EXTRAIT
des LEÇONS ORALES
faites par DOLOMIEU ,
sur le
GISEMENT des MINERAUX,
au commencement de
1796,
à l'Ecole des Mines de Paris.

Rédigé par moi, alors que j'étais Elève des mines et obligé de justifier de mon travail à chaque Professeur.

L. C.

Avertissement : Ce document, mis par Alfred Lacroix à la disposition de l'Ecole des mines de Paris, a été mis sous forme web par R. Mahl en liaison avec Jacques Touret et est analysé dans : J.L.R. Touret, Le cours professé en 1796 par Dolomieu à la maison d'Instruction de l'Agence des Mines, p. 119-137 in Jean Gaudant (coord.), Dolomieu et la géologie de son temps, Presses de l'Ecole des mines, 2005, 199 p.
Alfred Lacroix l'avait lui-même récupéré auprès de Mlle Louise Read, petite-fille de Cordier (l'original manuscrit se trouve dans le fonds Dolomieu des Archives de l'Institut de France (cote 4J16)).
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Géographie Physique N° 1
ou 1ère Leçon

La Minéralogie proprement dite a pour objet de connaitre les différentes substances minérales qui se rencontrent à la surface de la terre, d'après leur nature, leurs propriétés chimiques, physiques et géométriques. L'étude du gisement des minéraux en diffère en ce qu'elle ne considère que les rapports qu'ils peuvent avoir entre eux, les associations qu'ils présentent , la contexture qui leur est propre et surtout leur manière d'être des uns à l'égard des autres dans la constitution physique du globe terrestre.

En examinant l'ensemble des matières qui constituent essentiellement la masse de la terre, l'observateur reconnaît bientôt qu'elle est composée de terrains absolument distincts par leur nature dont la formation ne paraît pas pouvoir être attribuée aux mêmes époques et aux mêmes circonstances. La plupart semblent avoir pris naissance dans les temps calmes et tranquilles, mais beaucoup sont dans un état de bouleversement qu'on ne saurait attribuer qu'à de grandes catastrophes qui ont déterminé la configuration définitive du globe.

Après avoir bien examiné les différentes espèces de terrain on est porté naturellement à les diviser en quatre grandes sortes;

1°. terrain de précipitation, il est le résultat d'une cristallisation précédée d'un état de dissolution;

2° ------- de sédiments qui ont formé des couches à peu près parallèles;

3° ------- de transport, formé de débris des deux premiers charriés par les eaux;

4° ------- volcanique, composé de matières rejetées du sein de la terre et entassées les unes au-dessus des autres par l'action des feux souterrains.

Cette division qui est celle adoptée actuellement par le plus grand grand nombre des minéralogistes comprend toutes les matières qui forment l'ensemble du globe.

On pourrait réduire le nombre des sortes à 3 car le 3ème sol peut être considéré comme une modification du second et à la rigueur il serait possible de les réunir pour n'en faire qu'un seul.

On pourrait peut-être aussi distinguer un 5ème sol, savoir celui de concrétions ou tufs, mais outre que c'est un produit récent formé par les eaux, il n'occupe pas une assez grande étendue à la surface de la terre par rapport aux autres terrains, pour jouer un rôle aussi distingué dans notre division.

Chaque sol renferme des substances qui lui sont particulières, mais ils en ont aussi qui leur sont communes à tous et qui, si elles diffèrent entre elles, c'est moins par leur nature que par les modifications sous lesquelles elles se présentent. Tous, par exemple, renferment de la pierre calcaire, mais il n'en n'est presqu'aucune dont on ne puisse attribuer la manière d'être à des modifications toujours différentes pour chaque sol.

Nos connaissances sur la nature des matières qui composent la masse entière du globe sont très bornées puisqu'elles ne s'étendent qu'à celles qui sont à sa surface. Nous ignorons absolument quelles sont celles qui en occupent l'intérieur et les seules données que nous puissions avoir à cet égard sont bien faibles car en quelles proportions sont les excavations des hommes, celles des volcans même qui paraissent quelquefois avoir jusqu'à plusieurs milles de profondeur, avec une masse aussi considérable? Elles approchent à peine d'être la 1300ème partie de son diamètre. Que sont aussi ces hautes montagnes dont les chaînes prolongées semblent surcharger la terre d'un poids immense? De petites inégalités à peine sensibles sur la surface d'un globe qui aurait 8 pieds de diamètre. Nous ne pouvons donc former que des conjectures bien vagues sur la nature des substances qui en composent l'intérieur. Voici jusqu'où s'étendent nos connaissances actuelles à cet égard:

D'après les expériences physiques et astronomiques des Académiciens envoyés au Pérou pour y faire les observations et opérations nécessaires pour déterminer la forme du globe terrestre, il parait que les matières qui en occupent le centre jouissent d'une densité bien plus considérable que celles qui sont à sa surface. Ils remarquèrent que le fil à plomb était dévié sensiblement par la chaîne des Cordillères. Mr Bouguer en observant les étoiles fixes à la distance de 1.700 toises du Chimboraço, trouvait dans le résultat de ses opérations une différence de 8 secondes qui n'avait pas lieu lorsqu'il répétait la même observation à la distance de 4.000 toises. D'après ces expériences et une suite d'autres répétées avec exactitude si l'on compare le volume des montagnes à celui de la terre, la densité étant supposée égale, on trouve que l'action attractive qui faisait dévier le fil a plomb aurait du être 13 fois plus considérable. Les masses de l'écorce terrestre qui nous paraissent les plus compactes et les plus denses, sont donc comme criblées d'une infinité de petites cavités et comme boursouflées par rapport aux matières qui en occupent le centre. Mr. Bouguer a même remarqué que cette action attractive était encore plus faible dans une montagne d ... .On a calculé en général que la densité des montagnes, en prenant leur pesanteur spécifique, était nulle celle de l'eau comme 1:3 et celles des matières qui occupent le centre du globe comme 1:... On conçoit facilement que moins on supposera de volume à ce noyau terrestre plus sa densité devra être considérable et plus il s'éloignera d'avoir quelqu'analogie avec les matières de l'écorce. Cette densité, à ce qu'il parait, n'est pas la même partout puisque le pendule éprouve aussi des déviations en allant du pôle à l'équateur.

Plusieurs physiciens ont supposé au centre de la terre un noyau particulier auquel ils ont attribué les phénomènes du magnétisme, comme celui de l'inclinaison de l'aiguille aimantée qui augmente beaucoup en approchant des pôles et surtout du pôle austral.

Chaque sorte de terrain n'a point de limites précises. Elle n'occupe pas des contrées particulières et loin d'être circonscrite dans des espaces plus ou moins considérables elle se rencontre partout puisque sa formation est due à des circonstances qui ont été les mêmes pour toute la masse du globe.

Les différents sols sont souvent placés en recouvrement les uns au-dessus des autres de manière à concourir à la formation d'une même montagne. Mais il est une observation générale, qui ne souffre presque jamais d'exception, c'est que les terrains de 1ère sorte sont toujours placés au-dessous des autres terrains. Ils en sont souvent recouverts et ne les recouvrent jamais tandis que ceux des autres sortes sont souvent indistinctement entassés et se recouvrent mutuellement. C'est d'après cela qu'on a nommé les terrains de 1ère sorte terrains primitifs : expression qui laisserait croire qu'ils ont existé antérieurement aux autres. Nous y substituerons celle de primordial qui indique qu'ils ont pris naissance les premiers dans l'ordre de la formation successive et que par conséquent ils se sont placés en dessous des autres sortes qui n'ont été formées qu'après. C'est également à tort qu'on a donné les noms de secondaires, tertiaires, etc. aux autres espèces de terrain puisque le temps de la formation est unique, quelle qu'ait été sa durée. La nature n'a pas quitté son travail imparfait pour le reprendre ensuite, elle a tout formé sans se poser et si elle y a depuis apporté des modifications elles ne sont pas très considérables puisqu'elles n'ont eu lieu qu'à la surface de la terre. D'après cela nous avons préféré employer le mot sorte en ce qu'il distingue les différents terrains sans défigurer l'antériorité des uns par rapport aux autres.

Un autre fait important dans la comparaison des différents terrains, c'est qu'il ne s'est jamais trouvé aucun vestige de corps organisés dans ceux de première sorte, tandis que dans ceux de 2ème et 3ème sortes on rencontre fréquemment des débris d'animaux et de végétaux. Nous verrons dans une autre occasion à quoi est due l'existence de ces corps.

Quoiqu'on ne puisse assigner de limites précises à chaque sorte de terrain on peut cependant dire en général que les hautes chaînes de montagnes sont formées de ceux de la première: telles sont les Alpes, les Cordillères qu'une grande partie des terrains de la seconde bordent les vallées et forment les grands plateaux, enfin que ceux de la troisième sorte forment les vallées et les plaines basses. Le 4ème sol ne se trouve jamais qu'en recouvrement de ceux de seconde et principalement de troisième sorte quoiqu'il soit formé de substances appartenantes aux terrains de la première sorte modifiées par action du feu.

Ces aperçus sont soumis néanmoins à de fréquentes exceptions car il existe des plateaux immenses formés de terrains de première sorte, comme ceux du Limousin et de la Tartarie, tandis que ceux de seconde et troisième sorte s'élèvent à des hauteurs considérables: c'est ainsi que dans les Cordillères on a trouvé de la pierre calcaire coquillière à la hauteur de 1.800 toises au-dessus du niveau de la mer.

On est sujet à commettre de fréquentes erreurs en déterminant les positions respectives des différentes espèces de terrain, lorsqu'on prononce avant d'avoir recueilli un assez grand nombre d'observation exactes. On suppose souvent des terrains placés les uns au-dessus des autres, quoique leur situation actuelle soit due à des accidents indépendants de leur formation. C'est ce qui est arrivé relativement à une source d'eau salée, située auprès de Moutiers-en-Tarentaise, qui sort de dessous une masse énorme de terrain de première sorte superposé à des bancs de gypse. D'après cela on s'est hâté de décider que le gypse était au nombre des roches primordiales quoique d'ailleurs sa formation subséquente soit bien démontrée. Mais des observations mieux faites ont prouvé que cette masse de granite n'était qu'accidentelle, qu'elle avait été détachée des sommités voisines puisque non seulement on y retrouvait la roche analogue mais encore la place qu'elle y occupait avant son éboulement.

Dans le terrain de première sorte, il n'y a aucune correspondance entre les angles saillants et rentrants des vallées qui en sont formés, au contraire les angles saillants sont opposés aux angles saillants etc. en sorte que la disposition des vallées présente une suite d'étranglements. C'est ce qui a donné l'idée à plusieurs géologistes de les supposer formées par l'écoulement d'une suite de lacs dont les eaux auraient entraîné avec elles des fragment de roches de première sorte.

Les terrains de 2ème et 3ème sortes présentent au contraire une parfaite correspondance entre les angles saillants et rentrants, ce qui leur a fait supposer une cause de formation différente. On regarde coummunément qu'elles sont dues à des courants rapides qui ont sillonnés la surface de la terre dans différents sens. Mr de Buffon avait remarqué cette correspondance entre les angles saillants et rentrants dans les terrains de 2ème et 3ème sorte, les seuls qu'il ait eu occasion de parcourir et le sentiment de tous les naturalistes éclairés prouve qu'il s'est trop hâté de généraliser cette observation en admettant cette correspondance parfaite dans toute espèce de terrains.

Après ces généralités sur l'histoire des différents terrains nous passeront aux propriétés particulières à chacun d'eux.

En examinant avec attention les matériaux qui constituent les terrains de première sorte on voit qu'ils doivent leur contexture, leur aggrégation à une cristallisation confuse qui a réuni les principes élémentaires qui les constituent en des proportions différentes pour chacun en particulier. Parmi ces matériaux il n'en est aucun qui puisse être regardé comme homogène. C'est surtout dans le granite que les preuves de cette cristallisation confuse deviennent évidentes. La seule inspection suffit pour prouver que leur contexture et leur composition ne sont point le résultat d'une précipitation confuse de tous les principes élémentaires. Elles sont dues à deux forces attractives, celles des molécules les unes par les autres et celle du fluide dissolvant. Car autrement comment concevoir la forme granuleuse du quartz, celle du feldspath souvent très régulière et qui forme quelquefois les 3/4 des roches granitiques. Ces roches sont formées de 3 ou 4 substances qui se sont accolées, entrelacées et pétries pour ainsi dire, de manière qu'il n'est pas possible que l'une ait été formée avant l'autre, car elle n'aurait jamais pu se soutenir isolément et se serait précipitée avant la cristallisation des autres substances qui lui sont mélangées. Ou si on ne peut en supposer aucune préexistente aux autres, il faut donc que leur aggrégation ait été simultanée pour former les masses du globe.

Cette observation est la base du seul système raisonnable qu'on puisse imaginer dans la formation de la terre. Toutes les autres pierres portent des preuves évidentes de cette cristallisation et celles où on aurait de la peine à les distinguer sont tellement disposées qu'on ne peut leur refuser la même origine.

Mais cette cristallisation suppose une dissolution antérieure non que cette dissolution soit nécessaire, car quelles sont les circonstances indispensables pour qu'un corps puisse cristalliser? Il faut que les molécules soient réduites à leur degré de ténuité le plus considérable, qu'elles jouissent de la facilité du mouvement et pour cela qu'elles soient simplement tenues en suspension dans un fluide. C'est ainsi qu'une substance dont les molécules disséminées dans une masse quelconque, sont retenues et réunies par les circonstances nécessaires, peut présenter une aggrégation régulière ; il suffit qu'elles soient transportées dans des lieux où elles jouissent du temps et de la facilité de prendre les places d'élection. On conçoit que comme elles n'ont point d'attraction pour les matières où elles existent , l'eau les entraîne facilement par sa seule gravitation et les porte dans des cavités où l'attraction des molécules similaires s'exerce dans toute son énergie et donne naissance à des corps réguliers.

Mais ici c'est tout à fait différent, car si les molécules n'eussent été qu'en suspension elles auraient abandonné le fluide presque toutes en même temps, elles se seraient placées suivant l'ordre de leur pesanteur spécifique et le poids des supérieures aurait empêché l'aggrégation des inférieures, or c'est ce qui n'a pas lieu, puisque non seulement elles sont cristallisées, mais encore qu'elles sont placées dans un ordre qui n'a aucun rapport avec la gravité spécifique de chacune. Il devient donc indispensable d'admettre un état de dissolution antérieur à la cristallisation, car d'ailleurs sans l'action d'un dissolvant comment les terres élémentaires se seraient-elles combinées intimement en différentes proportions pour former des molécules similaires dont l'aggrégation régulière indique assez que les fluide les a lâchées peu après en raison de l'affinité qu'il avait pour chacune d'elles.

Géographie Physique N° 2

Nous avons vu dans la dernière séance qu'on pouvait diviser en 4 grandes sortes les terrains qui forment la masse ou du moins l'écorce du globe, savoir : 1° terrain de précipitation; 2° terrain de sédiment; 3° terrain de transport; 4° terrain volcanique.

Les terrains de la première sorte ont été formés les premiers et peuvent être regardés comme primordiaux par rapport aux trois autres, car ils sont souvent recouverts par eux et ne les recouvrent jamais. Les 3 autres espèces de terrain ee recouvrent souvent entre eux et forment des couches alternatives d'une nature différente.

Une particularité des terrains de 1ère sorte est de ne contenir jamais aucun vestige de corps organisés, tandis qu'on en rencontre très souvent dans ceux de seconde et 3ème sortes.

Dans les vallées bordées par les terrains primitifs on n'observe aucune correspondance entre les angles saillants et rentrants qu'elles présentent des suites d'étranglement ; au contraire les terrains de seconde et 3ème sorte présentent cette parfaite correspondance, c'est ce qui a fait croire que ces vallées ont été creusées par des courants rapides.

Les terrains primitifs ne sont jamais homogènes; ils présentent l'assemblage de plusieurs substances d'une nature très différente. Leur texture fournit une preuve évidente qu'ils sont le résultat d'une cristallisation confuse et la forme plus ou soins bien déteminée des parties qui les composent atteste qu'elles ont été dissoutes auparavant dans un fluide: non que la dissolution soit un préalable nécessaire à l'arrangement des molécules d'une substance quelconque, mais bien pour que la combinaison des principes élémentaire ait pu s'exécuter de manière à donner naissance à tel ou tel corps.

Si toutes les matières qui composent les terrains primitifs portent un caractère véritable de dissolution, à plus forte raison les matières qui les recouvrent ont-elles dû être également dissoutes.

On ne peut regarder aucune terre comme primordiale ou dont la formation serait antérieure à celle des autres, car une substance qui aurait dû échapper à l'action du dissolvant se serait précipitée et aurait été recouverte par les dépôts de la cristallisation à laquelle elle n'aurait pu participer soit à l'état de liberté, soit à celui de combinaison. Ces dépôts portent l'empreinte de leur formation successive.

La première précipitation a eu lieu par la terre quartzeuse et par les substances dans lesquelles elle domine comme principe élémentaire. Elle devient toujours moins abondante dans les précipités subséquents.

La terre argileuse est en assez grande quantité dans ceux de la seconde époque. Elle domine dans ceux de la troisième combinée avec une certaine quantité d'oxyde de fer. Les précipités de la quatrième époque sont en partie formés de magnésie; enfin ceux de la cinquième sont dus à la terre calcaire.

Toutes ces terres ont été dissoutes dans le même fluide qui les a lâchées peu à peu. La précipitation dans les premiers temps s'est faite avec une lenteur qui a permis aux corps formés par leurs combinaisons d'affecter une forme cristalline. La précipitation s'est ensuite accélérée à mesure qu'elle arrivait plus près de aa fin, en sorte qu'on ne retrouve presqu'aucun signe de cristallisation dans ses derniers résultats.

Quoiqu'en général la disposition des montagnes semble avoir à peu près suivi cet ordre, il existe cependant des anomalies. Il arrive, par exemple, que la matière calcaire s'est déposée par bancs sur lesquels reposent d'autres bancs de granite ; mais ce calcaire porte aussi bien qu'eux le caractère d'une véritable cristallisation, et ne contient jamais de corps organisée comme celui qui est dû aux dernières précipitations.

D'après ce que nous venons d'exposer il est bien certains qu'il a existé un dissolvant commun mais quelle est sa nature? C'est ce qu'on ignore. L'on a supposé que l'eau seule avait pu remplir les fonctions de ce dissolvant, mais on voit bientôt combien cette opinion est peu soutenable, en réfléchissant sur le volume d'eau qu'il aurait fallu pour opérer une dissolution complète et sur la petite quantité qui existe sur la terre comparativement aux masses à dissoudre. Car toute l'eau qui existe dans l'atmosphère, celle qui est à la surface de la terre et à son intérieur n'est qu'une très faible partie de la quantité nécessaire. On a voulu suppléer à la faiblesse du dissolvant en supposant qu'il y en avait une quantité considérable qui s'élevait alors à une grande hauteur au-dessus de la surface actuelle de la terre. Mais quand bien même le volume d'eau alors existant eût été 700, 800 fois ou même 10.000 fois plus considérable qu'il n'est aujourd'hui et qu'elle fût portée à la plus haute température, elle ne formerait que la 200ème partie de la quantité nécessaire à la parfaite dissolution.

S'il est déuontré que ce n'est pas l'eau qui a pu servir de dissolvant, quel est donc le fluide qui en a rempli les fonctions? Il parait qu'il a été détruit puisqu'on n'en retrouve plus aucune trace. Est-ce à sa destruction qu'est due la précipitation successive des principes qu'il tenait en dissolution, combinés pour former différents corps. A mesure que chaque molécule élémentaire réduite à son dernier degré de ténuité, se trouvait séparée du dissolvant elle le précipitait et entraînait, en s'y combinant, les molécules qu'elle rencontrait dans sa sphère d'activité.

Il a donc existé un dissolvant commun qu'il ne paraît pas que la nature ait employé depuis la formation du globe et qui sera longtemps l'objet de vaines recherches.

On peut diviser en plusieurs époques l'espace de temps pendant lequel se sont faits les précipités qui ont donné naissance aux différentes espèces de pierres.

La première époque dont nous puissions nous former une idée a produit celles qu'on désigne sous le nom de roches vives ce qui porte au plus haut degré l'empreinte de la cristallisation et qui appartient aux montagnes primitives. Elles sont presque toutes formées par l'assemblage de substances hétérogènes, quoique les principes élémentaires eussent tous existé en même temps dans le dissolvant. Les molécules quartzeuses qui se sont séparées les premières du fluide qui ne pouvait plus les tenir en dissolution rencontrèrent en se précipitant des molécules semblables ou hétérogènes auxquelles elles s'unirent en différentes proportions. C'est alors que se sont formées les roches dans lesquelles le quartz prédomine, non seulement parce qu'il existe en gros grains, mais encore parce qu'il est le principal élément des autres substances qui les constituent. Si les roches auxquelles on a donné le nom de granites sont composées de feldspath, de mica et de quartz tous trois à l'état de cristallisation : Le mica est en prismes hexaèdres qu'au premier coup d'œil on serait tenté de prendre pour de l'hornblende. C'est à ces roches que nous donnerons le nom de primordiales, non, comme nous l'avons déjà dit, parce que leurs principes existaient avant ceux des autres roches, mais parce qu'elles ont été déposées les premières.

Dans les pierres de la seconde époque lesquelles sont beaucoup moins abondantes, il ne s'y montre plus en grains détachés et distants les uns des autres. On n'y voit que le feldspath, le mica et le schorll. Le quartz n'entre que comme principe constituant dans chacune de ces substances en particulier et on s'est trompé lorsqu'on a cru le voir en grains dans ces espèces de roches, c'était presque toujours du feldspath en petites masses.

Les granites quartzeux sont donc le résultat de la première opération de la nature dont nous puissions nous former quelque idée. Passé ce terme il ne nous est plus permis d'essayer d'approfondir ses secrets sans former des hypothèses vagues et dénuées de preuves. Notre imagination se perd dans la nuit des temps qui ont précédé la formation du globe, elle ne trouve plus qu'un néant incompréhensible et nous devons nous contenter d'admirer le grand être qui a créé l'univers et présidé à son arrangement.

On peut considérer les terrains de 1ère sorte sous 3 rapports : 1° celui de leur position ou gisement ; 2° celui de leur composition; 3° celui de leur contexture. Nous commencerons par ce dernier rapport parce que c'est celui qui a frappé d'abord et dont on se soit occupé le premier.

Les terrains de 1ère formation sont composés de substances en grains distincts qui se sont accolés et serrés les uns contre les autres sans aucune apparence de pâte, c'est un entrelacement , une juxtaposition et un pétrissage pour ainsi dire, qui a réuni les substances de nature différente qui les composent, non comme les poudingues et les roches qui sont des fragments informes agglutinés par une pâte qui les a enveloppés après leur formation. La texture granuleuse de ces roches est certainement ce qui les a fait nommer granites. Ce qui concourt à leur donner cette texture c'est l'aspect du feldspath qui, formé de petites lames courtes, croisées en différents sens, se présente réellement sous une apparence de grains, mais cette apparence est trompeuse et le feldspath n'est pas plus en grains que certains marbres salins dont la texture est formée d'une suite de petites surfaces brillantes qui appartiennent à des faisceaux de lames qui se croisent en différents sens et à qui on ne peut contester l'empreinte évidente d'une cristallisation confuse.

Il semble qu'à mesure que la précipitation approchait de sa fin, il s'est passé un fait analogue à celui qu'on observe dans les cristallisations salines. L'eau mère s'est engraissée, est devenue pour ainsi dire plus pâteuse, la cristallisation s'est opérée d'une manière de plus en plus confuse ; aussi, dans les précipités qui ont eu lieu alors, voyons-nous que le feldspath, qui en est la partie la plus essentielle, ne s'est plus cristallisé. Il s'est formé des roches dont les éléments sont les mêmes que ceux des granites, dont la contexture est bien différente et qui ne contiennent plus de quartz qu'à l'état d'intime combinaison. Ces roches ont été nommées porphyres.

Il y a cette différence entre les porphyres et les granites, que ceux-ci sont formés de grains réunis, agglutinés par la seule adhérence sans aucune espèce de pâte ou de ciment. Les premiers, au contraire, présentent un fond uniforme, c'est une pâte qui enveloppe des grains qui ont encore pu cristalliser. Cette définition semblerait rapprocher les porphyres des poudingues et des brèches dans lesquelles il y a aussi une pâte qui renferme différentes substances, mais il y a cette différence que dans les porphyres les grains enveloppés ont pris naissance en même temps que la pâte à qui il n'était plus possible de prendre une forme régulière en se précipitant et, conséquemment, la contexture qui lui est propre, au lieu que les brèches et les ... sont des aggrégats des plus hétérogènes formés à différentes époques et dont les fragments roulés et anguleux ont été réunis par un ciment qui est ensuite ...

Entre les porphyres et les granites il n'y a de différence essentielle que par la contexture. Les mêmes principes existent dans les uns comme dans les autres : dans les premiers les molécules n'ont pas pu prendre les places d'élection pour former des substances différentes et leur réunion présente une contexture homogène, tandis que dans les granites les molécules similaires se sont rassemblées sous une forme régulière, et qu'une des substances formées a occupé une place distincte en sorte qu'il est impossible de la confondre avec les autres.

On peut souvent observer des intermédiaires entre les résultats des différentes époques de précipitation et le passage des uns aux autres. Souvent dans la même masse on voit à la partie inférieure le granite le mieux caractérisé, dont les grains diminuent successivement à mesure que la cristallisation est devenue plus confuse et prendre l'apparence du porphyre. Si nous supposons que le feldspath d'un granite bien prononcé vienne à perdre sa contexture lamelleuse nous n'aurons plus alors qu'une pâte enveloppante au quartz et du mica. Cette supposition est positivement ce qui a lieu, et ce n'ast qu'à l'absence de cette contexture que les porphyres doivent l'apparance homogène qui les assimile à une pâte.

Les granites qui sont les premiers produits de la précipitation seront toujours placés inférieurement aux porphyres, c'est ce qui a fait regarder ceux-ci comme secondaires, non parce qu'ils sont d'une formation subséquente mais parce qu'ils ont été déposés les seconds dans l'ordre de la précipitation successive.

Un troisième état de contexture est celui de la contexture feuilletée. Il n'y a pas de doute qu'il ne soit dû à un accident de l'aggrégation ou de la cristallisation confuse. Les roches feuilletées sont composées de lames superposées les unes aux autres ce qui donne à la masse une disposition à se rompre toujours dans le même sens. Ces lames ou feuillets se séparent avec plus ou moins de facilité selon qu'ils sont plus ou moins distincts, quelquefois même cette contexture n'est apparente qu'à l'œil. La contexture feuilletée est souvent due au mica dont les lames disposées dans le même sens donnent à la masse la facilité de se fendre dans les même directions. Souvent encore les lames ne sont parallèles, elles forment des contours et des zigzags. On pourrait croire qu'il y avait un mouvement dans le fluide qui les tenait en dissolution et que les dépôts doivent ces formes contournées à la fluctuation qu'il éprouvait alors. Les roches feuilletées se rencontrent très fréquemment dans les montagnes. On leur a donné le nom de roches tordues. Elles recèlent souvent des filons métalliques.

Beaucoup de minéralogistes ont voulu faire une espèce distincte de ces espèces de roches mais toutes les roches, sans en excepter celles de première formation, sont susceptibles de présenter cette contexture. Les Allemands ont appelé gneiss les granites feuilletés. Les porphyres sont également susceptibles de la même configuration. On en trouve même en feuilles assez minces pour qu'on puisse les substituer à l'ardoise pour couvrir les habitations, tels sont ceux observés dans le Tyrol par M. Dolomieu. Ce serait donc à tort qu'on ferait une espèce distincte des roches qui présentent la contexture feuilletée puisque cette contexture n'est qu'un mode d'existence commun à une foule de substances d'une nature absolument différente. Lorsque que nous parlerons de la composition des roches , nous verrons celles qui prennent le plus souvent ce genre de contexture.

Un autre genre de contexture est celui des roches glanduleuses. Elles renferment des noyaux, des espèces de glands d'une nature semblable ou différente de celle de la pâte.

On peut en distinguer 3 espèces:

1° celles dont les noyaux, gros et distincts, sont entièrement enveloppés par le reste de la pâte et qui peuvent facilement s'en détacher;

2° celles où sont également de gros grains tellement adhérents qu'ils ont fait corps et qu'il n'est pas possible d'en séparer: telles sont les variolites de la Durance;

3° enfin les roches qui paraissent avoir eu des cavités dans lesquelles l'infiltration a porté du spath calcaire.

