en 1994 qu'il a rejoint la petite équipe du Musée, dont je faisais partie. Quelques années auparavant, lorsque nous élaborions les futurs statuts d'ABC MINES, il était déjà là, et son numéro d'immatriculation à ABC MINES le prouve, il a le n° 35.

Quelques années plus tard, dans les années 1999-2000, il a envisagé de donner des cours annuels aux gens d'ABC MINES. Pour ces cours, il a utilisé la classification structurale de Strauss, les éléments, les sulfures, les halogénures, les phosphates, arséniates, pour terminer par les silicates, et ceci sur une période de 2000 à 2013, c'est-à-dire une quinzaine d'années. Ces cours ont toujours eu beaucoup de succès parmi les auditeurs. Il a également voulu organiser des voyages, mais il ne voulait pas les baptiser " voyages ", c'étaient des excursions géologiques, minéralogiques ou presque touristiques. C'étaient les travaux pratiques suite aux cours. Et c'est la raison pour laquelle les minéraux du Musée servaient toujours de support à la préparation de ces voyages. Une anecdote : il me disait " je vais dans le Massif Central, et à Pontgibaud il y avait des gisements de plomb-zinc, alors je vais voir s'il y en a dans les tiroirs ". On a ainsi reçu de nouveaux échantillons dans les tiroirs.

Il était aussi chargé d'approvisionner le Musée avec les nouvelles espèces de minéraux qui arrivaient au fur et à mesure sur le marché. Quand on n'avait pas le minéral en question, il essayait de l'avoir dans le respect de l'enveloppe budgétaire qui nous était allouée.

C'était un naturaliste : il aimait la minéralogie, mais aussi la botanique. Quand on allait au restaurant, on passait par le jardin du Luxembourg, et au printemps il se régalait de regarder la pousse des fleurs. C'était également un naturalisme féru de techniques : je le revois aux débuts des ordinateurs, il maîtrisait l'outil informatique comme je l'ai rarement vu. Quand il y avait un problème, il n'appelait jamais un dépanneur, il dépannait tout seul.

C'est un ami qui va me manquer personnellement. C'était l'honnête homme du XVIIIème siècle, qui était avide du savoir, mais pas du savoir que pour lui, mais du savoir à transmettre.

Je m'adresse maintenant à sa famille, M. Joseph Le Cléac'h, et Anne, et je leur transmets mes condoléances sincères et très attristées.

Allocution de Michel DEVEUGHELE, professeur à MINES ParisTech, ancien chef du Centre de recherche en Géologie de l'Ingénieur :

Je voudrais évoquer la carrière professionnelle de Jean-Michel, qui s'est déroulée entièrement à l'Ecole des mines de Paris, et pour sa plus grande partie au Centre de Géologie de l'Ingénieur (CGI), centre d'enseignement et de recherche commun à l'Ecole des mines et à l'Ecole des ponts et chaussées. C'est cette période de l'activité de Jean-Michel que je vais évoquer très brièvement.

Entre Jean-Michel et le CGI, c'est une longue histoire, mais qui a failli ne pas avoir lieu. Alors qu'il était étudiant à l'Université Pierre et Marie Curie (Paris 6 à l'époque), Jean-Michel a suivi un certificat de maîtrise en géologie de l'ingénieur qui était organisé par le fondateur et directeur du Centre à cette époque, Marcel Arnould. Et l'esprit curieux de Jean-Michel, résolu tourné vers les applications industrielles, l'a amené à poser sa candidature au DEA en géologie de l'ingénieur que nous organisions au CGI. Mais, malheureusement pour le CGI et très opportunément pour Jean-Michel, il était en même temps admis sur titres à l'Ecole de géologie de Nancy. Les années qu'il y a passé ne l'ont finalement pas dissuadé de rejoindre en 1977 le Centre de géologie de l'ingénieur, où il a préparé une thèse de docteur-ingénieur avec pour sujet la synthèse du silicate tricalcique par irradiation électronique, thèse qu'il a soutenu en 1982. Dès lors ingénieur de recherche, il a apporté sa contribution aux diverses activités du Centre : il a d'abord été logiquement l'homme de la diffractométrie des rayons X, et le référent du Centre dans ce domaine. Mais ses multiples compétences, et par seulement son expertise en minéralogie et en pétrographie, en ont fait un acteur très apprécié de multiples actions de recherche. Dans le même temps, il a, comme la plupart des enseignants-chercheurs du Centre, participé aux activités d'enseignement, à la fois en cycle ingénieur, à l'Ecole des ponts essentiellement, et en troisième cycle. En 2000, alors que le Centre quittait le boulevard Saint-Michel pour s'installer à Marne-la-Vallée, Jean-Michel officialisait sa participation au Musée de minéralogie, mais il gardait un pied dans le Centre pour des activités de recherche. Le déplacement en 2005 du Centre à Fontainebleau a été fatal à sa participation.

