Jean-Pierre BADELLON (1941-2017)

Etudes au Cours Minerva (Saint-Mandé, 1947-1952), au lycée Voltaire (Paris, 1952-1959), au lycée Charlemagne (Paris, 1959-1961).
Ancien élève de l'Ecole des mines de Saint-Etienne (promotion 1961). Ingénieur civil des mines.


Publié dans MINES Revue des Ingénieurs, #492, juillet/août 2017.

Jean-Pierre, JP pour ses proches, nous a quittés le 3 juin, dans sa 76ème année. Coup dur pour sa compagne Catherine, ses enfants Eric et Emmanuelle, son frère Daniel, et ses 3 petits-enfants. Coup dur aussi pour ses amis, dont je faisais partie depuis plus d'un demi-siècle. Comme eux, aujourd'hui, j'ai mal.

Je ne souhaitais pas rédiger ce texte, par crainte de le trahir : il est d'usage, en pareilles circonstances, de vanter les mérites du disparu, et je sais que cela lui aurait fortement déplu. Néanmoins, il y avait chez lui des qualités et des traits de caractère qui, pour moi, ne peuvent être passés sous silence.

Ce qui était le plus frappant, c'était sa culture générale, son sens de l'humour - de l'humour noir en particulier, et sa connaissance approfondie de toutes les formes du jazz. Pour lui être fidèle, il aurait donc été souhaitable de rédiger une nécro spirituelle. Malheureusement, le coeur n'y est pas.

Nous nous sommes connus lors de notre séjour à l'École des Mines de Saint-Étienne. Dans notre promotion, nous étions un petit nombre à avoir créé la branche « Bridge » au sein de l'option « Mines ». Époque heureuse et détendue, située entre la fin des affres de la taupe et le début de la vie professionnelle, dont nous présupposions les exigences.

Cette vie, JP allait l'entamer, comme la plupart des membres de cette branche, dans les Charbonnages : Houillères du Nord et du Pas de Calais pour les uns, Houillères de Lorraine pour les autres. Il devait passer trois ans dans le Nord en tant qu'ingénieur d'exploitation et conserver toute sa vie un excellent souvenir de l'ambiance de la mine et de la région, ainsi que de solides nouvelles amitiés.

Néanmoins, l'avenir des houillères étant déjà très compromis en ce temps-là, il décidait de se reconvertir dans le bâtiment, en tant que salarié d'un petit bureau d'études de la région parisienne. Quelques années plus tard, il créait son propre bureau d'études, qu'il orientait vers la maîtrise d'ouvrage déléguée et le contrôle des travaux pour le compte d'un organisme financier aujourd'hui disparu.

Cette activité le mettait en rapport avec de nombreux promoteurs privés dont la mentalité était, dirons-nous, celle des promoteurs privés : s'il n'avait fait preuve d'une moralité inflexible, JP aurait certainement pu faire fortune au cours des trente années d'exercice de son métier. Mais cet objectif largement répandu chez les intervenants dans le milieu de la promotion immobilière était fort éloigné de ses préoccupations.

Parvenu à l'âge de la retraite, son épouse étant décédée et ses enfants s'étant établis, JP eut la chance de pouvoir rompre sa solitude grâce à Catherine, chez qui il ne tardait pas à s'installer. Comme il le disait, il était devenu squatter.

La propriété de Catherine, située dans un petit village de Bourgogne, était une longère agréable, mais vétusté. Durant les treize dernières années (heureuses) de sa vie, il ne cessa de procéder à la restauration, à des transformations et des améliorations des bâtiments, où les amis étaient toujours les bienvenus.

Enfin, il convient de mentionner son attachement à l'École - il avait été, durant quelques années, membre du comité de rédaction de la revue des ingénieurs - et à notre promotion : JP est resté, jusqu'à la fin, un participant discret, mais particulièrement actif, aux activités du groupe des anciens de la promo 61.

Pour résumer ce que je pense de mon vieil ami, il me paraît nécessaire de citer les mots de Jean-Louis Trintignant, prononcés lors des obsèques de sa fille : « Ne la pleurez pas ; mais réjouissez-vous seulement de l'avoir connue ». Sans doute juste, mais dur, dur !

Jean-Michel Baroin (Ecole des mines de Saint-Etienne, promotion 1961)