Nous observerons que dans la contexture des roches, les grains sont d'autant plus gros que leur formation remonte davantage aux premières époques de la cristallisation. C'est ainsi qu'on observe dans quelques-uns des cristaux de feldspath qui ont plus d'un pouce de grosseur, du quartz et du mica cristallisé de plusieurs lignes. Les grains ont passé par tous les intermédiaires de grosseur à mesure que la cristallisation devenait plus confuse, en sorte qu'à un certain terme, ils ne sont plus sensibles à la vue et disparaissent tellement qu'on prend les masses qui en sont formées pour des pâtes homogènes, ce que l'on a souvent lieu d'observer dans les montagnes dont le centre est occupé par des granites à gros grains, très distincts, de feldspath, de mica, de quartz, qui diminuent peu à peu de dimension en sorte que sans le secours de la loupe on ne parviendrait plus à les distinguer. C'est pour cela que lorsqu'on essaie au chalumeau des espèces de roches formées de granites très fins, d'une nature différente, les unes donnent du verre blanc tandis que les autres donnent du verre noir.

Souvent aussi cette apparence homogène vient de ce que le feldspath transparent transmet la couleur de la substance qui est au-dessous.

Les substances qui constituent les roches composées telles que les granites, porphyres, sont dans des proportions qui varient à chaque instant. Souvent le feldspath y domine au point qu'il en fait les 4/5 ou les 5/6. D'autres fois c'est un autre principe tel que l'hornblende ou schorll lacelleux qui est en telles proportions que sans la plus grande attention on n'apercevrait pas les grains du feldspath interposé dans la masse.

Les naturalistes avaient cru qu'on pouvait classer toutes les roches sous les dénominations de granites, porphyres, roches tordues, feuilletées, glanduleuses, ou amygdaloïdes, etc. Mr de Saussure, lui-même, avait cru cette division suffisante et l'avait adoptée mais il reconnut bientôt qu'entre les granites et les porphyres il existait une foule de roches intermédiaires auxquelles il fallait donner un nom, il les désigna sous celui de roches granito-porphyroides, ou porphyro-granitiques. Il vit encore combien la dénomination de roches feuilletées était vague, puisque non-selement entre ces roches et ces porphyres il en existait d'intermédiaires, mais encore parce que les porphyres et les granites eux-mêmes se présentaient avec cette contexture.

Enfin il est des roches qui quoiqu'elles renferment des substances dans une pâte distincte ne paraissent pas appartenir plutôt aux granites qu'aux porphyres, ou aux roches feuilletées. Selon Mr de Saussure il faudrait en faire autant de genres différents ou les ranger parmi un de ces trois genres auquel elles semblent appartenir de plus près.

Malgré tout cela nous ne bannirons pas les dénominations de roches feuilletées, amygdaloïdales, etc. , nous les regarderons non comme des genres mais comme des modifications des masses.

On ne peut établir de division exacte parmi les roches que d'après la nature et les proportions des substances qui les composent. Celles de ces substances qui se rencontrent le plus souvent, sont :

le feldspath                      le mica
l'hornblende ou schorll lamelleux la tourmaline
le quartz                         la steatite
la serpentine                     la pierre calcaire

En mettant la pierre calcaire au nombre des éléments des roches primitives nous nous éloignons de l'opinion d'un célèbre naturaliste qui n'avait peut-être pas assez examiné les montagnes, car non seulement la pierre calcaire existe en très grandes masses dans les montagnes primitives, mais elle entre encore dans la composition de beaucoup de roches. De ce genre sont les marbres blancs ou statuaires qui sont souvent mélangés avec des substances dont l'origine première n'est pas douteuse. Ces pierres ont aussi des caractères qui les distinguent des pierres calcaires de 2ème et 3ème formations. Celles-ci ont une pâte qui approche de plus en plus de la cristallisation entièrement confuse. On y trouve à la vérité des veines spathiques qui portent l'empreinte d'une cristallisation réelle, mais qui n'a eu lieu que par des infiltrations dans les fentes occasionnées dans la masse par le retrait. Dans le calcaire primitif, au contraire, les masses entières sont cristallisées. On n'y trouve d'ailleurs aucun vestige de corps organisés: tandis qu'il n'est aucune masse de calcaire de seconde et troisième formation qui ne contienne de ces vestiges qu'il est aisé de découvrir avec la plus légère attention.

Les pierres calcaires peuvent donc être placées parmi les roches primitives aussi bien que les granites et les autres roches. Aussi les voit-on immédiatement superposées à ces roches que nous regardons comme placées les premières, et souvent recouvertes par des roches schisteuses micacées. Mais ce qui leur donne surtout un véritable caractère primordial, c'est le mica qui leur est presque toujours mélangé; il est rare de trouver un marbre, dont la formation appartient à cette époque, qui n'en contienne une certaine quantité.

Géographie Physique N° 3

On peut remarquer en général trois choses distinctes qui sont les suites de la grande précipitation:

1° la composition des molécules intégrantes;

2° la tendance exercée par ces molécules similaires pour se réunir ensemble;

3° et enfin leur aggrégation pour former les masses du globe.

Cette aggrégation peut se comparer à celle qui a lieu dans une dissolution de plusieurs sels dans le même fluide. Si elle s'est faite avec la lenteur nécessaire, les molécules similaires se sont réunies en un certain nombre et ont formé les espèces distinctes que nous apercevons dans les roches dues à cette époque. Si au contraire la coagulation est devenue très prompte il en est résulté des masses qui ont les mêmes principes que les espèces, mais qui auront une apparence homogène. La seule différence qu'il existe en ces deux produits de la coagulation ne vient que de l'arrangement des molécules et on pourra dire de ces roches homogènes que ce sont des granites dont les grains n'ont que le volume des molécules intégrantes.

Les molécules de terres élémentaires n'ont pas toutes formé des alliances, il en est qui sont restées libres de toute combinaison et qui se sont aggrégées entre elles. Parmi toutes ces molécules il n'y a que celles du quartz qui jouissent d'une grande force d'affinité les unes pour les autres, se soyant réunies pour former des corps simples, aussi voit-on le quartz dominer dans les roches primordiales où il existe surtout en gros grains. Sa formation a laissé plus de liberté aux molécules de feldspath et de mica de se réunir puisqu'il existait une double attraction, celle des molécules quartzeuses entre elles et celle des molécules de feldspath les unes pour les autres, sans cela le feldspath et le mica auraient contenu des molécules de quartz simplement interposées et sans être à l'état d'intime combinaison.

Parmi les autres terres, deux, la terre magnésienne et la terre argileuse, n'ont point de tendance à 1'aggrégation. Il n'a existé aucune force intrinsèque qui ait pu les retirer des mélanges où elles se sont trouvé engagées ; aussi ne les trouvons nous jamais prises dans la nature ce qui prouve que leur force d'aggrégation est peu considérable; mais si elles n'ont pas pu se retirer du milieu dans lequel elles étaient engagées, elles ont dû nuire à l'arrangement régulier des molécules et l'empêcher même tout-à-fait d'avoir lieu, lorsqu'elles y étaient en assez grande quantité. Par conséquent les roches dans lesquelles elles n'entrent pas à l'état de combinaison, ont dû se précipiter sans aucune apparence de cristallisation.

Les oxydes de fer ont également peu de tendance à l'aggrégation. Ils sont restés au milieu du fluide et ont troublé l'arrangement régulier des produits de la précipitation dus à cette époque.

Les molécules talqueuses sont dans le même cas, leur aggrégation est extrêmement faible, aussi les pierres dans lesquelles elles dominent sont-elles rarement cristallisées.

Ainsi les causes qui ont pu nuire en général à l'aggrégation régulière des différentes substances sont: 1° l'accélération très prompte de la précipitation, 2° la présence des terres qui mélangées avec elles ont empêché les molécules de prendre les places d'élection. Les pierres dans lesquelles l'aggrégation régulière a été troublée, ont un grain extrêmement fin, et quoiqu'elles soient formées de matières différentes nous ne saurions les apercevoir parce que le volume des grains échappe à l'œil et que, dans quelques-unes, on puisse les croire réduites au volume des molécules intégrantes.

L'analyse ne suffit pas pour reconnaître les pierres mélangées. Elle nous indique bien quels sont les principes du mélange en général , mais elle n'apprend rien sur le rapport de chaque substance dans la combinaison. On détruit la pierre par l'analyse mais après celà on ignore si les principes qu'on en retire étaient à l'état combinaison ou simplement interposés. Il n'y a que les circonstances accompagnantes qui puissent indiquer à quelle époque de la précipitation doit-être attribuée une roche quelconque.

De même que dans les eaux mères et magmas des cristallisations salines il y a toujours des molécules qui échappent à la viscosité du milieu pour se réunir sous une forme cristalline, de même dans les magmas de la précipitation il y a eu un certain nombre de molécules, dont l'affinité plus considérable que la résistance du milieu dans lequel elles se trouvaient, a donné naissance à des cristaux tellement engagés dans la pâte qu'on ne peut pas supposer qu'ils se soient formés auparavant. C'est dans les magmas de cette précipitation trop accélérée que se trouvent trois substances difficiles à reconnaître qui ont alors pris naissance, savoir: le petrosilex, le trapp et la roche de corne.

Ces trois substances remplissent l'intervalle qui sépare les roches proprement dites formées par l'aggrégation de substances différentes, et les pierres proprement dites qui sont formées par de simples mélanges ; elles forment donc le passage entre les granites et toutes les autres pierres. Elles commencent aux roches dont les grains sont trop fins pour qu'ils puissent devenir sensibles à la vue ; elles commencent aux roches dans lesquelles l'argile a commencé à dominer et se terminent insensibles à mesure que le mélange est devenu plus considérable.

Ces limites paraîtront aussi incertaines que vagues, mais c'est impossible d'en assigner de plus précises vu la constitution variable à l'infini de ces trois aubstances. Les matières dont les compositions sont fixes ont en même temps une manière d'être qui ne varie pas. Les molécules constituantes peuvent être les mêmes pour deux corps, mais il peut y avoir des rapports différents dans leur union ce qui change tout à fait leur manière d'être, c'est ainsi qui le grenat et la tourmaline ont les mêmes principes constituants mais il y a un certain rapport qu'il nous est impossible d'apprécier, en sorte, elles ont chacune une manière d'être fondée sur l'état des terres dont elles sont formées.

Dans ces pierres dont la constitution est aussi vague et qui admettent des mélanges de matières étrangères il devra y avoir de fréquents passages des unes aux autres. ... intermédiaires s'observent souvent des roches argileuses aux roches calcaires ou ... et de ces dernières aux pierres calcaires et de toutes les trois aux granites.

Parmi les substances qui forment ces nombreux passages il n'en est aucune de plus abondamment répandues à la surface de la terre et qui admettent plus de mélanges dans leur composition que les 3 suivantes: le petrsilex, le trapp et la roche de corne. Ces mélanges ont lieu avec une foule de substances et dans des proportions si différentes qu'on ne peut leur assigner que des caractères bien incertains.

Nous avons vu qu'on pouvait distinguer plusieurs époques dans la marche graduelle de la précipitation. D'abord le quartz abondait à l'état de liberté et à celui de combinaisons, successivement se sont présentées les molécules argileuses et ferrugineuses qui ont entré dans les combinaisons. A mesure qu'elles ont été en plus grand nombre elles ont rendu l'aggrégation régulière d'autant plus difficile et lorsque elles ont dominé entièrement elles ont donné aux résultats de la précipitation l'apparence de pâtes homogènes.

C'est précimément à cette époque qu'est due la formation du petrosilex. Les molécules propres du feldspath y dominent mais sans avoir aucune apparence d'aggrégation régulière, soit parce que la coagulation a été trop prompte, soit qu'elle ait été empêchée par les mélanges d'argile et de fer. Le petrosilex est donc composé de molécules propres au feldspath où se trouvent interposées des molécules de plusieurs autres substances, des terres et du fer à l'état d'oxydation. On peut le considérer dans son état ordinaire comme un feldspath en masses confusément aggrégées mais de même qu'on ne trouve jamais le feldspath pur en masses informes et homogènes, de même le petrosilex à qui cette manière d'être est essentielle, ne doit contenir les seules molécules du feldspath mais ils doit s'y trouver des molécules étrangères qui ont nui à l'aggregation régulière ou même qui l'ont tout-à-fait empêchée. Ce qui prouve surtout son identité avec le feldspath c'est la facilité avec laquelle il passe à la manière d'être de cette substance et réciproquement, ce changement se fait quelquefois subitement en sorte qu'il n'est pas rare de voir des roches qui ont l'apparence de pâte prendre tout-à-coup la contexture propre aux granites. Le plus souvent ce passage ne se fait que progressivement, il est même rare que dans une masse de petrosilex on ne rencontre de petits cristaux de feldspath dont les molécules ont pu échapper à la viscosité du fluide.

Ce sentiment sur la nature du petrosilex est celui qui a été adopté par Mr de Saussure. Il y a été conduit par beaucoup d'observations et ce n'est que par des comparaisons bien faites qu'il a trouvé l'analogie où il avait d'abord confondu le pétrosilex avec les silex, mais leurs caractères sont si différents qu'il n'est plus permis de s'y tromper.

On n'aurait pas donné au petrosilex le nom de feldspath en masses compactes s'il n'eût contenu aucune matière étrangère ; mais il s'éloigne sans cesse du feldspath à mesure qu'il est dû à une époque plus éloignée de précipitation, puisqu'alors il a rencontré beaucoup plus de molécules différentes.

Le petrosilex a pour caractères la cassure conchoïde un peu moins que le silex, souvent cette contexture devient lamelleuse mais c'est quand il est dans le plus grand état de pureté, une demi-transparence qu'il perd à mesure qu'il devient plus mélangé, il prend alors une apparence grasse et porte l'empreinte de la causa qui a empêché l'aggrégation régulière. Il étincelle au briquet, sa dureté est égale ou même plus considérable que celle du feldspath la pesanteur spécifique est la même lorsqu'il est très pur car on conçoit facilement qu'elle doit varier souvent à cause des mélanges. Il a d'ailleurs toutes les couleurs du feldspath: le blanc, le gris, le rouge, le vert, le jaune, etc. Il est susceptible d'affecter la contexture lamelleuse et beaucoup des pierres regardées comme de schiste, celles surtout qui se divisent en lames les plus minces ne sont que des petrosilex. L'analyse y démontre les mêmes principes élémentaires que ceux du feldspath.

Un des caractères le plus utile pour le distinguer et ne pas le confondre avec le silex c'est sa très grande fusibilité. Il fond en un verre boursoufflé qui est toujours bleu quel que soit d'ailleurs sa couleur; ce qui prouve que sa coloration n'est pas due à des oxydes de fer, mais à la matière grasse pour ainsi dire qui a troublé l'aggrégation des molécules.

Le petrosilex se trouve dans les montagnes primitives, en grandes masses, ou en bancs presque toujours verticaux, ou en filons qui traversent ces montagnes. En général celui que se trouve dans les filons est beaucoup plus pur et plus transparent. C'est par transsudation qu'il est venu occuper ces grandes fentes; aussi contient-il beaucoup moins de cristaux de feldspath enveloppés il est ordinairement en masses solides mais quelquefois il se débite par feuillets très minces qui remplacent l'ardoise dans quelques pays. Quelquefois encore il éprouve un retrait rhomboïdal assez régulier à la vue au point même qu'on le croirait produit par une cristallisation réelle, mais la mesure des angles démontre bientôt le contraire.

Quelle que forte que paraisse ... du petrosilex, il est peu de pierres qui éprouvent un relâchement aussi considérable dans leur tissu. Souvent il perd sa transparence, sa cassure, etc. pour prendre l'aspect terne et terreux en sorte qu'on aurait beaucoup de peine à le reconnaître sans les circonstances et les substances qui l'accompagnent et sans l'épreuve du chalumeau. Il conserve malgré cela une consistance assez grande pour que le marteau ne puisse pas en détacher des fragments, souvent il ne fait que s'y enfoncer.

Ce ne sont pas seulement les parties du petrosilex exposées à l'air qui subissent ce genre de relâchement, se sont encore des masses entières dans l'intérieur des montagnes. Dans les autres roches on attribue communément cette altération au fer qui en s'oxydant augmente de volume, fait effort contre toutes les parties environnantes, les force de se déplacer et parvient même à rompre leur adhérence. Mais dans le petrosilex i] y doit avoir bien peu d'influence puisque très souvent il n'y existe pas du tout. Il paraît que c'est au gonflement de l'argile, qui a joué le rôle de matière grasse, que doit-être attribuée cette singulière altération du petrosilex qui prend alors un grain argileux. Ce sont ces petrosilex terreux que les allemands appellent ______-marck qui forment la base de plusieurs espèces de porphyres et du _______metallifome qui malgré leur aspect argileux ne sont jamais privés de l'aggrégation nécessaire puisqu'elle en est indépendante.

Cette décomposition facile appartient encore au trapp, à la roche de corne, en général il semble que toute masse composée de molécules différentes doit se décomposer car les intempéries de l'air agissent différemment sur chacune d'elles et font éprouver à la masse des éboulements qui finissent par en détruire l'aggrégation. C'est ainsi que les granites ce trouvent détruits par ce jeu des parties constituantes qui sont affectées différemment par les influences de l'atmosphère; c'est ainsi que les roches les plus dures se trouvent réduites en miettes friables dans lesquelles les torrents creusent de profonds ravins et vont porter au loin leurs débris.

Le petrosilex est susceptible d'un autre jeu d'aggrégation qui exalte sa couleur, il devient en apparence extrêmement compact et prend une apparence rétiniforme presque vitreuse. Dans cet état sa pesanteur spécifique est beaucoup moindre que celle du petrosilex ordinaire. Sa dureté est moins grande mais il en conserve assez pour faire feu par le choc du briquet. Il est susceptible du plus vif poli il contient beaucoup plus de fluides aériformes puisqu'il se boursouffle bien davantage au chalumeau, il sert de base à des porphyres et se trouve ainsi qu'en Hongrie. Son apparence presque vitreuse a fait croire à plusieurs minéralogistes qu'il était d'origine volcanique, mais les circonstances accompagnantes démontrent bientôt la fausseté de cette opinion.

Le petrosilex étant en masses dans lesquelles des molécules hétérogenes se sont interposées en plus ou moins grande quantité, une roche cesse d'être petrosilex au moment où ces parties étrangères viennent à dominer, et plus elles deviennent abondantes dans le mélange plus le petrosilex perd de ses caractères extérieurs. Si c'est par exemple le quartz libre qui vient à y dominer, la pâte est moins fine, la cassure moins conchoïde et la dureté plus considérable; si c'est l'argile la pierre perd successivement sa demi-transparence, sa dureté, etc. pour prendre le grain des roches argileuses; enfin si c'est la terre talqueuse il perd de même sa transparence, etc., prend une apparence plus grasse et passe successivement à l'état de stéatite. Ainsi le petrosilex est susceptible de perdre par différents mélanges les caractètes qui lui sont propres : et l'instant où il cesse d'être petrosilex est celui ou les molécules propres au feldspath cessent de dominer, il va se perdre par des graduelles dans presque toutes les autres roches et prendre les caractères des terres libres qui dominent. Avec le quartz il devient plus ... avec le talc il prend les caractères des stéatites et des ... auxquelles il vient se réunir , etc., etc. Dans les passages qui le lient aux différentes pierres se rencontre une espèce de jade qui a plusieurs caractères qui la distinguent du jade ordinaire. Il est moins fusible que lui. C'est une simple modification du petrosilex dans laquelle il entre une plus grande quantité de terre talqueuse libre qui lui donne une contexture souvent feuilletée, mais surtout dès qu'il avoisine les trapps, quelquefois même lorsqu'on l'essaye au chalumeau on obtient du verre noir qui appartient aux molécules du trapp et même un verre bleu qui appartient au feldspath. Le basalte gris appartient au genre intermédiaire, il donne de même des verres différemment colorés et souvent on y distingue de petites lames de feldspath.

Le trapp et la roche de corne appartiennent aussi comme nous l'avons dit à l'époque de l'aggrégation confuse. Leurs caractères sont encore plus vagues que ceux du petrosilex, ils en ont de communs à tous deux et très peu de particuliers :ils sont le résultat de mélanges extrêmement compliqués qui ont pris naissance au moment où l'argile et le fer ont commencé à prédominer dans la précipitation.

Leur couleur est la même, elle varie du noir au vert foncé; ils ont le degré de fusibilité et quelquefois qu'un même caractère de vitrification. Souvent les nuances qui les distinguent sont si peu sensibles qu'il est impossible d'en faire la différence, mais aussi l'inconvénient est bien petit lorsque leurs caractères ne permettent plus de les distinguer, nous les examinerons donc tous deux en même temps et leur comparaison nous fournira les moyens de les reconnaître.

Ils contiennent plus d'argile et de fer que le petrosilex, ils sont plus pesants, leurs couleurs sont plus foncées, leur dureté moindre, leur transparence nulle. Ces deux substances dans lesquelles les molécules sont réduites à un extrême degré de finesse ont une apparence uniforme et homogène. Elles touchent d'un côté aux roches où domine l'hornblende et de l'autre elles se confondent dans les roches argilo-ferrugineuses et magnésio-ferrugineuses.

Sous avons dit que le petrosilex avait pour principes constituants les molécules propres du feldspath, de même le trapp et la roche de corne peuvent être regardés comme des masses dans lesquelles prédominent les molécules propres de hornblende, la tourmaline et le grenat, et ils seront d'autant plus purs que ces molécules seront plus abondantes et ils s'éloigneront d'autant plus de cet état de pureté qu'il y a dans la masse plus de molécules libres de quartz, de feldspath, de fer, de terre calcaire argileuse, etc.

Le trapp donne toujours à l'analyse les mêmes principes que l'hornblende la plus écailleuse, la pesanteur spécifique est la même, sa dureté est plus grande à cause de la contexture lamelleuse de l'hornblende. Cette pierre soumise à l'action du chalumeau donne un verre noir très opaque et très luisant.

On peut dire en général que les terres peuvent se combiner chimiquement deux à deux de manière à ce que la combinaison joue le rôle de terre simple, c'est ainsi que la terre talqueuse est composée de quartz et magnésie de manière à ce que les molécules de la combinaison jouent le rôle de terre simple qui devient très difficile à décomposer , etc.

Le trapp donne le même caractère de fusion. Sa couleur noire est d'autant plus intense que les molécules de schorll lamelleux seront plus abondantes. Nous considérons donc le trapp comme une hornblende de tourmaline qui n'a pu prendre une aggrégation régulière, que le mélange de molécules propres soit du feldspath ou du quartz ont empêchée par leur interposition. Mais lorsque dans la composition sont venu abonder l'oxyde de fer, l'argile, les terres talqueuses et calcaires libres, il en est résulté des masses d'un grain beaucoup plus fin, d'un aspect plus terreux et d'une dureté sensiblement moindre. Ces masses sont des roches de corne ; c'est cette présence de terre argileuse et magnésienne qui donne à la roche de corne sa propriété d'exhaler l'odeur d'argile lorsqu'on y fait tomber l'alleine. Sa couleur la plus ordinaire est le noir foncé qui est dû non-selement au fer combiné mais à l'oxyde libre, en sorte que souvent la roche de corne agit sur le barreau aimanté : quelquefois même le fer y est en si grande abondance qu'on exploite la roche comme une mine de fer. Le trapp contient moins de fer et sa couleur noire n'en est pas moins plus intense ce qui dépend d'une aggrégation plus serrée qui va meme jusqu'à la cassure conchoïde et à donner des étincelles par le choc du briquet, ce qui n'a pas lieu pour les roches de corne. Le trapp se casse facilement, tandis que le coup s'amortit sur la roche de corne gui cède à la pression. Les masses du premier rendent un son semblable à celui du bronze, phénomène étranger à la seconde.

Le trapp donne un même noir lisse et brillant au chalumeau et la roche de corne bouillonnant donne une masse boursoufflée; elle n'est pas facile à réduire en poussière dans un mortier, cette ténacité, dont elle a tiré son nom, n'a pas lieu pour le trapp qui se divise facilement par le choc du pilon. L'odeur terreuse ou argileuse peut encore servir à les distinguer cependant toutes les roches de corne ne la donnent pas toujours et elles ne la possèdent pas exclusivement puisque le petrosilex et la serpentine la présentent également.

La propriété de donner une poussière grise soit par la contusion, soit par la raclure est encore un très bon caractère pour distinguer la roche le corne du trapp bien caractérisé qui donne une poussière noire; la première se décolore à la moindre chaleur et la couleur du trapp n'en est pas altérée.

L'air n'agit aucunement sur le trapp tandis que l'intensité de la couleur de la roche de corne, sa dureté, sa pesanteur spécifique, change sa cassure, puis lui enleve son odeur terreuse, qui est due à l'argile libre dans sa combinaison.

Nous avons vu que c'était dans les cavités du petrosilex que se formaient les cristaux de feldspath. Lorsque ces cavités existent dans le trapp elles sont remplies de cristaux de tourmaline ou de hornblende. Dans la roche de corne on en trouve très rarement, ils sont plus souvent d'argile et de fer. En général comme les produits de l'infiltration nous apprennent la nature des substances que les eaux ont traversées, nous pouvons en tirer ces conséquences qui viennent à l'appui des connaissances que nous avons déjà sur leur nature, que le trapp diffère du petrosilex en ce qu'il contient plus de hornblende, et de la roche de corne en ce que celle-ci contient du fer, de l'argile et de la terre calcaire.

Ce simple exposé des différences qui existent entre le trapp et la roche de corne doit laisser à penser qu'il y a une foule de passages entre l'un et l'autre et entre les autres roches; on conçoit qu'il doit y avoir une infinité de substances intermédiaires qui participent également aux propriétés de ces deux substances, sans s'approcher davantage des deux limites. Peut-être vaudrait-il mieux les nommer roches ferrugineuses magniésiennes ou argilo-ferrugineuses.

Le trapp et la roche de corne se trouvent en grandes masses dans les montagnes, ils succèdent ordinairement au petrosilex et forment, des couches parallèles très compactes, tantôt ils remplissent d'immenses filons formés par l'action, dans les roches, d'une précipitation antérieure mais si les trapp dépendent toujours des montagnes primitives, les roches de corne peuvent occuper celles secondaires, elles peuvent avoir été remaniées par les eaux et entraînées dans des lieux différents de ceux où elles avaient été précipitées d'abord, mais quoiqu'elles recouvrent quelquefois des substances qui contiennent des corps organisés, elles-mêmes n'en renferment jamais.

Une propriété plus commune aux trapps qu'aux roches de corne est celle d'affecter une fornie rhomboïdale dans leur cassure, ces roches placées naturellement les unes au-dessus des autres imitent assez bien les degrés d'un eacalier, c'est de là que vient le mot Trapp escalier. Ces deux substances mais plus souvent la roche de corne contiennent des pyrites ce qui donne lieu à la formation de l'alun, souvent aussi on y trouve de la mine de fer grise empâtée avec elles et cristallisée en octaèdre, quelquefois il y devient si abondant que la masse dégénère en un véritable minerai de fer: tel est celui qu'on exploite en Ecosse et en Suède.

Les acides, en général, agissent avec plus d'énergie sur la roche de corne que sur le trapp parce que celle-ci contient beaucoup de parties argileuses et magnésiennes qui ne sont qu'interposées:c'est pour cette raison que l'air attaque cette roche et la décompose spontanément jusqu'à plusieurs pieds de profondeur. La terre de magnésie qui est ordinairement grise à cause de l'oxyde de fer qu'elle contient s'accumule à sa surface jusqu'à former des espèces d'... . On trouve fréquemment des montagnes de roches de corne en état de décomposition, on les nomme roches pourries.

Ces deux roches servent encore de base à beaucoup de porphyres connus sous le nom d'ophites, variolites, etc. En général, les cristaux de feldspath y sont gros et distants les uns des autres. Souvent encore leur apparence homogène est talqueuse. La décomposition, le poli, ou le fer surtout y font reconnaître les cristaux angagés qui auparavant n'étaient pas sensibles à la vue.

Géographie Physique N° 4

Après avoir fait connaître le petrosilex, le trapp et la roche de corne, nous passerons aux roches formées par leurs différents mélanges avec plusieurs autres substances; nous donnerons la définition et les caractères souvent très incertains de celles qui se rencontrent le plus souvent dans les montagnes. Mais avant cela, nous observerons qu'on doit considérer deux choses dans les montagnes, savoir : 1° les pierres qui en forment le noyau, qui en constituent essentiellement la masse: 2° et celles très souvent d'une autre nature qui ne sont qu'accidentelles. Parmi ces dernières sont principalement comprises celles qui occupent les filons

Par filon on entend une fente qui traverse une montagne et qui a été remplie depuis la formation de la montagne et qui renferme par conséquent des substances différentes de celles qui la composent. On peut distinguer trois choses dans un filon:

1° les matières constituantes:

2° les parties du filon qui touchent à la montagne;

3° les parties de la montagne qui touchent au filon.