J'évoquerai donc deux aspects : recherche et enseignement, en soulignant l'apport original de Jean-Michel.

Jean-Michel le chercheur d'abord : même si il n'a en pratique dirigé que peu de thèses, Jean-Michel a été associé à l'encadrement de nombreuses autres, dont la qualité et la pertinence des résultats lui doivent beaucoup. Je n'évoquerai qu'un seul thème de recherche, qui a donné lieu à de nombreux rapports et à la soutenance d'au moins 5 thèses. Ce thème est celui de la déformation des roches allitiques. A la fin des années 80 et durant les années 90, plusieurs formations géologiques étaient étudiées par l'ANDRA comme stockage potentiel pour les déchets radioactifs à vie longue et de haute radioactivité. Parmi elles, le sel, et plus particulièrement les séries salifères du bassin bressan. Pour cette étude, à côté des études de comportement classiques menées par les mécaniciens des roches, le CGI a développé à partir de 1988 un dispositif original d'étude du fluage appelé pompeusement " microcellule CGI ", permettant de suivre visuellement la déformation d'un lame de 5 mm d'épaisseur, 5 cm d long, 4 cm de large, frettée entre deux lames de verre et soumise à un effort de compression selon ses faces les plus petites. Des dispositifs annexes permettaient d'imposer une température, un gradient de température dans la lame, et un degré d'hygrométrie à l'intérieur de la cellule. Les observations ont été faites à l'échelle de la lame, détermination du taux de déformation globale, détection et suivi du développement de macro-fissurations. Elles l'ont aussi été à l'échelle des grains et des joints de grains, avec l'étude fine de déformation de ces éléments. En plus, la transparence de la halite permettait d'avoir un vision quasi tri-dimensionnelle des cristaux et de leur limite. La participation de Jean-Michel à la formation des chercheurs à l'observation fine des lames a été déterminante pour l'acquisition de résultats par ces derniers. Dans les cristaux de halite par exemple, on a pu suivre la migration des inclusions fluides, leur coalescence et éventuellement la formation d'une phase fluide interstitielle. Les techniques d'analyse d'image qu'il maîtrisait parfaitement se sont avérées primordiales pour quantifier nombre d'observations et valider les plus qualitatives. Elles ont aussi permis, une fois les études sur le sel arrêtées, de réorienter l'utilisation de la micro-cellule vers l'utilisation de lames d'argilite avec des constituants là nettement plus petits.

Telle est l'implication de Jean-Michel dans la recherche : une expertise, combinée à une large gamme de compétences complémentaires, pour une approche performante, des résultats pertinents et des interprétations cohérentes. Jean-Michel était certes plus expert que chercheur, mais son expertise était grande et pluri-disciplinaire. Son apport à la qualité des recherches menées au Centre de géologie de l'ingénieur a été déterminante.

Jean-Michel l'enseignant : Jean-Michel a conçu, vous le savez tous ici, et assuré de nombreux modules d'enseignement pour des organismes et donc des publics très variés. Pour ma part, je n'évoquerai que sa contribution aux stages de terrain organisés par le CGI. Jean-Michel n'était pas spécialement un géologue de terrain, mais à coup sûr c'était un encadrant de stages de terrain de toute première qualité. Les stages de terrain organisés par le CGI étaient selon un format original et initialement conçu pour former les ingénieurs de l'Ecole des ponts et chaussées. Il s'agissait, le plus souvent en 5 jours, de combiner une initiation à la géologie dans ses composantes les plus basiques, à une sensibilisation à l'importance des facteurs géologiques dans l'insertion des ouvrages de génie civil et de bâtiment dans un site. Pour d'autres publics, cette démarche a été adaptée à la prospection et à l'exploitation des ressources naturelles par exemple. Pour avoir encadré conjointement avec Jean-Michel de nombreux stages, je peux personnellement témoigner de sa parfaite adaptation. Jean-Michel était un excellent pédagogue. Comme il aimait parler, travailler avec lui était un réel plaisir : il suffisait de le laisser parler et accessoirement de l'écouter pour mettre à profit sa technique d'approche dans d'autres circonstances en son absence ! Mes interventions pendant le stage se limitaient le plus souvent à quelques apartés avec quelques élèves, et à des exposés plus techniques sur des ouvrages et leur environnement. La pédagogie, si naturelle puisse-t-elle paraître, nécessite souvent un travail préliminaire relativement important. Jean-Michel travaillait. A témoin, les schémas, coupes et cartes revisitées des grands classiques, qu'il avait dessinés sur un cahier qu'il présentait à un moment opportun. De même, devant un affleurement, il savait stimuler la réflexion personnelle des élèves, et les guider sûrement vers la réponse à la question posée.

