Fernand GAREN (1856-1885)


Garen, élève de l'Ecole des Mines de Paris
(C) Photo collections ENSMP

Né le 16/6/1856 à Paris.

Ancien élève de l'Ecole des Mines de Paris (promotion 1877 ; entré en classe préparatoire le 21/8/1876 classé 1, puis au cycle ingénieur le 20/10/1877 classé 2, sorti le 7/6/1880 classé 4). Ingénieur civil des mines.


Bulletin de l'Association des anciens élèves de l'Ecole des Mines, Aout 1885 :

Notre association vient de perdre un de ses membres jeunes et actifs, Fernand Garen, enlevé à l'âge de vingt-neuf ans, après une longue maladie, à sa famille, à ses nombreux amis et à la carrière trop courte mais déjà très brillante qu'il avait entreprise.

Depuis sa sortie de l'Ecole, en 1880, notre regretté camarade s'était voué exclusivement à la métallurgie du fer et en particulier à la fabrication de l'acier, d'abord comme attaché à l'usine de Saint-Jacques, à Montlucon, puis deux ans après, comme ingénieur aux usines de Terrenoire, où il était spécialement chargé de la sous-direction des aciéries. Dès ses débuts, il sut mettre à profit les qualités précieuses de travail et de recherche qui lui avaient déjà valu la place de major à son entrée à l'Ecole ; il possédait en effet une activité incessante et une intelligence d'élite. Aussi avait-il très rapidement acquis, sur toutes les questions si complexes de la sidérurgie, une connaissance et une expérience profondes qui le destinaient à un rapide avancement ; c'est à sa grande érudition qu'il dut l'honneur de collaborer, avec son directeur, à Terrenoire, au Traité du fer destiné à l'encyclopédie de Frémy.

Il est à peine utile de redire l'estime complète et générale qu'il avait de suite su inspirer à ses supérieurs comme au personnel placé sous ses ordres. Comme preuve, rappelons seulement que, pendant dix-huit mois qu'il fut aux prises avec le mal fatal qui devait l'emporter, la phtisie pulmonaire, la Compagnie de Terrenoire, en raison de ses hautes capacités et de son dévouement, le considéra toujours comme en congé, et ne cessa, jusqu'à ses derniers moments, de lui tenir compte de ses appointements.

Garen n'était pas seulement l'ingénieur distingué que nous venons de dire, bien que tout jeune encore, mais plein d'un brillant avenir; il était aussi pour sa famille un fils excellent ; son amour filial, qui était au-dessus de tout éloge, le rendit capable du plus rare dévouement joint à une discrétion égale. Sa mort laisse, dans cette famille éplorée, un vide irréparable.

Notre regretté collègue avait été bien éprouvé lui-même pendant son séjour à l'Ecole : il avait eu à subir coup sur coup la mort de son père, puis un cruel et soudain revers de fortune qui vint modifier complètement sa façon de vivre; mais il cachait une âme énergique et courageuse sous sa complexion délicate, et il supporta, sans découragement, ces rudes épreuves, qui ne firent qu'exalter ses puissantes qualités de coeur et d'esprit. Son caractère toujours égal n'en subit même pas la plus légère atteinte, et la plupart de ses camarades d'Ecole ignorèrent cette subite infortune.

Sa mort est une perte douloureuse pour notre Association, à l'éclat de laquelle il promettait de contribuer un jour; elle affligera profondément tous ceux qui l'ont connu, parce que ceux-là l'ont sincèrement aimé et estimé.

E. JACQUES.