Philippe FORMERY (1928-2005)


Photo de la collection privée de Mme Marguerite Formery

Fils de Louis FORMERY, inspecteur des finances, et de Geneviève CHEYSSON (fille de Emile CHEYSSON). Né le 9 janvier 1928 à Paris. Frère de Guy, Claude, Jacques et Bernard.
Marié à Marguerite Marie TEZENAS DU MONTCEL. 5 enfants : Anne, Jean-Baptiste, Louis, Vincent, Zoé.

Etudes secondaires au collège Stanislas à Paris, puis au lycée Louis le Grand. Ancien élève de l'Ecole des mines de Saint-Etienne (promotion entrée en 1948 et sortie en 1951). Ingénieur civil des mines. Docteur d'Etat (1979, thèse soutenue à l'Univ. de Provence).


Résumé biographique, par R. Mahl :

Après près de 5 ans comme ingénieur du fond aux Houillères du bassin de Lorraine à la Houve (1951-1956), Philippe Formery entre au CEA, à la Direction des recherches et exploitations minières (1957). Il gravit les échelons en devenant ingénieur divisionnaire en 1958, puis ingénieur principal en 1967.
Il poursuit pendant 5 ans des activités au CEA proprement dit (1957-1962) dans le domaine de l'estimation mathématique des gisements d'uranium (méthodes de Georges MATHERON), de la recherche opérationnelle, de méthodes mathématiques d'exploitation des gisements.
Ensuite, il se fait mettre à disposition du BRGM (1962-1966), puis de l'Ecole des mines de Paris, pour travailler avec Georges MATHERON. Il poursuit d'abord des études géostatistiques sur les divers gisements du BRGM, ainsi que sur la reconnaissance et la mise en exploitation de gisements miniers. Invité au Québec (fin 1964), il rédige un Traité de géostatistique appliquée et donne des cours à Montréal et à l'Université Laval.
D'abord assistant de G. MATHERON dans les cours à l'Ecole des mines de Paris, il devient professeur de probabilités et processus stochastiques à l'Ecole des mines de Nancy (1966), tout en donnant des cours de probabilités et de statistiques à l'Ecole des mines de Paris (à partir de 1969).
Ses études théoriques les plus fécondes se situent dans les années 1962-1966. Il rédige ensuite divers ouvrages et de nombreux papiers au début des années 1970.

Le CEA ne souhaitait plus continuer à rémunérer Ph. FORMERY, dont les activités n'étaient plus liées à la prospection d'uranium, et il fallait lui trouver un autre employeur. Or Lucien VIELLEDENT, qui était directeur des études de l'Ecole des mines de Paris de 1964 à 1971, avait beaucoup apprécié la qualité de l'enseignement de Philippe FORMERY tant à Paris qu'à Nancy. Aussi, lorsque L. VIELLEDENT fut nommé directeur de l'Ecole des mines de Saint-Etienne (1971), il mit tout en oeuvre pour faire revenir Ph. FORMERY à Saint-Etienne, en misant sur son intérêt pour son ancienne école. Nommé professeur associé de 1ère catégorie (octobre 1971), Ph. FORMERY devenait professeur titulaire (1er août 1976) et put poursuivre son enseignement et ses études en probabilités, statistiques et processus stochastiques à Saint-Etienne jusqu'à la limite d'âge de 68 ans, en 1996.

J'ai personnellement côtoyé Philippe FORMERY au début de son professorat à l'Ecole des mines de Saint-Etienne de 1971 à 1974. Il était passionné par son enseignement, tout en menant une vie écartelée de sa famille qui continuait à habiter à Paris. Je le trouvais émouvant par son dévouement à sa tâche, son souci de perfection, sa quête pour de nouveaux problèmes à résoudre, la confiance et la générosité qu'il me témoignait systématiquement, mais aussi par les coupures de rasoir qui ensanglantaient sa chemise blanche dans une tenue par ailleurs toujours impeccable. Dans un monde d'affairisme, de succès rapide, il appartenait à une autre époque.

Il décède le 17 avril 2005.


Publié dans MINES Revue des Ingénieurs, Juillet 2005. Par Louis LARRALDE

Quand Philippe FORMERY arriva, début octobre 1948, à l'Ecole des Mines de St-Etienne, il n'était pas du tout sûr d'être arrivé là où sa tournure d'esprit plutôt théorique le destinait vraiment.

Il se tourna pourtant vers les Mines celles qui avaient la cote en 1951, les Houillères du Bassin de Lorraine. Et il s'entendit très bien avec ces mineurs droits et travailleurs et en particulier avec son chef Porion, M. SPITZ. C'est là, qu'une étude lancée par M. SCHWARTZ, directeur de l'Ecole des Mines de Nancy, sur les pressions sur les étançons l'éveilla aux statistiques.

Puis, tandis que le charbon se voit détrôner de son importance par le pétrole, c'est l'uranium qui attire les jeunes ingénieurs et Philippe se retrouve en 1956 au Commissariat à l'énergie atomique à la branche production. Et, là aussi, le calcul des probabilités lui fit un clin d'œil avec le problème d'estimation des gisements. M. G. MATHERON avait lancé la loi lognormale comme étant la plus représentative de la répartition des minerais. Philippe FORMERY s'engagea à fond dans cette voie qui le mena à ce qui sera le grand intérêt de sa vie professionnelle : le calcul des probabilités.

Cela ne l'empêche pas cependant de se marier avec Marguerite TEZENAS DU MONTCEL, dont la famille compte à chaque génération des élèves de l'Ecole des Mines de St-Etienne et ce depuis sa création. Mariage heureux : 5 enfants et maintenant 13 et bientôt 14 petits enfants.

Progressivement, Philippe se fait détacher du C.E.A. pour se consacrer à l'étude et à l'enseignement du calcul des probabilités. Ses études le mènent même au Doctorat d'Etat. Il devient professeur à l'Ecole des Mines de Nancy, de Paris et à celle de St-Etienne et il se donne à fond à cette tâche qui le passionne. Ses élèves le sentent bien comme en témoignent certaines lettres émouvantes reçues à son décès.

L'heure de la retraite, qu'il retarda au maximum, arriva et Philippe sut la vivre au milieu de ses enfants et petits-enfants qu'il aimait tant. Il apprécia aussi d'autant plus la thébaïde que sa femme et lui avaient aménagée dans un ravin au flanc du Mont Aigoual. Mais les mathématiques continuèrent à l'occuper en collaboration avec M. J. BASS, un mathématicien très âgé et très malvoyant qui poursuivait jusqu'au bout des études sur la "conjecture" de Syracuse.

A sa femme qui l'appuya sans compter et à ses enfants qui suivent ses traces de vie droite et passionnée par le travail, nous adressons nos condoléances et amitiés respectueuses.

Louis LARRALDE (Ancien élève de l'Ecole des mines de Saint-Etienne, promotion 1948)