Notice historique sur l'Ecole des Mines de Paris

par M. Louis AGUILLON, ingénieur en chef des mines, professeur à l'Ecole nationale supérieure des mines (extrait des Annales des mines, mai-juin 1889).

Table des matières


Introduction

Chapitre 1 .- ADMINISTRATION DES MINES ET ENSEIGNEMENT DES MINES ET DE LA MÉTALLURGIE EN FRANCE AVANT LA FONDATION DE L'ÉCOLE DES MINES EN 1783

Chapitre 2 .- L'ÉCOLE DES MINES A LA MONNAIE

Chapitre 3 .- L'ÉCOLE DES MINES A L'HOTEL DE MOUCHY

Chapitre 4 .- RECHERCHES POUR LA CREATION D'ECOLES PRATIQUES

Chapitre 5 .- L'ÉCOLE DES MINES DU MONT-BLANC

Chapitre 6 .- L'ÉCOLE DES MINES A PARIS DEPUIS 1814

Annexes : directeurs et professeurs de l'Ecole des mines [Note de mise sur le web : Cette annexe a été complétée depuis la publication de l'ouvrage de Louis Aguillon]





INTRODUCTION


Il n'est peut-être pas une de nos institutions actuelles qui subsiste dans les conditions où elle fut créée. En dehors des tâtonnements inhérents à la période d'essai de toutes choses, les institutions ont dû se transformer successivement pour continuer à répondre à leur destination au milieu de l'incessant changement amené par le seul cours du temps. Rappeler la série de ces modifications n'est pas seulement de nature à satisfaire un intérêt de curiosité ; un pareil historique est susceptible, à un double point de vue, d'un utile enseignement: on s'explique mieux la raison d'être des choses actuelles lorsqu'on sait à la suite de quelles circonstances elles ont été établies ; des essais inutiles ou de prétendues rénovations peuvent être évités quand on connaît les résultats déjà donnés par des tentatives antérieures analogues. C'est dans cet esprit et avec ces intentions que, déférant avec empressement au désir qu'a bien voulu nous manifester le Conseil de l'Ecole supérieure des mines, nous avons entrepris de retracer l'historique de cette École, qui compte aujourd'hui plus d'un siècle d'existence.

Créée en effet par l'arrêt du Conseil du Roi du 19 mars 1783, la première école des mines établie en France disparut dans la tourmente révolutionnaire. Reconstituée en 1794, elle fonctionna très régulièrement à Paris jusqu'en 1802, date à laquelle elle fut transportée à Pesey, ou plus exactement à Moutiers, en Savoie ; elle y resta jusqu'aux événements de 1814 qui nous enlevèrent ce pays. Après une courte période transitoire, l'Ecole fut définitivement reconstituée à Paris, par l'ordonnance du 6 décembre 1816, et établie à l'hôtel Vendôme, qu'elle occupe encore aujourd'hui, successivement transformé, il est vrai, et surtout considérablement agrandi.

L'histoire de l'École supérieure des mines se partage donc naturellement en quatre périodes, qu'il suffirait à la rigueur d'examiner. Il nous a paru intéressant de remonter au delà de 1783, pour indiquer à la suite de quelles étapes et à raison de quelles nécessités l'école fut créée.

C'est un aperçu que nous avons ainsi à présenter sur les origines de notre administration des mines. L'histoire de l'École, où les ingénieurs de cette administration se sont toujours recrutés, se lie d'ailleurs intimement à l'histoire de cette administration elle-même; aussi n'avons nous pas cru pouvoir résister au plaisir, dans les occasions si nombreuses qui se sont offertes à nous, de rappeler sommairement le souvenir des anciens ingénieurs et inspecteurs aujourd'hui disparus, qui, mêlés à la vie de l'école, ont tous rendu des services utiles au» pays, beaucoup avec un éclat ayant singulièrement profité au corps qu'ils ont honoré par leurs travaux. Il nous-a paru que nous remplirions un devoir de reconnaissance envers ceux qui nous ont précédé en permettant aux jeunes générations de garder plus facilement leur souvenir. Nous espérons qu'on ne nous reprochera, pas trop de nous être attardé parfois à des renseignements qui ne présentent qu'un pur intérêt de curiosité historique; nous nous plaisons à penser que quelques uns de nos camarades les apprendront ou les retrouveront avec autant de plaisir que nous avons eu à les rassembler; les peines que nous avons dû si fréquemment nous donner pour être certain d'être exact, tout en n'étant pas toujours aussi complet que nous l'aurions voulu, nous portent à croire que, pour beaucoup d'entre eux, notre modeste notice fera revivre un passé qui, pour n'être pas encore fort lointain, est déjà peut-être bien oublié.

