Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1964).
Modeste, pragmatique et doté de beaucoup de bon sens, Gilles Kahn s'attacha pendant toute sa carrière à trouver des bases scientifiques dans les développements de l'informatique. Spécialiste de la sémantique des langages de programmation ainsi que du parallélisme, il s'intéressa à la preuve des algorithmes. Doué de capacités pédagogiques hors du commun, il étaot capable de se mettre à la portée de publics de tous les niveaux. Il parvint ainsi à montrer les enjeux de l'informatique à ses collègues de l'Académie des sciences, mais aussi aux politiques et aux ingénieurs. Il adorait participer gentiment à l'orientation scientifique de ses collègues chercheurs en informatique, qui l'appréciaient énormément.
Après sa sortie de Polytechnique (1966) et son service militaire (terminé en septembre 1967), Gilles Kahn est recruté par le directeur du Centre de calcul du CEA, en même temps que son camarade de promotion Denis Seror. Tous deux sont envoyés par le CEA aux Etats-Unis pour apprendre l'informatique tout en préparant un doctorat, l'un à Stanford et l'autre à l'Université d'Utah. Toutefois, à leur retour en France en 1970, Gilles Kahn retourne au CEA tandis que Denis Seror préfère devenir consultant indépendant.
Gilles Kahn s'oriente vers la recherche et quitte le CEA à son tour, pour être à temps plein à l'INRIA. Après avoir fait une carrière extrêmement talentueuse dans la recherche, Gilles Kahn, qui ne voulait jamais faire du management "traditionnel", devient président de l'INRIA presque par accident car son ami Michel Cosnard, nommé président en décembre 2003, démissionne soudain le 26 mai 2004 à la suite de la disparition brutale de son fils.
Gilles Kahn passe les dernières années de sa vie à lutter courageusement contre un cancer qui finit par le terrasser. Il laisse alors une veuve et un enfant.
Premier informaticien élu à l'Académie des Sciences, Gilles Kahn fut un chercheur talentueux visionnaire et de renommée internationale.
Né le 17 avril 1946 à Paris, Gilles Kahn a fait ses études supérieures à l'Ecole Polytechnique (promotion 1964), puis à l'université de Stanford, aux Etats Unis (1968-71). Durant sa carrière il aura l'occasion de faire deux autres longs séjours de recherche à l'étranger; auprès de scientifiques de renom : Université d'Edimbourg, GB (1975-76) et institut Isaac Newton, Cambridge, GB (1995). Ses collègues Philippe Flajolet et Gérard Huet décrivent la vision à long terme d'un grand scientifique qui a compris, dès les années 1970 que l'informatique, était une discipline scientifique à part entière. Vingt ans plus tard, en 1997, il deviendra le premier membre de l'Institut élu à l'Académie des Sciences en tant que chercheur en informatique.
À son retour de Stanford, il entre au Commissariat à l'Energie Atomique puis rejoint l'IRIA à Rocquencourt en 1976, en tant que responsable d'un projet consacré au développement d'environnements de programmation. En 1983, il participe à la création de l'unité de recherche INRIA Sophia Antipolis, où il exerce la responsabilité de pilotage de la recherche auprès du directeur. En 1993, Gilles Kahn rejoint la direction générale de l'institut dont il devient le directeur scientifique, puis président directeur général en mai 2004. Comme directeur scientifique, puis comme président il a eu une influence majeure sur la définition des deux derniers plans stratégiques de l'INRIA. C'est ce dernier plan stratégique (2003-2007) qui dessine en particulier les contours de recherches conjointes entre l'informatique et les sciences du vivant.
Sollicité pour des missions d'intérêt national, il est intervenu notamment en tant que membre de la commission d'enquête sur le vol Ariane 501 (1996), et comme comme co-auteur de 3 rapports au ministre de l'industrie sur la recherche en télécommunications (1997), au président de la République sur l'accès de tous à la connaissance (2000) et enfin au ministre de la recherche et au ministre de la culture sur l'offre légale sur Internet (2005).
Gilles Kahn a eu de nombreuses distinctions : membre de l'Académie des Sciences (depuis 1997), membre de l'Académie des Technologies (depuis 2002), membre de l'Academia Europaea (depuis 1995), prix Michel Monpetit de l'Académie des Sciences (1992). Il est commandeur de l'Ordre National du Mérite et chevalier de la Légion d'honneur.
PARIS, 10 fév 2006 (AFP) - Le président directeur général de l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (INRIA), Gilles Kahn, est décédé jeudi à l'âge de 59 ans, a annoncé vendredi l'INRIA.
