Daniel GUERITHAULT (décédé en 2014)

Décédé le 18 mars 2014 à Aix en Provence, dans sa 94ème année (après une cérémonie religieuse à l'église Saint-Jean-de-Malte, il a été inhumé au cimetière de Montchal [42]). Epoux de Anne-Marie née Guerpillon. Père de Yves, Christian, Vincent, Bruno. Grand-père de 11 petits-enfants (en 2014). Frère de Gilles GUERITHAULT.

Ancien élève de l'Ecole des mines de Nancy (promotion 1944). Ingénieur civil des mines.


Biographie, par Christian GUERITHAULT (ancien élève de l'Ecole des mines de Nancy, promotion 1968)

Publié dans MINES Revue des Ingénieurs, Mai/Juin 2014 N° 473.

Depuis des décennies, il est vivement conseillé aux jeunes ingénieurs de ne pas hésiter à changer de société, voire plusieurs fois, car cela leur apporte des horizons nouveaux et des responsabilités différentes. Mon père, qui n'a jamais suivi ce conseil, pensait être une exception : il a connu en effet toutes les facettes professionnelles sans solliciter aucun changement.

Issu de la taupe du lycée du Parc à Lyon pendant l'occupation, il a comme tant d'autres, subi les perturbations de cette époque, puis est entré à l'École trois ans après le concours, avec des camarades dont beaucoup se trouvaient dans la même situation. Les effectifs des promos étaient alors faibles et leur vie centrée sur la place Carnot, ce qui a entraîné une très solide camaraderie suivie d'une pleine conscience de l'appartenance au grand ensemble des Anciens Élèves de l'École.

Débutant comme jeune ingénieur à l'Aciérie Thomas des Aciéries de Longwy à Mont-Saint-Martin, dont il a eu la responsabilité, il avait comme interlocuteurs le personnel, contre-maîtres et ouvriers, et, plus prosaïquement, le matériel, ce qui constituait un remarquable terrain pour démarrer dans la vie professionnelle.

Quelques années plus tard, la société grandissait et devenait Lorraine Escaut dont les usines (Longwy, Thionville, Sedan, Laval-Dieu, Brévilly, etc.) étaient réparties en Lorraine, dans les Ardennes, avec une participation dans Solmer. Mon père, toujours centré à Longwy, est devenu adjoint au directeur technique de la société. En déplacement fréquent dans chaque usine, il examinait avec les directeurs les problèmes qui pouvaient se poser, et à son retour, en rendait compte au directeur technique, ce qui entraînait des études dans des domaines variés. Cette deuxième phase de sa carrière a permis à mon père d'avoir de larges horizons et surtout une connaissance approfondie de toutes les usines.

En 1966, Lorraine-Escaut étant absorbée par Usinor qui possédait des usines de production et de transformation (Dunkerque, Denain, Valenciennes, Montataire, Maubeuge, etc.), il était indispensable de procéder à deux mises au point : en urgence, le ralentissement voire l'arrêt de quelques installations en double, puis la recherche permanente de l'optimisation des niveaux de marche dans les différentes usines. La Direction générale a choisi pour cela dans chacune des deux sociétés constituant Usinor une personne ayant une vue précise des usines, et mon père a ainsi été appelé à Valenciennes où il est devenu en 1968 Directeur de la coordination. Passionné depuis longtemps par les problèmes d'échec, il était alors dans sa troisième phase qui lui a donné un nouveau travail en n'ayant plus comme interlocuteurs que des chiffres à déterminer mensuellement à partir des demandes commerciales et des possibilités des multiples installations.

En 1969, le P.D.G. du grand Usinor a appelé mon père au siège social à Paris pour se préparer à succéder, quelques années plus tard, au Directeur financier. Il a eu ainsi le temps de s'initier à cette fonction où de 1975 à 1981 il était en relations directes avec des grands organismes (Direction du Trésor, Crédit National, etc.) mais surtout avec 23 banques dont les deux «chefs de file» d'Usinor. Cette quatrième et dernière phase de sa carrière aux horizons combien nouveaux s'est déroulée pendant les chocs pétroliers, exigeant un calme à toute épreuve et des trésors de diplomatie.

Quand je demandais à mon père quelle période professionnelle il avait préférée, sa réponse était «toutes», car chacune lui avait apporté beaucoup et si l'on réfléchit à l'amalgame «contremaîtres, ouvriers, directeurs, banquiers, matériels, calculs, prévisions, etc.», il apparaît qu'il avait tout connu en restant fidèle à une société.

Son choix de commencer à Longwy avait été influencé par l'accueil reçu des nombreux anciens qui s'y trouvaient. Dès le début, mon père avait acquis un vif intérêt pour l'Association des Anciens Élèves, qu'il a manifesté dans les Groupes Régionaux de l'Est, puis du Nord. Appelé à Paris à sa présidence de 1970 à 1974, il a tenu, en cette période d'expansion des pro-mos, à construire avec Massalsky, Secrétaire Général, ce qu'il nommait la trame indispensable des délégués de promotions et des responsables des Groupes Régionaux, préparant ainsi, après Auberger, un terrain solide pour le développement de l'Association.

Christian Guérithault (N68)