Albert Etienne Jean DENIS (1914-2010)


Albert Denis, élève de l'Ecole des Mines de Paris
(C) Photo collections ENSMP

Né le 4 avril 1914 à Paris. Décédé le 1er juillet 2010.
Fils de Paul Louis DENIS et de Marguerite SERIEYS.
Marié le 29/7/1963 avec Johanna FLOCK (d'origine allemande ; prénom francisé : Jeanne). Johanna est décédée le 17 juin 2017.
Père 5 enfants, dont Nicolas DENIS, X 1990 et ingénieur civil des mines (Paris, promotion 1992), et de 14 petits-enfants au moment de son décès. Nicolas DENIS a eu un 3ème et un 4ème enfant en 2011. Christophe PERSOZ (X 1982, I.C. des ponts) est un gendre de Albert DENIS.

Ancien élève de Polytechnique (promotion 1933) et de l'Ecole des Mines de Paris (sorti classé 1er des 4 corpsards de sa promotion ; voir relevé de notes). Corps des mines.

Outre la biographie ci-dessous, vous trouverez sur ce site la biographie de Albert Denis par J.L. Marquet publiée dans la revue Les Sioux de la Fédération Nationale du Repérage, numéro 214, septembre 2010 [21 rue Arlette Heintz, 95870 Bezons].


D'après Henri Malcor : Un héritier des maîtres de forge, par Philippe Mioche et Jacques Roux, Editions du CNRS, 1988, Paris et d'autres sources :

Albert Denis est un fonctionnaire du ministère de l'Industrie qui a fait toute sa carrière dans le service public. Né en 1914, il est polytechnicien, ingénieur des Mines à Caen pendant la guerre, sous-directeur de l'Industrie lourde au gouvernement militaire de la zone d'occupation française en Allemagne (1945-1947), directeur de la Production industrielle de la Sarre occupée en 1947-1949.

Il succède à Albert Bureau, mais alors qu'il était question pour lui d'un poste de directeur, il est nommé chef du service sidérurgie sous l'autorité du directeur des Mines et de la Métallurgie, Jacques Desrousseaux. La sidérurgie retrouve une direction en 1962 : celle des Industries du fer et de l'acier dont Albert Denis est le directeur jusqu'en 1968. Il participe à l'activité de nombreuses instances internationales. Il est président du comité Sidérurgie à l'OECE (1955-1956), président du Comité de l'acier de la Commission économique pour l'Europe aux Nations-Unies (1962-1964).

Il est particulièrement actif dans les années 1960, lors des négociations pour la création du grand Dunkerque et pour la préparation du Plan professionnel de 1966.

Après 1968, il exerce son activité dans une compagnie de navigation, comme PDG de filiales de l'EMC : la SOGEMA (jusqu'en 1979), et Northern shipping company à Anvers et Northern shipping service (jusqu'en 1983), dont le siège est en Belgique. Il fut d'ailleurs Président de la Chambre de commerce et d'industrie française pour les provinces d'Anvers et de Limbourg (à partir de 1979)

Il occupe les dernières années de sa carrière comme président de section juridique du Conseil général des mines (1979-1983). Il a aussi été maire de Chavençon (Oise) de 1955 à 1995, et président de la commission centrale des automobiles et de la circulation générale au ministère des travaux publics (1963-1976).

Commandeur de l'Ordre du Mérite, Officier de la Légion d'honneur.

Albert DENIS, qui avait été mobilisé en 1939, fut officier de repérage pendant la "drôle de guerre", puis fit partie du gouvernement militaire de Baden Baden. Il participa ensuite jusqu'à un âge avancé à l'association amicale des Anciens du Repérage et devint même président de l'Amicale des Officiers et membre du Comité directeur de la Fédération. C'est ce que rappelle la revue LES SIOUX dans son numéro 214 (octobre 2010).


Paroles prononcées sur la tombe de Albert DENIS
par Philippe BOULIN (X 1944, corps des mines)

Jeanne m'a fait l'honneur de me demander de prononcer quelques mots, tant en mon nom qu'au nom du petit groupe d'ingénieurs des Mines qui ont connu Albert au début des années cinquante.

Nous sortions de l'Ecole et nous commencions notre carrière au service de l'Etat. Albert, après deux années passées en Sarre, aux côtés du Gouverneur Granval, comme directeur de la production industrielle, venait d'être nommé chef du service de la Sidérurgie au Ministère de l'Industrie. Pour les jeunes que nous étions il était un véritable « pape ». Puis-je rappeler qu'à l'époque les cabinets ministériels ne comptaient que trois ou quatre conseillers et que les véritables assistants des ministres étaient les directeurs. Albert sera d'ailleurs nommé, quelques années plus tard, directeur de la sidérurgie et conservera cette fonction très importante jusqu'en 1968.

Il a ainsi joué, pendant plus de vingt ans, un rôle essentiel dans les multiples opérations de modernisation et de restructuration de cette industrie, qui était alors un des grands piliers de l'industrie française. Il l'a fait avec courage et compétence, ne cédant ni aux menaces ni aux pressions politiques. En fait il avait une vision mondiale de cette industrie, grâce aux rapports qu'il entretenait avec les responsables de tous les grands pays industriels. Avec le recul du temps, on peut considérer que ses suggestions, qui n'ont pas toujours été suivies, étaient particulièrement judicieuses.

Pour nous, ses cadets de dix à quinze ans, il était certes un patron, mais, au moins autant, un conseiller bienveillant, compréhensif, soucieux d'aider chacun à se construire. Certains d'entre nous ont été ses collaborateurs directs et lui gardent une profonde reconnaissance pour la façon dont il savait leur laisser une grande liberté tout en les soutenant en cas de difficultés.

Cela dit, il était très réservé sur sa propre carrière. Ce n'est qu'au fil des années que nous avons appris qu'il était pupille de la nation, ayant perdu son père, tué sur le front de la Somme lorsqu'il avait deux ans. De même, peu d'entre nous savaient qu'à dix-huit ans il avait été reçu à l'X et à Normale et avait alors choisi d'entrer à Normale. Au bout de quelques mois, il ne se sentit pas heureux dans cette voie, démissionna et se représenta à nouveau à l'X, où il fut reçu major de la promotion 1933. Rares sont les ingénieurs des Mines à avoir été reçus deux fois à notre Ecole !

Dans ces années 1950, Albert Denis nous apparaissait comme un grand célibataire,... jusqu'au jour où Jeanne est entrée dans sa vie et lui a donné cette magnifique famille dont il était si fier et à laquelle il s'est pleinement consacré. Nous avons partagé avec lui les joies profondes qu'elle lui a données.

Par la suite, chacun de nous a suivi sa propre carrière professionnelle, mais nous avons tous gardé avec Albert un lien fait d'affection et de respect. C'est à ce titre que nous sommes aujourd'hui aux côtés de sa famille dont nous partageons le chagrin. Qu'elle sache que nous garderons d'Albert Denis le souvenir d'un homme de cœur et de devoir, qui a su mettre ses qualités exceptionnelles au service des autres : de son pays, de sa famille et de tous ceux qui ont eu la chance de travailler avec lui.