Nommé président-directeur général de l'INRIA en mai 2004, Gilles Kahn «a tenu à exercer ses responsabilités jusqu'à ce jour, avec un très grand courage malgré le mal dont il était frappé», souligne le ministre délégué à la Recherche, François Goulard, dans un communiqué. «Nous saluons sa mémoire avec respect et reconnaissance».
Membre de l'Académie des sciences, ainsi que de l'Académie des technologies, Gilles Kahn est l'auteur de travaux sur les environnements de programmation, le parallélisme, la sémantique des langages de programmation ou encore les environnements de preuves sur ordinateurs.
Il avait joué un rôle essentiel dans la résolution d'un problème de logiciel en temps réel à l'origine de l'échec du vol inaugural d'Ariane 5, en décembre 2002.
Le chercheur de renommée internationale aurait eu 60 ans le 17 mai. Polytechnicien, il a travaillé à l'Université de Stanford, USA (1968-71), à celle d'Edimbourg, Grande-Bretagne (1975-76) et à l'Institut Isaac Newton, à Cambridge, Grande-Bretagne (1995).
Entré en 1977 à l'INRIA, il en était devenu le directeur scientifique en 1993.
Gilles Kahn laisse le monde scientifique orphelin. Il est décédé ce 9 février des suites d'une longue maladie - son état de santé s'étant brutalement aggravé ces derniers jours.
Il était âgé de 59 ans.
Nommé président-directeur général de l'INRIA en mai 2004, Gilles Kahn "a tenu à exercer ses responsabilités jusqu'à ce jour, avec un très grand courage malgré le mal dont il était frappé", a souligné le ministre délégué à la Recherche, François Goulard. "Nous saluons sa mémoire avec respect et reconnaissance".
L'AFP rappelle qu'il était membre de l'Académie des sciences, ainsi que de l'Académie des technologies. Il s'est notamment illustré avec des travaux sur les environnements de programmation, le parallélisme, la sémantique des langages de programmation ou encore les environnements de preuves sur ordinateurs.
En décembre 2002, il avait joué un rôle essentiel dans la résolution d'un problème de logiciel en temps réel à l'origine de l'échec du vol inaugural d'Ariane 5.
Diplômé de l'Ecole Polytechnique, il a travaillé à l'Université de Stanford, USA (1968-71), à celle d'Edimbourg, Grande-Bretagne (1975-76) et à l'Institut Isaac Newton, à Cambridge, Grande-Bretagne (1995). Entré en 1977 à l'INRIA, il en était devenu le directeur scientifique en 1993.
Gilles Kahn a eu de nombreuses distinctions : membre de l'Académie des Sciences (depuis 1997), membre de l'Académie des Technologies (depuis 2002), membre de l'Academia Europaea (depuis 1995), prix Michel Monpetit de l'Académie des Sciences (1992). Il est commandeur de l'Ordre National du Mérite et chevalier de la Légion d'honneur.
Collaborateurs proches de Gilles Kahn, Philippe Flajolet et Gérard Huet parlent du Chercheur et de ses contributions scientifiques.
La recherche personnelle de Gilles Kahn comprend plusieurs idées fondamentales : donner un sens aux programmes, établir les fondements de la concurrence dans les processus de calcul, se doter de méthodes et d'outils pour développer des logiciels conformes à leurs spécifications. Pour lui, le trait unificateur de ces grands axes est la modélisation mathématique et logique du processus de calcul.
Historiquement la première contribution marquante associée à son nom est la découverte de ce qui sera plus tard connu comme les "réseaux de Kahn" (IFIP, 1971). Il s'agit d'un cadre conceptuel pour décrire le calcul distribué asynchrone. Ces travaux participent d'un courant d'idées partagé avec les Bell Laboratories où s'ébauche alors le système d'exploitation Unix.
Gilles Kahn a été l'un des précurseurs du domaine de la sémantique des langages de programmation, laquelle permet de donner un sens mathématique précis à un programme informatique. Il contribue notamment, en collaboration avec l'Université d'Edimbourg où il passera une année sabbatique en 1975-76, à l'élaboration d'une importante théorie des domaines de calcul concrets. En 1983, il participe à la création de l'Unité de recherche INRIA de Sophia-Antipolis. Il y développe une théorie élégante, celle de la "sémantique naturelle". On peut grâce à cela manipuler un programme comme une formule, c'est-à-dire calculer des propriétés de programmes. Cette percée ouvre la voie au développement d'environnements de programmation, où les programmes sont manipulés de pair avec leur spécification.