Toute médaille a son revers. Jean-Michel était un homme d'habitudes et de certitudes, avec lesquelles il ne transigeait pas. Ainsi, des choses aussi futiles que le lieu et l'heure du pique-nique sur le terrain étaient des éléments imposés. Déroger était problématique. Je me souviens qu'alors que nous étions censés nous suivre dans deux voitures différentes jusqu'à l'heure du déjeuner, nous nous étions perdus. Jean-Michel, furieux du retard, m'a vigoureusement réprimandé - pour parler correctement - devant les élèves, alors que j'étais pourtant officiellement son supérieur hiérarchique. Les élèves et moi-même étions hilares. Un apéritif général a eu raison de l'incident.

De même Jean-Michel, le saviez-vous sans doute, ne conduisait pas. Ce qui est moins connu, c'est que c'était également un piètre co-pilote. Il m'est souvent arrivé, ainsi qu'à d'autres collègues lors de la préparation de stages, de me retrouver de son fait dans des situations difficiles, sans que Jean-Michel en soit d'ailleurs réellement conscient. Nous nous en sommes d'ailleurs toujours bien sortis en géologues expérimentés. Cela faisait aussi partie de son charme. Il nous a laissé de bons et mémorables souvenirs.

Sur un plan plus personnel, je dois vous dire que la disparition brutale d'un collègue et ami de près de 40 ans, que j'appréciais tout particulièrement, m'a beaucoup affecté. Nous avions encore des projets communs, qui malheureusement ne se réaliseront pas. Mes pensées vont aussi à sa famille, dont il me parlait souvent avec beaucoup d'affection.

Allocution de Philippe BERGER-SABATEL (ancien président de la Société Amicale des Géologues Amateurs, SAGA) :

De nombreux membres de la Société Amicale des Géologues Amateurs (SAGA) sont présents ici, et j'en suis très heureux, pour rendre cet hommage à Jean-Michel.

Vous connaissez Jean-François Gazin, il est membre d'ABC MINES. Il est gravement malade et n'a pas pu se déplacer. Il m'a chargé de l'excuser auprès de vous et il m'a chargé de vous lire la lettre qu'il avait envoyée au père de Jean-Michel, M. Joseph Le Cleac'h. Cette lettre représente pour lui un message important qu'il voulait vous transmettre.

Bien sûr, à titre personnel, je suis tout à fait d'accord avec tout ce qui a été dit sur Jean-Michel. Je l'ai connu effectivement il y a bien longtemps. Nous nous sommes rencontrés de nombreuses fois, il a toujours répondu favorablement à chaque fois que nous avions besoin de lui, et sa mort brutale nous a causé une profonde et douloureuse émotion. Sa présence, son humanité et ses immenses connaissances vont beaucoup nous manquer.


Allocution de Yves FARGE, représentant l'association MELAUDIA :

" Je suis entré dans la HiFi en 1968 quand mon oncle, dont le travail consistait à exploiter des juke box dans les cafés, m'a offert pour mon 14ème anniversaire un amplificateur push-pull de 6Z6 de chez Maloyer. Je m'intéresse beaucoup à l'utilisation des tubes en basse fréquence, et aussi celle à très haut rendement. Dans mon système j'ai construit presque tous les maillons, et ceux que je n'ai pas construit ont tous été modifiés par moi-même. En fait, je fais partie des bricoleurs, ceux qui font tout eux-même ". Voici ce que Jean-Michel disait le 26 novembre 1998 à la création du premier forum HiFi francophone dont le nom était " son QC " et dont il fut le premier membre : quelle leçon de modestie, un bricoleur !

Jean-Michel était un homme de passion, passionnant et passionné. C'est entre autres à ce monde de la haute fidélité qu'il s'est consacré avec passion pour le conduire à être reconnu internationalement comme l'un des plus éminents spécialistes de ce domaine. Ses passions, il vous les faisait partager en vous communiquant celles-ci avec un sens aigu de la transmission. Transmettre ! Je pense que dans ce lieu, ce mot a tout sons sens. Il était membre de l'association MELAUDIA, et sa présence faisait toujours autorité et référence. MELAUDIA signifie : Mélomane et Audiophile Associés. Jean-Michel était une pierre fondatrice, engagé et actif dans toutes nos activités, que ce soit par sa présence aux réunions de l'association, par sa participation à des séminaires européens, ou son implication très forte sur les sujets qu'il affectionnait dans les forums de haute fidélité sur internet, et particulièrement celui de MELAUDIA et de SON QC, qu'il animaavec talent et passion.

Il ne nous parlait pas que de haute fidélité d'ailleurs, mais de tir à l'arc, de son amour pour le Japon, et aussi de sa Bretagne, sa vraie passion. Toute cela l'avait forgé et lui avait donné une grande sagesse.