Ces dernières qui ferment l'encaissement du filon se nomment Pontes. Les parties du filon qui touchent à montagne s'appellent salbandes: et les parties contenues entre les salbandes sont nommées intérieur du filon. Ordinairement les pontes sont comme des murs plus ou moins lisses, plus ou moins réguliers qui ont différentes inclinaisons. Quelquefois, mais rarement elles sont presque entièrement verticales, le plus souvent elles sont inclinées. Quand les pontes sont verticales le filon s'appelle filon vertical. Lorsqu'elles sont inclinées on dit que le filon est incliné et on y ajoute le nombre de degrés de l'angle formé par les pontes avec le plan horizontal . Dans les pontes inclinées, oelle qui est supérieure s'appelle toit et celle qui est inférieure se nomme mur ou chevet. On dit aussi filon réglé lorsqu'il suit une direction constante dans sa marche, filon bien encaissé celui dans lequel les deux pontes sont toujours parallèles, quelquefois pendant un espace de terrain considérable. Souvent elles se dèsserrent et se dilatent dans leur ... , la même chose arrive aussi lorsqu'elles s'approfondissent dans la terre. Souvent les filons augmentent de volume en s'enfonçant, quelquefois ils se rétrécissent. La largeur d'un filon est appelée sa puissance. Un filon, pour être réellement filon, doit avoir ses pontes distinctes de la salbande:car si elles venaient à se réunir ce ne serait plus qu'une veine. Les filons sont ordinairement le nid ou le gîte des substances métalliques; mais un très grand nombre n'en contiennent pas, on leur donne le nom de filons stériles et aux autres celui de filons métalliques.

Dans les filons métalliques on distingue les parties du métal d'avec les matières qui les enveloppent. Ces matières portent le nom de gangue et sont souvent tellement empâtées avec le métal qu'elles foment corps avec lui.

La puissance des filons métalliques varie depuis 2 pouces, et moins même, jusqu'à 60 pieds. Ces immenses filons ne sont pas remplis à beaucoup près de substances métalliques, elles y sont répandues irrégulièrement en forme de veines qui circulent dans la capacité du filon. Ce sont des suites de substances métalliques qui marchent dans tous les sens sans être presque jamais parallèles aux salbandes ou aux pontes. Leur epaisseur est très variable, elles jouent pour ainsi dire dans le filon et quelquefois plusieurs veines existent à la fois dans le même filon, elles s'éloignent, se rapprochent et sa réunissent pour se dissiper ensuite. Les veines enfin diffèrent du filon en ce qu'elles ne sont point réglées dans leur cours et qu'elles font corps avec la gangue.

Quoiqu'il suffise de pénétrer à l'intérieur du globe en poursuivant un filon pour reconnaître quelle est sa manière d'être, on a cependant cru pendant longtemps, que les filons existaient dans le sein de la terre sous une forme analogue à celle d'un arbre dont les branches se disperseraient en traversent les montagnes. C'est d'après cette fausse idée qu'on voulait estimer la puissance d'un filon par la longueur de son diamètre.

MMrs Duhamel et de Jars sont ceux qui ont le plus contribué à déraciner cette opinion. Mais beaucoup de minéralogistes confondent encore la veine avec le filon. La veine comme nous l'avons déjà dit est formée des substances métalliques qui se trouvent enveloppées par le filon; elles marchent avec lui, mais sans être presque jamais parallèles aux pontes.

Le filon est distinct des couches en ce qu'il coupe dans tous les sens et suivant une direction continue à celle de ces couches, la montagne dans laquelle il existe. La couche au contraire est parallèle aux bancs de la montagne, c'est à dire qu'elle repose entre deux bancs dont le supérieur lui sert de toit et l'inférieur de mur. En général on regarde les filons comme promettant beaucoup plus de substances métalliques que les couches; cependant celles-ci sont de vrais filons dont la matière est venue remplir les fentes qui se sont faites par le retrait suivant la direction des couches.

Parmi les filons ceux dont la gangue est de quartz ou dans laquelle le quartz domine, sont toujours les plus riches en substances métalliques.

Nous avons vu dans le cours de minéralogie une application fort heureuse et fort ingénieuse de la géométrie aux formes des polyèdres sortis des mains de la nature, lorsqu'aidée par les circonstances requises elle a eu le temps de disposer les molécules des minéraux dans l'arrangement le plus convenable. Ce caractère très bon pour distinguer entre elles les substances cristallisées, devient insuffisant, pour ne pas dire très peu utile, dans les montagnes, car souvent on parcourt des espaces très considérables sans rencontrer un seul cristal d'une forme bien déterminée. Quelquefois la décomposition d'une roche en laisse voir mais le plus souvent ils sont mal prononcés. C'est ordinairement dans les filons que se trouvent les minéraux cristallisés ; encore cela souffre-t-il de fréquentes exceptions puisqu'il est telle mine exploitée depuis 20 ans qui n'a jamais fourni de cristaux soit métalliques soit d'une substance pierreuse. On ne peut donc pas regarder ce caractère comme unique.

Nous avons vu que les roches étaient superposées les unes aux autres et que dans cette superposition le granite occupait toujours la partie inférieure. Cependant cette roche forme les montagnes dont les sommets sont les plus élevés. Ceci nous conduit naturellement à parler de leur formation. Comment ces grandes chaînes, dont les ramifications couvrent une grande partie de la surface du globe, ont-elles été formées? Sont-elles contemporaines à la précipitation des substances qui les composent, ou bien sont-elles postérieures?

Plusieurs pensent qu'elles se sont formées par l'accumulation des produits de la cristallisation confuse. Ils imaginent que ces grandes chaînes, qui ne sont que de petites inégalités à la surface du globe, ont pris naissance de la même manière que les cristaux d'une dissolution saline qui se trouvent rassemblés en faisceaux et environnés d'autres cristaux beaucoup plus petits et, comme la moindre inégalité dans le produit de cette cristallisation est beaucoup plus considérable que celles de la terre, ils ont cru pouvoir attribuer la formation des montagnes granitiques à la même époque que celle qui a produit les substances qui les composent.

Cette opinion pourrait être de quelque valeur dans les cabinets. Mais lorsqu'on se transporte dans les montagnes, lorsqu'on y interroge la nature, on s'aperçoit bientot qu'elles présentent une foule de faits contraires à ce système. Les montagnes sont tantôt formées de bancs horizontaux, tantôt de bancs verticaux, plus souvent de bancs inclinés qui se succèdent les uns aux autres et dont les parties différentes n'ont aucun rapport de composition.

Les dépôts de la cristallisation confuse peuvent bien avoir été placés inégalement ; on peut même imaginer qu'une seconde enveloppe soit venue recouvrir ces inégalités et se couler dessus, pour ainsi dire ; c'est possible, mais comment concevoir que ces dépôts puissent former des couches verticales bien suivies et se succédant dans un espace de plusieurs lieues?

On connaît à cet égard l'observation intéressante de Mr de Saussure, à Valloisine, près Chamonix, on trouve une suite de bancs verticaux bien parallèles entre eux, qui sont formés de pierres roulées et agglutinées par une pâte qui les a réunies. Or ces couches n'ont pu s'établir que dans une position horizontale, autrement elles n'auraient pu se soutenir. Si elles n'ont pu se former dans cette situation il faut donc qu'elles se soient relevées après leur formation. Cette observation n'est point celle d'un phénomène accidentel, ces couches se succèdent dans une espace de 3 lieues, elles sont coupées en travers par une vallée et viennent s'appuyer sur des roches de première formation. Or si si ces brèches se sont relevées, nécessairement les matières qui les accompagnent ont dû l'être également. D'après cette observation et une foule d'autres il parait indubitable que tous les résultats de la précipitation ont été primitivement déposés dans une position horizontale et que par une cause quelconque ils ont été relevés et ont formé les inégalités qui couvrent la surface du globe.

Il existe une foule d'hypothèses sur la cause qui a pu produire un bouleversement aussi considérable. Les uns ont cru qu'il avait été produit par la seule force des feux souterrains quittant supposés agir de bas en haut, ont dû reverser les matières qui se trouvaient superposées. Mais cette opinion est tout a fait inadmissible: car les explosions volcaniques n'agissent que localement et aussitôt qu'il s'est fait une ouverture par où les fluides aériformes peuvent s'échapper, elles n'exercent aucune action sur les matières voisines. D'ailleurs, en se relevant, les bancs auraient laissé entre eux des espaces vides immenses qui n'existent pas. D'autres ont dit que sous l'écorce de la cristallisation, il existait des cavernes immenses qui en soutenaient d'abord le poids, mais des tremblements de terre ayant rompu cette voûte, ses parties séparées ont dû faire la bsscule. Mais qu'elles se soient relevées dans un sens ou dans un autre elles ont nécessairement dû former des espaces vides, ce qui n'existe pas comme nous l'avons dit. On voit donc que le système par l'affaissement ou le relèvement des fragments de l'écorce terrestre formés d'abord par la cristallisation n'est pas plus admissible que celui par l'explosion des feux souterrains.

Nous ne mettrons aucune hypothèse à la place de celles-ci, nous dirons seulement que les substances qui occupent le centre des montagnes sont les granites, les roches où domine le feldspath, qui s'élèvent des abîmes les plus profonds pour former les montagnes les plus élevées. Ce qui prouve leur antériorité, c'est que toutes les autres roches viennent s'appuyer sur elles et, quoiqu'elles les dominent souvent, elles n'en prouvent pas moins que leur formation est antérieure puisqu'elles leur servent d'appui. C'est ainsi que le Mont-Blanc, qui est élevé de 2.400 mètres au-dessus du niveau de la mer, domine toutes les autres montagnes des Alpes. La chaîne dont il occupe le centre est dirigée de l'est à l'ouest. Toutes les montagnes qui l'accompagnent sont inclinées vers lui, celles placées à l'ouest s'inclinent du nord au sud et celles placées à l'est, du sud au nord. Il semblerait que lorsqu'elles se sont formées, il y a eu une espèce de froncement de manière que les différentes couches superposées se sont trouvées soulevées dans une direction à peu près constante pour former les chaînes des plus hautes montagnes. Les substances qui occupaient les flancs étant plus susceptibles de s'altérer que les granites, elles se sont usées, ont laissé les roches primitives à découvert dans les parties supérieures et sont restées appuyées dans celles inférieures. Au reste de quelque manière que se soit exécuté ce relèvement, il est toujours vrai que les arêtes des chaînes de montagnes sont supérieures à celles des flancs, qui sans cela n'auraient pu y être appuyées. Le problème du soulèvement des montagnes a longtemps occupé les géologistes. On a formé 20 systèmes différents dont aucun ne satisfait pleinement l'observateur et contre lequel il n'y ait de fortes objections.

Dans les montagnes de 1ère sorte les substances qui dominent sont :

1.le feldspath   le quartz           le mica     le schorll
5.le grenat      la tourmaline       le petrosilex
8.le trapp       la roche de corne   la steatite
11.le talc       la serpentine       la pierre calcaire Non pas celle qui est coquilière mais celle qui porte toujours l'étreinte d'une cristallisation confuse.

Du Feldspath.

Le feldspath est la substance la plus abondante dans les roches qui appartiennent aux premières époques de la précipitation, mais excepté dans quelques filons, il ne concourt jamais seul à la formation des montagnes, il est toujours associé à d'autres substances. Nous allons considérer successivement celles de ces associations dont il est le principal ingrédient et qui se trouvent le plus abondamment répandues dans la nature

Les couleurs qu'il affecte le plus ordinairement sont: le blanc, le rouge , l'incarnat , verdâtre et le bleu. Ces deux dernières couleurs sont extrêmement rares, le rouge est plus commun, mais le blanc est la couleur ordinaire du feldspath dans presque tous les mélanges. Car il est telle chaîne de montagnes où on en rencontre absolument que de cette couleur. Le bleu se trouve dans les filons, le beau rouge et les autres teintes du feldspath sont dûes au fer dans différents états d'oxydation, car le blanc en contient autant que le rouge et la seule différence est que le métal est modifié d'une autre manière.

Quand le feldspath forme le fond d'une roche, il lui donne toujours la contexture granitique parce que ses lames entrecroisées semblent présenter les surfaces de grain distinctes.

1° Granite.-La principale association du feldspath est celle atec le quartz et le mica. Dans cette association il forme le centre de presque toutes les grandes chaînes et porte le nom de granite par excellence et il a été regardé comme le principal ingrédient de la masse du globe. Cette opinion est surtout celle de Pallas qui l'avait vu régner dans toutes les grandes chaînes de l'Asie. Mais cette supposition est bien gratuite puisqu'il est prouvé que les substances qui occupent le centre de la terre sont d'une densité beaucoup plus considérable que toutes celles qui sont à sa surface.

Le granite présente beaucoup de variétés dépendantes de la couleur, de la grosseur des grains, du plus ou moins d'abondance de chacune des substances associées.

Parmi les granites dans lesquels le feldspath est rouge, nous distinguerons le granite d'Egypte formé de feldspath rouge, de quartz bleu demi-transparent et de mica. C'est celui auquel on a donné le nom de granite oriental, de siennite parce qu'il se trouvait près de Sienne dans le haut de la Thébaïde, où il existe en masses immenses. C'est là qu'ont été taillés les obélisques et la plupart des pierres des fameuses pyramides, qui feront passer à la postérité la plus reculée le nom des Egyptiens; c'est de là que viennent et la colonne de Pompée, à Alexandrie, et les principaux monuments de la ville de Rome que les Romains y ont transportés lorsqu'ils eurent étendu leur domination jusque-là. Ce granite est d'une dureté qui surpasse de beaucoup celle des granites de nos montagnes.

C'est une remarque intéressante que toutes les pierres des pays méridionaux jouissent d'une dureté beaucoup plus considérable que celles de nos contrées. L'explication qui se présente naturellement est celle tirée de la différence des climats et des températures. Dans le Midi il ne pleut presque jamais ou du moins très rarement; il n'y a pas d'ailleurs ces vicissitudes de froid et de chaud, d'humidité et de sécheresse qui tend à diminuer et à rompre même entièrement l'aggrégation des roches de nos montagnes.

Parmi les granites à feldspath rouge, nous remarquerons celui qui de base à la statue de Pierre 1er, à Pétersbourg. Il est intéressant et par la grosseur des grains et par leur tendance à la forme régulière. Le quartz y est presque cristallisé , le feldspath y est avec sa forme rhomboïdale et le mica sous celle d'un prisme hexaèdre assez semblable à celui du schorll noir. La constitution de ce granite, les proportions des substances qui le composent ont beaucoup d'analogie avec ceux qui se trouvent en Suède et en Norvège:on prétend même qu'il existe des roches si parfaitement semblables qu'il est à croire que cette masse énorme, trouvée dans des marais à 3 lieues de Saint-Pétersbourg, en a été détachée et transportée par une cause quelconque.

Le granite à feldspath bleu est le plus abondant de tous, il fome le centre de presque toutes les grandes chaînes. Tantôt il est en masses compactes d'une très grande dureté, tantôt il se divise en grandes feuilles, ce qui vient de la disposition du mica dont les lames, étendues à plat, donnent à la masse la facilité de se diviser dans des directions particulières. Ce granite se nomme gneiss ou granite feuilleté. Ce sont des feuillets presque toujours verticaux qui foraent les pics aigus qui couronnent les hautes chaînes de montagnes. Ceci nous fournit une preuve de plus qu'elles se sont forméee par des dépôts horizontaux qui ont ensuite pris une position verticale, car le mica n'aurait jamais pu se disposer dans une autre direction que celle de ses lames. Ce n'est donc que par un accident postérieur à leur formation, que les roches affectent leur position actuelle.

Les granites présentent rarement des filons métalliques, on a même prétendu qu'ils n'en contenaient jamais, ce qui n'est pas exact; nous dirons seulement qu'ils y sont rares, car dans les Alpes on connaît plusieurs filons métalliques qui traversent des roches granitiques. Au reste, si les filons métalliques y sont rares les filons stériles y sont très communs. Le petrosilex, le trapp et la roche de corne forment des filons qui traversent ces montagnes dans tous les sens. C'est dans leurs cavités que gisent les pierres précieuses telles que les rubis, les émeraudes, les topazes, les hyacinthes, etc.; c'est aussi dans ces filons que se trouve le feldspath cristallisé bien régulièrement et celui qui est parfaitement transparent auquel on a donné le non d'adulaire.

2° Feldspath et schorll ou tourmaline.- Le feldspath est assez communément associé avec le schorll ou la tourmaline, mais à cet état il ne forme point de montagnes distinctes , il occupe simplement des filons.

3° Feldspath et hornblende.- Un autre genre d'association est avec l'hornblende ou schorll lamelleux; il constitue alors des montagnes entières dont la formation, cependant, n'est pas aussi ancienne que celle du premier genre d'association. Ces roches forment des couches verticales plus ou moins épaisses, qui dans leurs inclinaisons tendent à recouvrir celles d'une formation antérieure et s'appuyer sur elles..

Obs. Il est rare de voir le granite en couches distinctes; on a cru à cause de cela qu'il était toujours en masses; il est vrai que cette roche montre rarement l'apparence de bancs superposés, mais on en voit des masses énormes qui ont jusqu'à 3 à 400 pieds d'élévation sans aucune fente dans des directions constantes et parallèles. Elles sont seulement traversées par des fissures irrégulières qu'on ne peut attribuer qu'au retrait. Il arrive cependant que les granites se trouvent en couches très distinctes, tels sont ceux d'Huelgoat, d'Egypte, qui sont en bancs parallèles horizontaux. Mr. de Saussure a eu occasion d'observer la même disposition dans les Alpes, au Mont-Rose, qui est formé de granite à base de feldspath en bancs d'une extrême épaisseur, horizontaux et très distincts. On peut dire que cette manière d'être appartient aussi bien aux granites comme aux autres roches. On a cru aussi qu'il existait du granite sans mica, mais l'essai au chalumeau démontre bientôt le contraire et prouve que ce qu'on avait pris pour du quartz, n'est qu'un mica transparent.

Nous n'entrerons pas dans toutes les autres associations du feldspath avec les différentes substances, elles sont infinies. Il s'unit avec la stéatite, la zéoli the, etc. Elles peuvent s'associer une à une, deux à deux, 3 à 3 et ainsi de suite ; on peut imaginer quel nombre de roches pourrait résulter de ces combinaisons différentes. Nous ferons simplement mention d'une suite de ces mélanges formée de feldspath, de grenats, de quartz et de ... très commun dans les montagnes de la Saxe auquel on a donné le nom de Saxum molare parce qu'on le taille pour en faire des meules d'un très bon usage parce que le grenat étant plus dur que les autres substances, les grains restent toujours saillants, en sorte qu'on n'est pas obligé de repiquer les meules.

Mica. Des roches dans lesquelles le mica domine ou paraît dominer.

Il est des roches où le mica semble souvent faire les trois quarts, parce que ses masses recouvrent les substances qui lui sont mélangées mais l'analyse a bientôt fait voir que souvent il n'en est pas même le quart.

Parmi les roches micacées nous distinguerons celles où le mica est associé avec du quartz et un peu de feldspath et qui sont disposées en forme de couches minces. C'est une remarque générale que partout où le mica domine, il donne une contexture feuilletée. Toutes les roches micacées sont fissiles, mais toutes les roches feuilletées ne sont pas pour cela micacées.

Le mica dans cette association forme une grande partie des montagnes et des couches dont la formation est postérieure à celles où domine le feldspath. Elles sont remarquables par leurs feuilles plus ou moins épaisses, par les directions de ces feuilles, qui tantôt sont parallèles, tantôt contournées dans tous les sens. Il en est dont les contours forment des zigzags, d'autres où ils forment des cercles. C'est à ces roches que l'on a donné le nom de rocs tordus : elles sont intéressantes en ce qu'elles sont souvent traversées par des filons métalliques qui, à la vérité, ne sont jamais aussi réglés que ceux qui se trouvent dans des roches plus argileuses, mais qui sont souvent plus riches. Dans les Alpes, les filons métalliques se trouvent presque tous dans ce genre de roche.

Il arrive quelquefois que le mica n'est associé qu'avec le quartz, alors il est susceptible de se diviser en lames très minces qui remplacent avantageusement l'ardoise dans quelques pays. Quelquefois aussi ces lames de mica quartzeux sont flexibles; c'est parmi elles qu'on a trouvé la pierre dite élastique apportée du Mexique par Dombey et qu'on a ensuite retrouvée dans nos montagnes.

Parmi les roches micacées se trouve encore la pierre appelée par les Allemands Saxum formaeum parce que le quartz et le mica étant infusibles, du moins au moyen degré de chaleur, ils s'en servent pour la construction de hauts fourneaux et de foyers de forges.

Une autre association du mica la plus commune, est celle avec la stéatite et le grenat. Il est rare que le grenat opaque et dodécaèdre n'ait pas une roche micacée pour gangue. Cette association forme des montagnes très considérables comme celle de Schneiberg, en Tyrol.Les grenats qu'on y trouve ont quelquefois 3 à 4 pouces de diamètre. Dans les vallées environnantes on en trouve souvent de grandes quantités qui ont été détachées par les eaux qui ont plus facilement entraîné les matières qui leur servaient de gangue.

Hornblende.

L'association la plus ordinaire de hornblende est avec le feldspath; mais elle y domine souvent à un tel point qu'on distingue à peine entre ses lames les parties du feldspath qui y existe.

D'autres fois ces lames sont groupées entre elles et forment des cristaux très réguliers qui s'entrelacent en réseaux dont les espaces sont remplis par le feldspath:telle est une roche très commune dans la vallée de ... dans le Tyrol. Elle sert souvent de matrice aux grenats; elle forme encore quelques autres associations dont les plus communes sont avec le mica et le talc.

Petrosilex.

Il forme aussi la base de beaucoup de roches. Toutes celles dans lesquelles il domine prennent la texture du porphyre ou bien l'apparence d'une pâte qui réunit des grains distincts de substances différentes. Aussi, quand on dit roche petro-siliceuse, il faut toujours entendre une roche qui a la contexture du porphyre.

La plus commune de ses associations est celle avec le feldspath ; ce qui n'est pas étonnant, puisqu'il est composé des mêmes principes et qu'il n'en diffère que parce que ses molécules n'ont pas pu satisfaire à toute leur affinité pour se réunir sous une force régulière. On doit distinguer dans cette association la couleur du petrosilex et celle du feldspath. Le premier peut être noir, vert, gris, rouge, jaune, blanc et brun et de toutes les nuances intermédiaires. Le feldspath renfermé est rouge, gris, verdâtre ou blanc; il peut être plus ou moins gros, plus ou moins bien configuré, plus ou moins distinct de la pâte qui le renferme. Chacun de ses états forme des variétés de roche porphyroïde à base de petrosilex.

Parmi ces roches, celle de Corse est remarquable par la belle couleur noire du petrosilex qui renferme des grains assez distincts de feldspath rouge. Le grain du petrosilex est si fin q'on l'a pris pour de l'agate ou du jaspe. On en trouve aussi dont la couleur est bleuâtre, qui ont la même finesse dans la pâte et qu'on a regardé de même comme du jaspe. Mais c'est une erreur, car le jaspe ou l'agate ne peuvent servir de base à aucun porphyre, puisqu'ils appartiennent à une époque plus reculée que celle où s'est formé le feldspath qu'ils ne peuvent par conséquent jamais renfermer.

Nous remarquerons encore une autre association du petrosilex avec du feldspath en cristaux très distincts, tantôt blancs, tantôt transparents. Il y en a des masses énormes dans les monuments de Rome. Il y en a des colonnes dont la hauteur est de 40 pieds, avec un diamètre proportionné.

Le petrosilex en même temps qu'il est associé avec du feldspath contient encore de l'hornblende; c'est alors une roche à trois parties dans laquelle les deux dernières substances, disséminées dans le petrosilex qui leur sert de pâte, sont quelquefois en grains si petits et si nombreux qu'on ne les prendrait pour une espèce de granite.

Souvent le petrosilex est empâté avec le mica et forme alors une roche feuilletée qui se divise en lames très minces, sonores, demi-transparentes et qu'on peut employer comme l'ardoise à la couverture des maisons.

Les roches à base de petrosilex forment des montagnes très considérables en couches verticales ou différemment inclinées, rarement traversées par des filons métalliques.

Le petrosilex associé avec une de ces substances, le quartz, le mica, le grenat , la tourmaline, etc. remplit une grands partie des filons qui traversent les montagnes à base de feldspath mélangé de quartz et de mica. En Suède, beaucoup de ces filons sont formés de petrosilex plus ou moins pur. Les montagnes entières formées de petrosilex ne contiennent jamais de filons métalliques; au contraire, lorsque le petrosilex est en filons, il se trouve associé avec des substances métalliques. La plupart des mines de fer de Suède ont pour gangue du petrosilex.

Trapp.

Le trapp est encore une des substances qui régnent le plus dans les montagnes primordiales soit en masses homogènes, soit en servant de base à des roches où il se trouve associé avec d'autres substances. De toutes les associations, la plus commune est celle avec le feldspath en cristaux plus ou moins distincts. Le trapp y est noir, ou verdâtre, ou rouge, ou d'un gris extrêmement foncé. Ces 4 couleurs claires ne lui appartiennent jamais, elles sont celles du petrosilex. Le trapp rouge forme la base d'une roche remarquable par les monuments qu'on a taillés dans sa masse. Cette roche est le porphyre rouge antique dont la base est le trapp rouge, dans lequel les molécules propres à l'hornblende sont en assez grande quantité, de manière que quand on l'expose à l'action du chalumeau, la couleur rouge disparaît, les molécules du feldspath donnent un verre blanc et celles de l'hornblende un verre noir, mais, si on continue la fusion, comme l'hornblende domine on n'obtient plus qu'un verre noirâtre.

On a regardé longtemps la base du porphyre rouge antique comme du jaspe, mais c'est une erreur, comme nous l'avons déjà dit et comme le démontre d'aileurs l'épreuve du chalumeau. Le Jaspe est infusible, du moins à la flamme du chalumeau, tandis que le trapp, le petrosilex et toutes les substances qui forment la base des porphyres se fondent avec la plus grande facilité.

Le trapp renferme des grains de feldspath de différentes couleurs :de gris, rougeâtres ou blancs, plus ou moins gros, plus ou moins distincts et séparés de leur pâte. Quelquefois ils ont l'air d'être dans la pâte on voit qu'ils se rétrécissent, se resserrent pour prendre la configuration régulière qui leur est propre.

Le porphyre rouge est d'autant plus beau que la couleur rouge de sa base est plus intense et plus foncée et que le feldspath y est plus blanc.

Une chose fort extraordinaire, c'est que les anciens aient pu extraire une quantité aussi considérable de ce porphyre, dont la dureté est très grande. Presque tous les monuments de Rome en sont formés. On en connaît une colonne qui a 30 pieds d'élévation et un sarcophage formé d'un seul bloc, qui a 10 pieds de hauteur, sur 15 de long et 8 de large; on est réellement effrayé et du temps qu'il a fallu pour détacher de telles masses et des moyens employés pour les transporter à des distances aussi considérables. Pline dit que les montagnes qui en sont formées sont si étendues qu'on pourrait y tailler des ouvrages de telle longueur qu'on voudrait. Une chose plus étonnante encore, c'est qu'on ignore où sont ces fameuses carrières dont on devrait au moins retrouver les débris. Nous avons en Suède, en Corse et en Espagne des porphyres rouges, mais qui n'ont aucun rapport avec celui des anciens.

On a nommé porphyre vert l'association du trapp vert foncé avec du feldspath blanc. On a commis à son égard la même faute que pour les autres porphyres : on a cru que le fond vert était du jaspe. Il est plus tendre et prend un poli moins vif que le porphyre rouge. Il est extrêmement rare. Si des roches analogues ne se retrouvent plus il est probable qu'elles existent en Egypte.

Le trapp noir associé avec le feldspath blanc forme le porphyre noir dont il y a a Rome beaucoup de monuments ; on ignore de même où en étaient situées les carrières.

Parmi les porphyres à base de trapp vert, il en est qui renferment des cristaux de feldspath beaucoup plus gros que ceux des autres porphyres, mais ils ne sont jamais d'une couleur aussi tranchante et participent toujours plus ou moins à celle du fond, qui est le vert. C'est une couleur qui leur a fait donner le nom de serpentin, d'ophite, jointe à la disposition des cristaux de feldspath:ce qui les a fait comparer à la peau de certains serpents qui présentent cette couleur et des taches disposées à peu près de la même manière. Dans cette espèce de porphyre, le vert se fonce jusqu'à passer au brun et même au noir et les cristaux de feldspath varient beaucoup de grosseur, blancheur. Ceux qui sont les plus estimés sont ceux où le feldspath y est en plus gros cristaux du plus beau blanc et où la pâte a une couleur plus foncée. Celui qui vient de Corse est très estimé et très rare ; le trapp y est d'une belle couleur, mais les masses qu'on trouve n'ont jamais beaucoup d'étendue.

On a nommé serpentin noir antique le porphyre à base de trapp noir parsemé de cristaux de feldspath blanc. Serpentin à cause de l'analogie de sa couleur et de ses taches avec celles de la peau de certains serpents.

Il est bon de remarquer que les cristaux de feldspath enfermés dans le trapp lui sont plus ou moins adhérents et perdent leur contexture écailleuse avant de perdre leur forme prismatique; ce qui prouve que le feldspath peut très bien être cristallisé sans avoir la contexture écailleuse et qu'il a plus d'affinité pour l'une que pour l'autre. Souvent aussi, en cassant ces roches, on aperçoit des grains qu'on ne croirait pas être du feldspath sans l'épreuve du chalumeau et si, dans une autre cassure, on ne voyait reparaître la forme prismatique qui lui est propre.