L'idée suivante est de manipuler informatiquement les preuves elles-mêmes, ce qui permet la vérification mécanique de propriétés de programmes et de logiciels. De fait, Gilles Kahn jouera un rôle de premier plan dans la commission d'enquête sur la défaillance du logiciel de la première mission de la fusée Ariane 5.
Gilles Kahn était un véritable chercheur dans l'âme. Il aimait le débat d'idées avec des chercheurs, qu'ils soient académiciens ou doctorants. Tous les scientifiques qui l'ont cotoyé se souviendront de la chaleur et de l'intelligence de ces échanges. Sa vision scientifique était remarquablement large, et il était passionné par les interactions de l'informatique avec des domaines comme les mathématiques, la physique, la biologie et la médecine.
Parcours à l'INRIA :
DIRECTION DE THESES 10 thèses de doctorat.
EXAMINATEUR/RAPPORTEUR Environ 35 thèses et habilitations (dont Pays-Bas, UK, Brésil).
AUTRES ACTIVITES SCIENTIFIQUES
• Technical Advisory Board, Microsoft Research, Cambridge, UK (1999-2004)
• Membre du Conseil Scientifique de Thomson-CSF (1982-1991)
• Membre du Conseil Scientifique de France-Telecom (1996-2003)
• Membre du Conseil d’administration du GIP-Gipsi SM90
• Fondateur et Président du Comité de Progamme du CERICS (Ecole de Génie Logiciel)
• Membre du Conseil d’Administration de ILOG (1987-1992)
• Membre du Conseil d’Administration de Connexité
• Conseiller Scientifique occasionnel pour Bull, Olivetti, le CNES, Framatome, France-Telecom
• Membre de la commission d’enquête sur le Vol Ariane 501 (1996)
• Commission Nationale d’Evaluation des Universités (Evaluation de Rennes I, Paris 6)
• Membre du Conseil Scientifique du GET (Groupe des Ecoles de Télécommunications)
(1999-2001)
• Membre du Conseil Scientifique de la Fondation de l'Ecole Normale Supérieure (1999-2002)
• Membre du Jury de l’IUF (senior) (2001–2002)
• Co-auteur avec Didier Lombard, Rapport sur la recherche en Télécoms (1997)
• Membre du Comité 2000, Rapport au Président de la République sur l’Accès de tous à la
connaissance
• Co-auteur avec Antoine Brugidou, Rapport d'étude sur les solutions de filtrage des échanges de
musique sur Internet (2005).
Membre (président *) des conseils scientifiques des laboratoires suivants
• IRISA – Rennes ; IMAG – Grenoble ; LABRI – Bordeaux ; LRI - Orsay
• Ecole Normale Supérieure (Comité International) ; ENS - Lyon
• LIX - Ecole Polytechnique* ; CERMICS - Ecole des Ponts*
• UNU-IIST - Université des Nations Unies, Macao*
Evaluations internationales d’organismes scientifiques
• CWI Amsterdam (1993)
• Université de Pise, Département d’informatique (Italie)
• TFR (Swedish Research Council for Engineering Sciences, Suède)
• ECSEL (Excellence Center in Computer science and Systems Engineering) Linköping, Suède
• National Science Foundation, Irlande
• Université d’Edimbourg, School of Informatics
• Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne
• Universités hollandaises (2003)
Jurys de Prix scientifiques internationaux
ACM Software Award, Prix France-Taïwan
Membre des instances suivantes :
• Technical Advisory Board d’ILOG (2001- )
• Conseil Scientifique d’EDF (2002 -)
• Conseil d’Administration du CNRS (2001- )
• Haut Conseil Scientifique de l'ONERA (2000- )
• Comité Recherche et Technologie du CNES (2001- )
• Conseil Scientifique du BRGM (2003 -)
• Conseil Général des Technologies de l’Information (1997-)
• International Scientific Advisory Group, National ICT Australia (2003 -)
• Scientific Advisory Group, School of Information and Communication, EPFL Lausanne (2002 -)
• Co-président de la Fondation Franco-Chinoise pour la Science et ses Applications (2000 -)
• Co-président du Haut Conseil pour la coopération scientifique franco-israélienne (2003-)
• Conseil Stratégique des Technologies de l’Information, placé auprès du Premier ministre (2004)
• Conseil Scientifique de Schneider Electric
• Conseil Scientifique de la Défense, CSD.
Jurys de Prix scientifiques internationaux
Médaille Von Neumann (IEEE), Prix Louis D.
Il part ensuite, de 1968 à 1971, exercer aux Etats-Unis à l'université de Stanford. A son retour en France, il est recruté par le Commissariat à l'énergie atomique (CEA), dont une part de l'activité consiste alors — c'est le Plan calcul du général de Gaulle — à développer les capacités informatiques de l'Etat.
