Eugène BEAU (mort en 1903)

Ancien élève de l'Ecole des Mines de Paris. Ingénieur civil des mines.


Bulletin de l'Association des Anciens élèves de l'Ecole des Mines de Paris, juin 1903 :

Notre Association déplore la perte récente d'un de ses anciens vice-présidents, Eugène Beau.

Sorti de l'École en 1853, Eugène Beau s'est spécialisé dans la métallurgie du fer à laquelle il a consacré presque toute sa carrière.

Au cours des fonctions qu'il a successivement remplies, il prit une part active dans l'évolution de cette industrie et fut appelé à en faire connaître et à en appliquer les progrès à l'étranger.

Dès 1854 il avait la direction de hauts-fourneaux et de minières à la Société de Fourchambault.

Après six ans de service dans cette Société, il alla en Espagne où pendant huit années il dirigea les Forges, Fonderies et ateliers de construction de la Société del Remedio, à Barcelone.

Il revint en France en 1868 comme directeur des usines de Saint-Chamond (alors Compagnie Petin Gaudet), poste qu'il ne quitta que dix ans après, pour prendre la direction des usines d'Alexandrowski, près Saint-Pétersbourg.

L'introduction et la mise en oeuvre, dans ces usines, des procédés de déphosphoration, lui valurent une médaille d'or à l'exposition de Moscou en 1882.

Rentré en France en 1884, il dirigea pendant quatre ans les Forges et aciéries de Montataire.

C'est à cette époque qu'il fut de 1887 à 1891 l'un des vice-présidents de notre Association.

En 1895, il partit en Pologne comme délégué des Mines de Czeladz et rentra définitivement en France en 1898 après quarante années de labeur industriel, dont près de moitié passées à l'étranger.

Malgré ses séjours prolongés hors de France, il était toujours resté en contact moral avec ses camarades.

Tous ceux d'entre nous qui ont eu occasion d'entrer en rapport avec lui, ou de visiter les établissements placés sous sa direction, gardent le souvenir de son accueil si affable et de la complaisance avec laquelle il les faisait profiter de sa longue expérience.

Ses collaborateurs, à tous les degrés, peuvent témoigner de quelle bonté il savait tempérer l'énergie indispensable à tous les conducteurs d'hommes.

Sans souci des commodités de l'existence ou des préférences personnelles qui entravent tant de carrières d'ingénieurs, Eugène Beau n'a pris pour guides dans sa vie que l'amour du métier et l'accomplissement du devoir, se consacrant sans réserve aux fonctions qui lui étaient confiées.

Cette bonté et ce dévouement, dont il a prodigué les témoignages au cours de sa longue carrière, ses proches et ses amis intimes savent seuls à quel degré d'abnégation il a su les porter.

Dévouement, bonté et activité, on peut dire que telles sont les dominantes de cette vie morale que nous pouvons tous prendre pour exemple.