Parmi les autres différentes associations du trat>p, nous distinguerons celle avec le mica, qui s'y trouve quelquefois empâté ; mais comme ses lames n'y sont point dans une disposition régulière elle ne donnent pas à la masse une contexture feuilletée. Cette roche est celle désignée par Wallerius sous le nom de roche de trapp compact micacé:elle sert souvent de gîte aux substances métalliques.

C'est surtout lorsque le trapp est pur ou presque sans mélange qu'il devient indice de substances métalliques. Il forme dans cet état des montagnes considérables traversées par un grand nombre de filons souvent riches en métaux. Il est difficile de connaître la cause de cette inégale répartition des filons métalliques dans les roches dont la formation est due à peu près aux mêmes époques. Il est très rare que les montagnes granitiques contiennent des substances métalliques, tandis qu'on voit paraître des filons très nombreux et très riches dans les roches de trapp auxquelles elles servent immédiatement d'appui. C'est dans les montagnes de trapp de la Suède que se trouvent les fameux filons de fer qui ont 60 et 80 pieds de puissance; en plusieurs endroits le fer y est en nids ou amas si considérables qu'on les exploite à ciel ouvert et qu'ils paraissent loin d'être épuisés quoi qu'on y travaille depuis deux cents ans.

Roche de corne.

Cette substance se trouva très souvent en masses homogènes qui ont toujours une disposition fissile; c'est d'après cela qu'on les a souvent appelées schistes argileux ou schistes. Tantôt elle repose sur les roches dues à la cristallisation confuse, tantôt elles en sont séparées par des roches à base de petrosilex.

La roche de corne est disposée en bancs toujours verticaux ou faiblement inclinés; il est rare qu'ils fassent des angles de plus de 60 degrés avec le plan vertical.

Ce genre de roche est très remarquable en ce qu'il sert de gîte à un grand nombre de substances métalliques. La plupart des filons qui se trouvent en Saxe, en Suède, en Hongrie et en Angleterre traversent des roches de corne. Le quartz associé au spath calcaire leur sert de gangue. Souvent aussi la roche elle-même contient de ce spath calcaire libre puisqu'elle fait effervescence avec l'acide nitrique.

Cette roche, qui est due à la cristallisation la plus confuse et qui est formée de substances qui n'ont aucune tendance à l'aggrégation est rarement associée avec d'autres substances.

Elle contient le plus souvent du schorll noir lamelleux ou hornblende en cristaux plus ou moins distincts et que comunément on pourrait apercevoir sans la calcination ou le poli.

Une autre des associations remarquables de la roche de corne est celle avec la pierre de croix ou macle ; elle y parait en prismes tétraèdres assez considérables qui semblent entrelarder sa masse.

Géographie Physique N° 5

Une autre association très singulière est celle avec le spath calcaire qui s'y trouve en globules assez semblables à ceux qu'on trouve souvent dans les cavités des laves. Cette forme globuleuse du spath calcaire a souvent fait soupçonner que cette roche avait une origine volcanique ; elle a été nommée par les Anglais pierre des crapauds ou crapaudine, très probablement parce que sa cassure offre des protubérances comme la peau des crapauds. La formation du spath calcaire dans cette roche n'est pas aisé à expliquer. Il semble qu'il s'y est formé dans les cavités préexistantes qui sont le résultat du boursoufflement occasionné par le dégagement des fluides élastiques.

La roche de corne, comme nous l'avons dit, sert de gîte aux substances métalliques, principalement à deux, savoir : ... . Ses autres associations les plus remarquables sont celles avec le petrosilex, le trapp, le mica et le feldspath.

Quartz.

Quoique la quartz joue un rôle très important dans les roches primordiales, il y est cependant moins abondant que les substances que nous avons désignées ; il ne forme jamais à lui seul des montagnes entières. Il se trouve associé avec le feldspath et le mica et forme alors les roches que nous avons examinées sous le nom de granites. Il y existe en grains plus ou moins distincts, mais pas en aussi grande quantité qu'on l'a cru communément. On a souvent pris pour du quartz du feldspath en petites masses ce qu'il est aisé de vérifier par la preuve au chalumeau.

Il existe dans les montagnes primitives en filons immenses d'où il a été arraché et dispersé en fragments dans les terrains de transport.

Grenat.

Les grenats ne forment jamais seuls de grandes masses; ils sont toujours associés avec d'autres substances, mais dans ces associations ils ne prennent pas toujours la forme régulière qui leur appartient; ils sont très souvent à l'état pâteux et constituent les bases de différentes roches dont ils forment les 4/5.

Leur association la plus ordinaire est avec l'hornblende et le mica.

D'ailleurs il se trouve inclus dans beaucoup d'autres roches dont il ne forme pas une partie constituante, c'est ainsi qu'on le trouve dans les steatites, les pierres calcaires, le trapp, l'hornblende, etc. ; ils se trouvent souvent occuper des filons dans les montagnes primitives.

Steatite, talc et serpentine.

Toutes les roches, qui renferment une grande quantité de magnésie libre sont sous forme de steatites, talcs ou serpentines; elles succèdent ordinairement aux roches où l'argile a prédominé. Rarement elles reposent sur les roches dont la formation est due à la première époque de la précipitation.

Steatite.

Cette substance règne seule dans des espaces de terrains considérables, comme au pays des Grisons on la suit dans un espace de 10 lieues. Ses masses paraissent homogènes ou renferment différentes substances. Les plus communes sont la tourmaline, différents schorlls lamelleux et les grenats. Rarement ou presque jamais elle contient des cristaux de feldspath.

Talc.

Le talc ne diffère de la steatite que par son apparence écaiileuse et l'éclat argentin qui lui est propre. Il occupe aussi des espaces considérables. Les masses qui en sont formées sont ou homogènes ou associées avec plusieurs substances.

Les principales de ces associations sont celles avec la tourmaline, le mica, des cristaux verdâtres fibreux qui sont probablement de la trémolite qui viennent du Zinerthal et le spath magnésio-calcaire, spath composé bitter spath des Allemands. Cette substance est formée de chaux et de magnésie unies à l'acide carbonique et intimement combinées entre elles.

Serpentine.

La serpentine règne dans une grande partie des montagnes primordiales. Elle y est seule avec une apparence homogène ou associée avec d'autres substances.

Ses associations les plus ordinaires sont celles avec les ... rouges ou mica noirs, avec une sorte de schorll gris lamelleux qui n'a pas encore été analysé, qui est très fusible et qui pourrait se rapprocher de la tréaolite, et le spath calcaire.

Souvent cette dernière substance s'y trouve mélangée en quantité plus ou moins considérable; il résulte de leur association une roche à laquelle les Italiens ont donné le nom de Poltovera. Elle prend un très beau poli et se trouve principalement près la rivière de Gênes. Le vert antique est une espèce de Poltovera ; il en diffère parce que les parties calcaires y sont plus distinctes et que sa couleur est moins verte.

C'est parmi les roches où dominent la magnésie et la terre talqueuse que se trouvent l'asbeste et l'amiante. On peut même les regarder comme le véritable gîte de ces deux substances. Les montagnes de steatite, de talc et de serpentine sont souvent traversées par des filons dana lesquels l'asbeste et l'amiante jouent le principal rôle.

Rarement sont-elles associées avec des substances métalliques. Elles contiennent toutes cependant une certaine quantité de fer. Souvent ce métal y existe en cristaux octaèdres plus ou moins gros qui ont une action très sensible sur le barreau aimanté. En général il est peu de serpentines qui n'exercent cette action sur l'aiguille aimantée.

Pierre calcaire.

La pierre calcaire joue un grand rôle dans les montagnes primitives: elle y est en masses homogènes ou à l'état de roche mélangée.

Celle qui est en masses homogènes présente un tissu formé de petites écailles spathiques distinctes plus ou moins grandes: lorsqu'elles ont plus d'une ligne on leur donne le nom de grains salins, et au marbre qui en est formé le nom de marbre salin: tels sont la plupart des marbres dont les anciens ont fait tant de monuments, etc. , etc. C'est en vain qu'on les chercherait ailleurs que dans les terrains primitif ; ils sont le produit immédiat de la cristallisation confuse et forment des bancs d'une grande épaisseur, qui est communément de 40 pieds. La disposition de ces bancs a presque toujours lieu suivant une direction verticale. Toutes les pierres calcaires de cette époque développent une odeur très sensible d' ... lorsqu'on les casse et qu'en les réduit en poudre. Il est peu de marbres salins qui ne donnent cette odeur avec plus ou moins d'énergie.

Les pierres calcaires de montagnes primitives sont souvent associées avec le mica qui leur donna une disposition fissile:ces roches calcaires micacées sont très communes dans les Alpes; le Mont-Cenis en est formé.

Une autre association assez commune est avec le grenat et quelquefois le schorll et la steatite. On a en Ecosse un marbre assez beau à fond calcaire parsemé de taches vertes qui appartiennent à la stéatite.

Les pierres calcaires des montagnes primitives sont rarement le gîte des matières métalliques; elles ne sont presque jamais traversées par des filons encore sont-ils presque tous stériles.

Obs. Il est une substance dans les montagnes primitives qu'on a nommée zéolithe, qui n'a aucun rapport avec la zéolithe des volcans. Elle se trouve en filons pétrie avec du feldspath. Son aspect est à peu près le même que celui de la zéolithe volcanique, mais ses propriétés sont tout à fait différentes.

Il ne nous reste plus maintenant qu'à récapituler ce que nous avons dit sur les substances qui se trouvent dans les montagnes primitives : ce sont comme nous l'avons vu:

1°.le feldspath, il ne se trouve que dans les montagnes primitives; il leur appartient essentiellement et il est déplacé partout ailleurs;

2°.le quartz, il n'appartient pas exclusivement aux montagnes de 1ère sorte, il se trouve dans celles de 2ème et 3ème; il se forme partout;

3°.le mica, essentiel aux montagnes primitives ; ailleurs il est déplacé ;

4°.le petrosilex, est dans le même cas;

5°.le trapp,- idem.

6°.la roche de corne

Le trapp et la roche de corne se trouvent dans les montagnes primitives; on les rencontre aussi dans celles secondaires des terrains semblables.

7°.la steatite

8°.le talc

9°.la serpentine

La steatite, le talc et la serpentine appartiennent aux montagnes de 1ère sorte.

10°.les gemmes,- se trouvent dans les filons des montagnes primitives;

11°.la tourmaline,- idem

12°.la trémolite,- idem

13°.l'amiante et l'asbeste,- produits de l'infiltration dans les montagnes primitives ; rarement il s'en forme dans celles de seconde sorte ;

14°.le schorll vert ou violet

15°.le spath fluor

16°.le spath calcaire

Le schorll, le spath fluor et le spath calcaire se rencontrent dans les montagnes de 1ère sorte, sans leur appartenir exclusivement.

Substances métalliques.

1°. L'or, est exclusif aux terrains primitifs, lorsqu'il se trouve ailleurs, c'est par transport ; l'or natif est dans des filons de quartz ainsi que la mine pyriteuse, mais ceux-ci traversent ordinairement des roches micacées, ou un genre de roche à base de petrosilex terreux et argileux qui contient de l'hornblende: telle est la roche métallifère de Hongrie, qui est traversée par un si grand nombre de filons métalliques qu'elle a pris le nom de métallifère.

La mine d'or arsenicale n'est pas en filons, elle est empâtée le plus souvent avec la roche micacée, forme des couches qui alternent avec les bancs de cette roche : telle est celle du Zuiert , en Tyrol, exploitée comme mine d'or quoiqu'elle ne contionne pas 4 grains au quintal; c'est également dans des roches quartzeuses micacées que se trouvent les mines d'... , en Suède, et celle de Sibérie.

2°. L'argent.- Ses mines en sont communes dans les terrains de 1ère sorte, mais n'y sont pas exclusivement; elles se trouvent aussi dans la roche métallifère mais plus souvent dans les trapps et les roches de corne.

3°. Le cuivre.- N'est pas exclusif dans les montagnes primitives. Ses filons traversent des roches de corne ou des trapps, mais plus souvent des roches schisteuses micacées.

4°. Le fer.- N'appartient pas exclusivement aux terrains de 1ère sorte, mais le fer à l'état de mine de fer qui est attirable à l'aimant ou à l'état d'aimant leur appartient exclusivement. Les mines de fer de Suède sont toutes de ce genre ... la montagne de ...

5°. L'étain.- Exclusif aux terrains primitifs : ses filons sont toujours dans les roches à base de feldspath.

6°. Le plomb.- Il se trouve ailleurs que dans les montagnes de 1ère sorte. Il y existe à l'état de galène dans les filons traversant des trapps, des roches de corne et très rarement les granites, on n'en a que deux exemples dans le ....

7°. Le cobalt.- Ne leur appartient pas exclusivement; la mine de cobalt blanche ou arsenicale leur est exclusive : telle est celle dont ... à ... , il vient de Suède.

8°. Le bismuth.

9°. Le zinc

10°.L'antimoine

Le bismuth, le zinc et l'antimoine : non exclusifs aux terrains primitifs.

11°. Le Wolfram est exclusivement une production des montagnes de 1ère sorte.

12°. Le molybdène leur appartient aussi exclusivement. Il se trouve en nids ou en filons et quelquefois comme empâté avec les roches à base de feldspath et de mica. Cette substance est une production rare. On a trouvé dans les Alpes des indices et d'assez gros morceaux sur les sommités les plus élevées, au-dessus du glacier de vallée de Chamonix.

13°. La plombagine.- Cette substance est exclusive aux montagnes primitives, elle y est en nids ou filons associée avec le mica et le schorll. On en connaît plusieurs filons dans les Pyrénées, au-dessus de la vallée de ... empâtés avec la tourmaline .

Terrains de seconde sorte ou terrains de sédiments.

Géographie Physique N° 6

Des terrains de seconde sorte.

Après avoir parlé des produits immédiats de la cristallisation confuse qui forment les terrains de première sorte, nous allons passer à ceux de la seconde. Leurs matières constituantes appartiennent à ls dissolution générale, car elles ne pourraient occuper une partie de la surface de la terre sans y avoir participé ; mais depuis la précipitation elles ont été remaniées par les eaux et même après l'organisation de la matière. Aussi les terrains de cette seconde sorte contiennent-ils beaucoup de débris de corps organisés. Les eaux dans cette élaboration secondaire n'ont pas agi comme dissolvant , mais simplement comme véhicule ou moyen de transport autrement les corps organisés n'auraient pu vivre un seul instant et le dissolvant les eût bientôt détruits. Ces matières portent tout ce qui indique une coagulation sans dissolvant : rien n'y indique la cristallisation confuse.

Elles sont en couches plus ou moins épaisses, plus ou moins étendues qui sont traversées souvent par des fentes perpendiculaires à leurs directions, qui souvent forment de grandes masses rhomboidales; elles ne contiennent jamais de cristaux dont la formation soit contemporaine de la leur; s'il s'y en trouve, ils sont toujours postérieurs au déplacement des matières et ont été formés par l'infiltration dans les fentes occasionnées par le retrait, mais dans aucun cas les cristaux ne sont pas essentiels à la constitution de la masse elle-même.

Ce qui se remarque principalement dant les terrains de seconde sorte, c'est la disposition uniforme en couches presque toujours parallèles; leur situation horizontale lorsqu'elles sont assez loin des montagnes primitives, car lorsqu'elles s'en approchent elles se relèvent et tendent à recouvrir les produits de la cristallisation confuse ; elles s'enfoncent et se relèvent dans des espaces considérables :tels sont les terrains de la Normandie et des environs de Paris, qui s'enfoncent dans une direction constante de l'est à l'ouest.

Lorsque ces couches s'éloignent de la position horizontale, on ne peut expliquer cette manière d'être que par des chutes, c'est à dire à la suite d'un accident qui a dégarni les parties inférieures, en sorte que les supérieures n'étant plus soutenues sont tombées et ont pris une situation plus ou moins inclinée. C'est communément l'eau qui peut avoir occasionné ces grands accidents.

Il est souvent très difficile de parvenir à déterminer la véritable direction des couches; il faut avoir examiné la masse de tous les côtés avant de prononcer, sans cela on sera fréquemment exposé à commettre des erreurs; on peut prendre pour la direction des couches celles des fentes qui les traversent tantôt perpendiculairement, tantôt diagonalement.

Ces couches ont différentes épaisseurs. Elles arrivent quelquefois qu'à 60 pieds. On en connaît même de plus considérables. Quelquefois aussi elles ont moins de 3 à 4 pouces. Les unes se prolongent très loin, traversent un espace immense et ont jusqu'à plus de 100 lieues d'étendue, tandis que les autres sont circonscrites dans des limites fort étroites et barrées de toutes parts par des vallées, etc. Quelquefois leur épaisseur est égale dans toute leur étendue et quelquefois elle va en diminuant dans un sens ou dans un autre. Si les couches n'ont pas été déplacées, elles s'amincissent ordinairement dans les parties supérieures; quant à celles qui ont été déplacées elles ne suivant aucune règle. On observe cependant que les bancs de calcaire diminuent d'épaisseur en montant, tandis que les roches argilo-ferrugineuses diminuent en descendant .

Les couches forment quelquefois des masses considérables de la même nature, le plus souvent elles sont différentes et alternent entre elles ; il arrive encore quelquefois que les couches de nature différente alternent dans un ordre régulier.

Les pierres qui composent les terrains de la seconde sorte sont:

1°. La pierre calcaire de différents grains, depuis la craie jusqu'au marbre ; on n'y voit plus aucun indice de la cristallisation ; c'est un tissu fin et serré qui est souvent traversé par des veines de spath-talc cristallisé formé par les eaux dans les fentes occasionnées par le retrait. Il diffère d'ailleurs encore beaucoup du calcaire primitif puisqu'il contient toujours de noubreux débris de corps organisés. Ce calcaire est souvent aussi bitumineux, lorsqu'on en frotte deux morceaux l'un contre l'autre il développe une odeur de ... de soufre très sensible.

2°. Les terres ou pierres marneuses.

3°. Les argiles.

4°. Les sables ou sont adhérents ou agglutinés car ils forment les grès qui peuvent être composés de toutes les substances susceptibles de se réduire en petits grains. Ainsi nous aurons des grès à grains de quartz, de pierre calcaire, de feldspath et de mica triturés. Il faut prendre garde de ne pas confondre les grès à grains de feldspath avec les véritables granits et les roches où domine le feldspath. Mais non seulement les granites sont réduits à un moindre ... , mais encore les matières qui les enveloppent sont évidemment dues à une autre époque de formation : Les grès peuvent être à ciments quartzeux, calcaires, argileux et ferrugineux.

5°. Les pierres argilo-ferrugineuses; elles couposent les ardoises grossières et une grande partie des pierres appelées schistes.

6°. Les brèches

7°. Le gypse.

8°. Les houilles.

9°. Les mines de sel.

10°. Les mines de soufre.

11°. Les mines d'alun.

Ces différentes substances se succèdent les unes aux autres dans aucun ordre régulier ; elles alternent de différentes manières; quelquefois ce sont les pierres calcaires qui sont les plus près de la surface de la terre, d'autres fois ce sont ou les brèches, ou les argiles, ou le gypse, etc. , etc. ; d'autres fois enfin elles se présentent toutes à la fois dans un certain espace, mais quelle que soit leur situation les unes à l'égard des autres, il arrive très souvent que des masses considérables qui en sont formées reposent sur des couches de sable et de quelque manière que le véhicule les ait tranportées et déposées, on voit qu'il n'y a pas eu de choix.

Quoiqu'en général des couches de terrains de 2ème sorte semblent alterner indistinctement, on remarque cependant que les pierres calcaires alternent plus souvent avec les argiles, celles-ci avec les grès, les houilles avec des roches argilo-ferrugineuses, etc., etc. , etc. Parmi ces dernières il en est qu'il est très difficile de distinguer d'avec le trapp, leur apparence est la même ainsi que leur cassure et leur dureté, leur situation et leurs matières accompagnantes peuvent servir à les reconnaître, d'ailleurs elles n'enveloppent pas de cristaux comme le trapp et, si elles ont des cavités, loin qu'il s'y trouve des tourmalines, des schorlls, etc., elles sont souvent remplies de pierre calcaire informe ; enfin les principes constituants n'y sont pas dans le même rapport, des roches argileuses alternant souvent avec des bancs de houille et de grès.

Les mines de sel alternent avec des argiles, elles sont presque toujours et même toujours accompagnées de gypse.

Les mines de soufre se trouvent dans les mêmes circonstances que les mines de sel, elles sont mélangées d'argile et recouvertes par des roches argileuses.

C'est dans les montagnes de seconde sorte que se trouvent aussi les calcédoines, les jaspes, les agates, les silex, etc., ils leur appartiennent essentiellement et exclusivement ; c'est encore dans cette espèce de terrain que se trouvent les spaths pesants, les phosphates et phosphures calcaires, etc.

Tous les bitumes s'y rencontrent aussi comme le jayet, l'asphalte, le pissasphalte, le napht, le malthe, etc.

Ces roches renferment encore beaucoup de matières métalliques, qui sont en général dans un état d'oxydation plus considérable que celles qui se trouvent dans les montagnes primitives; elles s'y trouvent en filons, en couches, en nids, sacs ou amas. Ces nids sont en sorte des cavités remplies de matières métalliques, ceux dont le volune est moindre s'appellent rognons.

Les substances métalliques qui s'y trouvent le plus fréquemment sont:

1°. Les mines de plomb à l'état de galène ... argent.

2°.- De cuivre à l'état de pyrites ou d'oxydes.

3°. Les mines de fer à l'état d'oxyde, mines de fer limoneuses, hématites, etc.

4°. --------- de manganèse dans ses états différents.

5°. --------- d'arsenic.

6°. --------- de zinc à l'état de calamine.

7°.---------- de mercure. Les deux mines métalliques les plus considérables et les plus riches que nous connaissions se trouvent parmi les mines de mercure. Ce sont celles d' ... , en Espagne, et d'Idria en Carniole. Cette dernière est placée au milieu d'une suite de beaux calcaires. Sa matière métallique semble avoir rempli une gorge étroite, très profonde, qui ressemble à un entonnoir.

Nous observerons encore que les couches supérieures d'une contrée peuvent être semblables, sauf que les inférieures le soient également, ce qui s'observe sur toutes les hauteurs du pays de Caux, en Normandie. Tous les plateaux sont couverts d'une pierre calcaire poreuse, caverneuse, qui jouit, malgré cela, d'un assez grand degré de dureté. Il y a indifféremment des couches argileuses, marneuses ou calcaires d'un grain plus ou moins fin, ou crayeuses. Cette couche homogène de pierre calcaire nous indique toutes les parties qui n'ont pas subi d'altérations, puisqu'il faut nécessairement qu'elle ait été déposée sur un terrain uniforme.

Beaucoup de ces couches ont dû conserver pendant longtemps leur état de mollesse, car autrement nous ne pourrions pas expliquer la direction presque et souvent même entièrement verticale.

La quantité de corps organisés dont l'origine maritime est incontestable, puisqu'on en retrouve encore d'analogues qui sont disséminés dans la plupart des terrains de seconde sorte, a fait supposer à presque tous les géologistes que la mer avait couvert tout le globe et que c'était à son séjour qu'étaient dus les terrains de cette époque. Loin de contester que ce soit la masse des eaux de la mer qui ait contribué à les former, nous reconnaissons qu'il est impossible de les attribuer à d'autres causes; mais ce que nous n'admettrons pas, c'est son séjour sur les continents, car pour que les terrains aient été modifiés, il faudrait que dans le fond de la mer les mêmes phénomènes se renouvelassent, or c'est ce qui n'a pas lieu, les seules couches formées par les eaux sont des couches de sablesquartzeux qui n'ont aucune adhérence entre eux et que jamais on a observe ... par d'autres matières. Mais d'ailleurs pour qu'elle ait pu modifier la surface du continent en y transportant des matières différentes et en y creusant des vallées il faut qu'elle ait été mue par une cause quelconque, cause qui n'existerait donc plus, puisque la mer n'a aucune force pour transporter à des distances un peu considérables des masses aussi pesantes. Il paraît que le creusement des vallées est contemporain à la formation des couches car les matières s'y trouvent déposées dans l'ordre des pesanteurs spécifiques. Or c'est ce qui n'a pas lieu, puisque nous voyons des roches calcaires formées de grains distincts qui sont superposées à d'autres roches calcaires, d'un grain fin et uniforme dans toute leur masse. La mer pendant son séjour sur les continents aurait formé des dépôts de la même manière que ceux formés par les débordements des rivières ... dans une épaisseur de deux ou trois pouces on aperçoit une multitude de couches dont les parties constituantes sont disposées dans l'ordre des gravités spécifiques. Les débris de corps marins auraient été de même disposés par couches plus ou moins épaisses et n'auraient point été différenciés dans toute la masse qui les a comme empâtés.

D'ailleurs comment supposer que des couches de sel gemme, qui alternent avec du calcaire, aient pu se former dans les eaux de la mer qui sont bien loin d'en être saturées; la seule hypothèse raisonnable qu'on peut former c'est qu'elles sont dues à l'évaporation d'une quantité considérable d'eau salée. Comment se seraient encore formées les houilles puisque le bois qui les constitue en partie a une gravité spécifique bien moins considérable que celle de l'eau, aurait-il pu descendre au fond de la mer pour s'accumuler en masses aussi étendues que celles qui existent ? La mer, à la vérité rejette tous les jours beaucoup de matières végétales qui s'enterrent sous le sable dont elle les recouvre ensuite, mais ils se détruisent bientôt.

La macération, a-t-on dit, a pu augmenter la pesanteur spécifique et occasionner la précipitation du bois, mais cette macération ne peut avoir lieu qu'en enlevant le principe extractif qui occasionna la bituminisation, or si l'eau lui enlève, elle ne peut plus avoir lieu.

On a enfin imaginé que la mer était alors agitée par une cause violente, qu'il y avait des courants semblables à ceux que nous observons encore actuellement. Mais on sait que les mouvements les plus violents que la mer puisse éprouver n'ont guère lieu à 12 ou 15 toises au plus de profondeur, les courants d'ailleurs n'agissent que localement ; et en supposant même cas deux causes réunies, auraient-elles pu disposer des couches horizontales de matières si différentes par leur gravité spécifique?auraient-elles pu transporter des masses aussi considérables lorsque nous les voyons journellement faire les plus grands efforts pour accumuler de petites quantités de sables : comment se seraient creusées les vallées en tous sens qui sillonnent le globe puisqu'il ne se passe plus rien d'analogue au fond de la mer.

Toutes les objections sont encore bien plus fortes si on suppose que la mer a été parfaitement tranquille.

Il n'y a qu'une manière d'expliquer tous ces grands phénomènes, c'est de supposer, comme cela est probable, un mouvement violent et extraordinaire qui a forcé la mer de sortir périodiquement de son lit et de couvrir les continents.

Gisement des minéraux. N° 7.

Nous avons parlé précédemment des terrains constitués par des matières déposées en forme de sédiments au milieu d'un fluide qui les tenait auparavant en dissolution, nous allons passer maintenant aux terrains de transport, c'est à dire ceux composés de matériaux évidemment formés et consolidés ailleurs et remaniés ensuite par un agent quelconque, ils appartiennent aux roches des autres sortes et les matières volcaniques entrent souvent dans leur constitution. Si les matériaux sont dissemblables par leur nature, ils ne le sont pas moins par leur volume, quelle disproportion n'y a-t-il pas entre le sable le plus fin et ces masses énormes de roches primitives qui se rencontrent à de grandes distances des montagnes dont elles ont pu être détachées; telle est celle trouvée dans un marais près de Pétersbourg et qui avait 21 pieds de longueur, 42 de largeur et 22 de hauteur ; son poids a été estimé être de 3.300.000 ... .Cette masse était à plus de 100 lieues des montagnes analogues qui existent dans la Suède. Des masses semblables couvrent les vastes plaines de la Livonie et de la Pologne; leur volume diminue à mesure qu'elles sont plus éloignées des montagnes de la Suède et de la Norvège.

On peut remarquer deux époques très différentes dans la manière dont se sont formés les terrains de transport :

1°. Les uns sont formés de matériaux que charrient les fleuves, les torrents et les rivières;

2°. Les autres sont dus à l'action d'une force immense qui a causé un désordre général sur la surface des continents.

Avant d'examiner en détail les deux genres de transport voyons en général quelle est la force des matières qui les constituent.

