Lionel de BOURNONVILLE (1919-2005)


Lionel de Bournonville, élève de l'Ecole des Mines de Paris
(C) Photo collections ENSMP

Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1939). Ingénieur civil des mines.


MINES Revue des ingénieurs, juin 2005 :

Lionel de BOURNONVILLE, qui vient de disparaître et qui est inhumé à Thiembronne, dans le haut Artois, a fait partie du fait de la 2ème Guerre mondiale, des Promos 1938 à 1942 dont les études à l'Ecole des Mines de Paris ont été retardées, et souvent regroupées avec celles de la Promotion 1942, elle-même perturbée et meurtrie.

J'ai ainsi connu Lionel à l'Ecole des Mines de Paris. Il était, en plus, du même terroir que le mien.

Il avait l'abord calme qui est souvent celui des penseurs mathématiciens. Son collègue de carrière, M. Roger DUSSINE, m'a autorisé à reproduire dans notre Revue, avec l'accord de sa famille, le texte qui suit dont il est l'auteur, en hommage à sa carrière professionnelle. Qu'il en soit remercié !

Jacques DUBROEUCQ, Délégué de Promo 1942 de l'Ecole des mines de Paris

Lionel, marquis de DERNEHEM de BOURNONVILLE, s'est éteint le 15 février 2005, dans sa quatre-vingt sixième année. Ses obsèques ont été célébrées à Paris, en l'église Sainte-Odile, le 22 février.

Né en 1919, il fait de brillantes études et est reçu en 1939 à l'Ecole des Mines de Paris, mais dès la déclaration de guerre, il s'engage dans l'armée, animé d'une forte motivation patriotique. Dans cette guerre inégale, il se retrouve pendant deux années en captivité, période qui le marque profondément. Il est finalement rapatrié en tant que "mineur nécessaire à la production nationale" et termine ses études en 1945.

Il entre à la Compagnie des Machines Bull en octobre 1946, et fait le début de sa carrière à la Direction Commerciale Exportation, où nombre d'entre nous l'on connu. D'une modestie impressionnante, il n'en était pas moins notre "maître technique". Au fil de bavardages impromptus, il nous distillait l'essentiel de ce que l'on devait connaître dans cette profession naissante. Certains se souviennent des apports du mathématicien qu'il était, calculs d'erreurs du sous-programme de lecture de cartes à trous ronds, maîtrise totale des notions embryonnaires à l'époque qu'étaient les MTBF et MTTR, calculs de forages de pétrole pour une société belge, adressage symbolique du compilateur AP2, etc.. Sa compétence était reconnue dans toutes les filiales de Bull.

Très inquiet de l'évolution de développement du Gamma 60 à la fin des années 50, il prend personnellement l'initiative, sur ses propres deniers, de rendre visite à notre partenaire américain Remington. Une licence de distribution dans le réseau Bull de leur gros calculateur avait pour lui un sens, mais il sera désavoué par la Direction générale. Un tournant de l'histoire ?

Il se consacrera ensuite à la tâche, ô combien ardue ! de rationaliser et optimiser les codes de cartes et bandes. A ce titre, il fut représentant de Bull à l'ECMA, en tant que conseiller technique à la Compagnie.

Il s'est longtemps compté dans les rangs des conservateurs à propos des applications de l'informatique, et ceci, jusqu'aux années 70.

Il était d'un abord amical et facile et étant un des rares à CMB qui savait ce que les clients voulaient et ce que la concurrence pouvait leur offrir, son opinion restait très précieuse pour ceux qui daignaient l'écouter. Il cessa ses activités, pour partir en retraite, en 1978. Nous saluons humblement la mémoire de cet homme, cet ingénieur, cette compétence et cette mémoire, hors du commun.

Roger DUSSINE