Francis LAROUR (1972-2010)


Francis Larour
Collection familiale

Né le 21 novembre 1972. Décédé le 12 novembre 2010.

Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1993). Ingénieur civil des mines. Diplômé du Mastère spécialisé Ingénierie des Applications Réseaux Multimédia (IAR2M) de l'Ecole des mines de Paris (2000).


Francis LAROUR

par ses parents : Jacques LAROUR, Promotion 1965 de l'Ecole des mines de Paris, et Martine LAROUR

Publié dans MINES Revue des Ingénieurs, #501 Janvier/Février 2019.

Francis Larour (P93), nous a quittés prématurément victime d'une thrombose cardiaque, en novembre 2010. Pour le huitième anniversaire de sa mort, son père, (P65), nous retransmet cet hommage au disparu, non publié à l'époque par la revue.


Il n'est pas courant que les enfants partent avant les parents, sans doute encore plus particulier, voire unique, qu'un Mineur de Paris confie à son père, lui-même Mineur de Paris avant lui, le soin d'évoquer son parcours dans notre revue, pour la seule raison qu'il est mort avant son père.

Les deux parents de Francis sont fiers de son parcours.

Après un tour d'Europe, de Paris à Lyon, puis Bordeaux, Hong Kong, Brest, Zeebrugge, Watedoo, Aix-en-Provence, Toulouse, Lyon, il atterrit à Saint-Germain-en-Laye, où il finalisa ses études secondaires.

A sa sortie de l'École des Mines, où il eut le privilège, 26 ans après son père, comme dans la série des Mousquetaires, d'avoir les commentaires de deux professeurs, M. Riveline et M. Legrand, qui avaient déjà enseigné à son père, sur les capacités comparées de deux générations, il travailla deux ans dans le cadre de son service militaire, qu'il avait su finement ciseler, au consulat de France à Houston, Texas, comme attaché scientifique, dans un premier temps, puis devint attaché culturel.

Il sut gérer, à ce titre, la différence de sensibilité entre les Européens et nos amis Américains.

En particulier, organisant une exposition sur les BD européennes, il dut, concernant la BD Barbarella, certes pas spécifiquement Française, mais ultra subversive au Texas, « cacher ces seins qu'on ne saurait voir » dans une cave blindée confirmée, pour les préserver des regards avides des ados américains.

Dans ce monde décalé, il sut adapter sa liberté de trajectoire, comme son père l'avait déjà fait à son âge.

Francis avait fait, en effet, une génération après, le même choix de la liberté. En effet, à sa manière, très indépendante, il rebondit sur son héritage original, à la fois littéraire et scientifique, et après une période chez Andersen Consulting, entra progressivement dans un monde de construction.

C'est à nouveau à travers l'École des Mines qu'il trouva sa voie, par le Mastère spécialisé IAR2M (informatique multimédia et internet) à Fontainebleau. Paradoxalement, alors que l'École des Mines ne le lui avait jamais enseigné, il choisit de créer une entreprise en informatique, et dans un domaine qui lui tenait à coeur, celui de la formation, après avoir été tenté par l'informatique médicale.

Mon fils, comme son père, avait une vision de l'humanité assez riche. Du reste, il avait compris que, dans un monde en crise, entraînant des concentrations, notamment bancaires, les harmonisations d'informatique correspondantes impliquaient à la fois l'harmonisation de logiciels, la résolution des bugs correspondants inévitables et la formation des cadres en informatique chargés de les gérer. Ses 12 ingénieurs, au bout de six ans de création de sa société, en étaient aussi convaincus que lui.

Francis, malgré une vie professionnelle débordante, avait su préserver une vie à la fois spirituelle et humanitaire : il pratiquait aux US le secourisme d'intervention, ensuite à la Croix Rouge en France.

Il avait par exemple essayé de maintenir en vie, au Vésinet, un malheureux, qui s'était jeté sous le RER, en plongeant lui-même sous la rame, pour essayer de le maintenir en vie, en lui faisant en particulier des massages cardiaques. En remontant, couvert de sang, il avait dû encore se justifier auprès de la police, qui lui demandait si ce n'était pas lui qui l'avait jeté sous les voies.

Dans le même registre, sa spiritualité chrétienne très active nous a permis de connaître, à la première messe d'anniversaire de sa mort, le responsable des Chrétiens d'Orient, ainsi que l'archevêque de Bagdad, rescapé du grenadage de sa sacristie pendant quatre heures, arraché à la mort au Val de Grâce. Que grâce soit rendue à Francis d'avoir su créer de telles rencontres, au-delà de sa mort.

Que Francis ait disparu de manière stupéfiante ne change pas le fait que ses ingénieurs soient toujours là, son entreprise aussi, à travers ses cadres à qui nous l'avons revendue, certes à un prix très humaniste, comme Francis l'aurait souhaité. Seul le blé planté peut germer.

L'oeuvre de notre fils Francis était belle. J'ai vécu une aventure humaine riche.

Lui avait déjà, par contre, à son jeune âge, tel Alexandre, honoré l'humanité.

En effet, il ne reste que ce que l'on a fait pour elle, au-delà de la Mort.

Jacques et Martine Larour


Note de R. Mahl : J'ai connu Francis, ayant été le professeur responsable du Mastère spécialisé qu'il a fait à Fontainebleau en 2000. Francis était passionné par la création d'entreprise. Lorsque je l'ai côtoyé à Fontainebleau, il avait déjà travaillé avec les Services Scientifiques et Culturels de l'Ambassade de France aux USA, puis il avait passé un an avec Arthur Andersen Paris en conseil financier (controle des risques sur salle de Marchés, Trésorerie de grandes Entreprises). Il désirait s'orienter vers les Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication, notamment internet/intranet et e-business. En 2000, Michaël Chicheportiche, alors Directeur Général de la société WEBTISS, l'embauche comme Partnerships Manager pour développer des intranets nomades dans les hôpitaux.

Mais Francis voulait créer une entreprise, et c'est ce qu'il a fait. Il avait un tempérament d'entrepreneur, avec des idées, des relations, une volonté d'aboutir, une prise de risques évidente. Je ne pouvais qu'admirer son esprit d'initiative et l'encourager dans ses projets tout en lui souhaitant bonne chance. J'étais loin de me douter qu'il disparaîtrait si jeune. Alors qu'il était parfaitement armé pour répandre nos technologies d'avenir dans l'économie, et ainsi créer un monde meilleur !