Toutes les pierres qui éprouvent des chocs violents et qui, poussées par une cause quelconque, sont obligées de cheminer, s'arrondissent nécessairement sur les angles les plus faibles et celà d'autant plus vite qu'il y a plus de volume de mouvement et de dureté spécifique. Les agents de ces arrondissements sont les torrents et les vagues de la mer. L'arrondissement des pierres roulées par les torrents est d'autant plus parfait à mesure qu'elles s'éloignent des lieux où elles ont été détachées; les pierres roulées et arrondies soit par les torrents, soit par les eaux de la mer, portent le nom de galets ; ils diffèrent des pierres que la nature produit rondes. Parmi celles-ci, les unes sont creuses et tapissées de cristaux à l'intérieur, les autres sont composées de couches concentriques autour d'un noyau, mais toutes sont le produit de l'infiltration au lieu que les galets sont formés de toutes sortes de roches, n'ont aucun caractère de forme déterminée et conservent le genre d'aggrégation propre aux masses dont ils ont été arrachés.

Les eaux qui tombent des montagnes ont d'abord une grande force qui s'accélère à mesure qu'elles roulent sur un plan plus incliné; elles agissent alors avec le maximum de force qu'il leur soit possible d'acquérir et elles entraînent avec elles tout ce qu'elles peuvent arracher aux masses dans lesquelles elles se font un passage. Mais lorsqu'elles sont obligées de suivre un cours horizontal, toutes les masses dont la pesanteur est plus considérable que la force d'impulsion s'arrêtent, tandis que les autres sont entraînées. Leur volume diminue à mesure qu'elles s'éloignent de l'origine des torrents et finissent même par se réduire en sable lorsqu'elles en sont charriées à une grande distance. Cette observation peut servir utilement pour estimer à peu près la distance où l'on se trouve des montagnes primitives dans les les pays inconnus.

Les torrents creusent de profonds ravins sur les flancs des montagnes, mais lorsqu'ils coulent sur des terrains peu inclinés ils exhaussent le sol de leur lit au lieu de le creuser, aussi les rivières et les fleuves font leur lit plutôt en exhaussant leurs bords qu'en creusant le sol dans lequel ils coulent, de là vient que les rivières encaissées entre des digues comblent presque leur lit et finissent par l'élever au-dessus du niveau du terrain. C'est ce qui est arrivé de nos jours pour le Pô, en Italie. Ce fleuve occasionnait de grands dégâts par ses fréquents débordements; on lui a opposé des digues, mais bientôt il a fallu les rehausser à mesure que le lit du Pô s'est relevé, en sorte que maintenant, en quelques endroits, ce fleuve est élevé de plus de 30 pieds au-dessus du sol de la vallée où il coule.

Aussi les torrents changent-ils continuellement de place lorsque lit est trop relevé ils se répandent auprès et se remettent alternativement de part et d'autre de la vallée qu'ils parcourent.

Si donc les torrents élèvent leur lit au lieu de le creuser, à plus forte raison les rivières et les fleuves doivent-ils également exhausser le leur puisque leurs eaux coulent avec moins de rapidité. Les eaux qui coulent à la surface des continents augmentent donc l'étendue et l'épaisseur des terrains de transport soit en exhaussant les vallées, soit en reculant les limites de la mer, ce qui a lieu très sensiblement pour les grands fleuves tels que le Rhône, la Garonne, l'Euphrate, le Nil, etc. , etc. et surtout les fleuves de l'Amérique comme le fleuve des Amazones, le Mississipi, qui ont formés des plaines de plus de 300 lieues entièrement recouvertes de terrains de transport. Plus ces fleuves s'éloignent de leur source, plus les matières qu'ils déposent sont fines et reliées, ils ne charrient plus qu'une espèce de vase; aussi les sauvages qui habitent sur le fleuve des Amazones dans une étendue de 500 lieues, à compter de son embouchure, ignorent-ils ce que c'est une pierre et, suivant Mr. de la Condamine, à qui sont dues ces observations, rien n'est aussi risible que l'empressement bien naturel de ces sauvages à ramasser les pierres qu'ils rencontrent lorsqu'ils s'avancent dans les terres.

Les pierres qui se trouvent sur les rivages de la mer ne viennent pas des fleuves ou des torrents , elles n'ont pas non plus été arrachées du fond de la mer par l'agitation de ses eaux mais bien des collines voisines de ces rivages. Les vagues qui viennent battre à leur pied sapent peu à peu leurs fondements et les font écrouler; les courants littoraux entraînent ensuite les débris et les arrondissent.

On ne connaît qu'une seule manière dont les eaux peuvent transporter des pierres d'un volume considérable à de grandes distances sans les arrondir, c'est celle observée par Mr Dolomieu en Italie. Des masses considérables de roches appartenant aux Alpes et aux Apennins éparses sur les rivages de la Lombardie donnèrent lieu à cette observation. Il reconnut que le Pô et le Rhône avaient gelé en 1788, que les glaces formées vers leur source avaient enfermé des blocs de roche qui étaient au fond de leur lit et qu'ensuite, au dégel, ces glaces s'étant élevées au-dessus des eaux, elles les avaient voiturés jusqu'à la mer sans les rompre ou même les arrondir et que rejetées sur le rivage elles s'y sont fondues tandis que les pierres étaient restées.

La manière dont se sont formés les terrains de transport indique qu'il n'existe jamais de minéraux en masses exploitables ; on ne les y trouve qu'en fragments réduits à un très petit volume; ils sont d'ailleurs éloignés de la surface du sol car leur pesanteur spécifique est beaucoup plus considérable que celle des pierres, en sorte que celles-ci, quoique d'un volume plus considérable peuvent leur être superposées. L'or est le seul métal qui puisse couvrir les frais d'exploitation à cause de sa grande valeur; il s'y trouve en paillettes (on le retire par des lavages réitérés). Toutes les autres substances métalliques n'ont point assez de valeur pour qu'on puisse les exploiter sans perte:tels sont les sables d'étain, de cuivre et de mine de fer grise; lorsqu'on y retrouve le fer à l'état d'oxyde et en petits grains on peut cependant l'exploiter avec avantage, mais le transport de cette espèce de fer est dû à une cause plus générale que celle des torrents et des fleuves. On trouve aussi des gemmes dans les terrains de transport.

Sans doute la portion des terrains de transport dont la formation est attribuée aux torrents, fleuves et rivières occupe une étendue considérable à la surface des continent, mais il est un autre genre de transport, produit par une cause violente, qui agit plus puissamment et c'est le seul auquel on puisse attribuer le déplacement de ces masses énormes qui se rencontrent loin des montagnes primitives. Mais ce qui prouve la nécessité d'admettre cette seconde espèce de transport c'est que non seulement on trouve dans le lit des fleuves des cailloux roulés d'un volume aussi considérable que ce qu'ils peuvent transporter, mais encore que les mêmes cailloux se retrouvent sur toutes les collines voisines qui en sont entièrement composées. La Seine, par exemple, dans le temps de ses crues les plus fortes ne porte que des sables q'une ligne de diamètre, on trouve cependant dans son lit et dans de gros cailloux qui sont là comme par hasard et dont il faut bien se garder d'attribuer le transport aux eaux de la Seine.

... ces masses ne peuvent avoir été transportées par la force des courants ordinaires, il ne s'agit pas de quelques fragments de roche transportés par les glaces, il s'agit de cailloux roulés pesant ordinairement plusieurs livres, de masses roulées considérables qui couvrent et qui constituent des plaines immenses et de très hautes montagnes et dont les roches analogues ne se trouvent souvent qu'à plus de 100 lieues de distance et qui en sont séparées par sept, huit et dix vallées considérables; c'est ainsi qu'on trouve sur la Salève, près de Genève, des masses de granites et de porphyres dont on ne retrouve l'analogie que près du Mont-Blanc, qui en est à 30 lieues de distance, et dont elles sont séparées par plusieurs vallées très profondes qui auraient pu les arrêter (cette observation de Mr de Saussure peut se répéter pour plusieurs montagnes du Tyrol), quels peuvent être les agents de semblables déplacements ? Le feu est peut-être le seul auquel on ait pu l'attribuer préférablement à l'eau; le feu, à la vérité, lance des masses de bas en haut mais à des distances peu considérables, mais en leur imprimant le caractère de la cause qui les produit. Or outre qu'on observe rien de semblable pour les masses disséminées c'est qu'on ne retrouve rien en ces contrées qui rappelle et l'action et les effets des feux souterrains.

Entre mille exemples de terrains de transport qu'on pourrait citer, nous parlerons de celui qui comprend les départements de l'Ain et de l'Isère. Ce terrain est borné par les montagnes de la Savoie et par le Rhone qui le séparent des montagnes primitives, cet espace qui n'a pas moins de 12 lieues du nord au sud et de 10 de l'est à l'ouest , ce qui donne à peu près 130 lieues carrées de surface, est entièrement couvert de cailloux roulés placés en couches horizontales qui alternent avec des sables et des graviers. Les cailloux ont jusqu'à 10 ou 12 pouces de diamètre. On y trouve aussi de très grosses masses qui ont jusqu'à 20 et 30 pieds de diamètre. Les montagnes qui environnent cet espace sont toutes calcaires, tandis que les cailloux sont presque tous quartzeux ou appartenant aux roches primitives analogues qu'on retrouve près du Mont-Blanc. Ces matières ne sont pas superficielles car ellas occupent des vallons et des gorges qui ont jusqu'à 300 toises de profondeur, ce qui joint à l'élévation de plusieurs montagnes donne une masse de 500 toises d'épaisseur seulement au-dessus du niveau du Rhône; on conçoit qu'elle doit aussi s'étendre à une profondeur considérable en dessous du même niveau.

130 lieues carrées de semblables dépôts, qui ne sont peut-être que la lOOOème partie des terrains dus à cette époque, effrayent par les dimensions que devaient avoir les montagnes primitives puisque ces cailloux en sont les débris. Les 99/1000 sont de quartz, les autres sont ou de pierres calcaires, ou de roches de différentes sortes. Mais nous savons que dans les montagnes primitives le quartz n'est jamais qu'en filons qui ne sont pas encore très fréquents ; d'après cela comment imaginer les masses dont les filons seuls ont pu fournir une si grande quantité de matières quartzeuses; il est probable que le quartz étant plus dur, il aura résisté plus facilement à la trituration qu'ont éprouvé les fragments bouleversés des montagnes primitives qu'on peut supposer sans exagération, peut-être 100.000 fois plus considérables que la quantité de quartz qui constitue les terrains de transport.

On trouve fréquemment dans les terrains de transport des départements de l'Ain et de l'Isère des morceaux de bois fossile de jayet qui brulent en répandant une très mauvaise odeur, on les a pris souvent pour des indices de houille, mais ils n'ont jamais de suite. Un phénomène tout aussi embarrassant que la quantité de quartz c'est de savoir comment ces cailloux ont pu parvenir dans l'espace qu'ils occupent à présent. Cet espace est circonscrit de toutes parts par une double enceinte de montagnes calcaires qui lui ferment toute communication avec les montagnes primitives.

On observe encore dans des terrains de transport de ce genre, percés par une vallée assez considérable, qu'ils sont formés de couches horizontales qui se correspondent à droite et à gauche de la vallée qui va continuellement en rétrécissant jusqu'au lieu de son origine qui est calcaire et qui, conséquemment, n'a pu fournir les matières d'une nature différente qui constituent le fond et les collines qui bordent la vallée. Ce qui rend cette opinion d'autant plus probable, c'est qu'elles sont accompagnées de débris de plantes et d'animaux de tous les pays. Or y trouve des coquilles, des os d'éléphants, de crocodiles, des bambous des Indes, etc. etc. Ces matières sont mélangées avec des sables, des argiles, des cailloux roulés et le tout est absolument étranger au sol de la vallée. Ce phénomène est un des plus remarquables et c'est un de ceux qu'on a le moins observé.

Les matières de transport ne sont pas toujours superposées aux terrains de sédiments, elles en sont souvent recouvertes et alternent avec eux ; d'où on a tiré cette conséquence que les terrains de transport avaient pu être formés en même temps que la dernière portion des terrains de sédiment.

Parmi les matières de cette espèce de terrain presque toutes établissent la nécessité d'une cause violente qui les a roulées et entraînées dans les lieux où elles existent à présent; mais il en est d'autres dans lesquelles le grain diminue tellement de grosseur qu'elles prennent l'apparence de pâtes homogènes dont la formation serait due aux sédiments: ces couches viennent se confondre avec les véritables terrains de sédiments, alternent quelquefois avec eux en sorte qu'on est tenté de croire qu'elles sont le produit des dépôts successifs d'un fluide tranquille duquel se seraient précipitées d'abord les plus grosses masses.

Mais cette opinion n'est pas soutenable si on considère que les matières qui forment les terrains de transport sont bien éloignées d'avoir suivi l'ordre des pesanteurs spécifiques dans leur manière de s'arranger: elles contiennent des débris d'animaux et de végétaux qui vivent et croissent dans des pays fort éloignés de ceux où ils se trouvent, etc.etc.etc.; il est plutôt probable, ou pour mieux dire, presque certain qu'ils sont dus à une cause violente qui a exercé ses effets à la surface de tous les continents. Nous ne citarons qu'un exemple entre tous ceux qu'on pourrait rapporter à l'appui de cette opinion. La montagne de Maëstricht est formée d'une pierre calcaire d'un grain fin et ... dans laquelle on trouve des mâchoires et des os de crocodiles, des bois d'élans, des madrépores, des oursins, des ammonites, des pattes de crabes , etc. des bois, des roseaux et enfin des substances de tous les règnes, de tous les climats et de toutes les contrées. Il est impossible de concevoir l'accumulation de toutes ces matières sans imaginer un mouvement violent et universel.

Il n'est pas possible de l'attribuer à un sédiment tranquille car il est incontestable que les matières les plus pesantes auraient gagné le fond tandis que les plus légères seraient venues les recouvrir et , d'après cela, tous lec terrains de transport seraient composés de couches formées des matières qui auraient suivi l'odre des pesanteurs spécifiques ; or, c'est ce qui n'a pas lieu, les couches de cailloux alternent tantôt avec des sables, tantôt avec des argiles, ou des pierres calcaires et les recouvrent souvent. Les débris d'animaux et de végétaux y sont dispersés ça et là et forment rarement des couches isolées.

On trouve en Toscane des masses de dépôts argileux qui contiennent les mêmes débris que la montagne de Maëstricht, mais dans l'immensité de tous ces débris rassemblés dans le même endroit comme les os d'élophants par exempleo, ne trouverait pas de quoi former le squelette entier d'un éléphant, une partie de ces os est restée en arrière, tandis que l'autre a été poussée plus loin. Or, comment expliquer cette dispersion si on suppose les terrains de transport être le résultat d'un sédiment tranquille? Comment expliquer cet empâtement de matières plus pesantes que le reste de la pâte, car les mêmes causes doivent produire les mêmes effets et nous voyons journellement que pour extraire de l'argile les grains quartzeux qu'elle contient on la délaye dans l'eau et qu'on décante ensuite afin que les parties les plus pesantes restent au fond du vase. Supposera-t-on une exception à la loi si impérieuse de la pécipitation? Cela est impossible, tout lui obéit dans la nature et elle peut tout au plus être contrariée par une cause violente et très puissante.

Il n'y a dont eu qu'une cause extraordinaire qui ait pu déposer les matières de 3ème sorte; elle seule a pu ensuite ouvrir les vallées en le sol quelle venait de former. La cause qui les a formées dans une situation horizontale est la seule qui ait pu ensuite les creuser pour former les vallées. Car ce ne sont pas les fleuves qui ont ouvert les vallées, ils n'y coulent que parce qu'ils les ont trouvées toutes forméess et les faces abruptes des bords de ces vallées indiquent presque toujours des couches horizontales correspondantes et dont la continuité a été interrompue par la cause qui a produit les vallées.

Loin donc de croire que les terrains de transport aient pris naissance dans le sein des eaux tranquilles, nous invoquerons le secours des eaux dans une violante agitation et alors nous n'aurons plus besoin d'en imaginer une quantité plus considérable que celles qui existent dans les mers; nous y suppléerons par une suite d'actions périodiques qui ont formé chacune des couches superposées. Les eaux déplacées par une cause extraordinaire ont pu sortir de leurs bassins avec une rapidité énorme, soulever sur leur passage tout ce qui était mobile, le transporter à de grandes distances et revenir ensuite pour retourner encore et continuer ainsi à se mouvoir avac violence dans un sens et dans un autre. Alors en conçoit comment elles ont pu transporter de grosses masses aussi facilement que des grains de sable, alors plus d'embarras pour expliquer l'existence des substances végétales et animales qui se trouvent disséminées dans les terrains de transport et portées à des distances considérables des lieux où elles ont pris naissance.

On ignore si de grandes marées ont pu exister, aussi ne donnons-nous cette opinion que comme une hypothèse qui a beucoup de probabilités en ... , mais il est certain que si elles ont eu lieu tout est expliqué. Concevons ces marées telles qu'elles pouvaient soulever une partie de la masse énorme des eaux de la mer et la porter sur les continents, alors elles entraînaient avec elles tout ce qu'elles trouvaient de mobile et allaient l'étendre au loin sur les terres qu'elles sillonnaient ensuite à leur retour. Concevons des marées qui pousseraient les eaux à 6 ou 700 toises d'élévation (et on pourrait calculer quel est l'astre qui serait susceptible de leur occasionner cette force), qui chaque fois viendraient couvrir les continents et déposer les matières qu'elles auraient entraînées par leur violente rapidité, qui viendraient battre avec fureur au pied des montagnes primitives et s'élancer par dessus pour former d'immenses torrents qui retomberaient de l'autre côté de leur chaîne. Ces eaux à leur retour acquereraient une force d'accélération immense, arracheraient des montagnes tout ce qui n'aurait pas une grande adhérence au sol, tout ce qu'elles auraient déjà détaché par leur agitation violente et reprenant un autre chemin que celui par où elles seraient arrivées elles traverseraient les vallées profondes et iraiant déposer au loin les masses énormes qu'elles auraient entraînées. Par là nous expliquerions la formation des couches de houille, comment les substances végétales et animales déposées au bas par les eaux à leur arrivée et recouvertes ensuite par les débris des montagnes primitives au retour de ces mêmes eaux, la formation des mines de sel gemme qui précédemment coagulé par une prompte evaporation se serait trouvé recouvert en un instant et défendu désormais du contact des eaux qui auraient pu les redissoudre. Par là aussi nous expliquerions l'existence de ces grands lacs anciens formés par l'étranglement des vallées dans les montagnes primitives et rouverts ensuite par l'action des eaux de la mer, cette alternative de couches volcaniques et de matières de transport presque toujours calcaires, car comment supposer que les laves puissent couler à une distance même peu considérable sans les eaux de la mer. Enfin il n'est aucun des phénomènes observés à la surface de la terre relativement à sa constitution physique qui ne s'explique parfaitement par l'arrivée et le retour périodiques des eaux de la mer et si ces grandes marées n'ont pas eu lieu, du moins l'organisation définitive de la surface du globe s'est exécutée comme si elles avaient existé et tout ce que nous avons établi n'en sera pas moins vrai quelle que soit la cause qui ait pu produire le effets. Les autres systèmes adoptés jusqu'à présent n'ont pas cet avantage, ils portent sur des bases fausses, car ils admettent tout un travail opéré par les eaux de la mer stagnantes et couvrant tous les continents et alors qu'est devenue cette masse d'eau énorme ? comment se sont creusées les vallées ? comment les matières ne se sont-elles pas déposées dans l'ordre des pesanteurs spécifiques ? Il est donc indispensable d'admettre une cause violente universelle et dont les actions périodiques aient pu opérer les boulversements attestés par les matières de transport. La cause la plus probable est, comme nous l'avons dit, celle des grandes marées produites par l'approche d'une comète dont l'éloignement aurait laissé reprendre à la mer sa manière d'être ordinaire mais dont les effets seraient restés pour attester, en quelque sorte, ce que nous avons à craindre un jour lorsqu'ayant achevé de parcourir son orbite, elle reviendra opérer des convulsions nouvelles qui modifieront encore la surface de la terre.

Gisement des minéraux. N° 8.

4ème Sorte.
Terrains formés par les feux souterrains pour lesquels la voie sèche paraît avoir été employée.

Sous le nom de volcans on confond ordinairement et la cause et l'effet, c'est à dire la cause qui produit les phénomènes volcaniques et les montagnes dans le sein desquelles se passent ces phénomènes ainsi que celles qui sont formées par une suite d'explosions. Cela est si vrai qu'il peut y avoir des inflammations souterraines comme celles des mines de houille qui ne produisent aucun des effets attribués aux volcans et peut-être même n'y a-t-il pas d'inflammation dans le sein de la terre aux endroits où existent les volcans.

Les volcans ne sont pas des faits ni aussi particuliers, ni aussi étendus qu'on se l'est imaginé. L'habitant de l'Italie, qui se voit environné de montagnes volcaniques qui ne lui prouvent malheureusement que trop souvent leur existence, croit que toute la terre est soumise à leur action, tandis que l'habitant des Alpes qui se voit au milieu d'un pays ou on en retrouve aucune trace, les regarde comme des phénomènes partiels dont les effets sont circonscrits dans des espaces peu considérables.

L'on peut établir deux grandes divisions dans les terrains volcaniques :

On ne peut parvenir à les bien connaître que les uns par les autres et c'est surtout en examinant les seconds qu'on peut espérer déterminer exactement les matières qui appartiennent aux autres puisque les produits sont les mêmes.

Il est à croire que les volcans éteints ont brûlés dans le temps de la formation des terrains de seconde sorte; l'histoire ne rapporte aucune trace de leurs explosions et quoique dans le Vivarais les volcans éteint portent des noms analogues à leur origine il est presque certain qu'ils sont antérieurs à l'histoire des hommes.

En voyant presque tous les volcans éteints placés à une certaine distance des mers on avait imaginé que les eaux seules pouvaient entretenir leur activité et qu'en se retirant elles avaient occasionné nécessairement leur extinction totale. Nous ne citerons qu'un exemple pour prouver combien cette assertion a peu de vraisemblance, c'est celui des Cordillères qui forment une chaîne immense dans laquelle existent de vastes volcans encore brûlants quoique cette chaîne soit à 2 et 300 lieues des rivages de la mer. Nous ignorons la part que la mer peut avoir dans la production des phénomènes volcaniques, mais ce qu'il y a de certain c'est qu'on connaît autant de volcans brûlants près de la mer qu'on en connaît dans l'intérieur des terres.

En Europe, le nombre des volcans éteints surpasse celui des volcans embrasés. Ces derniers existent dans la Sicile, le royaume de Naples, les îles Lipari, de l'Archipel et l'Islande. La France méridionale est couverte des débris des volcans éteints : le Vivarais, la Provence, le Languedoc, l'Auvergne, la Bourgogne et même la Normandie et la Bretagne en offrent des preuves incontestables ; on les retrouve encore en Espagne, en Portugal, en Bohême, en Hongrie, en Ecosse, en Irlande, aux îles Orcades et aux îles Hébrides.

L'Asie est féconde en volcans brûlants tandis qu'on y compte peu de volcans éteints. Nous avons des descriptions assez complètes de ceux du premier genre qui existent au Bengale, dans les îles de Java, Sumatra, Molluques, Philippines et à la presqu'île Kamtschatka. Les volcans éteints existent dans l'Asie Mineure, en Syrie; en Amérique nous connaissons les volcans brûlants du Pérou, des Antilles, des Terres de Feu et du détroit de Magellan.

L'Afrique, dont l'intérieur nous est peu connu, nous offre aussi des volcans éteints et des volcans embrasés; on en connaît aux îles Canaries, aux Açores au Cap-Vert, en Angola, au Congo, etc.

Beaucoup de naturalistes ont essayé vainement d'expliquer l'existence des volcans éteints ; comme ils ont tous raisonné dans l'hypothèse qu'ils étaient produits par une inflammation considérable, ils ont prétendu en trouver la cause toute simple dans l'épuisement des matières qui alimentaient la coubustion; cette importante question longtemps débattue n'a été bien résolue par personne. Avant de former de savantes hypothèses, il aurait fallu examiner avec attention tous les phénomènes importants auxquels ils donnent naissance, car où est la preuve que les volcans brûlent intérieurement comme à la surface de la terre dans les grandes éruptions.

Nous commencerons par parler des matières que les volcans ont produites, des modifications qu'ils leur ont fait éprouver, des effets qui leur appartiennent et de tous les phénomènes enfin qui les accompagnent. Nous donnerons ensuite quelques idées sur la cause qui les produit.

Les montagnes volcaniques ont une forme qui leur appartient exclusivement; c'est celle d'un cône souvent tronqué au sommuet, d'autres fois le cône est entier et ses flancs portent d'autres cônes plus petits qui forment autour de lui une espèce de couronne. Leur hauteur est souvent considérable, témoin les volcans d' Amérique, le pic de Teneriffe qui s'élève immédiatement à une hauteur de 1800 toises au-dessus du niveau de la mer ; l'Etna, dont la base a 170 toises carrées, dont la hauteur est de 1700 toises; il porte sur ses flancs d'autres cônes moins considérables qui ont jusqu'à 1200 toises d'élévation et dont le nombre passe celui de 100.

Ou s'est imaginé pendant longtemps que les matières volcaniques auraient pour caractère principal la couleur noire, beaucoup de ces matière, à la vérité, sont noires mais beaucoup d'autres sont rouges, jaunes, et blanches, et si la couleur noire domine dans le plupart des volcans c'est qu'ils ont traité principalement des trapps et des roches de corne. Toutes les autres laves colorées portent l'empreinte évidente des roches auxquelles elles appartiennent et prouvent d'une manière évidente que la cause des phénomènes volcaniques réside dans les terrains primitifs, et que les terrains de 2ème sorte ont été seulement percés pour donner sortie aux matières rejetées par les volcans.

Chaque volcan a des matières qui lui sont particulières comme nous l'observons de même dans les montagnes primitives, où nous avons vu que le quartz, le feldspath, la roche de corne, le trapp et l'hornblende dominaient . De même les produits volcaniques ont des caractères particuliers pour chaque volcan de manière qu'un observateur exercé peut reconnaître auquel d'entre eux appartient telle ou telle lave.

L'Ethna, dont tous les produits ont pour base le trapp et la roche de coene, rejette des schorlls volcaniques, des feldspaths, des ... , mais jamais des grenats.

Le Vésuve, au contraire, rejette beaucoup de grenats et de schorlls verts.

Rien au monde n'est plus propre à inspirer la surprise et l'effroi, et à donner une grande idée des moyens de la nature que le spectacle d'une éruption volcanique. Elles sont ordinairement annoncées par des bruits souterrains semblables à ceux du tonnerre, par des déchirements intérieurs, la terre semble s'ébranler jusque dans ses fondements. Ces phénomènes effrayants durent jusqu'à ce que l'air et l'eau dilatés par la chaleur aient acquis assez de force pour vaincre tous les obstacles qui les tiennent enchainés. Alors il se fait une explosion plus vive que celle des plus fortes décharges d'artillerie, une gerbe de feu s'élance dans les airs à une grande distance, entraînant avec elle d'immenses masses de roches et de matières enflammées qui après s'être élevées dans l'air retombent et roulent par la pente de la montagne; des torrents de matières brûlantes sortent avec impétuosité du sommet et des flancs de la montagne qui s'ouvrent avec fracas pour leur donner un passage, ils se précipitent et vont inonder les campagnes où ils brûlent et détruisent tout ce qui se trouve sur leur passage. Des nuées de cendres et une colonne de fumée qui s'élèvent à une distance énorme remplissent les courts intervalles pendant lequel le volcan semble prendre quelque repos pour agir ensuite avec plus de violence et vomir le feu et la désolation avec les memes phénomènes qui glacent d'effroi et de crainte les spectateurs les plus hardis.

En examinant avec attention les produits d'un enfantement aussi pénible et aussi laborieux le naturaliste qui a pu avancer sur ces produits encore brûlants y reconnaît bientôt des différences sensibles et frappantes et il est porté naturellement à les diviser en deux grandes classes :

Et en particularisant encore davantage ses observations il verra que les produits volcaniques d'ancienne date ont éprouvé des altérations et des modifications nouvelles qui n'ont aucun rapport à la cause qui les a produits, les uns par le dégagement des vapeurs sulfureuses ou des différents gaz, les autres par les intempéries de atmosphère. Il verra enfin que beaucoup de ces matières ayant été rejetées dans le temps de la formation des terrains de transport et de sédiment alternent souvent aux terrains de ces deux sortes et concourent à la formation des mêmes montagnes. D'après toutes ces observations nous diviserons en 5 classes toutes les matières volcaniques ou qui appartiennent aux montagnes volcaniques:

1ère Classe.
Matières volcaniques proprement dites, etc.

