Léon Philippe SCHERESCHEWSKY (1892-1980)


Schereschewsky, élève de Polytechnique
(C) Photo Collections Ecole polytechnique

Fils de Benjamin SCHERESCHEWSKY et de Claire SÉGAL. Né le 25 juillet 1892 à Roubaix. Marié en 1929 à Florence LINKER.

Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1911, entré major et sorti classé 3 sur 215 élèves), et de l'Ecole des mines de Paris (sorti classé 6ème). Voir le bulletin de notes de Schereschewsky aux Mines. Corps des mines.

Météorologiste,issu d'une promotion qui fournira quelques grands noms de la météorologie française dont Philippe Wehrlé (1890-1965 ; X 1911) avec qui il travaillera dans les années 20 et Robert Bureau (1892-1965 ; X 1911). Mobilisé en 1914, il est l'un des créateurs du Service météorologique aux Armées qu'il dirigera en 1917. Pionnier de la météorologie moderne, jouant un rôle important dans la création du service météorologique opérationnel français et partisan de la création d'un réseau d'observation océanique.

Il entre ensuite à la Cie Parisienne de Chauffage Urbain, dont il est nommé directeur en 1933.

Il quitte l'Administration comme ingénieur en chef des mines.

On lui doit divers articles sur l'histoire de l'aéronautique, publiés vers 1978, notamment : La première traversée de l'Atlantique en ballon libre, publié par diverses revues, notamment La Jaune et la Rouge.


Schereschewsky, élève de Polytechnique
(C) Photo Collections Ecole polytechnique


P. Duvergé a écrit un article intitulé : PHILIPPE SCHERESCHEWSKY, père de la méthode française de prévision, publié sur le site web Anciens Météo, dont nous donnons ci-après quelques extraits :

En août 1914, au début de la guerre, le Bureau Central de Météorologie, un Service national dirigé par Alfred Angot, se révéla incapable de satisfaire les besoins météorologiques des Armées combattantes.

Après divers essais de solution, le Ministre de la guerre, Alexandre Millerand, crée en novembre 1916 le Service Météorologique des Armées et en confie l'organisation au Général Bourgeois (1857-1945 ; X 1876). Tout était à faire, dans l’urgence, pratiquement ab nihilo. Pour assurer cet immense travail ce fut Philippe Schereschewsky qui fut choisi. Il avait 24 ans !

Il fit appel, pour constituer l'équipe chargée de l'organisation et des tâches scientifiques, à des polytechniciens, pour la plupart de sa promotion, et, pour assurer le travail quotidien de l'exploitation, aux enseignants scientifiques sous les drapeaux. La main d'oeuvre était ainsi disponible ; quant aux moyens ils étaient à peu prés illimités et d'ailleurs minimes devant le gouffre financier du conflit.

En moins de deux ans, Schereschewsky et son équipe accomplirent une travail énorme et mirent sur pied un service opérationnel, assuré par 2.000 soldats, bien formés, bien équipés et répartis sur l'ensemble des territoires où ils étaient nécessaires, y compris le Moyen Orient et l'Afrique.

Les deux domaines les plus importants de l'oeuvre du Service Météorologique Militaire sont sans doute :

La fin de la guerre arriva et la démobilisation, plus encore que la diminution drastique des besoins, provoqua l'écroulement de l'édifice monté par Schereschewsky. Celui-ci reconnaît les heurts et les longues négociations qui ont marqué la création de l'Office National Météorologique (O.N.M.), le 25 novembre 1921. Le problème venait de la lutte entre l'Université qui voulait conserver la Météorologie dans son domaine et l'Armée qui voulait assurer la poursuite de l'activité du Service Météorologique Militaire. La dynamique du S.M.M. l'emporta logiquement sur l'apathie du B.C.M. et l'O.N.M. conserva longtemps l'empreinte militaire de ses débuts.

Refusant de quitter le corps prestigieux des Mines, Schereschewsky n'accepta malheureusement pas le poste de Directeur de l'O.N.M. qui fut confié au Colonel Delcambre (1871-1951 ; X 1892, futur inspecteur général de l'aéronautique). Schereschewsky poursuivit alors son oeuvre en approfondissant ce qui devint la méthode française de prévision et en assurant sa diffusion ; elle devint alors largement adoptée à l'étranger. Mais lors d'une réunion internationale à Bergen en Juillet 1921, il apprit l'existence de théorie norvégienne et reconnut immédiatement tout son intérêt. Il chercha, avec Wehrlé, à établir une synthèse entre les deux méthodes. Introuvable dans les principes, elle s'imposa en pratique aux environs de 1930.

Vers 1926, Schereschewsky quitta l'O.N.M. et la France, pour créer une entreprise d'ingénierie à New York et se désintéressa sans doute de la météorologie. Il reçut le titre bien rare de Membre honoraire de l'American Meteorological Society et décéda à New York en 1980.

Fierro, dans son "Histoire de la Météorologie", considère, à juste titre, Schereschewsky comme méconnu et lui consacre un encart. De fait, on ne trouve son nom ni dans les encyclopédies, ni dans les dictionnaires courants. Son grand oeuvre, la méthode française, malgré son antériorité et son utilisation à travers le monde pendant prés de 50 ans, sombra progressivement dans l'oubli devant les progrès de la météorologie dynamique, puis l'émergence de la prévision numérique. Mais il faut aussi souligner que l'O.N.M. a conservé les structures que Schereschewsky avait données au S.M.M.

P. Duvergé