En septembre 1972, il est détaché à l'Institut de recherche en informatique et en automatique (IRIA), qui deviendra plus tard l'Inria. Ce n'est qu'en 1977 qu'il quitte effectivement le CEA pour intégrer le personnel de recherche de l'institut. Il y devient très vite un chercheur influent mais, très attaché à son activité de recherche, il refuse à plusieurs reprises d'accéder à des postes de direction. Avec son ami et camarade de promotion Pierre Bernhard, il met sur pied, au début des années 1980, le centre de l'Inria à Sophia-Antipolis. En 1993, il devient directeur scientifique de l'Inria dont il prend la tête, en mai 2004, à la suite de Bernard Larrouturou, parti à la direction générale du Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
Les principales thématiques de recherche de Gilles Kahn, développées dès le début des années 1970 — alors que l'informatique n'en est qu'à ses balbutiements —, sont toujours d'une grande actualité. Ses travaux sur le calcul distribué asynchrone, sur la sémantique des langages de programmation et sur les environnements d'édition de programmes inspirent aujourd'hui de nombreuses recherches menées dans le monde industriel mais aussi académique.
"Ce caractère visionnaire des travaux de Gilles Kahn témoigne à la fois d'une connaissance exceptionnelle de la discipline et, surtout, d'une véritable vision de l'évolution de l'industrie comme de la recherche institutionnelle dans ce domaine", disent ses anciens collègues et amis Gérard Huet et Philippe Flajolet. Sa connaissance de la sémantique des langages de programmation lui avait permis de jouer un rôle crucial dans l'enquête consécutive à l'accident survenu lors du premier lancement du lanceur Ariane-V, en juin 1996. C'est lui, notamment, qui était parvenu à identifier les erreurs de conversion du logiciel intervenues au cours de l'évolution du lanceur européen.
Très attaché aux relations étroites nouées entre son institut et l'univers de l'entreprise, Gilles Kahn n'en a pas moins oeuvré pour que l'informatique soit reconnue comme discipline à part entière dans les instances du monde académique. Premier chercheur en informatique élu membre de l'Académie des sciences en 1997, il contribuera à ce que la section des sciences mécaniques soit rebaptisée "section des sciences mécaniques et informatiques".
Outre son rayonnement scientifique, Gilles Kahn était apprécié pour sa gentillesse et sa simplicité. "Les présidents de l'Inria sont nommés, résume son ancien collègue et ami Bernard Lang. Ils vont et viennent. Gilles Kahn était plus que le président de l'institut. Il l'incarnait."
Denis Seror : à la suite de leur service militaire, Gilles Kahn et Denis Seror sont embauchés fin 1967 par le directeur du centre de calcul du CEA. Conscient de l'insuffisance d'informaticins de haut niveau au CEA, celui-ci les envoie aux Etats-Unis faire des études doctorales, grâce en partie à une bourse du SESORI (un service de l'IRIA dirigé alors par Michel Monpetit). Gilles Kahn peine à intéresser son tuteur de thèse à Stanford, et profite de son temps libre pour nouer des contacts et pour édicter des principes connus sous le nom de "réseaux de Kahn". Denis Seror obtient un Ph.D. de l'Université d'Utah avec une thèse sur le Lambda Calcul. Tous deux rentrent alors en France, mais leurs centres d'intérêt divergent : tandis que Kahn s'intéresse à la sémantique des langages de programmation, Seror fait désormais du consuting en audiovisuel.
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Pierre Bernhard : ancien chef scout, Pierre Bernhard entre au corps des mines dès sa sortie de Polytechnique. Pierre Laffitte l'envoie faire un Ph.D. avec le professeur Kalman, qui avait déjà formé auparavant Pierre Faurre. Pierre Bernhard est par la suite nommé chef du centre de recherche en automatique et en informatique de l'Ecole des mines de Paris, où lui succédera Michel Lenci. Chargé en 1981 par Jacques-Louis Lions de créer un nouveau centre de l'INRIA à Sophia Antipolis, il gère cette création conjointement avec Gilles Kahn : Pierre est la directeur du nouveau centre, chargé des relations publiques, de l'administration, des marchés publics, et Gilles Kahn assure la direction scientifique des équipes et des programmes. Les 2 amis ont alors leurs bureaux côte à côte et partagent le même secrétariat.
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Robert Cori a été un autre ami de Gilles Kahn. Sa carrière de chercheur en algorithmique l'a conduit à devenir professeur à l'Ecole polytechnique, puis professeur à l'Université de Bordeaux. |