Toutes les matières volcaniques propreotnt dites n'ont pas éprouvé des altérations et modifications semblables de la part des agents volcaniques. Ces modifications ont dépendu et de la nature de chaque pierre et de l'intensité de la chaleur et des circonstances particulières où elles se sont trouvées. Pour nous faire une idée de ces différences, considérons ... matières enflammées ... être rencontrées jusqu'au sommet de la montagne s'y sont ouvert un passage par des effets prodigieux, ont coulé à la manière des torrents, parcouru des espaces de 12 à 13 lieues, se sont enfin arrêtées, refroidies, et coagulées en pierres d'une dureté extrême. Le naturaliste alors prend la place du physicien, il va parcourir ces nouveaux objets que la nature soumet à ses observations : il pénètre dans les immenses courants couverts de scories et de tout ce qui peut caractériser une véritable fusion. Quelle est sa surprise lorsqu'il y découvre une grande quantité de matières absolument semblables à celles qui existent dans les montagnes primitives et qui n'ont conservé aucune empreinte de l'agent de leur fluidité; elles ont conservé leur grain, leur couleur, leur contexture sans qu'aucun caractère puisse servir à les faire connaître, si ce n'est les circonstances qui les accompagnent. Dans toute ces laves rien ne rappelle l'idée d'une vitrification et elles ont tellement conservé tous les caractères des roches qui leur ont servi de base que le célèbre Bergman, qui a comparé les roches de trapp de Suède avec certaines laves, n'a pu croire qu'elles aient été le produit de la voie sèche et que si elles n'avaient été formées d'abord par les eaux, du moins elles en avaient été remaniées après leur déjection par les volcans.

Ces considérations sur les matières renfermées dans cette classe nous ont déterminé à les diviser en 3 genres:

Appendice.
Matières qui ont éprouvé des modifications de forme qui appartiennent au refroidissement et qui ne sont que des accidents.

Géographie Physique N° 9

Parmi les agents volcaniques dont la plupart nous est encore inconnue, un des plus singuliers est l'atmosphère. Les volcans sont des espèces de baromètre pour ceux qui sont accoutumés à les observer, et cela est si vrai que les habitants des îles de Lipari prévoient le mauvais temps d'après les phénomènes que leur présente le Stromboli. On ne trouve rien d'étonnant dans cet effet de l'atmosphère si on réfléchit à la grande influence que doit avoir la colonne d'air qui pèse sur le foyer du volcan qu'on peut toujours supposer aussi profonde que la montagne qui la renferme est élevée. C'est la correspondance des phénomènes que présente le Stromboli avec les états de l'atmosphère qui a fait imaginer aux la demeure des vents dans les cavernes des îles de Lipari.

Sans contredit, le phénomène le plus étonnant que les volcans embrasés nous offrent est celui d'un torrent de matières enflammées qui se précipite en bouillant du sommet ou des flancs de la montagne et qui va dévaster au loin tout ce qu'il rencontre sur son passage, il s'arrête enfin mais il conserve encore longtemps une partie de la chaleur qui contribuait à le rendre fluide. C'est dans le centre de ces torrents qu'il faut chercher les matières qui après gain d'une grande fluidité, se sont refroidies sans avoir éprouvé aucun changement sensible dans leur constitution. Aussi peut-on établir une grande division parmi les laves; celles de la surface des courants qui sont poreuses et scorifiées et celles de l'intérieur qui sont d'un grain fin et qui sont compactes. Celles-ci ne conservent aucun des caractères que le feu imprime communément a tout ce qui est exposé à son action, tandis que les premières en portent l'empreinte évidente et ineffaçable.

1er Genre.

Matières volcaniques qui sans en conserver aucune apparence sensible dans leur constitution ont éprouvé la fluidité ignée et coulé à la manière des fluides ordinaires.

Ces matières qui sont les laves compactes proprement dites sont les produits les plus intéressants, ce sont elles qui, modifiées entièrement par l'action du feu, ont servi de base à celles de la seconde classe. Ces laves compactes sont très difficiles à distinguer des roches primitives qui n'ont subi aucune altération, et sans les circonstances locales telles que le voisinage des volcans et la mesure des laves poreuses et scorifiées il est impossible de les distinguer des trapp, des roches de corne, etc. On n'a aucun caractère général et bien tranché qui puisse servir à établir une distinction précise entre les laves compactes et les roches qui leur ressemblent et qui appartiennent aux terrains primitifs. On avait donné l'action de l'aiguille aimantée comme un caractère certain; mais outre que beaucoup de laves ne l'ont pas c'est que plusieurs des roches primitives analogues en jouissent éminemment. La couleur noire qu'on avait donnée comme un autre caractère n'est pas exclusive non plus aux produits volcaniques puisque non seulement les roches primitives le sont aussi, mais encore que plusieurs laves compactes sont entièrement blanches par l'action des vapeurs acido-sulfureuses ou de gaz hydrogéné-sulfuré. La porosité même n'est point une indication certaine puisqu'on conçoit des roches glanduleuses qui prennent cette contexture par la soustraction du spath calcaire qui remplissait leurs cavités naturelles. Ainsi lorsque les volcans sont éteints depuis longtemps et que les eaux ont détruit et entraîné toutes les matières poreuses et scorifiées, il ne reste plus aucun caractère pour les distinguer des roches primitives et la ressemblance est telle que le célèbre Bergman n'a pas cru qu'on pouvait leur supposer une origine différente, et qu'anciennement on les confondait et qu'on ne plaçait au rang des produits volcaniques, dans les cabinets, que les laves poreuses et scorifiées.

Il paraît si extraordinaire que des laves aient pu jouir d'une fluidité assez grande pour couler facilement sans perdre ni leur couleur, ni leur contexture, ni leur densité, leur dureté, etc. que l'idée qui se présente naturellement à l'observateur est toujours que ces produits volcaniques étaient des matières vitrifiées, mais il y a une différence bien grande entre les vitrifications volcaniques, qui sont très rares, et les laves compactes, car non seulement ces dernières lorsque nous les exposons au feu de nos fourneaux se vitrifient facilement en perdant tout le caractère, mais encore comment supposer que les vitrifications du feldspath, petrosilex, etc donnent des verres noirs colorés comme ceux du trapp, de la roche de corne et de l'hornblende. Cependant comment les laves ont-elles pu acquérir cette grande fluidité si elles ne sont pas entrées totalement en fusion, par quelqu'agent que ce phénomène se soit opéré, il est toujours certain que la chaleur quelles avaient acquise est bien inférieure à celle de nos fourneaux puisqu'on retrouve au milieu de ces laves compactes des cristaux de différentes substances, tels que le schor volcanique, se fondent à un degré de feu très léger; une autre preuve bien convaincante, c'est la facilité avec laquelle on peut traverser impunément et sans éprouver une chaleur très considérable, des courants de lave de 2 à 300 pas en sautant sur les laves poreuses et scorifiées qui flottent sur ces courants; enfin on peut encore juger de cette chaleur par les faits bien constatés qui ont été rassemblés sur les ravages occasionnés par les laves dans la dernière explosion du Vésuve.

En 1794, la ville de Torre-del-Greco, située dans le golfe de Naples, a été ravagée par un courant de lave considérable qui avait 8.000 toises de large sur 40 pieds d'épaisseur. Plusieurs habitants ainsi que des religieuses, qui avaient tardé à se mettre en sûreté, furent obligés de le traverser; ce qu'ils firent impunément et sans en être beaucoup incommodés. Ce n'est qu'au commencement de 1796 que les laves ont été assez refroidies pour qu'on puisse y creuser pour retirer les effets précieux qui se sont trouvés ensevelis. Les matières combustibles se sont trouvées réduites en charbon, les roches se sont ramollies et ont été repliées, l'argent a été fondu sans que l'or et le cuivre aient subi aucune altération. Presque toutes les substances métalliques ont subi des oxydations singulières. Le fer a triplé de volume en s'oxydant et en passant à l'état de mine de fer grise. Le cuivre et le plomb sont passés à l'état d'oxydes lamelleux. Le zinc s'était séparé du laiton et avait formé de la blende, tandis que le cuivre avait formé de l'oxyde de cuivre vitreux rouge. Enfin une grande partie de ces matières métalliques était changée en sulfures, sulfites ou en sulfates. A la place du vin on n'a plus trouvé que du sulfate de potasse cristallisé en beaux cristaux attachés aux parois des tonneaux, le verre converti en porcelaine de Réaumur, etc., etc.

Ces effets singuliers nous fournissent les moyens d'apprécier la chaleur acquise des courants de lave. Nous avons des moyens artificiels de fondre une pierre mais ce n'est qu'en la dénaturant et en changeant l'aggrégation des principes constituants. C'est sur cette propriété qu'est fondé l'art de la verrerie, etc. Le feu des volcans, au contraire, parait n'agir que sur l'aggrégation des molécules intégrantes qu'il écarte assez pour leur permettre de rouler librement les unes sur les autres mais aussitôt que l'agent disparaît, l'affinité rentre dans ses droits, le rapprochement des molécules a lieu et la pierre reprend sa manière d'être ordinaire. On pourrait comparer l'état des laves fluides à celui de l'argile imprégnée d'eau etc.

Le refroidissement des laves ne s'opère que bien lentement. Nous avons des laves d'une puissance peu considérable qui ont été 4 ans à se refroidir. Dans une de ses éruptions l'Ethna a vomi un courant de lave qui n'a coulé que 3 à 4 milles et qui cependant a conservé plus de 10 ans une chaleur très sensible. Il paraît d'après ces observations et une foule d'autres que la cause de la fluidité des laves réside en elles-mêmes et fournit un aliment continuel à la combustion et que la chaleur se perd lorsqu'il est entièrement consommé et détruit. Cet agent de la fluidité des laves qui réside dans leur intérieur, brûle aussitôt qu'il a le ce contact de l'air. On observe dans les fentes profondes des grands courants de lave une flamme bleuâtre accompagnée d'une violente odeur de soufre dont le vent et la pluie augmentent l'intensité. Ces phénomènes donnent lieu de présumer que le soufre est le véhicule de la dissolution des laves, qu'il ... les parties par le calorique continuel dégagé de sa combustion et que lorsqu'il est entièrement consummé, le calorique se dissipe rafidement et les laves, en obéissant à la force d'affinité, reprennent leur manière d'être antérieure à leur déplacement. Il y aurait une expérience intéressante à faire pour venir à l'appui et prouver même cette opinion: ce serait de chauffer, dans un fourneau de reverbère, toutes sortes de roches avec une quantité de soufre proportionnée, il est à croire que ce mélange se comporterait comme ceux dans lesquels entre le phosphore, il entrerait en fusion et finirait par redevenir solide à mesure que le soufre serait ou brûlé ou volatilisé.

Après ces généralités sur les laves compactes et principalement sur leur fluidité, nous allons les diviser en 4 genres différents pour en rendre l'examen plus facile:

De même que dans les montagnes primitives aucune de ces laves n'est homogène, elles renferment toutes des grains distincts de matières distinctes. Ces matières sont:

Ces substances sont quelquefois seules, plus souvent elles sont associées entre elles au nombre de 2, 3 ou 4 et chacune de ces associations nombreuses constitue des espèces qui ont des variétés fondées sur la couleur, la grosseur, le nombre et la forme des substances différentes qui les composent.

1ère Espèce.
Laves compactes à base de roches argilo-ferrugineuses.

Ces laves sont les plus communes et les plus variées; on les retrouve dans tous les volcans ; les produits de l'Ethna en sont presque entièrement composés. Il importe beaucoup de les examiner avec attention car rien n'est plus aisé que de les confondre avec les trapps et roches de corne qui n'ont subi aucune modification de la part des feux souterrains. Un célèbre auteur italien nommé Spallanzani, qui avait cru que les laves compactes étaient toujours faciles à distinguer d'avec les trapps et les roches de corne, fut forcé de reconnaître son erreur par le fait mème, lorsque Dolomieu lui eût présenté ces différentes roches auxquelles il assigna une origine qui n'était pas véritable. Aussi le célèbre Bergman n'a-t-il placé les basaltes, qui sont une espèce de laves compactes, que parmi les produits volcaniques douteux et a-t-il fini par dire qu'ils étaient le produit de la voie humide. Cependant, malgré cette grande ressemblance, la comparaison des laves compactes et des trapps et roches de corne nous fournit quelques moyens de les distinguer.

Les laves ont une couleur noire plus ou moins foncée qui tire sur le bleu surtout lorsqu'elles sont bien privées d'humidité. Il y en a de grises et de rougeâtres mais ces dernières en général sont le produit de la calcination et se trouvent plus près de la surface des courants. Elles contiennent presque toujours une plus grande quantité de fer, leur grain est plus ou moins fin, leur cassure conchoïde, tissu serré quelquefois même plus que celui des roches primitives analogues. Aussi ont-elles en général une pesanteur spécifique ... plus considérable quoiqu'elles n'aient éprouvé aucun commencement de vitrification, celà est vraisemblablement dû à ce qu'à l'instant où le rapprochement des molécules eut lieu les masses étaient desséchées ce qui a produit sur elles le même effet que la chaleur du climat a opéré sur les granites orientaux.

Les laves noires exercent une action considérable sur le barreau aimanté et sensiblement plus forte que le trapp et la roche de corne, mais ce qu'il y a de plus singulier , c'est que ce phénomène, loin d'être particulier aux laves noires, appartient encore aux laves grises qui exercent sur l'aiguille aimantée une action bien plus forte. Ce fait tient à ce que le fer a été plus désoxydé par le soufre qui a plus d'affinité que lui avec l'oxygène.

Les laves compactes sont en général plus dures que le trapp et les roches de corne mais en même temps elles sont plus cassantes, quelquefois même plus fragiles que le verre. Lorsqu'on s'en sert pour paver les grandes routes, elles se briseraient sous les coups de la dame si on avait omis de les mouiller.

Les laves compactes en grandes colonnes rendent souvent le son du bronze lorsqu'on les frappe avec un marteau, ce qui vient d'un resserrement de parties qui a donné aux masses plus de consistance.

D'ailleurs les caractères chimiques sont exactement les mêmes. Bergman, qui a fait des analyses comparatives, n'a trouvé aucune différence sensible dans la composition du basalte, des laves compactes, du trapp et de la roche de corne.

Il est rare que les laves compactes soient parfaitement homogènes. Dolomieu n'en a trouvé qu'une seule masse sur l'Ethna; elles contiennent toujours des cristaux des différentes substances dont nous avons déjà parlé. Les plus communes sont:

La présence du grenat semble exclure celle du feldspath. Ils ne se trouvent jamais ensemble, ce qui ferait croire que le premier a été formé aux dépens de l'autre.

On trouve rarement les grenats associés avec la crisolithe, souvent avec les schorlls verts et plus souvent encore avec le mica.

L'existence de cristaux d'une nature différente dans les laves a fait naître une grande question:sont-ils nés dans les laves qui leur servent de base par le refroidissement, ou bien formés ailleurs, enveloppés dans la matière fluide, ou bien encore ont-ils existé dans la pâte elle-même avant qu'elle eût éprouvé l'action des feux souterrains. Chacune de ces trois opinions a eu ses partisans. En examinant les produits volcaniques, on voit clairement que les cristaux disséminés dans les différentes masses ont pris naissance dans la lave elle-même puisque souvent ils conservent dans leur intérieur des parties de la pâte qui leur sert de base. Il faut donc maintenant qu'ils aient existé avant la fluidité, car comment les parties similaires auraient-elles pu se réunir pour donner naissance à un corps régulier. La fluidité était trop pâteuse pour permettre ce rapprochement , d'ailleurs ce qui prouve encore cette opinion ce sont ces nombreuses matières de roches primitives que les volcans rejettent sans leur avoir fait éprouver aucune altération sensible quoique, très souvent, elles fussent d'une nature extrêmement fusible.

2ème Espèce.
Laves compactes à base de petrosilex.

S'il nous a paru singulier de voir les laves à base de trapp et de roche de corne reprendre la contexture, etc. dont jouissaient ces matières avant leur altération, il est bien plus étonnant encore qu'on y retrouve le petrosilex avec son grain fin et serré, son apparence silicée, sa cassure un peu conchoïde, sa fusion en un verre blanc et tous les caractères enfin qui le constituent. On connaît cependant des courants de lave très considérables qui ont eu pour base le petrosilex, surtout celui qui se rapproche de la nature des trapps. Mais presque toutes ces laves ont une apparence terreuse qui vient du relâchement dans leur contexture opéré par le feu. Leur couleur est très variable, on en connaît des noires, des grises, etc, mais toutes perdent leur couleur au feu, enfin il n'est pas rare d'en trouver de parfaitement blanches, ce qui doit paraître fort singulier à ceux qui veulent que la couleur noire soit inhérente aux produits volcaniques.

Ces laves sont communément moins homogènes que celles du genre précédent On les trouve souvent unies avec le feldspath qui est quelquefois tellement abondant qu'on ne distingue plus facilement la pâte. On y trouve encore le schorll vert, l'hornblende extrêmement noire, le mica y est plus commun, les grenats bleus y sont rares et paraissent plus souvent dans les laves à base de trapp et de roche de corne. Le quartz y existe encore mais en petits grains.

Ces laves, au reste, diffèrent entièrement de celles du genre précédent en ce qu'elles n'ont jamais d'action sur l'aiguille aimantée et qu'elles donnent un verre blanc au lieu d'un verre noir boursoufflé; elles semblent s'en rapprocher quelquefois lorsqu'elles donnent une légère odeur argileuse.

3ème Espèce.
Laves compactes à base de granites.

Ces sortes de laves sont celles dont on a le plus de peine à s'imaginer la fluidité, comment concevoir qu'une substance formée de grains ait pu couler sans que l'aggrégation n'ait été rompue, que les grains aient glissé les uns sur les autres et que la masse ait ensuite repris sa contexture et une dureté très considérable. Comment ces laves qui se boursoufflent extraordinaireaent au degré de feu capable de les vitrifier n'ont-elles pas épuisé cette faculté pendent qu'elles jouissaient de la fluidité.

Du reste elles ressemblent parfaitement aux granites primitifs et elles renferment les mêmes substances. On y voit le schorll, le mica, le quartz, etc. Leur dureté est un peu moins considérable puisqu'elles s'égrainent plus facilement.

4ème Espèce.
Laves compactes à base de grenats blancs.

Elles ont pour base le grenat blanc dont elles conservent la contexture, elles sont toujours associées avec quelques substances étrangères telles que le schorll, le mica, l'hornblende, etc.

Gisement des minéraux. N° 10.

2ème Genre.
Matières qui ont subi des changements dans leur constitution par l'action des feux souterrains.

Les bases des matières de ce genre sont absolument les mêmes que celles du premier, mais elles ont éprouvé des modifications différentes dont les caractères permanents leur sont restés. Les traces du feu s'y montrent avec des empreintes ostensibles et toutes ont éprouvé des modifications soit dans leur constitution ou leur aggrégation. On peut réduire à trois causes principales toutes celles qui ont contribué à faire éprouver aux roches primitives ce genre de modification:

De ces trois causes résultent trois effets principaux: le boursoufflement, la vitrification et la calcination. Nous établirons cependant ces genres parce que les effets se sont combinés de plusieurs manières différentes.

TABLEAU des matières etc. divisées en genres et espèces:
Boursoufflement Scorifications Vitrifications compactes Vitrifications boursoufflées Triturations Cristaux isolés de Agglutination Calcination
1° Laves boursoufflées cellulaires

2° Laves boursoufflées fibreuses.

1° Scories pesantes

2° Scories légères

3° Pouzzolane noire.

1° Laves vitreuses colorées

2° Laves vitreuses blanches

3° Laves résiniformes

4° Emaux

5° Verres colorés

6° Verres blancs.

1° Pierres ponces blanches

2° Pierres ponces colorées

3° Verre filandreux ou capillaire

4° Pouzzolane.

1° Sable volcanique

2° Cendre volcanique improprement dite

1° Feldspath

2° Schorll noir

3° Hornblende

4° Schorll vert

5° Grenats blancs

6° Grenats colorés

7° Hyacinthes

8° Saphirs

9° Crisolithes

10° Mica

11° Grains de mine de fer grise.

1° Fragments de laves

2° Scories

3° Pierre ponce

4° Sables et cendres

5° Vitrifications qui ont agglutiné des fragments de toutes sortes.

1° Laves calcinées

2° Scories non compactes

3° Pouzzolane rouge

4° Pierres de toutes sortes

5° Terres argileuses et calcaires

1er Genre.
Produits du simple boursoufflement.

Le premier effet des feux souterrains sur les roches est de les ramollir au point qu'elles puissent couler facilement; le second est de produire le dégagement des fluides élastiques. Un fluide élastique ne peut en aucune manière se dégager d'un corps solide tandis qu'il s'échappe tout entier avec facilité d'un corps fluide mais un corps pâteux qui est dans l'état intermédiaire le retient et fait effort jusqu'à ce qu'il y ait équilibre entre son élasticité et la résistance du corps. Si dans cet intervalle la masse vient à se solidifier on conçoit que la pâte ne pouvant plus se contracter, tout restera dans l'état présent et les masses resteront boursoufflées; cet effet est analogue à celui que nous observons journellement dans le pain et fromage.

Les laves peuvent se boursouffler sans éprouver aucun changement sensible dans leur nature, le caractère est toujours le même et les intervalles entre chaque boursoufflement présentant de vraies laves compactes douées de tous les caractères que nous leur avons assignés. Plusieurs ... donnent encore l'odeur argileuse de certaines roches de corne, odeur que la vitrification leur aurait infailliblement enlevée.

Le développement d'une très petite quantité de fluides élastiques dans les laves à l'état pâteux suffit pour opérer un boursoufflement considérable et quoiqu'elles ne paraissent pas différer des laves compactes il faut cependant qu'il y ait eu un commencement d'altération. Il n'y a que les laves voisines de la surface des courants qui soient boursoufflées et c'est moins par la pression que parce qu'elles ne participent pas à l'incandescence animée que par l'air que celles de l'intérieur ne subissent pas ce genre d'altération.

La plupart des minéralogistes confondent les laves boursoufflées avec les scories quoique la pesanteur spécifique des premières soit beaucouplus considérable.

Ils se sont trompés ceux qui ont cru avec Bergman que les laves n'étaient à cet état que parce qu'elles avaient un degré de chaleur suffisant pour en dégager tous les fluides élastiques, tandis que les laves boursoufflées et les scories devaient leur boursoufflement à ce qu'elles n'avaient pas joui d'un degré de feu aussi violent, mais ce qui prouve bien le contraire c'est qu'en exposant les laves compactes au feu elles deviennent poreuses et se changent en masses boursoufflées.

Le boursoufflement provient de différentes causes telles que la nature de la roche, sa fusibilité, son degré de fusion car si la chaleur est très vive elle ne produit que des scories et des ponces, au contraire si le feu n'est pas assez actif elles formeraient des laves compactes. L'état de l'atmosphère a aussi une grande influence sur le boursoufflement, car les laves qui sortent des cratères sont toujours très boursoufflées parce que les matières ont eu plus de temps à brûler à l'air libre, tandis que celles qui sortent des flancs des montagnes volcaniques sont au contraire peu boursoufflées et beaucoup plus compactes.

Lorsque les torrents de lave se refroidissent subitement en tombant dans les eaux de la mer elles se prennent en masses régulières qu'on nomme basaltes.

Quoiqu'il soit possible qu'une pierre formée par la voie humide soit poreuse par le dégagement d'un fluide élastique cependant cet accident est bien moins fréquent dans les roches primitives que dans celles traitées pas les feux souterrains. La porosité peut avoir des causes tout-à-fait différentes. La décomposition d'une pierre à l'air libre, par exemple, la rend poreuse, mais cet effet ne s'étend pas dans toute la masse, il n'a lieu qu'à la surface.

Quoique toutes les laves compactes donnent des laves boursoufflées, cependant nous réduirons ces dernières à deux espèces:1° laves boursoufflées cellulaires et 2° laves boursoufflées fibreuses.

1ère Espèce.
Laves boursoufflées cellulaires, c'est-à-dire celles qui sans autre obstacle que la pression ont acquis des cavités circulaires ou irrégulières à parois lisses.

Ces laves ont ordinairement pour base les roches argilo-ferrugineuses ainsi que le petrosilex qui approche du trapp et de la roche de corne, en général les cavités sont plus nombreuses vers le centre des masses, leur grain est plus fin que celui des laves compactes et leur action sur l'aiguille aimantée plus forte, leur couleur généralement plus sombre et plus foncée.

Les cavités sont ordinairement de la même grandeur dans la même masse. Leurs dimensions varient depuis 3 à 4 pouces jusqu'à l'extrême petitesse. Leur mélange peut aussi varier un peu: elles sont à peu près disséminées à égale distence. Ces cavités seraient toutes sphériques si les laves étaient stationnaires mais le mouvement leur fait prendre toutes sortes de formes; celles qui sont rondes surtout, sont souvent vernissées à l'intérieur d'une espèce d'enduit vitreux.

La porosité loin de nuire à la consistance des laves les rend plus propres aux usages des arts. On en fait d'excellentes meules en Italie, qu'on envoie en Angleterre, en Espagne, en Portugal, etc. Ces meules joignent à la dureté l'avantage de n'avoir pas besoin d'être repiquées. L'architecture en tire un heureux parti en les employant à la construction de voûtes qu'elles rendent plus légères sans nuire à leur solidité.

2ème Espèce.
Laves boursoufflées filandreuses, c'est-à-dire les laves qui jouissent d'une viscosité particulière n'ont opposé que cette seule résistance au dégagement des fluides élastiques, qui s'est fait dans une direction à peu très constante.

Ces sortes de laves sont formées de laves compactes à base de petrosilex, de feldspath et de roches granitiques; aussi ces laves se boursouffient-elles considérablement au chalumeau. La manière dont ce boursoufflement fibreux s'effectue, dépend du dégagement simultané du fluide élastique avec un commencement de vitrification qui allait changer la nature de la lave compacte. Cet effet dépend donc de la grande aptitude qu'ont les laves compactes au boursoufflement et à la vitrification. Les laves fibreuses bien caractérisées sont assez rares. On conçoit qu'il doit y avoir une foule d'intermédiaires entre les laves poreuses et fibreuses d'après la différence des bases d'abord, et ensuite d'après la combinaison plus ou moins simultanée du dégagement de fluides élastiques et du commencement de la vitrification.

2ème Genre.
Produits de la scorification compacte.

La scorification est une des principales opérations des volcans, ses principaux agents sont le soufre et le feu. Pour mieux en expliquer les effets nous donnerons un exemple tiré de ce qui a lieu dans les fourneaux de fusion, car les scories de ces fourneaux sont absolument semblables aux scories volcaniques. Cette ressemblance n'est parfaite que lorsque le feu et le soufre ont concouru simultanément à leur formation; ces scories beaucoup plus légères que les matières métalliques leur permettent de descendre dans la masse pour aller occuper le fond des creusets tandis que ces masses spongieuses en occupent la partie supérieure.

Les scories volcaniques sont moins pesantes que celles des fourneaux, etc., elles abondent lorsque les volcans ont principalement traité de la roche de corne et du trapp et lorsque ces matières contiennent moins de 0,15 de fer la scorification n'a pas lieu, elles se calcinent ou se vitrifient. C'est pour cette raison que le feu n'altère pas les cristaux que renferment le trapp et la roche de corne et cela est si vrai qu'on voit souvent des grenats blancs intacts dans l'intérieur desquels la roche de corne est scorifiée.

Le soufre paraît être un agent si nécessaire à la scorification qu'on ne peut imiter les scories volcaniques qu'en mêlant du soufre avec les roches primitives, autrement on ne peut en faire que du verre. Les scories et les laves poreuses qui sont les matières volcaniques qui portent l'empreinte la plus évidente du feu étaient, il n'y a pas encore très longtemps, les seuls produits volcaniques qu'on conservât dans les cabinets.

Toutes les scories se ressemblent quelque matière qui leur ait servi de base. On les a longtemps confondues avec les laves boursoufflées, mais outre que le degré de boursoufflement est bien plus considérable et que leur contexture et leur forme extérieure ne permettent pas de les confondre c'est qu'elles ne conservent pas comme les laves boursoufflées le grain et la cassure des roches auxquelles elles ont appartenu. Le plus souvent d'ailleurs ces dernières sont beaucoup plus pesantes quoique certaines scories le soient quelquefois autant. D'autres sont assez légères pour nager sur la surface des eaux. La Méditerranée en porte beaucoup autour des îles de Lipari, qui sont rejettées par le Stromboli. Enfin cette dilatation des scories a quelquefois presque rendu l'affinité presque nulle et contribué autant que la trituration à les réduire en poudre.

Les produits de la scorification compacte sont divisés en trois espèces :

1ère Espèce.
Scories pesantes.

Quoique cette division ne soit pas susceptible d'une grande précision, nous ne pouvons aieux faire que de la conserver; elle est fondée sur la proportion des scories comparées à celle de l'eau. Nous nommons scories pesantes celles dont la pesanteur spécifique excède 1500 et scories légères celles dont la pesanteur spécifique est moindre. La plupart des scories pesantes ont une ressemblance parfaite avec les scories des fourneaux de fonte de fer, qu'on nomme machefer. La couleur, la contexture, la forme sont à peu près les mêmes et il serait facile de les confondre si on ne retrouvait pas dans les scories des fourneaux des morceaux de charbon qui n'ont pas été consumés, tandis que dans celles des volcans on ne trouve que des cristaux de différentes substances encore intactes.

L'action de l'air paraît favoriser la formation des scories elles sont superposées aux laves boursoufflées et celles-ci aux laves compactes, en sorte qu'il y a une infinité de laves intermédiaires. Quelquefois les scories ont été enveloppées par la matière des laves compactes encore fluide et sont restées dans son intérieur ; c'est ainsi que les laves les plus compactes portent souvent des preuves indubitables de leur origine.