Quelques souvenirs qui nous reviennent en mémoire. Plusieurs fois par an, MELAUDIA se réunit, le week end, à Rueil Malmaison, et souvent comme toute association, nous avons une sorte de rituel. Le samedi, nous procédons à l'installation de notre système, deux énormes enceintes acoustiques et du matériel électronique fait maison, d'ailleurs souvent prêté par Jean-Michel. A ce moment, Jean-Michel, avec son sens de la perfection que vous connaissez, nous aidait à régler le positionnement et la cohérence du système. C'était toujours un grand moment d'éducation pour tous les participants. Le dimanche, la journée est en général dédiée à l'écoute de ce système et, quelquefois, avec une conférence. Jean-Michel en a fait de nombreuses, dont certaines ont fait le tour de la planète grâce à internet. Pendant le déjeuner, moment très convivial, c'était toujours un privilège de pouvoir être à côté de Jean-Michel car nous avions tous tellement de questions à lui poser. A l'heure d'internet, sa renommée a largement dépassé nos frontières. Pardon pour cette familiarité, mais une simple recherche sur internet en tapant " filtrage Le Cleac'h " et vous aurez en réponse plus de un million de liens. C'est dire l'influence qu'il a eu dans le monde de l'audio.

Je ne peux pas maintenant ici expliquer ses nombreuses contributions en termes d'acoustique, d'architecture pour la propagation des sons, de feuilles de calcul et de modélisation, d'électronique et bien d'autres, qui resteront comme des références pour tous les audiophiles dans le monde. Je n'en retiendrai que deux, qui portent son nom et qui demeureront : le " filtrage Le Cleac'h " et les " pavillons Le Cleac'h ". Là, le travail de Jean-Michel non seulement a jeté un regard neuf, mais il ouvre des perspectives dont la portée ne cessera de s'imposer dans les années à venir.

On comprend qu'une disparition si brusque ait suscité tant de réactions. Comment peut-on se résigner qu'un tel esprit cesse aussi brutalement de nous éclairer. Jean-Michel était aussi un homme proche des autres, il était toujours là pour aider chacun à progresser. Sous son apparence austère, il était empli de gentillesse, se préoccupant toujours des autres. Mais il était aussi plein d'humour, et toujours modeste. Il est difficile d'imaginer qu'il ne sera pas des nôtres à notre prochaine réunion. Je crois que c'est à ce moment-là que nous ressentirons tous le vide qu'il laisse, car il ne viendra pas.

Je voudrais dire qu'au-delà de la perte d'un grand prédicateur et d'un mentor pour beaucoup d'entre nous, c'est la perte d'un ami qui laissera une blessure qui ne se refermera pas.

Je voudrais enfin, au nom de MELAUDIA, exprimer ma profonde sympathie à sa famille, et te dire, Jean-Michel, que tu resteras toujours dans nos cœurs.


Joseph Le Cléac'h


Joseph et sa fille Anne
Allocution de Joseph LECLEAC'H :

Je suis le père de Jean-Michel. Je voudrais seulement donner quelques anecdotes. Lors des obsèques, j'ai fait une petite allocution aux cousins et aux amis de Bretagne. Je vais en donner le début et peut-être la fin.

Dès son plus jeune âge, Jean-Michel a montré les plus grandes capacités d'apprentissage et de mémorisation. Un jour que je le voyais assembler des pièces de Meccano et divers objets, je lui posais la question : " As-tu appris tes leçons ? ". Il me répondait " J'étais à l'école aujourd'hui et je les connais ". Plus tard, alors que nous nous promenions à la campagne, il arrêtait notre promenade parce qu'il avait remarqué sur le sol quelque chose qui l'intriguait. Nous avons déterré un morceau de bois fossilisé. Il avait déjà du goût pour la géologie et il commençait immédiatement une collection de minéraux qu'il n'a jamais arrêté.

C'est son oncle et son parrain qui lui a fait cadeau de ce fameux juke box qu'il a totalement éventré. Donc plus tard il a acheté des appareils de mesure très sophistiqués, il est devenu ce qu'on connaît maintenant.

Il ne pouvait pas s'arrêter de faire de nouveaux projets, il avait toujours des projets pour le lendemain, pour le surlendemain, pour les années à venir. Hélas, le 26 décembre il a été terrassé par une hémorragie cérébrale importante qui ne permettait pas une intervention chirurgicale. Compte-tenu de sa personnalité, de son humanité, sur la demande du Centre de réanimation de l'hôpital Laennec de Quimper, sa famille a accepté que soit pratiqué un don d'organe. Dans les 24 heures, des greffons ont été immédiatement implantés sur les patients, à Brest, à Nantes, à Paris. Nous formons des vœux que les vies changent.

