Marie Ennemond Camille JORDAN (1838-1922)

Né à Lyon (Rhone). Camille est le fils de Esprit Alexandre JORDAN (X 1818 ; 1800-1888, ingénieur des ponts et chaussées et député centre droit de Saone et Loire de 1861 à 1883) et de son épouse née Jeanne Louise Joséphine PUVIS de CHAVANNES, soeur du peintre Pierre Puvis de Chavannes. Camille est le petit-fils de Alexandre-Pierre JORDAN (1768-1824), receveur particulier à Vienne (Isère), et de Marie-Sylvie-Hippolyte GUEYMARD de ROQUEBEAU (née en 1774). Camille est l'arrière-petit-fils de Pierre JORDAN (1727-1791), recteur de l'Hôtel-Dieu à Lyon, et de Marie-Elisabeth PERIER (1748-1796).
Camille est le petit-neveu de Camille Jordan (1771-1821) homme politique originaire de Lyon, membre du Conseil des Cinq Cents sous le Directoire, ami fidèle de Mmes Récamier et de Staël, député (1816-1821).

Camille épouse Marie Isabelle MUNET (morte en 1918).
Deux de leurs fils (dont Joseph Louis Paul) et de nombreux petits-fils et arrière-petits-fils firent Polytechnique (notamment Olivier René Marie de SEGUINS PAZZIS d'AUBIGNAN, X 1963, dont un fils, normalien, est professeur de mathématiques à l'Ecole privée Sainte-Geneviève à Versailles, poursuivant la grande tradition familiale).
Madeleine JORDAN, petite-fille de Camille, épouse en 1919 Antoine VENARD, ingénieur civil des mines de la promotion 1910 de l'Ecole des mines de Paris.

La famille Jordan était en majorité de religion protestante, toutefois Camille appartenait à une branche catholique qui s'est scindée de la branche protestante depuis des siècles. Le principal historien de la branche protestante était Antoine Jordan qui a publié Petite histoire de la famille Jordan (Nîmes, 1957). Pour la branche catholique, le principal historien était l'ambassadeur Augustin Jordan, qui a publié Une lignée de huguenots dauphinois et ses avatars, les Jordans de Lesche-en-Diois (1983). Il distingue trois "Camille Jordan" :

Camille III est ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1855, entré major et sorti classé 2ème sur 144 élèves), et de l'Ecole des Mines de Paris. Corps des mines

Afin de pouvoir assurer sa rémunération de fonctionnaire, le corps des mines affecta officiellement Camille JORDAN en poste au Service des carrières de Paris jusqu'en 1885. Comme le montrent ses biographes, la réalité de son travail fut tout-à-fait différente.


Publié dans le LIVRE DU CENTENAIRE (Ecole Polytechnique), 1897, Gauthier-Villars et fils, TOME I, pages 416 et suiv.

En 1881, le siège de Chasles à l'Académie des Sciences échut à M. Camille JORDAN. Né en 1838, élève de la promotion de 1855 de l'Ecole Polytechnique et entré, comme M. Bertrand, dans le corps des Mines, le nouvel académicien avait débuté par une Thèse de doctorat sur les Substitutions. En 1865 et 1866, il y ajoutait des travaux, remplis de considérations délicates et profondes, sur les Polyèdres, où la notion de symétrie et celle de genre étaient envisagées avec une particulière largeur. Un an après, poursuivant le même ordre d'idées, mais passant de la Géométrie de situation à la Géométrie cinématique, il publiait un mémoire sur les Groupes de mouvements. Il s'était propsé de déterminer les diverses manières dont un système de molécules peut être superposable à lui-même, et il trouvait ainsi que toutes les combinaisons admissibles se groupaient autour de 174 types, dont faisaient naturellement partie les systèmes définis par Bravais dans ses Etudes cristallographiques.

L'oeuvre analytique principale de M. Jordan est son Traité des substitutions, rempli de résultats nouveaux, et où il a donné, en continuant à suivre la route ouverte par Galois et Abel, les principes fondamentaux de la théorie des Equations algébriques résolubles par radicaux, avec applications de la doctrine à l'intégration des équations différentielles linéaires. M. Jordan a aussi contribué à asseoir la théorie définitive d'une classe intéressante d'équations qui s'offrent à propos de la division des arguments dans les fonctions abéliennes. A cette énumération il convient d'ajouter des Mémoires d'un haut intérêt sur la Théorie des formes, considérée au double point de vue de l'Algèbre et de l'Arithmétique, enfin la publication du Cours d'Analyse, que l'auteur professe depuis 1876 à l'Ecole Polytechnique ; ouvrage capital, tenu au niveau des découvertes les plus élevées et les plus récentes de la science.

M. Jordan a défini lui-même le caractère général de ses travaux, en disant qu'il s'est constamment proposé d'approfondir la Théorie de l'ordre, aussi bien dans le domaine de la Géométrie pure que dans celui de l'Analyse. Il rattache ainsi, par leur tendance, ses études sur la symétrie dans les polyèdres, les systèmes de lignes et les assemblages de molécules, à ses recherches sur la doctrine des substitutions, qu'il envisage comme étant en quelque sorte la théorie analytique de l'ordre.

Voir aussi :

  • Camille JORDAN sur un site relatif aux grands mathématiciens

  • Quelques commentaires sur les leçons de probabilités de Jordan à l'Ecole polytechnique, par Alexandre Moatti (JEHPS, 2009)

    Photo ENSMP
    Marie Ennemond Camille JORDAN dans la galerie des professeurs de l'Ecole des mines. Il fut professeur suppléant de mécanique et d'anayse de 1872 à 1875, juste avant d'être nommé professeur à Polytechnique, à une époque où le professeur en titre, HATON de la GOUPILLIERE, ne pouvait pas assurer tous ses cours..



    Charles Noël JORDAN, élève de Polytechnique
    Charles Noël (1877-1914 ; X 1896), l'un des fils du grand mathématicien Camille JORDAN, fut capitaine d'artillerie et mort pour la France à Alincourt le 1/9/1914.
    (C) Photo collections Ecole Polytechnique


    Marie Ennemond Camille Jordan en 1858, peint par son oncle Pierre Puvis de Chavannes
    (C) Collection familiale particulière. Reproduction soumise à autorisation.


    Marie Ennemond Camille Jordan en 1912, peint par Patricot.
    (C) Collection familiale particulière. Reproduction soumise à autorisation.


    Camille Jordan caricaturé par un de ses élèves, à l'Ecole polytechnique.
    Le dessin concerne évidemment un cours de calcul différentiel : "J'ai mis ∂u mais c'est une faute d'impression" !
    (C) Collections Ecole polytechnique


    Un descendant de Camille III Jordan : Olivier de Seguins Pazzis d'Aubignan, promotion 1963 de l'Ecole polytechnique (nom d'usage raccourci en : Olivier de Pazzis). Un de ses fils, Clément de Seguins Pazzis, est ancien élève de l'Ecole normale supérieure et professeur en classes préparatoires MP* au lycée Sainte-Geneviève (Ginette), à Versailles.

    (C) Archives de l'Ecole polytechnique, Palaiseau