Les courants modernes sont plus abondamment pourvus de scories que les courants anciens. Les eaux ont altéré celles qui les recouvraient, les ont entraînées ou bien les ont empochés sous des dépôts de la voie humide : telles sont les pierres volcaniques qui en beaucoup d'endroits reposent sur des matières volcaniques. Quelques courants modernes ont acquis cette apparence d'antiquité par la main des hommes qui les ont dépouillés de leurs scories pour les approprier à leurs usages; elles présentent de nombreux avantages pour la construction en général à cause de leur légèreté qui est encore plus grande que celle des laves boursoufflées et de la facilité avec laquelle elles retiennent le mortier.

La couleur des scories est d'un noir très foncé; elles paraissent encore plus obscures par l'effet d'une fuliginosité qui les enduit et qui disparaît à la longue; elles contiennent des cristaux de différentes substances qui lorsqu'on les chauffe se fondent en verre loin de se scorifier. Souvent elles sont caverneuses et leur surfaoe est hérissée de ... ou couverte d'un enduit vitreux. Sur les grands courants de lave on voit souvent des plaques de scories qui ont jusqu'à 100 pieds de diamètre et qui flottent à la manière des glaçons sur les rivières; ce sont ces scories qui rendent si inégaux les courants de lave.

2ème espèce.
Scories légères.

Quoique les scories légères, qu'on peut nommer spongieuses de leur ressemblance avec les éponges, se trouvent au-dessus de tous les courants de lave cependant elles sont plus fréquentes sur ceux qui coulent des cratères. Elles doivent leur légèreté à la multitude de leurs pores qui ne sont séparés que par des cloisons très minces : on peut les comparer au sang de boeuf calciné.

Leur couleur ordinaire est noire, elles se trouvent en masses arrondies (C'est lorsqu'elles viennent des cratères) et le plus souvent irrégulières et bizarres, elles varient dans leurs dimensions depuis 20 à 25 pieds et plus de diamètre jusqu'à la grosseur d'un pois, celles de ce volcan sont appelées à Naples rapillo ou lappillo ; elles ressemblent singulièrement aux produits de la combustion de la houille.

Les scories légères constituent près des 9/10 des montagnes volcaniques qui ont été formées de roches argilo-ferrugineuses. Les petites montagnes coniques qui sont sur l'Ethna en sont entièrement formées; plusieurs montagnes des Cordillères en sont formées, on conçoit que quelque soit leur élévation elles doivent peu changer la masse du globe; on a même calculé que le Chimboraço était 12 fois moins dense que les matières qui composent la masse intérieure du globe. La grande porosité de ces scories fait que quelque temps avant les éruptions la fumée les traverse et s'élève en colonnes distinctes qui sont les avant-coureurs des explosions.

Le peu d'adhérence des scories fait qu'elles cèdent facilement à l'action des eaux qui les entraînent et y creusent de profonds ravins et que souvent même il ne reste plus que les laves compactes.

Les anciens ont fait un grand usage de cette espèce de scories dana leurs constructions; elles forment les voûtes dans presque tous les monuments que le temps et la barbarie nous ont laissés.

3ème Espèce.
Pouzzolanes noires.

Les pouzzolanes sont des substances dont il n'est pas facile de déterminer le caractère générique. On a compris sous cette dénomination toutes les matières volcaniques qui sont employees avec la chaux pour faire un excellent mortier. Ces matières sont de nature différente suivant les différents lieux où on les tire . Pour mériter le nom de pouzzolane il faut qu'une substance soit très poreuse. Dans les pays éloignés des lieux où on exploite les bonnes pouzzolanes, on emploie les cendres et sables volcaniques qui ont été apportés par les vents ; c'est ainsi que dans l'Apennin on préfère un sable volcanique noir mêlé de terre végétale au plus beau sable quartzeux. Dans les lieux où la pouzzolane est plus abondante, on apporte plus de soin à son exploitation ; on y fait des galeries. A Rome, à Naples ce qu'on appelle les Catacombes n'était primitivement que des galeries creusées pour l'extraction de la pouzzolane.

Quoiqu'en différents pays on ait donné le nom de pouzzolane à différentes substances, il est à remarquer cependant que toutes sont volcaniques ; il faut donc que les vagues volcaniques leur fassent subir une modification particulière qui les rend propres à s'unir avec la chaux et à former des masses solides, même sous les eaux, ce qui n'arriverait pas si, comme on l'a prétendu, leur propriété consistait dans la dessication de la chaux. Ce n'est pas non plus au fer que la pouzzolane doit la bonté du mortier qu'on en forme puisqu'elle n'en contient que très peu et souvent même pas du tout. Il est plus probable que cette bonté est due à la grande quantité de fluides élastiques que renferme la pouzzolane puisqu'elle se boursouffle considérablement au chalumeau et que l'union de ses fluides avec la chaux lui rend peu à peu sa solidité. Au reste cette cause est tout au moins incertaine et sa détermination exacte dépend de recherches qui n'ont pas encore été faites.

Les pouzzolanes récentes ne jouissent pas encore des propriétés qu'on attribue à cette substance, et ce n'est pas dans les produits des nouvelles éruptions qu'on va la chercher, il semble qu'elle est trop sèche, trop vitrifiée. Elles ont besoin d'une préparation nouvelle que leur font subir l'eau et l'atmosphère, qui consiste en un ramollissement qui les rapproche de l'état terreux. Aussi c'est dans les anciens ... volcaniques qu'on va chercher la bonne pouzzolane. Il ne faut pas pour cela que la décomposition soit poussée trop loin, car lorsqu'elle est trop terreuse elle perd toutes ses propriétés.

Les pouzzolanes offrent de nombreuses variétés qu'on peut réduire à 3 principales qui appartiennent à trois genres distincts:

Le nom de pouzzolane vient de celui de la ville de Piazzole où il est à croire qu'on a employé et extrait d'abord ces sortes de matières. Les Romains attachaient beaucoup l'importance à ce que leurs bâtiments fussent construits avec la pouzzolane. Vitruve en fait un grand éloge et dit même ju'il ne peut y avoir de bonne construction sans pouzzolane. Les Romains s'en sont servi pour les aqueducs, pour les réservoirs d'eau et généralement pour tous les ouvrages qui sont exposés à une humidité habituelle.

Nous avons en Auvergne et dans le Vivarais d'excellentes pouzzolanes qui pourraient remplacer avantageusement celles qu'on fait venir à grands frais de l'Italie.

La pouzzolane demande parties égales de chaux pour faire de bons mortiers, cependant on met deux parties de pouzzolane dans une de chaux pour faire le mortier qu'on emploie avec le plus de succès à la construction des terrasses.

Gisement des minéraux. N° 11.

3ème Genre.
Produits de la vitrification compacte, ou matières qui ont éprouvé un changement sensible dans leur constitution par les effets du feu.

Le feu en rendant les laves fluides ne fait que relâcher l'aggrégation des molécules, il est aidé par le soufre qui paraît jouir de la propriété de s'introduire dans les corps et lorsque celui-ci est dégagé la pierre reprend son aggrégation. Il n'en est pas de même dans les laves vitrifiées, il y a un changement sensible dans leur état, les molécules sont plus rapprochées, elles semblent être dissoutes les unes par les autres, enfin elles ont perdu tous leurs caractères pour en prendre de nouveaux qui constituent leur nouvelle manière d'être.

Les vitrifications sont extrêmement rares dans les volcans. Faujas a fait de grandes et inutiles recherches pour en trouver dans le Vivarais et le Velay. Dolomieu n'en a jamais trouvé à l'Etna parce que ce volcan n'a jamais traité de matières propres à subir ce genre de modification. En général la plupart des roches ne peuvent éprouver qu'une scorification à cause du fer qu'elles contiennent : telles sont toutes les roches de corne, le trapp, etc. A un feu considérable cependant on parvient à les réduire en verre et l'on a trouvé moyen de tirer parti de cette propriété pour en faire des bouteilles, mais il faut observer que ce n'est que par l'addition d'un alcali et que d'ailleurs le feu des volcans est bien inférieur à celui de nos fourneaux.

Les volcans au contraire qui ont traité du petrosilex et du feldspath ont souvent donné des verres compacts, une lave qui se vitrifie entraîne ordinairement à la fusion les pyroxènes qui s'y trouvent mélangés, mais jamais les cristaux de feldspath qui s'y trouvent également et qui sont beaucoup plus réfractaires.

La vitrification des laves qui peuvent subir ce genre d'altération est plus ou moins complète suivant l'activité du feu et de la nature de la roche qui sert de base ; il en résulte plusieurs caractères qui joints à la couleur constituent plusieurs espèces.

1èrs Espèce.
Laves vitreuses noires.

Ces laves sont ordinairement pesantes et compactes : leur couleur est due à une fuliginosité qui disparaît à un coup de feu peu considérable, qui suffit pour les faire entrer en fusion. Cette propriété nous fournit un moyen simple de distinguer les laves vitreuses naturelles d'avec celles qui ne le sont pas. Dolomieu n'a retrouvé qu'une seule espèce de lave vitreuse qui fit exception à cette règle, elle vient des environs de Padoue, elle est parsemée de points blancs qu'il est impossible de décolorer.

2ème Espèce
Laves vitreuses blanches

Elles ont les mêmes caractères que les laves vitreuses noires, elles semblent cependant être un peu plus pesantes, elles ont également pour base le petrosilex et le feldspath combinés avec une plus grande quantité de magnésie, elles se trouvent sur les laves granitiques filandreuses dans lesquelles abonde le feldspath. On les trouve dans les monts régaliens près de Padoue et c'est le seul endroit où on les ait ...

4ème Genre.
Produits de la vitrification boursoufflée.

Lorsqu'on soumet au feu les laves vitreuses compactes, il se dégage une grande quantité de fluides élastiques qui produisent dans la masse un boursoufflement considérable ; cette opération est parfaitement identique avec celle de la nature dans la production des pierres ponces. Ce sont les verres compacts qui, chauffés au point ou les gaz qu'ils renferment se dilatent et font effort pour se dégager, cèdent en partie à leurs efforts multipliés et se trouvent changés en masses boursoufflées à l'infini. Les pierres ponces sont les produits du dernier degré de chaleur qui puisse avoir lieu dans les volcans; elles sont aux verres compacts ce que les scories sont aux laves proprement dites ; aussi ne se rencontrent-elles que dans les volcans qui ont traité du feldspath et du petrosilex, tandis que ceux qui ont traité des roches argilo-ferrugineuses n'en donnent jamais.

Les pierres ponces ont le grain fin, rude et âpre au toucher, un tissu filandreux, les fibres en sont brillantes comme celles de la soie: on conçoit facilement qu'entre le point où le verre commence à se boursouffier et celui où après avoir subi tout le boursoufflement possible, il repasse à l'état de verre compact qui ne contient plus de fluides élastiques, il y a une infinité d'intermédiaires qui jouissent plus ou moins des caractères que nous venons d'assigner, à mesure qu'ils approchent davantage du milieu des deux limites.

La pierre ponce diffère essentiellement des scories par plusieurs caractères, mais surtout par la rudesse de son grain et son âpreté au toucher. La base des roches composées qui ont passé à l'état de pierre ponce , ne paraît pas avoir exigé une grande chaleur pour éprouver ce genre de modification, puisqu'on trouve souvent des cristaux de différentes substances, et surtout de feldspath, dans les produits de la vitrification boursoufflée. Le degré de chaleur qu'elles ont subi a été suffisant pour produire un ramollissement dans la masse et occasionner le boursoufflement par l'effort des fluides élastiques dégagés.

Les ponces sont colorées différemment les unes des autres. Elles sont brunes, jaunes, noires, blanches, etc. ; mais ce qu'il y a de particulier c'est qu'elles donnant toujours un verre blanc lorsqu'on les chauffe, quelle que soit d'ailleurs leur couleur.

2ème Espèce.
Pouzzolanes blanches.

Cette espèce de pouzzolane, qui est celle dont on fait le plus de cas, provient des détritus de pierres ponces ou de leur décomposition pour passer à l'état terreux ; elles jouissent éminemment des propriétés qui constituent les bonnes pouzzolanes. Il y a sur les bords du Rhin, aux montagnes d'Audernach, un tuf volcanique appelé Tross- qui est formé de détritus de pierres ponces. Les Allemands en font d'excellente pouzzolane après l'avoir réduit en petits fragments. Les Italiens appelent lapillo ou rapillo bianco les pierres ponces réduites naturellement en fragments. La couche de matières volcaniques qui est venu recouvrir anciennement la ville de Pompéi est entièrement formée de pouzzolane blanche.

4ème Epèce.
Verre filandreux capillaire.

Cette espèce de produits volcaniques est beeucoup plus rare que toutes les autres. On n'en connaît qu'à l'île Bourbon dont la surface fut toute couverte dans une éruption moderne du volcan qui y existe. Ce verre, qui a été bientôt détruit, était fin comme des cheveux et assez semblable à celui dont on fait les aigrettes. Sa couleur était brune ou noirâtre. Ce verre devient également blanc à un léger coup de feu.

5ème Genre
Produits de la trituration et de l'extrême boursoufflement.

Il est facile de concevoir comment les matières boursoufflées lancées avec violence par le dégagement des fluides élastiques et forcées de sortir par une ouverture étroite doivent se heurter les unes contre lee autres, se briser et enfin se réduire en poudre. Cependant c'est moins à cette trituration qu'à l'extrême boursoufflement, qui finit par anéantir l'aggrégation, que sont dues les matières terreuses produites par les volcans. On peut diviser en deux espèces les matières de ce genre : les sables et les cendres volcaniques improprement dites.

1ère Espèce.
Sables volcaniques.

Les sables volcaniques sont à grains plus ou moins gros. Ils couvrent souvent une immense étendue de terrain et s'accumulent à des hauteurs fort considérables. Nous en avons un exemple remarquable que nous fournit l'Ethna qui a couvert un espace de 50 lieues de périmètre d'une couche de sable de 12 pieds d'épaisseur. On trouve dans ces sables une multitude de cristaux de feldspath, de pyroxène, de schorll vert, en général de toutes les matières susceptibles de résister sans se fondre à la chaleur des volcans. On y trouve aussi de la mine de fer grise, quelquefois en assez grande quantité pour qu'on ait tenté une exploitation régulière de ces sables à Pouzzole. Mais le fer qu'on en retira ne valait rien. La côte de Gênes est couverte de sable formé on partie de grains de mine de fer grise et qui a une grande ressemblance avec celui de Pouzzole ; mais son origine est différente, il provient de la décomposition des steatites et serpentines qui le renfermaient.

2ème Espèce.
Cendres volcaniques improprement dites.

Le mom de cendre employé pour désigner l'espèce de produit volcanique dans laquelle la désorganisation des parties constituantes est la plus complète, est sans contredit très impropre puisqu'il désigne le résidu de la combustion du bois ; c'est sûrement la grande ressemblance qu'il y a entre elles qui les a fait nommer de la même manière. Ces cendres sont si fines, si légères que les vents les emportent à de grandes distances & qu'elles s'introduisent partout quelques précautions qu'on prenne pour les en empêcher ;il n'est pas rare de voir toute la surface de l'île de Malte couverte d'une couche de deux à trois pouces de cendres rejetées par l'Etna qui en est à plus de 30 lieues. Les vents même en ont transporté quelquefois jusqu'en Egypte. Les cendres volcaniques improprement dites ne sont pas seulement le produit de la trituration mais bien celui de la désorganisation complète opérée par l'extrême boursoufflement qu'ont éprouvé les roches qui leur servent de base. Leur couleur varie beaucoup quoiqu'elle se rapproche toujours de celle des cendres ordinaires.

6ème Genre.
Cristaux isolés rejetés par les volcans sans avoir éprouvé aucune altération.

Les sables et les cendres volcaniques rejetés par les volcans sont presque toujours accompagnés de cristaux de différentes substances qui retombent au milieu d'eux. C'est une chose bien remarquable et bien singulière que ces cristaux qui seraient promptement détruits à la moindre chaleur que nous puissions ..., conservent leur couleur, leur tissu, leur poli, leurs angles et leurs arêtes même à la chaleur des feux volcaniques. Il est hors de doute que ces cristaux n'ont été rejetés isolés que par la destruction de la roche qui leur servait de base et l'on voit fréquemment des scories où les cristaux encore intacts sont empâtés et n'attendaient pour être dégagés entièrement, qu'un degré de boursoufflement supérieur à celui qu'elles ont éprouvé. L'extrême boursoufflement produit donc deux effets remarquables savoir l'entière désorganisation de la base des roches et sa réduction en cendres volcaniques improprement dites et l'isolement des cristaux qu'elles renfermaient.

Les cristaux rejetés le plus ordinairement par les volcans sont ceux de

feldspath              mica                 grenats blancs
hornblende             crisolithe           grenats colorés
le schorll vert        hyacinthes           etc., etc.
le pyroxène            saphirs

Il est bon de remarquer en passant que les grenats blancs diffèrent tout-à-fait des grenats colorés. Les premiers sont beaucoup plus réfractairess, d'ailleurs aucun feu ne décolore le grenat coloré et il n'existe aucune trace de feu sur les grenats blancs:souvent même on trouve les grenats blancs empâtés dans la même roche avec le grenat coloré. Ainsi d'après ce que nous venons de dire et plusieurs autres caractères, il est bien démontré qu'on doit en faire deux espèces distinctes et ne pas regarder les uns comme une altération des autres.

7ème Genre.
Agglutination par la voie sèche.

Lea déjections voicaniquas peuvent s'agglutiner par la voie sèche ou par la voie humide comme nous le verrons bientôt. Dans le premier cas les matières s'agglutinent immédiatement les unes contre les autres ou bien sont recouvertes par un torrent de matière liquide qui en remplit les interstices de manière qu'il en résulte une masse solide après le refroidissement.

8ème Genre.
Produits de la calcination.

La calcination est une opération du feu qui prive les corps de leurs principes les plus volatils et qui agissant principalement sur le fer y determine la combinaison avec l'oxygène sans altérer la partie fixe des roches. La calcination s'opère plus particulièrement dans l'intérieur des cratères et à la surface des courants de lave. La présence du fer oxydé s'annonce par une couleur rouge plus ou moins foncée. Toutes les laves, les scories, mais surtout les pierres ponces, sont soumises aux effets de la calcination; mais c'est principalement lorsque les bases de ces déjections volcaniques sont le trapp ou la roche de corne que les effets en sont plus marqués et plus apparents; elles perdent promptement la propriété d'être attirables au barreau aimanté. L'altération qu'elle produit sur les laves à base de feldspath et de petrosilex est à peine sensible :elles deviennent seulement plus sèches mais comme elles ne contiennent pas de fer la couleur rouge ne s'y développe pas. Les eaux occasionnent une altération analogue à celle de la calcination; les laves qu'elles ont remaniées ont acquis une couleur plus ou moins rouge par l'oxydation du fer.

Une partie des pierres qui ont été rejetées par les volcans n'ont éprouvé d'autre effet sensible que celui de la calcination; quelquefois elles sont parfaitement intactes et n'ont pas même éprouvé ce genre d'altération.

La calcination n'a pas lieu seulement pour les matières rejetées par les volcans, mais bien encore pour celles qui, sans changer de place, ont éprouvé un certain degré de chaleur soit du foyer volcanique, soit des torrents embrasés qui sont venu les recouvrir. Parmi ces matières, celles sur lesquelles la chaleur a produit le plus d'altération, sont les terres argileuses. Elles acquièrent une dureté assez considérable par l'évaporation de l'humidité qu'elles retenaient, leur grain en devient plus rude et plus propre aux usages des arts. Les argiles ainsi calcinées peuvent s'employer comme tripoli.

9ème Genre.
Produits de la sublimation.

Une partie des matières volcaniques qui se sublimeraient seules aux degrés de chaleur que nous pouvons produire, ne se subliment dans les volcans que parce qu'elles sont enlevées par le soufre et le sel marin, deux substances très rolatiles. Parmi les matières volcaniques sublimées les unes s'élèvent en gaz élastiques, les autres retombent en poussière aussitôt qu'elles ont le contact de l'air froid, parce qu'alors elles perdent le calorique qui les tenait en dissolution. Nous diviserons en trois espèces les produits de la sublimation.

1ère Espèce.
Fluides aériformes élastiques subl.

C'est aux efforts des fluides élastiques dégagés que sont dues les violentes secousses et les détonations souterraines qui précèdent les éruptions volcaniques ; c'est à leur sortie rapide et à celle des matières qu'ils soulèvent et chassent devant eux ainsi qu'à l'inflammation subite des matières combustibles qu'est dû le fracas qui les accompagne. Ce sont les mêmes gaz qui, mêlés avec les vapeurs aqueuses et comprimées pendant longtemps, développent des forces prodigieuses, ébranlent les montagnes, entrouvrent leurs flancs qui vomissent aussitôt des torrents de matières brûlantes mêmes entraînées avec d'autant plus de violence par les gaz qui s'échappent, qu'ils ont été retenus pendant plus longtemps, etc.

Les fluides élastiques dégagés qui sont les plus abondants sont:

Le gaz acide sulfureux                       Le gaz azote
Le gaz muriatique                            Le gaz hydrogène
Le gaz acide nitrique                        Le gaz hydrogène sulfuré.
Le gaz acide carbonique 
Le gaz hydrogène est celui qui est dégagé en plus grande abondance et c'est à sa combustion rapide lorsqu'il commence à se mêler à l'air atmosphérique qu'on doit attribuer les terribles et fréquentes détonations qui accompagnent les éruptions volcaniques.

L'opinion de ceux qui admettent d'immenses magasins de matières combustibles au-dessus de la croûte du globe et qui servent à alimenter les volcans n'est pas soutenable ; c'est plutôt à l'action de l'eau sur les matières et à la réaction naturelle de tous leurs principes et par suite aux fluides dégagés, qu'on doit attribuer les convulsions violentes qui tourmentent le globe terrestre, depuis sa consolidation. Il est de fait cependant que les volcans subliment beaucoup de matières combustibles, mais principalement beaucoup de soufre. Il s'élève avec les fumées volcaniques et leur donne une couleur blanche, en sorte qu'elles ressemblent, pour ainsi dire, à des balles de coton. Les vapeurs sulfureuses colorent l'intérieur des cratères et le soufre s'y dépose en nature, il s'introduit dans les cavités des laves et des scories et s'y accumule au point que ces laves et ces scories deviennent exploitables. Enfin le soufre reste le seul agent auquel on puisse attribuer la fluidité des laves.

Les volcans subliment encore des huiles du genre du pétrole, qui viennent se condenser et s'attacher à la surface des scories et tapisser l'intérieur des cratères, l'odeur fétide qu'elles répandent se dissipe promptement après les éruptions.

2ème Espèce.
Matières solides sublimées.

Outre les matières solides qui se subliment aux courants de lave pendant leur marche, il se sublime encore directement différents sels qui viennent se rassembler dans les fentes et les cavités des laves, mais surtout à la surface des courants. On y trouve des muriates de cuivre, de fer, de soude, d'ammoniaque et des sulfates de fer, de cuivre, d'alumine, de soude, etc. Enfin, à son grand étonnement, Mr Dolomieu y a trouvé du carbonate de soude parfaitement pur ; ce fait est remarquable en ce qu'il n'est pas possible de concevoir comment la soude aura pu échapper à l'action des vapeurs acides et surtout à celles de l'acide sulfureux. Ces différents sels sont quelquefois en si grande abondance qu'ils font l'objet de plusieurs exploitations, témoin le muriate ammoniacal qui se rencontre en grandes quantités dans les scories et que les paysans de la Sicile ont grand soin de recueillir peu de temps après le refroidissement des détections volcaniques.

3ème Espèce.
Matières métalliques sublimées.

C'est par le moyen du soufre et du sel narin que la sublimation des matières métalliques a eu lieu, car la plupart d'entre elles ne sont pas de nature à se volatiliser sans le secours de la chaleur des volcans. Les métaux qu'on a trouvé jusqu'à présent sont: l'arsenic, l'antimoine, le mercure sulfuré ou coulant, le fer et le cuivre. Une partie du fer sublimé a cristallisé régulièrement dans l'intérieur des fentes où il s'est condensé ; il porte le nom de fer spéculaire. On en trouve au Stromboli, à l'Etna et surtout au Mont d'Or, en France. L'art est parvenu à l'imiter assez complètement par le moyen d'un mélange de limaille de fer et de muriate d'ammoniaque.

Appendice à la 3ème et 4ème classes.
Matières qui ont éprouvé des modifications extérieures dans leur forme par le refroidissement.

Le feu dilate tous les corps soumis à son action ; le refroidissement les condense et cela avec d'autant plus de force que le feu a joui d'une plus grande activité. Il est évident qu'une masse qui adhère au sol ne saurait se contracter sans se fendre; c'est ce qui a lieu pour les laves qui, après avoir joui de la fluidité se sont refroidies et se sont divisées en prismes irréguliers. On conçoit facilement que plus le refroidissement a été prompt, plus la division a dû être régulière et vice versa. Les circonstances les plus favorables au prompt refroidissement sont celles où le torrent de matières embrasées a coulé dans l'eau ou dans des fentes, ainsi que l'observation le confirme.

Le refroidissement et le dessèchement ont les mêmes effets et, d'après celà, il ne faut pas regarder un amas de colonnes prismatiques comme une preuve du feu :nous remarquerons seulement que cette modification de forme est plus commune dans l'empire du feu.

Les laves de tous les genres et de toutes les espèces sont susceptibles d'affecter une configuration régulière par le refroidissement, mais c'est principalement à celles du 1er genre, qui ont pour base les roches argileuses et ferrugineuses, qu'appartient ce genre de modification. Les laves boueuses en sont également susceptibles.

On a donné le nom de basalte aux prismes noirs volcaniques ainsi qu'à des masses non volcaniques qui affectent une division semblable:tels sont les basaltes d'Egypte. Les basaltes ont les mêmes roches pour base avec cette exception que les uns ont été remaniés par les volcans, tandis que les autres n'ont éprouvé aucun changement depuis leur formation.

La division des courants de lave en couches minces ou en tables est l'effet d'un refroidissement prompt à la surface.

L'Allemagne et l'Angleterre sont divisées d'opinion sur l'origine des prismes basaltiques. Les savants allemands, à la tête desquels est Werner, en attribuent la formation à la voie humide, et les autres à la voie sèche. Les premiers ont pris le nom de neptuniens, tandis que les seconds ont pris celui de Vulcaniens. Tous ont excessivement raison dans leur manière de voir, puisque la nature a employé l'un ou l'autre moyen pour produire le même effet. Toutes les fois qu'un courant de laves, surtout de celles à base de roches argilo-ferrugineuses, vient à tomber dans les eaux de la mer, le refroidissement subit qu'il éprouve fait contracter la masse qui se trouve partagée en prismes d'autant plus petits que la masse d'eau est plus considérable. L'Etnna fournit fréquemment l'occasion de répéter cette observation. Une des particularités de ce volcan c'est qu'on y trouve une grande quantité de beaux prismes basaltiques, à la hauteur de 1500 toises au-dessus du niveau de la mer. Ce fait intéressant a fait croire à Mr Spallanzani, et à tous ceux qui ont eu lieu de l'observer, que ces basaltes n'étaient pas le produit du refroidissement subit. Mr Dolomieu croit que leur forme actuelle est due aux mêmes causes que celle de tous les basaltes volcaniques et son opinion est bien fondée puisqu'il a trouvé des coquilles à une hauteur plus considérable encore sur le même volcan. Cette observation en même temps qu'elle démontre la formation de ces prismes de basalte, prouve encore que les volcans existaient longtemps avant la formation des terrains de transport et que leur foyer ne peut résider conséquemment que dans les terrains primitifs.

Le dessèchement, comme nous l'avons dit, peut produite le même effet que le refroidissement. En effet, dans les étés très chauds et très longs, les terres argileuses se dessèchent, se contractent et se fendillent de manière à former des masses colonnaires prismatiques plus ou moins régulières. Cet effet du dessèchement est plus sensible sur les matières argileuses, mais il n'est pas rare de faire la même observation sur d'autres substances: tel est le gypse de Montmartre, qui est partagé en grandes colonnes prismatiques.