Par sa générosité, sa gentillesse, sa serviabilité, ses talents de pédagogue et d'ingénieur, et d'inventeur, son érudition dans tous les domaines, sa rigueur scientifique, sa modestie, sa disponibilité envers les autres, envers ses élèves, ses amis, sa famille, Jean-Michel a largement mérité notre respect, notre admiration, notre amour, nos prières, qu'il repose en paix.


Quelques personnes très affectées par le décès de Jean-Michel, vues dans l'assistance

Maurice MERMET, ancien patron des Mines de Potasses d'Alsace, ancien directeur de l'Ecole des mines de Saint-Etienne, appréciait beaucoup Jean-Michel
En haut à gauche, portrait de Fuchs
Hugues MOLET, professeur de gestion industrielle à l'Ecole des mines de Paris, rédacteur en chef de la Revue française de gestion industrielle Bernard BEAUDOIN, professeur titulaire émérite de géologie, spécialiste des bassins sédimentaires, un ancien pilier du Centre de Géosciences à Fontainebleau Michel KREMER, informaticien et géologue, a pris sa retraite de l'Ecole des mines à l'âge de 65 ans. Depuis plus de 10 ans, il continue à travailler comme bénévole au musée de minéralogie, tout en habitant à Fontainebleau K. D. PHAN (EMP 1952) fut professeur titulaire du cours de cristallographie de l'Ecole avant Pascal PODVIN, et a pris sa retraite depuis près de 20 ans.




La cérémonie au Musée de minéralogie de l'Ecole des mines a été suivie d'une messe à l'Eglise Saint Jacques du Haut Pas (au 1er rang, Joseph, père de Jean-Michel, et les soeurs de Jean-Michel) :




Quelques témoignages recueillis en dehors de la cérémonie :

Didier NECTOUX, conservateur du Musée de minéralogie de l'Ecole des mines de Paris, a écrit :

J'ai la douloureuse mission de vous annoncer le décès de Jean Michel Le Cléac'h qui est survenu samedi matin après un AVC.

Nous sommes tous bouleversés et toujours sous le choc de cette disparition brutale.

J'ajoute que pour le musée c'est une véritable catastrophe. Jean Michel était la connaissance et la mémoire de notre musée.

Vous êtes nombreux à avoir connu et travaillé avec Jean Michel. Nous garderons le souvenir d'un homme d'une grande gentillesse et d'une exceptionnelle compétence.

C'est pour moi un professeur et un collègue avec qui j'ai partagé le bureau il y a 32 ans, au CGI et avec lequel j'ai travaillé depuis 1 an au Musée (je suis terriblement triste et peiné).


René CARIOU a écrit :

Notre Grand Ami Jean-Michel, devait, comme à son habitude, venir diner ce samedi soir à la maison. C'était pour nous tous, avec Jean-Luc et Amélie et et aussi pour son père Joseph qui l'accompagnait toujours, un grand moment où l'on écoutait de la musique, ses idées, toujours novatrices, ses pavillons Iwata300, mes amplis à tubes, bref des moments magiques passés ensemble. Il était toujours très heureux à l'idée de nous retrouver autour d'un repas.

Jean-Michel n'a pas résisté à un accident de santé qui l'a emporté en quelques heures. Il retrouva le chemin de son église de Loctudy mardi 31 décembre à 14H30. J'ai demandé à tenir l'orgue pour que nous puissions l'un et l'autre, une dernière fois écouter de la musique.


Patrick CALLET, chercheur à MINES ParisTech, a écrit :

Quel choc en effet.

Quelle mine de connaissances pour tous ceux et celles qui, comme moi, hantaient la collection de minéralogie ! Je me souviendrai de son enthousiasme pour ces idées nouvelles de développer les liens avec la collection du musée et nos méthodes de simulation spectrales. Je me souviendrai aussi de cette gentillesse et de ce travail en profondeur dans le silence du soir. Il fera toujours partie de la collection.


Pascal PODVIN, adjoint au directeur des études et professeur à MINES ParisTech, responsable de l'option géosciences, a écrit :

Je suis très désolé et désemparé par cette nouvelle terriblement brutale.

J'ai eu bien des occasions de travailler avec Jean-Michel, en particulier dans le cadre de l'enseignement de Cristallographie à l'Ecole. Il m'avait très récemment demandé de donner une conférence dans le cadre de l'année de la Cristallographie, décidée par l'ONU en 2014.

Pour ceux et celles d'entre vous qui ne le savaient pas (et peu le savaient à l'Ecole), il était aussi connu sur Internet sous l'acronyme JMLC dans la communauté des amateurs d'enceintes acoustiques de très haut de gamme, dont il était un spécialiste reconnu (je crois même qu'il a déposé des brevets dans ce domaine... Il a en tous cas développé un logiciel d'optimisation de la conception d'enceintes qui est utilisé et référencé par beaucoup de monde.)

