Guy BOULINIER (1907-1936)

Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1926). Ingénieur civil des mines.


Publié dans Bulletin de l'Association Amicale des Anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, 1936-1

Nécrologie de Guy Boulinier, mort tragiquement, victime du devoir professionnel

Ses obsèques ont eu lieu le 19 février 1936 dans l'église d'Auberchicourt. Nous extrayons des discours prononcés les passages retraçant la vie toute d'honneur, de travail et de bonté de ce jeune camarade, dont le père, Jules Boulinier (EMP promotion 1895) est également un des nôtres et même membre du Comité de notre Association amicale.

Discours de M. le Curé d'Auberchicourt

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Votre cher fils avait la foi et je sais que dimanche encore il assistait à la messe en l'église d'Aniche; mieux : il s'est confessé et il a communié. ...

Discours de M. Riollot, Directeur général des mines d'Aniche

La Mort, à qui tous les moyens sont bons pour réduire à sa merci les pauvres humains que nous sommes, la Mort vient, brutalement, de nous ravir l'un des nôtres.

Il n'avait que 28 ans! C'est l'âge où les jeunes, gens qui, à peine épanouie leur adolescence se sont voués à l'une de ces carrières qui nécessitent de longues et patientes études, prennent contact avec les réalités et les difficultés de la vie et commencent à peine de comprendre ce que sera leur métier d'homme : époque ardente d'effort, d'espérance... de trouble aussi parfois.

Notre jeune camarade Guy Boulinier, issu d'une famille où les choses de l'esprit sont en honneur et où brille l'intelligence, avait abordé cette époque après une préparation admirablement conduite.

De fortes études de Lettres et de Mathématiques l'avaient porté brillamment à l'Ecole Nationale Supérieure des Mines de Paris puis, pour augmenter encore le bagage de ses connaissances, il avait fait un assez long séjour en Amérique, d'où il était revenu parlant couramment la langue anglaise; ensuite, il avait effectué un stage très sérieux aux Mines Domaniales françaises de la Sarre.

En arrivant, le 1er janvier 1933, à la Compagnie des Mines d'Aniche pour occuper un poste à la Fosse Sainte-Marie qu'il ne devait plus quitter, il avait donc, en tant qu'ingénieur, une formation de rare valeur et nous avions toute raison d'escompter de son savoir et des nombreuses qualités personnelles que sa grande modestie et sa discrétion parvenaient mal à cacher, les résultats les plus remarquables.

Le cœur se serre en songeant à toutes les belles promesses de succès qu'il avait en lui et qui viennent d'être en un instant abolies!

Déjà se dessinaient avec netteté quelques-uns des traits les plus marquants de l'homme qu'il aurait pu être. Le temps très mesuré dont nous disposons ici ne me permet pas de les énumérer comme il conviendrait.

Qu'il me suffise de dire qu'il fut un ingénieur parfaitement adapté et attaché à sa profession, soucieux jusqu'au scrupule de ses responsabilités et, surtout, animé à l'égard de tous ceux qui étaient placés sous ses ordres de l'esprit de justice le plus absolu en même temps que de la plus clairvoyante bonté.

Aussi jouissait-il auprès d'eux de la plus parfaite estime. Je n'en veux pour preuve que les émouvants et spontanés témoignages d'attachement et de respect dont il vient d'être l'objet de la part de ses ouvriers bouleversés par sa brusque disparition.

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Discours de M. François Rey, Ingénieur aux mines de Courrières
au nom du Groupe du Nord et de la promotion 1926

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Reçu à l'Ecole des Mines de Paris en juillet 1926, Guy Bollinier se fit tout de suite apprécier par son entrain et son désir de rendre service. On le voyait toujours, avec le sourire aux lèvres, arrivant à dérider ses camarades les plus moroses. Et plus tard, après sa sortie de l'Ecole, il ne négligea aucune occasion d'entretenir les liens de camaraderie qu'il y avait formés, assistant avec assiduité, quand il était en France, aux réunions de sa promotion.

A sa grande intelligence, il joignait un esprit très ouvert, désireux d'approfondir ses connaissances dans tous les domaines, et un goût des voyages très prononcé, qui l'avait fait pousser ses voyages d'études jusqu'aux régions les plus éloignées de l'Europe. Au sortir de l'Ecole, après une année de service militaire, son désir d'approfondir ses connaissances, dans certaines branches du traitement des minerais, l'avait mené jusqu'en Amérique et c'est après y avoir séjourné deux ans, et y avoir acquis une compétence spéciale, qu'il était revenu en France, désireux de compléter sa formation par la pratique de l'exploitation minière. C'est dans ce but, qu'après un court séjour en Sarre, il entrait en janvier 1933 à la Compagnie des Mines d'Aniche. C'est là qu'au bout de trois ans, la divine Providence, aux desseins insondables, est venue, de façon imprévue et brutale, arrêter sa carrière terrestre, pour le condaire à ses destinées immortelles.

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Le Bureau du Comité de l'Association apprit la mort tragique de notre camarade par un numéro de l'Echo de Paris, le jour même des obsèques, par suite trop tard pour s'y faire représenter, à Auberchicourt.