Obs. Le nom de basalte est un de ceux qui ont entraîné le plus de confusion en lithologie. Pline appelle basalte une pierre noire qui a la solidité et la dureté du fer et que les Romains faisaient venir d'Egypte. Les Italiens qui ont trouvé parmi les produits volcaniques des pierres aussi dures et d'une couleur aussi foncée que celles d'Egypte, les ont employées à restaurer les monuments antiques et les ont désignées indifféremment sous le même nom de basaltes qui est passé ensuite dans les différents pays de l'Europe et a été reçu par les savants qui l'ont appliqué aux produits volcaniques comme à ceux qui ne l'étaient pas, parce que chacun d'eux regarde les basaltes comme une espèce unique quelle que soit d'ailleurs son opinion sur la manière dont ils se sont formés. Les Allemands, qui n'ont point de volcans chez eux et qui ont cependant un grand nombre de pierres prismatiques qu'ils se contentent d'observer, ont conclu que tous les basaltes étaient le produit des eaux et que les Italiens, qui sont tous Vulcanistes, se trompaient en les regardant comme formés par le feu;il ajoute que si quelques-uns des produits volcaniques ont éprouvé ce genre de retrait régulier c'est qu'ils ont été remaniés par les eaux depuis leur détection. On juge d'après ce que nous avons exposé que les deux opinions sont également fondées lorsqu'on ne considère qu'une partie des roches basaltiques. Quant à nous nous dirons que le feu et les eaux peuvent produire les mêmes effets et que la nature s'est tantôt servi de l'un et tantôt de l'autre pour arriver au même but.

La division des colonnes basaltiques est tantôt horizontale, tantôt et plus souvent verticale. Leur hauteur va quelquefois jusqu'à 60 pieds sur un diamètre de 6 pieds. La forme de ces colonnes est sujette à beaucoup de modifications différentes, quelques-unes sont articulées dans leur longueur , c'est-à-dire composées de tronçons qui, ayant une extrémité concave et l'autre convexe, s'emboîtent les uns dans les autres. Elles varient encore dans leur position les unes à l'égard des autres et donnent naissance à des singularités par leur arrangement bizarre. Les unes forcent la quille d'un vaisseau, d'autres divergent d'un centre commun à la circonférence, d'autres fois ce sont des sphéroïdes de 100 pieds de diamètre qui se divisent en masses prismatiques plus ou moins considérables.

1ère Espèce.
Laves de forme régulière.

Les laves qui ont affecté un retrait par le refroidissement subit sont ou prismatiques, ou en tables ou en masses globuleuses. Les dernières sont l'objet d'une grande discussion qui devient d'autant plus intéressante qu'elles sont extrêmement communes dans les pays volcaniques. Quelques-uns attribuent leur formation à la décomposition spontanée, d'autres, au ballottement qu'elles ont éprouvé de la part des eaux qui sont venues battre avec violence contre les montagnes; il en est enfin qui croient que cette forme est due à l'action des matières les unes sur les autres lorsque, forcées de sortir par une ouverture étroite, elles se sont heurtées les unes contre les autres et ont acquis cette forme globuleuse. De ces trois opinions, la première est la plus probable. La décomposition est un effet constant qui agit sans cesse sur tous les corps de la nature et les modifie sensiblement. Une preuve de cela c'est la foliation de ces globules dont il est aisé de détacher des calottes sphériques.

2ème Espèce.
Produits de la vitrification qui affectent une forme régulière.

Les laves vitreuses qui ont coulé dans des fentes où elles ont éprouvé un prompt refroidissement, affectent aussi un retrait régulier ; elles sont ordinairement sous forme de petites colonnes prismatiques qui se groupent de différentes aanières. Dans le cratère du Vésuve, il y en a d'amoncelées dans une meme direction constante et si régulière qu'on serait tenté d'en attribuer la construction aux Romains, tant elles ressemblent cette espèce de maçonnerie nommuée ... Faujas a fait la même observation aux Iles Hébrides.

Gisement des minéraux. N° 12.

3ème Espèce.
Nous rangeons ici toutes les substances qui appartiennent directement aux feux souterrains et qui ont éprouvé des modifications de forme plus ou moins bizarres souvent dues aux circonstances dans lesquelles elles se sont trouvées.

2ème classe
Matières rejetées par les volcans, sans avoir éprouvé aucune altération.

Ces matières n'appartiennent aux volcans que parce que ce sont eux qui les ont arrachées du sein de la terre pour les rejeter et les transmettre à nos observations. Ces matières sont intéressantes en ce qu'elles nous apprennent quelles sont les substances qui reposent sous la croûte du globe, et comme les excavations volcaniques sont bien plus considérables que celles des hommes, elles nous fournissent des données sur la constitution intérieure de la terre et de nouveaux faits qui viennent à l'appui du système de sa formation. Il ne paraîtra pas étonnant que les volcans puissent rejeter des matières parfaitement intactes, si on se rappelle que c'est principalement aux fluides élastiques qu'on doit en attribuer les effets.

1er Genre.
Matières intactes renfermées naturellement ou accidentellement dans les laves.

Parmi les matières renfermées dans les laves les unes y sont naturellement, les autres accidentellement. Elles se sont trouvées sur le passage d'un courant de matières fluides qui les a enveloppées et entraînées. Souvent cette opération s'est exécutée dans le volcan même, en sorte que ces matières beaucoup plus solides ont été lancées en l'air où la croûte fluide s'est arrondie et a conservé sa forme en se refroidissant. Ces espèces de bombes sont très communes parmi les produits volcaniques.

Les matières que les laves renferment sont parfaitement intactes et bien conservées; on y trouve des grouupes ou nœuds de quartz, de feldspath, de hornblende, de schorll vert, de plombagine comme à Santa Fiora; des nœuds de criaslithe de deux pieds d'épaisseur, des blocs de roche magnésienne, argileuse et même de roche calcaire qui est seulement privée de son eau de cristallisation, ce qui est encore une preuve du peu de chaleur que les laves ont éprouvé.

2ème Genre.
Matières intactes répétées isolément.

Les matières de ce genre ne différent en aucune manière des substances naturelles auxquelles elles appartiennent. On y trouve non seulement le schorll et le grenat, mais encore le carbonate calcaire et transparent et, ce qui est plus étonnant , le spath fluor qui n'a rien perdu de sa propriété de décrépiter, ni de sa couleur bleue que la moindre chaleur fait disparaître facilement. C'est bien là une preuve que ces matières n'ont subi aucune altération.

On trouverait sans doute parmi les produits volcaniques de ce genre toutes les substances qui appartiennent aux terrains primitifs et cela n'est pas étonnant si on considère que ce n'est guère que dans les premiers temps des éruptions d'un volcan que les matières intactes sont répétées. Elles proviennent de la croûte qui recouvrait le foyer volcanique que les fluides élastique ont soulevée pour s'échapper. Aussi la déjection de ces matières intactes n'a-t-elle plus lieu que très rarement dans les éruptions subséquentes. C'est ce qui a lieu au Vésuve qui est un des volcans qui ait rejeté le plus de substances différentes où les productions nouvelles sont extrêmement rares. Le marbre, la steatite, les roches argileuses magnésiennes et micacées, le petrosilex, le trapp, l'hornblende, le schorll vert, les grenats ferrugineux, les grenats blancs, etc., etc., le spath pesant, le spath fluor, le spath calcaire, la topaze, l'hyacinthe brune, etc., sont les substances les plus communes et les plus abondantes parmi les déjections volcaniques qui n'ont subi aucune altération.

3ème Genre.
Laves boueuses compactes ou agglutination par la voie humide.

C'est encore un des phénomènes singuliers parmi ceux que nous offrent les volcans que celui d'une éruption dans laquelle les flancs de la montagne vomissent en même temps ou successivement des torrents de feu et des torrents d'eau et boue. L'explication d'un phénomène aussi singulier est assurément très difficile. Il est impossible d'admettre pour celà, comme quelques-uns l'ont prétendu, une communication immédiate avec les eaux de la mer puisque leur accumulation détruirait promptement le moyen de fermentation. Une observation assez juste pout jeter un grand jour sur cette difficulté. L'Hécla, l'Etna et le Vésuve nous offrent plusieurs exemples d'éruptions boueuses, témoin celle qui a recouvert la ville de Pompéi, et qui s'est consolidée par dessus, et on a remarqué qu'elles proviennent toutes de cratères anciens occupés en partie par des lacs agités par des bouillonnements continuels qui les font quelquefois déborder et leur font entraîner la vase qui s'est accumulée au fond de leur lit ... fait mention du lac d'Albano qui inondait les campagnes du côté de Marino, versait des torrents de boue qui, consolidée, a produit cette matière appelée peperino. Ce phénomène est analogue à celui qu'on observe en Toscane à ... où l'on voit des petits lacs de 200 toises de diamètre qui bouillonnent continuellement et dont les eaux chargées de vase par cete agitation continuelle, rejettent sur leurs bords des matières semblable au peperino.

Le peperino a beaucoup de ressemblance avec les tufs qui en diffèrent cependant par leur formation qui est due à des scories et aux autres matières, réduites en poudre et rejetées par les volcans, qui sont venu tomber dans un fluide qui les a empâtées et que le dessèchement a ensuite consolidées après leur agglutination. Ce qui prouve évidemment cette opinion, c'est que les petits fragments se sont déposés en suivant l'ordre des pesanteurs spécifiques. On y retrouve des débris de scories de laves et de tous les autres produits volcaniques. Ce genre de tuf se trouve auprès de Rome au Monté verdé où il est facile d'observer les gradations dans la finesse du grain. Les tufs résistent mieux aux intempéries de l'air que le peperino parce que l'argile qui forme un ... principes constituants a perdu la faculté d'absorber l'humidité et par conséquent celle de se décomposer. On emploie les tufs à l'extérieur et le peperino sert pour l'intérieur. Comme il se taille facilement, les anciens en faisaient toutes sortes d'ornements qu'ils enduisaient de mastic pour les revêtir ensuite de plaques de marbres précieux. Les modernes imitent encore les anciens et font encore un grand usage du peperino. Cette substance fait le fond des belles mosaïques de Saint-Pierre à Rome et de presque toutes celles qui nous viennent d'Italie. Nous distinguerons deux espèces de tuf:

Enfin dans les éclatements de la voie humide, il n'est pas rare de voir des laves agglutinées par la matière calcaire et vice versa, on connaît des lumachelles aux monts régaliens auxquelles des laves ont servi de case.

Il est encore arrivé souvent que les cendres volcaniques se sont réagglutinées par la voie humide. On trouve dans ces réagglutinations des empreintes de corps marins, de roseaux, de feuilles etc. Dans quelques-unes on a observé la gradation des effets de la décomposition qui oxyde le fer à partir de la surface jusqu'au centre.

Le tripoli est l'espèce qui mérite le plus notre attention. Il doit sa faculté de donner un beau poli à sa nature, car on sait qu'il est formé par la réagglutination des détritus de pierres ponces que l'extrême boursoufflement avait entièrement désorganisée. Les carrières principales de cette matière sont en Italie, à Rome et à Pompéi; nous devons à Mr Besson la découverte d'une carrière de tripoli à Menat en Auvergne; sa qualité est égale à celle du tripoli qu'on tire de l'étranger. La combustion des mines de houille donne naissance à une espèce de tripoli, mais la meilleur est toujours celui qui provient de la pierre ponce.

Les matières dont nous venons de parler appartiennent aux volcans en ce que c'est à eux que nous devons le déplacement de celles qui n'ont subi aucune altération, ainsi que celui des matières qui, altérées d'abord, ont été ensuite remaniées et réagglutinées par la voie humide.

... classe.
Matières altérées ou modifiées par les vapeurs acido-sulfureuses des volcans.

Mr Hamilton est le premier qui ait observé que les vapeurs acido-sulfureuses qui s'élèvent des volcans, surtout de la Solfatare, agissaient singulièrement sur les laves. Celles dont la couleur noire est la plus foncée, la perdent bientôt pour devenir blanches. Il crut voir dans cette altération une véritable transmutation de la terre argileuse en terre siliceuse. Ferber et plusieurs autres naturalistes ont eu la même opinion avec aussi peu de fondement comme on va le voir. Mr Dolomieu a vu ce qui leur a fait illusion. Ils ont pris pour une transmutation, une véritable analyse faite par la nature qui désagrège les laves et les décolore. Il a soutenu et prouvé que la quantité d'argile diminuait loin d'augmenter, comme cela aurait dû arriver. Les vapeurs acido-sulfureuses, en attaquant les laves, se combinent avec l'argile qui passe bientôt à l'état d'alun et que les eaux enlèvent dans cet état. Il a prouvé par l'analyse que les masses qui contenaient 40/100 d'alumine avant la décomposition, n'en contenaient plus dix parties, et souvent même plus du tout lorsqu'elle avait exercé toute son action. Les résidus de cette décomposition sont des masses légères et très spongieuses qui ne contiennent plus que de la silice, et qui finissent par se réduire en poudre. Parmi les volcans, ceux qui semblent éteints depuis longtemps sont ceux qui dégagent le plus de gaz acido-sulfureux.

M. Chaptal a tiré un parti très heureux de la propriété qu'a l'acide sulfureux d'attaquer plus facilement l'argile calcinée lorsqu'elle est en vapeur que lorsqu'elle est en dissolution.

L'action des gaz sur les laves qu'ils altèrent et qu'ils décomposent est de les décolorer en leur transmettant une couleur blanche ou jaune très foncée au point que les cratères qui sont plus particulierement exposés à leur action semblent entièrement couverts de soufre en nature.

Si les gaz agissent sur les matières compactes, à plus forte raison doivent-elles altérer les laves poreuses. Il leur est bien plus aisé d'enlever la partie argileuse et de ne laisser que la silice.

Au reste les matières volcaniques ne sont pas les seules qui puissent subir des altérations très sensibles de la part des vapeurs acido-sulfureuses, toutes les autres substances sont susceptibles d'en éprouver de semblables. Mr Dolomieu a soumis à l'action des vapeurs sulfureuses, toutes sortes de pierres différentes et il a reconnu qu'excepté le quartz, toutes les autres étaient décomposées. Un fait assez intéressant, c'est qu'ayant exposé une lithomarge, toute la partie calcaire s'est convertie en gypse tandis que l'argile a formé de l'alun.

D'après cela il est aisé de concevoir que toutes les matières exposées à l'action des vapeurs acido-sulfureuses doivent former des sulfates de magnésie, d'alumine, de chaux et de fer qui sont entraînés par les eaux et déposés au loin; aussi trouve-t-on beaucoup de dépôts d'argile blanche et d'oxyde de fer dans le voisinage des volcans. Les molécules quartzeuses réduites au volume élémentaire sont remaniées par les eaux qui vont les déposer dans des cavités où elles se réagglutinent et donnent naissance aux concrétions quartzeuses et calcedonieuses qu'on y trouve fréquemment. Les cristaux de quartz et ces stalactites de calcédoine ont fait soupçonner à plusieurs que la silice avait été dissoute par ..., mais non-seulement le quartz n'a pas été dissout puisqu'alors il aurait pu être entraîné, mais encore c'est qu'il n'est pas besoin même de supposer la dissolution, puisqu'il faut supposer que la dissolution cesse d'avoir lieu pour que la matière cristallise, puisqu'il suffit que la décomposition ait réduit les molécules à leur volume élémentaire et qu'un véhicule quelconque les ait mis dans la sphère d'attraction les unes des autres.

Les mines d'alun des pays volcaniques appartiennent à la décomposition des laves par l'acide sulfureux. La mine exploité de la Solfatare appartient à ce genre.

Un phénomène plus singulier encore que celui de la décomposition par les vapeurs acido-sulfureuses, c'est celui que nous offre le gaz hydrogène sulfuré, qui abandonnant le soufre qu'il tenait en dissolution celui-ci se dépose, se combine avec la terre argileuse de manière à former un véritable sulfure d'alumine qui, rassemblé dans des fentes, forme d'excellentes mines d'alun, qui donnent souvent 60 pour %. L'union du soufre et de la terre alumineuse et si intime qu'on ne peut y découvrir la présence du premier par aucun alcali est que la calcination doit-être répétée plusieurs fois. Les procédés qu'on emploie pour exploiter cette singulière mine consiste à calciner les terres et à les arroser, ensuite et à raproche enfin la dissolution par l'évaporation pour faire cristalliser l'alun. Lorsque c'est le fer qui a été rencontré par le soufre rassemblé par les eaux, ils se sont combinés et ont donné naissance à des pyrites qui se décomposent facilement et fournissent le sulfate de fer en abondance à des exploitations régulières.

4ème classe.
Modifications que les matières volcaniques ont éprouvé de la part de l'atmosphère.

Les matières volcaniques s'altèrent à l'air libre en vertu de cette loi générale de la nature qui semble avoir condamné tous les corps à subir une destruction plus ou moins lente qui finit par les anéantir tout-à-fait. La nature emploie deux espèces de décomposition pour parvenir à son but; l'un est interne et l'autre externe ; ces deux effets se combinent différemment et produisent les mêmes effets résultats. C'est principalement à la surface de la terre que la décomposition peut avoir lieu et occasionner tous les changements qui en font un des phénomènes lea plus intéressants du règne minéral. C'est à la décomposition que sont dues les cristallisations et les concrétions, etc.etc. Elle étend ses effets à des profondeurs assez considérables, puisque les roches mêmes primitives sont à l'état de décomposition jusqu'à 30 pieds de profondeur, et cela est d'autant moins étonnant qu'elles sont composées de parties hétérogènes qui éprouvent inégalement les effets de la contraction et de la dilatation. Nous diviserons cette classe en deux genres. Le premier comprendra les matières volcaniques altérées par les intempéries de l'atmosphère, et le second les produits récents qui sont résultés de ces altérations.

1er Genre.
Matières volcaniques altérées, etc. etc.
Les substances volcaniques ne sont pas plus exemptes de la décomposition que les roches les plus dures; elles sont d'autant plus soumises à ses effets qu'elles contiennent plus d'argile et de fer. On juge facilement qu'il n'est guère possible de calculer l'âge des volcans et celui des laves par leur état d'altération présent. Mille données font varier la solution de ce problème. En effet le tissu de matière pouvait être primitivement plus ou moins lâche, leur exposition aux alternatives de l'humidité et de la sécheresse du froid ou de la chaleur plus ou moins favorable, etc, etc. MM. Hamilton, ... ont voulu calculer l'ancienneté de l'Etna par l'état actuel de la décomposition de ses laves. Ils ont supposé des milliers de siècles à des laves parce qu'elles étaient recouvertes de 3 à 4 pieds de terre végétale. Mr Dolomieu a reconnu qu'on ne pouvait, sans une erreur manifeste, calculer sur de telles bases, car il a vu des laves de plus de deux mille ans qui étaient encore parfaitement intactes et sans aucune altération sensible, tandis que des laves de deux à trois cents ans étaient recouvertes de la plus belle végétation. Souvent même on a pris pour résultat de la décomposition des cendres volcaniques qui n'ont pas besoin d'un long intervalle de temps pour devenir propres à la culture. Nous ajouterons ici qu'un naturaliste éclairé, Mr Spallanzani, qui a été à portée de vérifier les observations de Mr Dolomieu, est parfaitement de son avis.

1ère Espèce.
Laves et Matières compactes altérées, etc .

Les progrès de la décomposition spontanée sont plus lents et les effets plus marqués sur les laves à base de roche de corne et de trapp. Elles perdent leur couleur foncée pour devenir rouges ; elles perdent en même temps leur propriété d'attirer le barreau aimanté, effet qui est du à l'oxydation du fer qu'elles renferment. Les laves à base de petrosilex prennent une couleur grise, un aspect terreux, et cet effet devient souvent tel dans quelques-unes, qu'on les prendrait pour de véritables argiles différemment colorées.

Lorsque les laves contiennent des matières hétérogènes, elles cèdent plus facilement à l'action de désorganisation, tandis que ces matières restent par blocs inaltérés. L'effet de la décomposition spontanée est si général et si constant qu'il faut sans cesse y avoir égard dans les montagnes et que sans cette attention, on est exposé à commettre de fréquentes et de grossières erreurs ; en effet la décomposition gagne le centre des blocs et quelquefois celui des montagnes de la même manière qu'elle attaque leur superficie et souvent on est obligé de faire des fouilles pour ne pas prendre l'état altéré des roches à la surface, pour l'état naturel qu'elles conservent au centre.

Souvent les blocs de laves perdent leurs angles et s'arrondissent jusqu'à venir à peu près globuleux, alors la décomposition agissant également, elles s'enfolient et laissent enlever facilement des calottes sphériques.

Nous remarquerons ici en passant qu'aucun terrain n'est plus fertile que ceux qui ont pour base des produits volcaniques. Nulle part la végétation n'est plus belle, ni les produits de la terre meilleurs et plus abondants .

2ème Espèce.

Scories et matières poreuses altérées par l'effet de la décomposition spontanée.

Le porosité et l'augmentation de surface concourent principalement à rendre l'action de la décomposition plus rapide sur les scories et matières poreuses que sur tout autre roche. Aussi presque tous les terrains volcaniques en végétation sont-ils dus au résidu de leur altération :tels sont ceux qui environnent et couvrent l'Etna en partie, ceux qui couvrent les montagnes de l'Auvergne et la Limagne . La végétation y devient même d'autant plus apparente que le vert des plantes y jouit d'une intensité surprenante .

Les eaux entraînent principalement les parties argileuses des matières volcaniques décomposées et vont les rassembler dans des cavités. Presque toutes les terres colorées employées par les peintres appartiennent à cette espèce de modification. L'altération des laves à base de petrosilex donne naissance à des dépôts d'une argile entièrement pure, comme celle de Santa-Fiora, qu'on emploie à faire de porcelaine. Les eaux enlèvent encore des parties ferrugineuses qu'elles déposent ensuite et qui forment de véritables mines de fer limoneuses .

2ème Genre.
Matières déposées par l'infiltration dans les fentes et les cavités des laves.

L'eau s'infiltre dans les roches les plus dures et entraîne avec elle, en les traversant, les matières qui ont peu d'adhérence. Ces matières ainsi suspendues et réduites à leur volume élémentaire ayant d'ailleurs peu d'attraction pour le fluide se déposent dans les cavités où elles ont été transportées et cristallisent même lorsqu'elles jouissent des circonstances nécessaires. Les laves qui sont remplies de cavités sont extrêmement propres à recevoir les dépôts de l'infiltration. Cest surtout dans celles qui sont recouvertes de matières différentes qu'on trouve les plus belles et les plus nombreuses cristallisations. Les produits de l'infiltration se rencontrent dans tous les volcans. Parmi ceux qui sont les plus communs nous distinguerons le spath calcaire (celui qui est cristallisé en rhomboïde dont les angles diffèrent peu de ceux du cube se trouve danc les laves du Vicentin), le spath pesant, le spath fluor, la zéolithe compacte, la zéolithe lamelleuse, le feldspath, la tourmaline, l'hornblende, la steatite, l'asbeste, le quartz, la calcédoine, l'agate, le jaspe, différentes pierres rétiniformes, la terre verte dite de Vérone, le bleu de Prusse, le sulfure de fer, la mine de fer grise, des oxydes de cuivre et des indices de plusieurs autres métaux. On pourrait citer une foule d'autres substances dont la forme et la nature sont inconnues à cause de leur petit volume. Les zéolithes ont des couleurs différentes :rouge du Tyrol, jaune de Schaffouse , blanches, nacrées lamelleuses, etc .

Obs. Parmi les substances nommées zéolithes, quelques-unes se trouvent également dans les produits volcaniques comme dans ceux qui ne le sont pas, mais les autres semblent appartenir exclusivement aux premiers :telles sont les espèces nommées zéolithes de cronsted et zéolithe cubique.

Presque toutes les agates d'Allemagne viennent d'Oberstein, où on les extrait des cavités des laves. Lorsque l'infiltration a cessé avant que la cavité soit entièrement remplie il est résulté des ... dont quelques-unes contiennent des gouttes d'eau. Ces dernières se trouvent principalement dans le Vicentin; on leur a donné le nom d'enhydres.

Les pierres rétiniformes qu'on appelle pechstein viennent en grande partie de la Saxe.

La terre verte se trouve dans le Tyrol en gros rognons dans des laves.

Le bleu de Prusse se trouve sur une steatite d'un assez gros volume et qui ressemble fort à la pierre de lard.

5ème classe.
Substances qui sans avoir relation immédiate avec l'inflammation souterraine peuvent servir à indiquer l'âge et le rôle que chaque volcan jour dans les révolutions du globe.

Les volcans éteints et brûlants paraissent évidemment antérieurs à la la formation des terrains de seconde sorte et leur manière d'être jette un grand jour sur la manière dont la constitution définitive du globe s'est opérée. C'est là le grand livre de la Nature où sont écrites une partie des révolutions de la terre d'une manière plus durable que toutes les tradition des hommes. Le gisement des matières volcaniques par rapport à celles qui ne le sont pas, la manière dont elles en sont recouvertes ou dont elles alternent avec elles, etc. Toutes ces belles et grandes observations sont dignes du véritable naturaliste; elles lui fournissent des données certaines sur l'âge, l'époque et l'origine des feux volcaniques en même que sur les révolutions qui ont tourmenté le globe après sa formation. Une des contrées qui offrent les observations les plus intéressantes de faire c'est le ..., sur les frontières du Tyrol. On y trouve couches de laves ensevelies sous des milliers de bancs calcaires. L'esprit se perd réellement lorsqu'on vient à considérer quel temps et quels moyens il fallu pour accumuler une si grande quantité de matières dont les couches ont quelquefois plus de 600 pieds d'épaisseur. D'autres fois, sur les produits du feu sont immédiatement placées des couches de matières bitumineuses ; ailleurs ce sont des couches immenses d'argile comme celles qui couvrent les Monts Régaliens. Toutes ces matières alternent encore avec des produits volcaniques de manière à ce que chaque éruption semble avoir précédé le transport des matières qui en recouvrent les produits. De là on peut conjecturer que les cratères des volcans étaient beaucoup plus élevés autrefois qu'aujourd'hui puisque deux causes puissantes ont concouru à combler les terrains environnants.

Les tufs volcaniques renferment des empreintes d'une grande quantité de plantes, de feuilles, de corps marins. Les bois bitumineux y sont très communs. On y trouve des ossements d'une multitude d'animaux inconnus maintenant. On y retrouve ceux d'éléphants, de ..., de crocodiles et d'autres monstres marins. C'est près de Rome et dans un tuf volcanique qu'on a trouvé les énormes défenses qui sont au cabinet d'histoire naturelle du Jardin des Plantes.

C'est une remarque générale et très intéressante que les rivages qui sont formés de matières volcaniques ou dans le voisinage desquels il y des foyers volcaniques sont riches en madrépores et peuplés d'un plus grand nombre d'animaux marins. Les habitants de l'Islande vivent presque entièrement de la pêche qui est très abondante sur les côtes de cette île. Cette singularité vient peut-être de ce que la température de l'eau y est plus égale que partout ailleurs à cause du voisinage des foyers des volcans. Quelle qu'en soit la cause il paraît qu'il existait une grande quantité d'animaux marins de transport puisque dans le Vicentin seulement il y a dix bancs de coquilles qui alternent avec des laves des cendres et des laves boueuses; ces couches sont couronnées par de belles laves prismatiques. Les naturalistes peuvent faire, dans le Vicentin, de superbes collections de corps marins fossiles; on y trouve surtout une espèce de madrépore qui a l'odeur des truffes noires.

Gisement des minéraux. N° 13.

Quelles réflexions sur la formation de ces couches? que d'inductions à tirer lorsqu'on voit que les analogues de la plus grande partie de ces coquilles sont perdues et ne se retrouveront plus dans les mers. Ce sont tous ces faits bien observés qui ont fait naître à Mr Dolomieu l'idée que ce n'était point la mer qui, en résidant sur les continents, y avait formé les couches de transport. Comment supposer en effet la formation de ces immenses courants de laves qui alternent avec elles? auraient-ils pu couler dans les eaux sur un espace de 3 ou 6 lieues comme on l'observe? une pareille supposition serait absurde et cependant on se trouve obligé de la faire si on adopte le système qui fait résider la tuer sur les continents. Il est bien plus naturel d'admettre une suite d'éruptions volcaniques et de tranports opérés par les eaux, se succédant alternativement et concourant à la formation des mêmes terrains. Ce qui a confirmé Mr Dolomieu dans son opinion, ou ce qui a contribué peut-être à y donner naissance, c'est une grande couche de charbon de terre qui repose au sommet d'une montagne entièrement volcanique nommée ... dans le Vicentin ; il est de toute évidence que cette couche est le produit des eaux et que son isolement actuel provient du creusement des terrains environnants, qui sont remplacés par de profondes vallées. La réunion de tous les phénomènes que nous venons d'exposer a fait penser que ces couches ne sont pas le produit d'un seule action paisible, mais bien celle d'une suite d'impulsions périodiques qui ont fait sortir de leur lit les eaux de la mer en leur imprimant un mouvement violent et rapide et que les éruptions volcaniques ont eu lieu dans les intervalles plus ou considérables entre chaque débordement.


Je terminerai ces résumés par les remerciements qui sont dus à Mr Dolomieu pour les soins qu'il a bien voulu donner à notre instruction et en l'assurant que ses leçons nous ont inspiré le plus vif intérêt. La meilleure preuve que je puisse lui en apporter, c'est l'empressement que nous nous flattons d'avoir mis à recueillir les idées grandes et neuves sur la constitution physique du globe, qu'il nous a développées avec autant de clarté et de précision. S'il est arrivé quelquefois que nous les ayons mal rendues ou peut-être un peu dénaturées, nous espérons qu'il nous excusera facilement en faveur du motif qui nous animait.

L. CORDIER.