Ce n'était donc pas seulement un grand minéralogiste, mais c'en était un.


Alain GAUNAND, professeur à MINES ParisTech, responsable d'option et de master, a écrit :

Le décés de cet ami de 35 ans me touche profondément. Que de fois j'ai été lui rendre visite le soir au musée, pour le plaisir de le voir dans son univers et de l'écouter parler de ses sorties cailloux. Il aimait aussi beaucoup la musique classique, comme moi, et comme le rappelle Pascal, était très exigeant sur la qualité des enceintes.

Oui, nous perdons un collègue d'une grande gentillesse, d'une grande disponibilité, d'une grande compétence, une des âmes de notre musée.


Patrice LEBRUN, docteur de l'Ecole des mines de Paris (1993), rédacteur en chef de Fossiles, a bien connu Jean-Michel au cours de sa thèse au Centre de Géologie de l'Ingénieur. Il a écrit :

... Jean-Michel était bien connu des amateurs de minéraux, et notamment des lecteurs du Règne Minéral et du mensuel Minéraux & Fossiles. Il avait ainsi participé à la rédaction de nombreux numéraux hors-série "minéralogie" de cette revue aujourd'hui remplacée par Fossiles.

... Nous honorons dans ces quelques lignes la mémoire d'un minéralogiste de valeur et d'un infatigable inventeur, comme d'un ami qui laisse un grand vide dans la communauté scientifique française et internationale.

... La disparition de Jean-Michel Le Cléac'h est une terrible perte pour la communauté scientifique et le monde des amateurs, qu'ils soient passionnés des Sciences de la Terre ou de la haute fidélité.

Nous reproduisons ci-dessous un extrait de l'article de Patrice Lebrun, publié dans Le Règne Minéral, n° 11 :


Commentaire personnel de Robert MAHL

J'ai fait la connaissance de Jean-Michel aux débuts de l'introduction d'internet à l'Ecole des mines. En effet, j'ai personnellement réalisé le premier site web du Musée de minéralogie de l'Ecole, en liaison avec Michel Kremer et Jean-Michel, et sous le contrôle de la conservatrice de l'époque, Lydie Touret. Michel Kremer m'avait fourni une magnifique base de données sur 4000 espèces minérales, ainsi que les fascicules de Claude Guillemin décrivant la collection. Jean-Michel m'a fourni 900 photos de minéraux ainsi que des descriptions des plus belles pierres.

La réussite de ce projet purement parisien a permis par la suite d'élaborer un projet européen, baptisé EUROMIN, relatif à l'histoire de la minéralogie à travers l'Europe, vue par les musées de minéralogies de différents pays d'Europe, projet dont l'Ecole des Mines a été le principal contractant, avec une subvention de Bruxelles de 150.000 Ecus (on ne parlait pas encore d'Euros). Lydie s'occupait des relations avec les autres Musées, Jean-Michel de la collecte de données, tandis que j'assumais l'aspect informatique et administratif.

Par la suite, j'amenais périodiquement des groupes d'élèves au Musée, le plus souvent des Mastériens spécialisés en informatique et en management, et c'était Jean-Michel ou, à défaut, à partir de 2001, Jacques Touret, qui les recevait avec brio. J'avais le plus grand mal à faire respecter le timing qui limitait la durée de la visite, tellement Jean-Michel était passionné et arrivait à intéresser les mastériens à des sujets qui ne relevaient pas du tout de leur spécialité !

Jean-Michel était un très grand travailleur, et avait parfois des paroles dures à l'égard de collègues dont il trouvait le rendement insuffisant. Il se plaignait parfois, assez rarement d'ailleurs, du manque de reconnaissance de son travail par la hiérarchie ; probablement aurait-il aimé avoir davantage d'avancement dans sa carrière, devenir professeur titulaire ou conservateur du Musée, ou bien disposer de crédits pour financer des voyages à l'occasion de colloques scientifiques ou bien pour des collectes de cailloux. Mais dans l'ensemble il se plaignait peu de son sort, il vivait modestement, et il finançait parfois ses voyages professionnels sur ses propres deniers.

Une ultime preuve de sa générosité : peu avant sa mort, alors qu'il s'était déjà endetté pour contribuer financièrement à des réparations de la maison familiale en Bretagne, il voulait soutenir personnellement la venue en France d'une américaine qui devait faire une thèse de doctorat à l'Ecole des mines, et pour laquelle la décision de financement de l'Administration traînait quelque peu. Il décide même d'hypothéquer son appartement personnel de la rue Mouffetard. Quel magnifique dévouement pour une cause dans laquelle il n'avait aucun intéressement personnel ...