Les notices nécrologiques sur les membres du Corps des mines qui, par un soin pieux, ont de tout temps été insérées, d'abord dans le Journal des mines, puis dans les Annales des mines, constituent à ce point de vue une source de renseignements des plus précieux et des plus exacts. Plusieurs de ces notices ne laissent pas de présenter pour l'histoire du corps, de l'administration des mines, de l'École et de la science, un intérêt de premier ordre. On ne s'explique pas toujours l'oubli dans lequel on paraît avoir laissé des ingénieurs dont le souvenir aurait pourtant mérité d'être mieux ou plus complètement conservé.

En dehors des renseignements que peuvent donner les Recueils généraux et en outre des indications spéciales puisées-dans des ouvrages particuliers dont mention a été alors rappelée explicitement en son lieu, nous avons mis a profit les nombreuses données que l'on peut trouver dans la série du Journal des mines, de 1794 à 1816, et des Annales des mines depuis 1816. Nous avons, en outre, dépouillé les archives de l'École des mines et la partie des archives du ministère des travaux publics relatives à l'École, que l'administration supérieure a bien voulu nous permettre de consulter. Nous devons, à cette occasion, remercier M. Bizé, chef de division, et M. N. Nobécourt, chef de bureau, de l'obligeance mise par eux à faciliter nos recherches. Il ne leur était pas loisible, toutefois, de nous permettre de consulter les archives du Personnel, dans lesquelles doivent se trouver les renseignements les plus complets.

Nous nous sommes efforcé de n'admettre aucune indication dont l'exactitude ne nous fût pas parfaitement établie par des documents probants. Pour éviter au lecteur la fatigue d'incessants renvois, nous nous sommes cependant abstenu d'indiquer à chaque fois la source où nos renseignements ont été puisés.

Jusqu'à l'établissement de l'École des mines à l'hôtel Vendôme, en 1816, l'ordre chronologique était tout indiqué pour notre travail. Nous avons continué à le suivre, dans la mesure du possible, pour la longue période postérieure , sauf en ce qui concerne l'historique des bâtiments, sans nous dissimuler qu'à divers points de vue il aurait pu être préférable d'adopter un plan plus méthodique que chronologique. Peut-être aurait-on mieux suivi le développement de l'École en en étudiant le fonctionnement et les modifications par matière ou branche de service : les collections, l'enseignement, le professorat, l'effectif des élèves, etc.... Aussi, abandonnant parfois la méthode purement chronologique, avons-nous réuni incidemment l'ensemble des observations relatives à un même objet, comme nous l'avons fait, par exemple, pour les bâtiments; nous avons, d'autre part, essayé de remédier aux inconvénients inévitables de la méthode chronologique en faisant suivre la notice proprement dite d'annexes divers relatifs à des objets déterminés, considérés isolément. Nous ne nous dissimulons pas que ce plan nous a entraîné dans quelques redites; on voudra bien nous en excuser à raison du désir que nous avons eu de donner à chacun la possibilité de trouver le renseignement qu'il voudrait avoir.

A mesure que nous nous sommes rapproché de l'époque actuelle, nous nous sommes montré plus sobre d'observations sur les choses et surtout sur les personnes. Les choses que tout le monde a vues ou sait ne méritent pas encore d'être rappelées ; à nos successeurs de les apprécier quand l'heure sera venue d'en parler. Les règles de la convenance la plus élémentaire nous interdisaient, même quand nous aurions su pertinemment avoir avec nous vocem populi, de parler, si ce n'est pour rappeler les faits matériels auxquels ils ont été mêlés, de ceux pour qui l'histoire n'est pas encore ouverte.

Aussi bien nous aurions dû nous abstenir de parler des dix dernières années pour ne pas avoir la malechance de répéter, avec beaucoup moins d'autorité, les renseignements donnés pour cette période dans la notice placée par M. Carnot en tête des programmes et publiée dans la livraison précédente. Nous prions les lecteurs des Annales d'excuser les longues redites auxquelles nous les exposons s'ils vont jusqu'au bout de notre historique ; nous n'avons malheureusement connu le dessein de M. Carnot que lorsque notre travail était déjà imprimé dans des conditions telles que nous ne pouvions ni le faire disparaître de ce Recueil, ni même le modifier.

Louis Aguillon avait joint à son introduction plusieurs notes de bas de page sur Antoine-Grimald MONNET