JEAN MICHEL LE CLEAC'H, L'AMI BRETON ET L'HISTORIEN PHOTOGRAPHE
Par Marcel Paul

Publié dans ABC Mines, bulletin n° 38, avril 2015

Beaucoup a été dit sur les connaissances encyclopédiques de Jean Michel que les auditeurs de ses cours pouvaient entrevoir à l'occasion de digressions scientifiques soudaines et lumineuses sur un aspect apparemment anecdotique de son exposé.
Tout le monde connait la chaleur et la simplicité de son amitié.
Ce qui suit se propose de souligner deux aspects majeurs de son activité dans ABC Mines.

Dans un autre cadre, Patrice Lebrun, ancien rédacteur en chef de la revue Minéraux et Fossiles a publié dans le n° 116 de la revue «Le Règne Minéral» un article dédié à Jean Michel le Cléac'h, minéralogiste et inventeur, ou il souligne le tempérament d'érudit et d'auteur de Jean Michel.
Patrice Lebrun est toujours rédacteur en chef de la revue Fossiles, suite a la scission intervenue et à la création de la revue Le Règne Minéral.
Jean Michel était son Directeur de thèse et Patrice a largement fait appel a lui en collaboration avec Fabien Cesbron et John Deville pour l'édition par « Minéraux et Fossiles » de monographies publiées hors série qui font autorité.
On peut noter les Béryls en juin 1997, la Calcite en juin 1998, les Zéolithes en juin 1999, le Quartz en juin 2000, la Fluorine en septembre 2001, Corindon et Spinelles en octobre 2002, les Feldspaths en octobre 2007, les Minéraux du Cuivre en novembre 2008, les Minéraux Uranifères en décembre 2009.

L'Ami de la Bretagne

Jean Michel repose désormais a Loctudy, et c'est en priorité la Bretagne qu'avec son alter ego Michel Gillmann il nous a fait découvrir avec amour et persévérance.
Il n'a pas hésité à y annexer la conquête géologique de la Vendée et de la Normandie. Ce qui suit en est l'éclatant témoignage.

Du 8 au 13 mai 2000:
Au depart de Loctudy déjà, Quimper, Locronan, Huelgoat, Rostrenen et Baud.
Cétait notre premiere découverte de la Kersantite, sans laquelle les figures si expressives des enclos paroissiaux bretons n'auraient pas vu le jour, le granit ne permettant pas la sculpture fine.
C'était aussi notre premier contact avec les leuco granites médio armoricains souvent rencontrés par la suite.
De cette premiere sortie date le cliché inoubliable représentant Jean Michel devenu barbu dans la position du druide breton devant l'énorme pierre branlante de la forét d'Huelgoat.

Du 17 au 22 mai 2002
Au depart de Rennes, la Rance, Dinard puis Saint Quai Portrieux, l'Arcouest, la découverte à Port Bénit de l'Icartien et de ses gneiss vieux de plus de 2 millions d'années, qu'on retrouvera a la pointe de Bihit.
Lannion, les enclos paroissiaux de St Thégonnec et Guimilliau, Roscoff, Morlaix, et Saint Paul de Léon, les menhirs de Kergadiou et de Kerloas, les ponts sur l'Elorn, Brest et le Conquet, les granits hercyniens et les nombreux batholites médio armoricains.
Des Sables d'Olonne, puis St Nazaire, on revient vite au Morbihan par le Croisic, Le Pouliguen, les marais salants de Guérande, Port Navalo et Vannes. De Vannes à Lorient, via Carnac et ses alignements, Locmariaquer, Ploërmel, le kaolin dont on a tant de mal a se débarrasser, la presqu'ile de Rhuys, le tumulus St Michel et ses dolmens, l'Ile de Groix, les éclogites; Port Tudy, Lorient.

Du 14 au l9 juin 2004
Départ de Laval vers le Cotentin. La mine de La Lucette, l'étain, le Wolfram.
Fougéres et ses remparts. Jean Michel devant le menhir du Champ Dolent.
Dol et sa cathédrale, le Mont Saint Michel, Avranches, Carolles, l'if des Ursins qui a 2000 ans, la cathédrale de Coutances, le briovérien de Saint Lo, Carentan, Flamanville et son chantier géant, Dielette, le cap de la Hague, Cherbourg et le sous-marin Le Redoutable. Le socle précambrien, les terrains plutoniques cadomiens qui ont entre 650 et 450 millions d'années. Le gneiss Icartien de Jobourg.

Du 2 au 26 mai 2007
De Guingamp a Brest via Lannion et Morlaix. Le RocTrevezel, retour aux enclos paroissiaux de Commana et Lampol Guimilliau. La cathédrale de Saint Pol de Léon. Les éclogites de Plouvenez Lochrist. Retour à la mine de Huelgoat, à sa pompe d'exhaure et sa maitrise des arrivées d'eau.
Le Menhir de Kerloas et les retrouvailles avec l'Icartien au Moulin de la Rive.

L'historien et le Photographe

Claude Beaumont avait émis l'idée d'une brochure de prestige dédiée à l'héritage que représentent le fonds ancien de la Bibliothéque et la Collection de minéraux de l'Ecole des Mines, l'une des plus remarquables du monde.
Au cours de l'année 2005, un groupe se mit au travail avec la participation très active de Jean Michel Le Cléac'h, et qui comprenait Serge Muffat, Michel Kremer et Marcel Paul, en vue d'une publication en fin d'année. C'est Patrice Lebrun, Editeur de la revue Minéraux et Fossiles, qui en assura la mise en page finale et l'impression.
Dès le début, Jean Michel avait prévu de sortir du néant une collection d'objets historiques conservés dans l'anonymat à l'Ecole, qu'il avait lui même retrouvés.
Parmi les principaux documents qui venaient s'ajouter a la rarissime édition du Bergbuchlein datée de 1505 et restaurée par les soins d'ABC Mines, on trouvait les descriptions de Théodore Burrit de 1781, Le manuscrit de Guillot-Duhamel de 1789 et les Atlas de Guettard et Monnet.
Les découvertes de Jean Michel incluaient le Réseau pentagonal d'Elie de Beaumont 1798-1874, les modèles de Marcel Bertrand 1847-1907, la vis tellurique de Beguyer de Chancourtois 1820-1886 et les tests de mécanique appliqués aux glissements de la croute terrestre de Gabriel Auguste Daubrée 1814-1896.

L'objectif principal était de donner dans la brochure un échantillonnage des magnifiques minéraux de la Collection. Très rapidement, on abandonna le photographe André Dumur et Jean Michel décida de le remplacer.

Ce fut un succès de reproduction, car il ressentait les minéraux, et une grande simplification pour les rédacteurs de la Brochure, le classement étant celui retenu pour la collection. Nous parlions le même langage.
Par la suite, et en particulier pour l'édition d'une nouvelle Brochure pour le 20ème anniversaire d'ABC Mines le 23 octobre 2008, Jean Michel était considéré comme un photographe Expert. Il avait pris la peine de classer par origine les récentes acquisitions d'ABC Mines, ce qui mettait en évidence le déplacement vers l'Asie des sources d'échantillons les plus originaux pour l'enrichissement de nos collections.
Cette nouvelle brochure avait évité la querelle de 2005 concernant sa page de couverture. Justice a été tardivement rendue à Virginie Paul dont le projet snobé par le spécialiste de l'Ecole est devenu la couverture du bulletin d'ABC Mines. Par chance, un paragraphe de la brochure de 2005 était dédié aux voyages d'ABC Mines, ce qui nous permet, au chapitre des voyages en Bretagne intitulé L'Armor et l'Argoat, de retrouver Jean Michel en pleine action devant le menhir de Champ Dolent et au sein de l'Aber de Treguennec.


Planche photographique L'Armor et L'Argoat, page 48 de la Brochure 2005.





Un exemple de pages extraites de Curiosités minérales, livre cosigné par Didier Nectoux et Jean-Michel Le Cléac'h, sorti des presses en novembre 2013. Jean-Michel a rédigé la majorité des légendes, et les photos de très haute définition ont été réalisées par Cyrille Benhamou.




Jean-Michel dans ses activités
(C) Association ABC Mines. Photo publiée dans le Bulletin #37, décembre 2013



Jean-Michel dans ses activités
(C) Association ABC Mines. Photos publiées dans le Bulletin #37, décembre 2013




Michel Duchêne, ancien professeur à MINES ParisTech, président de l'association ABC Mines, écrit dans le Mot du Président, Novembre 2014 :

Certains d'entre nous étaient à Loctudy au début de septembre. A cette occasion, Joseph, le père de Jean-Michel, nous a lu une lettre émouvante de remerciements de la part de quelqu'un qui avait bénéficié d'une greffe du coeur de Jean-Michel (anonyme dans les deux sens, via l'organisme de transplantation). Car Jean-Michel avait donné son corps à la science.



Recueillement devant la tombe de Loctudy par des géologues parisiens, le 9 septembre 2014.
On distingue à gauche au 1er plan Jean-Marc MATHARAN, de profil. Ce dernier été l'un des piliers du fonctionnement du Musée de minéralogie de l'Ecole des mines de Paris pendant très longtemps. Maître-assistant à l'Ecole, secrétaire et trésorier de ABC-Mines pendant des décennies et même au-delà de l'âge de la retraite, M. Matharan est officier de réserve, chevalier de l'Ordre national du Mérite et des Palmes Académiques.
Au deuxième plan et à droite sur la photo, Anne, soeur de Jean-Michel, et Joseph, son père.



La tombe de Jean-Michel à Loctudy, fleurie par ses amis de l'association ABC Mines le 9 septembre 2014




Page réalisée par Robert Mahl